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Situation nationale : Comment le journaliste peut-il rester professionnel en période d’effervescence politique ?

Publié le mercredi 22 octobre 2014 à 03h21min

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Situation nationale : Comment le journaliste peut-il rester professionnel  en période d’effervescence politique ?

Le Burkina a célébré le lundi 20 octobre 2014, la journée nationale de la liberté de la presse. Dans la série d’activités organisée par le centre national de presse Norbet Zongo, un panel sur un thème qui colle à l’actualité. « La liberté de la presse dans un contexte d’effervescence politique : cas du Burkina faso », c’est la thématique qui a fait l’objet d’un panel suivi de débat ce lundi au centre national des archives de Ouagadougou.

Le panel a été animé par le Pr. Serges Théophile Balima, directeur de l’Institut panafricain d’études et de recherches sur les médias, l’information et la communication (IPERMIC), Edouard Ouédraogo, directeur de publication de l’Observateur Paalga, le Dr. Lacina Kaboré, chef de service communication du conseil supérieur de la communication et modéré par Me Prosper Farama.

Justin Coulibaly du centre de presse Norbert Zongo a d’emblée rappelé que cette 16è édition de la liberté de la presse au plan national est célébré dans un contexte de crise politique et d’insécurité pour les citoyens et plus encore pour les journalistes. Le centre national de presse, des journalistes des média privés et publics enregistrent des menacent et des sanctions de toutes sortes. Il a également dénoncé l’immixtion du ministère de la communication dans le traitement de l’information, surtout dans les médias publics.

Avant d’introduire les communications, maitre Prosper Farama a relevé une situation ambivalente entre les hommes politique et la presse. Selon lui, tous les acteurs, quelques soient leurs bords sont à la fois amis de la presse, quand elles les adoubent et ennemis féroce de la presse quand ils ont l’impression qu’elle ne va pas dans le même sens qu’eux.

Mais dans un Etat de droit, quelques soient les divergences, il y a une règle de base. C’est la liberté d’opinion, de débat démocratique, a précisé le Pr. Serges Théophile Balima. Il y a aussi bien des avancées, des menaces et un recul en matière de liberté de la presse dans notre pays a dit le directeur de l’Institut panafricain d’étude et de recherche et communication. Même s’il a ajouté que cette réalité n’est pas propre au Burkina.

Au Burkina, pour les uns, le journaliste doit simplement accompagner les pouvoirs publics. Le journaliste devient dans ce cas, un répétiteur docile de ce que dit le pouvoir. Il joue de ce fait la fonction d’arrangeur, d’effaceur de mauvais résultat. Pour les autres par contre, le journaliste doit être un diseur de vérité. Mais sa vérité est relative. C’est au moins quelqu’un qui doit rapporter les faits avec exactitude.
La question de savoir si le journalisme est exercé facilement au Burkina ? Le communicateur a été catégorique, non ! « Parce que dans tous les pays du monde lorsque vous exercez le journalisme de façon professionnelle, forcement vous avez affaire à des menaces de toutes natures qui vont de l’intimidation au rejet et à l’exclusion ».

Pour lui, il y a des avancées en matière de liberté de la presse au Burkina. La doctrine libérale en matière de presse au Burkina repose sur deux piliers qui fondent sa force (affirmation de la liberté des individus, le rôle de faire respecter l’équilibre des pouvoirs). Donc des avancées. Mais à contrario, il a relevé des menaces qui pèsent sur les journalistes au Burkina. Il y a des contraintes structurelles, économiques, de l’environnement étatique.

La conséquence de ces menaces, c’est que certains journalistes sont contraints de faire allégeances dans leurs productions, perdant du coup leurs âmes et s’exposant à des violentes réactions populaires.

Un recul de la liberté de la presse en cette période d’effervescence politique
Sur les sujets du moment, Sénat, référendum, ou sur des sujets qui touchent la famille présidentielle, le directeur de l’IPERMIC a déploré un recul des libertés. Le culte de la personnalité accroit. Comme formes de recul il a égrené, les affectations, les changements de postes, les sanctions officieuses, les évictions déguisées, la politique divisionniste de certains directeurs, l’affairisme et le détournement de la manne médiatique sous ses formes multiples, l’influence démesurée du champ politique dans le traitement de l’information. « L’agenda politique va jusqu’à perturber la hiérarchie de l’information de façon décevante. c’est la logique débordante de l’institutionnel. De nos jours, je pense qu’on ne devrait plus sacraliser cet ordre ancien devenu immuable au nom d’une solennité qui n’a pas de rationalité professionnelle ». Même si le Burkina a fait des progrès en matière de liberté de presse, Serges Théophile Balima pense que dans bien des cas, cette liberté est tutélaire au point que certains analystes qualifient notre régime politique de de semi autoritaire.

En période d’effervescence ou pas, il faut respecter les textes

Pour le doyen de la presse burkinabè Edouard Ouédraogo, nous vivons une sorte d’état de siège ou les deux camps affutent leurs armes. « Les journalistes auront la responsabilité sociale de relayer la situation ». Il faut donc que ceux-ci se préparent pour jouer pleinement leur rôle et éviter que par manque de professionnalisme, de jeter l’huile sur le feu pour menacer la paix civile.

Concrètement, M. Ouédraogo s’est référé aux textes qui régissent le métier de journaliste au Burkina et à ce que le droit positif conseille. Que ce soit en période d’effervescence ou en temps de calme plat, le journaliste doit respecter les critères d’exactitude. Pour ce faire, il doit connaitre jusque dans les détails les partis politiques et les hommes qui les animent. Les critères professionnels comme l’équité, et l’équilibre doivent être ses boussoles.

En insistant sur une recommandation de la charte des journalistes du Burkina, il est revenu sur le refus de la corruption et de toutes formes d’allégeances. « Les enchères vont monter avec la période électorale ou préélectorale qui va s’ouvrir. Si nous-mêmes qui dénonçons les achats de conscience voulons être pris au sérieux et pas comme des imposteurs, nous devons être des exemples », a-t-il précisé.

Le plus jeune du présidium et nouveau docteur Lacina Kaboré a pour sa part partager avec l’assemblée l’expérience du conseil supérieur de la communication en matière de régulation surtout en période électorale. Le CSC a aussi du grain à moudre en période d’effervescence politique. Le rôle de l’institution se traduisant entre autre à faire en sorte que les différents partis en lice aient un accès équitable aux médias même si de leurs cotés certains partis politique n’arrivent pas occuper l’espace qui leur est réservé.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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