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Une opération ville propre pour débarrasser Ouagadougou des stigmates des affrontements

Publié le samedi 1er novembre 2014 à 19h28min

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Une opération ville propre pour débarrasser Ouagadougou des stigmates des affrontements

Après les saccages, barricades des voies publiques, et autres pillages, voici venue l’heure de nettoyer la ville de Ouagadougou. Seulement quelques heures après l’annonce officielle de la démission de Blaise Compaoré, l’ancien maire de la capitale lançait un appel à toutes les couches sociales pour permettre à la ville de retrouver son lustre d’antan. Appel entendu puisque, ce 1er novembre, les différentes voies ont reçu un coup de balai.

Cet appel de Simon Compaoré avait été suivi plus tard des appels d’organisations de la société civile et de partis politiques de l’opposition. Tous invitaient à assainir la ville de Ouagadougou ainsi que les autres villes du Burkina ayant connu des manifestations violentes. « Nettoyons nos rues. Rendons propre et sain notre environnement. Effaçons les stigmates de cette confrontation absurde que nous a imposé l’ancien président Blaise Compaoré », lançait en l’occurrence le Balai Citoyen aux environs de 22h.

Dès 6h, des centaines de jeunes, râteaux, balais ou machettes en main, ont pris d’assaut, différents artères de la ville de Ouagadougou. Certains étaient à pied pendant que d’autres sont venus à motos ou à vélos. Chacun voulant apporter sa contribution. Ainsi, au bout de quelques heures, les quartiers périphériques ont été totalement débarrassés de grosses pierres, morceaux de briques, et autres troncs d’arbres… qui obstruaient les voies principales. Certains sont repartis chez eux pour s’occuper autrement. Pendant ce temps, les autres progressaient vers le Centre-ville, la partie qui porte le plus de stigmates des affrontements.

Pour que Ouaga retrouve son lustre d’antan

Là, jusqu’à 11h, ils étaient encore en train de faire le ménage entre l’immeuble de l’éducation et l’Assemblée nationale. « Ce même coup de balai que nous avons utilisé pour chasser les déchets de la politique burkinabè, nous allons l’utiliser pour rendre la ville propre, pour que demain, l’étranger qui vient au Burkina Faso retrouve la ville qu’il avait laissé il y a une semaine », précise Martial Dakissaga, membre du Balai Citoyen.

Puis, il invite tous ceux qui s’adonnent au pillage et au gaspillage à mettre fin à ces actes qui n’honore personne.
Sandra est étudiante. Elle n’a pas participé aux manifestations des 30 et 31 octobre dernier, mais décide d’apporter sa contribution pour assainir la ville. « On n’a pas pu participer aux manifestations mais on était de tout cœur avec les manifestants. On sait que la ville n’a pas été salie pour une mauvaise cause. Donc, ce matin, on a décidé de sortir nettoyer notre ville pour la rendre très belle comme auparavant », précise-t-elle.

Entrer dans la nouvelle ère par la bonne voix

Soumaïla Zougouri est enseignant d’Anglais dans un établissement secondaire de la capitale. Il a décidé de ne pas se faire compter l’opération« Ouaga propre ». « Ce qui a été détruit, ce n’est pas de notre volonté, mais c’est arrivé. On est dans une nouvelle ère, donc on est en train de balayer pour entrer dans cette nouvelle ère par la bonne voie. Il faut qu’on participe tous à la reconstruction de ce pays. Il faut arrêter les pillages, notre objectif c’était le changement, il est atteint maintenant, il ne faut pas salir notre action », déclare-t-il.

Aux côtés de ces ‘’nettoyeurs spontanés’’, on y trouve des professionnels. Ouédraogo Abdoul Karim est membre de l’association Jeunesse Sans frontière de Burkina. Il dit avoir l’habitude de ces genres de travaux d’assainissement. « On est habitué à faire ce travail au temps de Simon Compaoré, c’est pourquoi, nous sommes venus apporter notre contribution ce matin », précise-t-il, balai et râteau en main. Mieux, il avait l’accoutrement indiqué : des bottes, des paires de gants et un masque.

Arrêter de vandaliser les commerces

Mais, là, on ne trouvait pas que des citoyens balayeurs. Certains ont apporté de l’eau aux nettoyeurs. C’est le cas de Mamoudou Soré qui se définit comme un petit commerçant. « C’est un combat général. Si la ville est sale, ce n’est pas bon. Donc, j’ai décidé d’enlever mon argent et acheter de l’eau pour ceux qui nettoient la ville. J’ai acheté environ 50 paquets d’eau. J’ai donné ici (devant l’immeuble de l’éducation), à la Place de la Révolution… Mais, je demande aux gens arrêtent de vandaliser les commerces des autres », implore-t-il. Plusieurs autres bonnes volontés ont décidé de soutenir les balayeurs, par des apports en eau ou en matériels de travail (y compris des camions de transport d’ordures).

Entre temps, Simon Compaoré est venu encourager les balayeurs.
Certes, Ouagadougou n’est pas encore aussi propre qu’à la veille des manifestations. Mais, elle est déjà débarrassée de l’essentiel des ordures.

Moussa Diallo
Lefaso.net

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