LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Caste des forgerons de Dioulasso-Ba : « Nous devrons nous moderniser pour continuer à exister »

Publié le mardi 21 octobre 2014 à 17h47min

PARTAGER :                          
Caste des forgerons de Dioulasso-Ba : « Nous devrons nous moderniser pour continuer à exister »

Le temps d’un bref entretien avec le forgeron Siaka Sanou, il ressort que le village Dioulasso-Ba, déjà célèbre pour sa mosquée, a bien d’autres fortunes. Parmi lesquelles sa catégorisation sociale. Tout comme sa mosquée, les rôles sociaux repartis par castes tiennent encore à Dioulasso-Ba, selon notre interlocuteur. Et comme « depuis toujours », sa caste a en charge la manipulation du fer. Toutefois, Siaka Sanou et ses parents commencent à se poser des questions sur la survie de leur groupe social. L’homme a partagé ses inquiétudes avec Lefaso.net au cours d’une interview pour le moins brève. Lisez plutôt.

Lefaso.net : Quel est l’historique de la caste des forgerons de Dioulasso-Ba ?
Siaka Sanou :
Selon les récits que nous avons reçus de nos anciens, les forgerons ont pour ancêtre le premier homme qui a découvert le fer. Personne ne connait cet homme en question. A Dioulasso-Ba, on ne connait pas non plus le nom du premier forgeron. Personnellement, les plus anciens forgerons dont je peux révéler les noms sont Sabari, Dia (un ancien combattant), Fatogoma, Zessouma… Il est bon de savoir qu’on nait forgeron ; on ne le devient pas. Dans notre contexte, être forgeron ne se limite pas à « travailler le fer ». Nous avons d’autres missions dans la société Bobo.

Lefaso.net : Quel est le rôle des forgerons dans le village Dioulasso-Ba ?
Siaka Sanou :
Avant, nos ancêtres forgerons avaient pour rôle de fabriquer des armes (lance, flèche, sabre), des ustensiles de cuisines, des objets pour le labour et tout objet émanant du fer. Nous continuons donc ce travail de nos pères. Toutefois, face aux changements et à la profusion des soudeurs, nous avons innové nos productions. En lieu et place des objets ci-dessus cités, nous fabriquions principalement des objets d’art. Ce changement avait pour but de booster nos revenus car les objets d’arts sont destinés essentiellement aux touristes. Mais les choses ont changé également à ce niveau. Nous sommes conscients du fait que nous devrons nous moderniser pour continuer à exister.

Lefaso.net : Qu’est-ce qui a changé ?
Siaka Sanou :
Les choses ont vraiment changé. Actuellement, nous constatons une mévente criarde des objets d’art et les blancs (les touristes) qui sont nos principaux clients achètent de moins en moins. Ce qui fait que la vie du forgeron est de plus en plus difficile. Nous souffrons aussi d’un manque de matériel adéquat car nous travaillons toujours avec le dispositif des anciens. Nous pensons donc à la modernisation de notre méthode de travail et nous avons déjà entrepris des démarches pour cela.

Lefaso.net : Est-ce que vos enfants continuent d’apprendre le métier du fer ?
Siaka Sanou :
Nos enfants continuent d’apprendre le métier du fer. Cependant, un enfant de forgeron n’est pas obligé d’apprendre notre métier tout comme maitrisé le fer ne peut pas faire de vous un forgeron. Comme je vous l’ai dit plus haut, les forgerons jouent un rôle immense dans la société. Par exemple, dans notre fief, nous disposons de l’eau qui peut soigner beaucoup de maladie. Nous avons également en charge la résolution des différends entre les habitants de notre cité. Comme dit plus haut, le forgeron a bien d’autres responsabilités dont on se garde de révéler au grand public.

Propos recueillis par Ousséni BANCE
Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 21 octobre 2014 à 18:20, par Pullo Gorko En réponse à : Caste des forgerons de Dioulasso-Ba : « Nous devrons nous moderniser pour continuer à exister »

    Non seulement Bobos, et également forgerons !!! Et ils osent espérer se moderniser !!!

  • Le 21 octobre 2014 à 18:26, par Mechtilde Guirma En réponse à : Caste des forgerons de Dioulasso-Ba : « Nous devrons nous moderniser pour continuer à exister »

    Et puis aussi, les forgerons dans tout le Burkina est une caste dépositaire de la stratégie des règlements de conflits et de la paix acceptée par tous. Le fait que dans d’autres régions, ils ne devaient pas épouser de princes ou de princesses, n’était pas une discrimination, mais une noblesse en soi et un devoir de fidélité de la parole des ancêtres, pour ne pas hypothéquer leur « Burkindi ». De cette façon, ils n’étaient pas corruptibles. Ainsi chacun connaissait ses limites pour ne pas se laisser manipuler, par n’importe quel pouvoir. La colonisation a tout dénaturé chez nous. Cependant il n’y a pas lieu continuer à gémir outre-mesure. Plaise à Dieu le temps ou une démocratie réelle accepte accorder un espace dans les institutions républicaines. Les forgerons seront des initiateurs de beaucoup de projet de développement dans le domaine de la métallurgie. Avec leur frères Yonyonsé et leurs cousins les pwéssé, voyez comment des potentialité dorment dans nos sociétés corporatives ? Comprenez-vous maintenant comment les débats actuels vous intéressent au plus haut niveau ? Ouvrez l’oeil et le bon et vous comprendrez que les ancêtres sont toujours là et ne demandent qu’à vous protéger pour peu que vous acceptez croire qu’ils existent toujours.

  • Le 22 octobre 2014 à 12:17, par la forgeronne En réponse à : Caste des forgerons de Dioulasso-Ba : « Nous devrons nous moderniser pour continuer à exister »

    Caste des forgerons de Dioulasso-Ba :<<Nous devrons nous moderniser pour continuer à exister. »,par la forgeronne
    je voudrais salué ici Mr sanou par rapport à ses dires sur les forgerons.Mais moi je dirais de ne pas nous moderniser,de garder intact ce que nos aïeux nous ont laisser,sinon nous risquons de perdre notre plus précieux héritage.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Gaoua : L’ONG MERCY CORPS dresse le bilan de son projet PILAND