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Académie militaire Georges Namoano de Pô : Chaque officier formé est un combattant intégral que la nation gagne

Publié le jeudi 9 octobre 2014 à 06h12min

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Académie militaire Georges Namoano de Pô : Chaque officier formé est un combattant intégral que la nation gagne

Pô. Ville militaire. « Foyer incandescent de la Révolution » d’Août 1983. C’est là, à 147 kilomètres au sud de la capitale Ouagadougou et à 15 kilomètres au nord du Ghana, que les officiers de l’armée burkinabè, et pas seulement, sont pétris dans le moule du Nahouri et abreuvés à la source du Nazinon pendant 2 ans. Ils y reçoivent leur formation initiale à l’académie militaire Georges Namoano. À l’occasion de la sortie de la 13ème promotion des officiers, nous avons passé une nuit dans cette école d’élite qui se veut interafricaine. L’institution fêtera le 18 octobre prochain ses 30 ans. Découverte.

En cet après-midi du 1er octobre 2014, la cour de l’Académie militaire Georges Namoano est presque calme. Le chant des oiseaux dans les arbres et les hautes herbes font chorus avec la fanfare sur la place de cérémonie. On répète pour la sortie de la 13ème promotion des élèves officiers. Les poteaux électriques, portent les drapeaux de tous les pays qui y ont des pensionnaires. Une ambiance festive qui contraste avec les durs moments de formation militaire commando, ou encore les cours intensifs qui occupent les jeunes. Les formations physiques et intellectuelles ont été mises entre parenthèses. C’est le relatif repos du guerrier. L’heure est à la reconnaissance des efforts fournis durant 24 mois.

Après une dizaine de minutes d’attente, le temps que le militaire en faction informe sa hiérarchie de notre présence, nous sommes autorisés à continuer.
Il y a trente ans que cette institution a vu le jour. Comme une étoile au sommet du pic Nahouri. Le 18 octobre 1984. « Avant cette date, la plupart de nos officiers sinon, tous les officiers étaient formés à l’extérieur. La décision politique a été prise de créer une école de formation de nos cadres (…) formés chez nous sur la base de nos propres valeurs », rappelle le chef d’Etat-major général des armées, le général Honoré Nabéré Traoré.

Anciennement académie militaire de Pô(AMP), l’institution avait reçu mission de former des officiers au profit des forces armées nationales ou étrangères à l’emploi de chef de section d’infanterie. Plus tard, le 23 Août 1985, elle prendra le nom d’académie militaire Georges Namoano en hommage à l’élève-officier mort lors d’une mission. Plus spécifiquement, et selon le commandant de l’institution trentenaire, le colonel Yves Thiombiano, il s’agit de « mettre à la disposition des forces armées, des officiers physiquement et moralement aptes aux métiers des armes et au commandement d’une section d’infanterie dans un environnement de paix, de crise ou de guerre » mais aussi de « faire acquérir des réflexes de soldats à travers la formation générale, l’éthique et la déontologie de l’officier, faire connaitre l’environnement administratif et technique militaire, renforcer la formation physique et la culture générale ».

Des composantes de la formation

« L’officier, c’est ce citoyen en uniforme à qui la nation a convenu de confier une haute responsabilité, celle de mener des hommes au combat pour assurer sa défense. Il porte donc en lui et magnifie au plus haut point le sublime sacrifice du soldat pour sa patrie », a précisé le chef d’état-major général des armées. Comment assurer la défense de la nation, répondre à cet objectif combien noble mais tout aussi herculéen, sans formation adéquate ? Réussir à pétrir dans le moule des qualités de l’officier. Les pensionnaires sont essentiellement de jeunes étudiants ayant le niveau de la licence (BAC+3). Des têtes presque pleines que l’académie se charge d’ajouter sa part. A la formation militaire, se greffe celle des connaissances générales. C’est donc :
-  La formation à la mission opérationnelle
-  La formation à l’exercice de l’autorité
-  Formation physique et sportive
-  Formation administrative et technique
-  Culture générale
-  Formations spécifiques

Ces modules sont au programme de formation de l’AMGN. Des formations spécifiques comme des stages commandos, de directeur de mise en œuvre des explosifs, de secourisme, de savoir-faire en milieu désertique, opérations de soutien à la paix, de saut parachutiste, et un raid de 192 kilomètres à pied pour rallier la ville de Pô à celle de Gaoua en 72h jours. Sic ! 22 enseignants dont 15 permanents assurent la formation complète des jeunes pousses officiers. Des conférenciers civils et militaires, environ 20, viennent également partager leurs connaissances dans des domaines aussi variés. Des compétences presqu’entièrement burkinabè.

L’AMGN, un instrument d’intégration africaine

Depuis sa création, l’académie a formé 616 officiers dont 499 Burkinabè. 60 en cours. Depuis 2007, l’académie est mixte. La 13è promotion avait par exemple 3 filles dans ses effectifs. 117 autres officiers d’autres pays qui font confiance à l’expertise de l’académie ont envoyé leurs hommes pour y être formés. 19 sont actuellement en formation. La 13ème promotion sortie le 2 octobre était composée de 11 nationalités. De façon plus générale et depuis sa création, l’Académie de Pô a accueilli plusieurs nationalités. Bénin, Centrafricaine, Côte d’Ivoire, Djibouti, Ghana, Gabon, Guinée, Mali, Niger, Sénégal, Tchad, Togo, voici les pays qui dont des hommes ont été abreuvés dans le fleuve Nahouri.

Les perspectives dans un contexte sécuritaire instable

Forte de ces 30 ans dans la formation des hommes au profit des forces armées nationales et africaines, l’AMGN, entrevoit l’avenir avec de nouvelles ambitions. Dans un monde en perpétuelle mutation, ou même les menaces sécuritaires changent de nature, l’école entend se positionner, pour ne pas manquer sa cible. « L’hybridation des nouvelles menaces et leurs natures, de plus en plus asymétriques et complexes ont entrainé le monde dans une conflictualité aux confins de l’irrationnel où les logiques et les certitudes les plus établies sont continuellement remises en question », foi du chef d’Etat-major général des armées à laquelle le premier responsable de l’Académie, Yves Thiombiano ajoute que « comme toute organisation animée par des hommes au profit de la société, elle doit chaque jour s’adapter aux exigences de performance par l’amélioration continue de son cadre de vie et ses conditions de travail ». La formation étant le lieu commun où les défaites prennent toutes leurs sources, la tanière aux pieds du pic Nahouri, sous l’impulsion de l’Etat-major général des armées a mis en place un plan d’investissement destiné à lui conférer de nouvelles capacités. « Il est loisible de constater que les importants investissements qui ont été réalisés devront se poursuivre par la concrétisation de l’érection d’un nouveau campus doté d’infrastructures modernes à la hauteur des ambitions d’excellence », a révélé Honoré Nabéré Traoré. Les ambitions sont affichées pour que le slogan de l’école, savoir pour commander, se perpétue.

En cette soirée du 02 Octobre, un grand feu d’artifice transperce et éclaire le ciel de Pô. Le ciel s’illumine de mille feux en couleurs. La 13ème promotion, forte de 46 nouveaux élèves officiers viennent de recevoir leurs épaulettes de sous-lieutenant. Une fois n’est pas coutume, le public a massivement pris part au cérémonial. « Quand un officier a dans la tête un secret redoutable, il ne le confie pas, même à son képi ! », disait Robert Harris, mais ce soir dans la limite de ce qui peut être vu, il n’y a avait pas de secret. Un signe de la convergence nationale citoyenne sur les valeurs armée-nation ? Quant aux « bébés officiers » qui viennent de pousser leurs premiers cris, ils ont la responsabilité de préserver la réputation de l’école, à travers les actes qu’ils posent et qui doivent aller dans le sens de l’honneur, l’exemplarité, c’est ce que leur demande l’Académie militaire Georges Namoano.

Tiga Cheick Sawadogo de retour de Pô
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