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MACO : Sur scène, sous les verrous

Publié le mercredi 8 octobre 2014 à 12h35min

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MACO : Sur scène, sous les verrous

Ils entrent délinquants et ressortent grands bandits. Vous entendrez souvent cette phrase au sujet de la Maison d’Arrêt et de Correction de Ouagadougou au Burkina Faso, ou « MACO. » Et pour cause, nombre des détenus qui y exécutent leur peine sont des récidivistes. Pour casser le cercle vicieux de la récidive et redonner confiance aux détenus, Karim Ouédraogo, GSP (Garde de Sécurité Pénitentiaire) a décidé de mettre en place une troupe de théâtre, de danse, de chant et de musique. Avec peu de moyens mais beaucoup de volonté, il leur donne des ailes et leur permet de s’évader.

Aly* s’est pris une balle. Le braquage a mal tourné. Mais il a eu de la chance, il est en vie. La balle a traversé son bras grossièrement emmitouflé dans un bout de drap qui devait traîner dans la poussière au fond de la salle. Pas peu fier de son bandage de fortune, il entre en scène, vouté et titubant et déclame sa tirade.

Il est 11h00, la répétition de la troupe de théâtre de la MACO vient de commencer. Tous les jours, ou presque, les détenus s’échappent de leur quotidien. La moyenne d’âge ne dépasse pas les 25 ans. Ils sont une dizaine de femmes et d’hommes à être dirigés par un GSP qui dénote : « je préfère ne pas porter la tenue de GSP, ça met trop de distance. » Pantalon noir, chemise blanche, pas d’arme. Karim, 34 ans, cumule les fonctions de garde pénitentiaire avec celles de dramaturge, metteur en scène, chorégraphe et musicien. Il devait être éclairagiste sur des plateaux de tournage, mais le métier est financièrement trop instable, il a préféré passer des concours et s’est retrouvé GSP.

Bien plus que du divertissement


En voyant les détenus chanter, danser ou jouer la comédie, on se surprend à oublier le milieu carcéral. Et eux aussi. Adjara, 20 ans, casquette bleue à la Gavroche vissée sur la tête, est là depuis 18 mois. « Quand je suis sur scène, j’oublie tout. Les trucs de la prison me font plus rien. »

Pourtant les conditions de détention sont pesantes. Surpopulation, insalubrité des lieux, chaleur, solitude, manque de nourriture, de soins, la liste est interminable.

Adjara fait partie des rares chanceux qui reçoivent la visite de leur famille. Des mois passent sans que certains ne voient leurs proches. Parents, frères, sœurs ou amis, ils ont honte. Ici, comme dans de nombreux pays, la prison est un tabou, un tombeau. Alors qu’à l’intérieur comme dehors, la vie continue. C’est un des messages que Karim s’obstine à faire passer. Bien plus qu’un divertissement pour les membres de la troupe et pour son public carcéral, l’activité est un outil de sensibilisation et de réinsertion.

En abordant des sujets qui touchent les détenus comme l’hygiène en milieu
carcéral, leurs droits, la corruption intra muros, le rejet familial à la sortie, la troupe informe et fait réfléchir. Dans la pièce sur le rejet familial, les comédiens revenaient sur le parcours d’un détenu qui, une fois libéré, tentait de se réinsérer en travaillant mais se heurtait au jugement sévère de son entourage. En s’obstinant et en faisant ses preuves, il arrivait à convaincre sa famille qu’il avait repris le droit chemin.

Une image différente de celle que la société leur renvoie

Se réinsérer à tout prix par le travail, les études ou les concours est un des messages récurrents des pièces. Parmi les autres objectifs de Karim, compte celui de leur donner une image différente de celle que la société leur renvoie, les aider à se projeter et à se reconstruire. Il ne faut pas qu’ils ressassent ou restent inactifs. Sans quoi la prison ne leur aura servi à rien.

S’ils n’ont rien à la sortie, aucun bagage professionnel, aucune famille pour les aider, nombreux sont ceux qui emprunteront le grand boulevard de la récidive. Karim fait ce qu’il peut pour l’éviter, mais c’est ce même chômage et cette même pauvreté qui les ont amenés en prison qui risquent de les y renvoyer. Il aimerait établir un partenariat avec des structures culturelles pour inciter à poursuivre les efforts et que les échanges avec l’extérieur s’intensifient. Il aimerait que son activité se déplace d’une prison à l’autre et que des metteurs en scène, des acteurs professionnels, des chanteurs ou danseurs y participent davantage.

La troupe au dehors

Les liens avec l’extérieur existent déjà. En décembre dernier, l’association African Culture organisait un festival de deux jours dans l’enceinte de la prison. Plusieurs artistes burkinabè ont répondu présents, se partageant la scène avec les détenus. L’année dernière, sur l’initiative du directeur du personnel, la troupe est sortie pour faire l’ouverture d’une conférence internationale sur la sécurité pénitentiaire. Le succès est au rendez-vous et le parterre de fonctionnaires réuni ce jour là apprécie la prestation. Boucari était de la partie, sourire aux lèvres, il confie : « La salle était pleine, on a eu beaucoup de succès, ça donne envie de continuer. En sortant, je veux m’inscrire à l’INAFAC, je veux continuer la musique. » Galvanisés, les détenus sont retournés à la prison, heureux d’avoir montré qu’ils étaient capables et dignes de confiance. Et fiers d’avoir repoussé les limites.

Casting en bonne et dûe forme

Pour intégrer l’activité, les détenus doivent avoir exécuté la moitié de leur peine et passer un casting. Karim explique : « On leur demande d’avoir au moins un talent parce qu’on n’a pas les compétences pour les former à partir de zéro. » La gravité et la nature de l’infraction qu’ils ont commise entre également en ligne de compte parce que les GSP qui encadrent l’activité ne veulent pas prendre de risque en terme de sécurité.

Demandez à Karim ce qu’il répondrait à ceux qui pensent que les détenus méritent leur sort, que ce sont des criminels qui ne devraient pas s’amuser, il secouera la tête : « C’est vrai qu’il y a des criminels, mais la plupart des détenus qui sont ici ont commis des infractions qui ne sont pas si lourdes. Ils sont ici à cause de la pauvreté, de l’analphabétisme. Ils ont droit à des activités de réinsertion. La mission de la prison n’est pas uniquement de les isoler de la société mais aussi de les réinsérer. La prison ne devrait pas les détruire. »

* Les prénoms des détenus ont été modifiés.

Marine Gourvès
Collaboratrice

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Vos commentaires

  • Le 8 octobre 2014 à 00:44, par lechris En réponse à : MACO : Sur scène, sous les verrous

    du courage a toi karim, les droits de l’homme ne s’arretent pas a la porte de la prison, la prison est faite pour toute personne ici bas. il n’ya pas que des criminels en prison. les homicides involontaire, les cbv, les delits mineurs y sont tous. ne rejetons pas tous ceux qui vont en prison’ la bible nous dit qu’un des disciple du christ a ete prisonier mais n’etait pas un criminel’

  • Le 8 octobre 2014 à 02:04, par Fouka Fouka En réponse à : MACO : Sur scène, sous les verrous

    Slt
    Voila une idée qu’il faut encourage, y’a tjrs du monde qu’ont peur récupéré et je sui a100%
    avec le projet .

    contacter moi Via faso net ou laisser moi vos coordonner pour que je puise vous contacter pour un projet avenir .
    si dans toute les maco pouvais avoir de tel idée ????

    Nous nous connaissons mieux qu’il n’y parrait, et nous nous gardons de reprocher a autrui les défauts que nous sommes sur d’avoir

    Production Nabi Nabi

  • Le 8 octobre 2014 à 10:23, par Citoyen bravo En réponse à : MACO : Sur scène, sous les verrous

    Très belle initiative. Courage à vous !

  • Le 8 octobre 2014 à 11:01 En réponse à : MACO : Sur scène, sous les verrous

    Courrage et bon vent

  • Le 8 octobre 2014 à 12:16, par BONIZA En réponse à : MACO : Sur scène, sous les verrous

    Toutes mes félicitations à Karim pour cette initiative qui est vraiment à saluer. Bon vent à toi mon cher frère Karim.

  • Le 8 octobre 2014 à 12:33, par gnine En réponse à : MACO : Sur scène, sous les verrous

    initiative louable. La prison doit pouvoir préparer les détenus à mener une vie plus saine à leur sortie. J’espère que d’autres activités comme des cours d’alpabétisation, des inititiations à des métiers, des activités sportives et de loisir sont également organisées à leur intention. Si non, il faudra y penser.
    Bonne continuation M. le GSP

  • Le 8 octobre 2014 à 12:34, par yaawotobala En réponse à : MACO : Sur scène, sous les verrous

    courage Dear KARIM

  • Le 8 octobre 2014 à 12:51, par baobab En réponse à : MACO : Sur scène, sous les verrous

    Le problème c’est le chômage. On doit donner du travail aux jeunes délinquants. Ça peut diminuer la MACO. Malheureusement quand y a délinquant dans ton CV les gens ont peur de toi. Ton dossier ne passe plus. Pourtant, Nelson Mandela a fait la prison. Des gens l’on attrapé comme un délinquant. Mais il n’a rien dit. Quant il est sorti après, il a développer les noirs avec les blancs. Aujourd’hui tout le monde aime Nelson Mandela. Ailleurs, y a des délinquants qui détournent des millions. On dit qu’ils sont des intellectuels. Donc en principe, ils ne font rien de mal, ils travaillent comme les honnête citoyens.

  • Le 8 octobre 2014 à 15:13, par aligator En réponse à : MACO : Sur scène, sous les verrous

    Vous voyez, voilà un GSP qu’il faut envoyer dans un trou. Fo pas encourager ces gens là... On s’en fou de comment tu es entré laba. Si tu es entré, c’est que tu es forcement lié à quelque chose de mauvais.

  • Le 8 octobre 2014 à 15:18, par clovis En réponse à : MACO : Sur scène, sous les verrous

    Cher lecteur rien que hier je rencontrais se monsieur
    Sous presentation de ses superieur.
    Je puis vous temoignez de tout le travail extraordinaire que abat se monsieur
    Ensemble nous avions initié un projet en la matiere
    Soutenue par l’artiste emerite FLOBY.
    Suivez plutôt ma suite.

  • Le 8 octobre 2014 à 19:40, par ibrahim En réponse à : MACO : Sur scène, sous les verrous

    voila un geste qui est salutaire.Vraiment courage a toi mon frere.

  • Le 8 octobre 2014 à 20:03, par Association DOUNIA LA TERRE / Maah Poko En réponse à : MACO : Sur scène, sous les verrous

    A Tes côtés KARIM, du début et jusqu’au BOUT...!! Maam suuri fan.

  • Le 8 octobre 2014 à 20:33, par IBK En réponse à : MACO : Sur scène, sous les verrous

    Chapeau à toi mon frère et courage dans ta noble et lourde mission. Malgré la faiblesse des moyens tu es arrivé à mettre quelque chose sur pied. Bon vent frangin.

  • Le 9 octobre 2014 à 16:58, par zoe En réponse à : MACO : Sur scène, sous les verrous

    bravo pour une telle initiative !! chapeau bas
    Merci aussi à la jeune femme qui nous raconte aussi une telle réalisation avec les détenus !!!

  • Le 9 octobre 2014 à 17:21, par De paris En réponse à : MACO : Sur scène, sous les verrous

    courage mon frere et ns sommes de coeur avc tw pr c noble travail k tu entreprends.puis Dieu t donner les moyens pr amener la troupe plus loin.tu as le courage de tte la BASE

  • Le 9 octobre 2014 à 22:14, par Veronique En réponse à : MACO : Sur scène, sous les verrous

    Que dire de plus si non BRAVO à notre cher frère Karim que j’ai eu l occasion de rencontrer à plusieurs reprise .
    Karim, Pasteur Jean Zougouri et moi meme t avons rencontré, tu nous as presenté les autorités de la MACO qui nous a offert un accueil tres chaleureux. Grâce à toi, nous avons eu l occasion de participer à des animations de chant et danse, et à une duexieme occasion c etait de danse et théatre realisé par les detenues avec l’aide de l association wécré theatre dans la cour de la maco. c’était super ! A l’issus de cette rencontre, nos coeurs ne pouvaient rester insensible. Ils ont un super avenir ces jeunes mais qui les tendra les mains ? qui les ouvrira la porte de la reussite ? qui les conduira sur un chantier droit et sincère ? Dieu seul le sait et Il benira celui qui ose.
    J’ai eu à discuter avec des personalités de mes souhaits d’aider nos frères detenues. Pasteur Jean et les membres de notre asso ne restent pas sourd à tes appels. ici à paris, j y pense et je me lance dans des recherches d’aide. Dieu nous aidera à travers tout homme de bonne volonté.
    Cher frere karim, ne crois pas que nous t’avons oublié . Loin de cela. Notre nouvelle association:qui s installe au petit pas voit les bourgeons fleurir. Elle ne baissera pas les bras. J’invite tout ceux qui le souhaite, de bien vouloir se joindre à nous pour cet oeuvre merveilleuse. c’est ensemble que nous reussirons . Cher FLOBY ! En route ! je suis de tout coeur avec toi.! En avant, on fonce !Dieu est plus fort que la haine !
    0033 (0)6 41 59 67 62 à votre écoute

  • Le 11 octobre 2014 à 11:34, par KPODA N. Rodrigue En réponse à : MACO : Sur scène, sous les verrous

    Chapeau KAMSO ! comme j’aime t’appeler affectueusement. Merci pour ta contribution à ceux qui sont systematiquement stigmatisés et rejetés par la société,aussi modeste soit elle,elle reste une oeuvre utile. Un Homme qui vit sans être d’aucune utilité à sa société mène une vie vaine et insipide. Encore merci et surtout Courage.

  • Le 14 octobre 2014 à 21:08, par Karim Ouedraogo En réponse à : MACO : Sur scène, sous les verrous

    Merci pour vos messages d’encouragement,
    je suis joignable à ces numéros pour plus d’informations :
    71 68 48 63
    68 62 09 57

    Karim Ouédraogo

  • Le 2 mars 2015 à 11:04, par tassere ouedraogo En réponse à : MACO : Sur scène, sous les verrous

    karim vraiment tu es un homme de dieu car tu fait du bien tu leurs redonnes la joie et l’espoir de vivre grace a ce spectacle. piusse la maco condanne beaucoup les inocent a la place dzs coupables. piusse par manque de moyen 66814805.piusse un couplable deviens inocent quant il a des moyen pour prendre un a avocat competant. une justice corrompu avec des lois commeciales. j’ai honte proncer le mots justice piusse que au Burka ces ue imposition

  • Le 23 juillet 2016 à 19:00, par Issa Darankoum En réponse à : MACO : Sur scène, sous les verrous

    Great ! I really appréciateur. May God help us overcome poverty ans ignorance, amen !

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