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Blaise et les corps constitués : Entre humour et sérieux, les problèmes de la cité débattus

Publié le lundi 21 février 2005 à 07h58min

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Après le premier groupe des corps constitués, le chef de l’Etat a rencontré, le vendredi dernier, un second groupe composé de la confédération paysanne, des associations et organisations professionnelles de la communication, du monde sportif et de celui de la culture.

Blaise Compaoré, comme la veille, a salué la présence de toutes ces organisations corporatistes dans la salle de banquets de Ouaga 2000. Tout en se disant conscient des difficultés que les travailleurs, chacun à son poste, rencontrent, il a loué l’instauration de ce dialogue social. "J’ai foi en notre capacité commune à transcender les considérations partisanes et corporatistes pour l’avènement d’un développement solidaire".

Puis ce fut encore Odile Bonkoungou, la secrétaire du gouvernement, qui a égrené les doléances des différents corps et les réponses de l’Etat. Ainsi, les paysans veulent l’application effective de la réforme agraire et foncière, la cohabitation pacifique entre éleveurs et agriculteurs, le désenclavement des zones rurales.

Selon le gouvernement, le problème foncier est étudié par un comité interministériel avec les ONG et ceux du monde rural ; en ce qui concerne les conflits éleveurs/agriculteurs, une réflexion se mène de concert avec les protagonistes, pour arrêter une stratégie en vue d’une vie en symbiose entre ces animateurs du monde rural.

Les syndicats souhaitent des débats ouverts, direct avec le gouvernement sur des questions telles l’impunité, la corruption, le train de vie de l’Etat, la visibilité de l’action gouvernementale. La réponse du gouvernement a été qu’il a toujours privilégié le dialogue, par exemple sur la question de l’éducation. Du reste, les débats se poursuivent et, comme le fera savoir le Premier ministre, le 24 février prochain, une rencontre est prévue pour approfondir les points de vue sur des sujets importants.

Le monde de la communication souhaite le maintien du soutien de l’Etat à la presse privée, la finalisation de la convention collective, l’institution de la carte de presse, davantage de coopération avec les partenaires techniques et financiers. Sur le premier point, l’Etat répondra par l’affirmative (soutien à la presse privée). Les textes relatifs à la Convention collective sont déjà élaborés. En ce qui concerne le cahier des charges et des missions des médias audios, tout est lié aux décrets, au Code de l’information en cours d’examen.

Enfin, les sportifs estiment qu’il y a encore des efforts à faire pour hisser le sport, toutes catégories confondues, au niveau mondial (formation, équipements...). Des réponses qui n’ont pas satisfait totalement, et c’est pourquoi certains représentants reviendront à la charge, qui pour d’autres doléances, qui pour des recommandations.

Des ministres tels des élèves au tableau

Avec humour, Blaise Compaoré fera défiler, tels des élèves au tableau, certains ministres pour répondre aux préoccupations des uns et des autres. Ainsi, quand les paysans lanceront ce qui est comme un cri du cœur pour l’institution de banques qui leur feraient accéder au crédit plus facilement, le P.F. dira : "Le MEDEV ou c’est Jean-Baptiste Compaoré, des Finances et Budget, venez répondre". Lui-même fera savoir que l’UEMOA projette de mettre sur pied une banque de solidarité pour soutenir les PME.

Des questions relatives à des factures impayées de la CAN’98 et de 2003 furent posées par le colonel Jean-Baptiste Parkouda, un des responsables de la FBF. Sur ce sujet, le ministre des Finances dira que cela s’explique par le non-respect des procédures en la matière. La question de la défiscalisation de certains matériels sportifs a été posée également. Selon le P.F., qui a répondu mi-badin mi-sérieux, "Ce n’est pas qu’on ne peut pas, mais ça pose un problème au niveau de l’économie sous-régionale, car on peut aller vendre ce matériel dans un pays voisin".

"L’Etat n’est pas malin..."

Les communicateurs, eux, par la voix de Sy Shériff, feront savoir qu’il faut penser à augmenter la subvention de l’Etat, payer rapidement les coûts des abonnements, et ne pas appliquer la fiscalité aux journaux, telle qu’à une entreprise de Barro Djandjinaba ou d’Oumarou Kanazoé. "L’Etat donne... et retire ... L’Etat n’est pas malin alors ?", a demandé Blaise Compaoré. "Non, mais qu’il ait la géniale idée de ne pas retirer ce qu’il a donné", a répliqué Shériff.

D’autres questions, telles la "démocratisation" de la publicité institutionnelle, le cas T.V.Z. (télé que veut créer Moustapha Thiombiano), le droit d’accès à l’information par les journalistes ont été posées. Le ministre de l’Information, Joseph Kahoun, dira à propos du choix des annonceurs que chacun choisit le canal par lequel il estime qu’il pourra toucher son public-cible. Quant à TVZ, le ministre avoua qu’il a cru que son promoteur avait abandonné.

Il est revenu au Premier ministre, sur désignation du chef de l’Etat, de répondre au sujet de l’accès aux informations, que Shériff a appelé "la culture du secret". Pour Yonli, chaque journaliste a le droit de rechercher l’info juste là où elle se trouve. Et les responsables sont tenus de la lui fournir. Quant à la culture du secret, "C’est le propre du Burkinabè".

Les artistes qui voulaient des renseignements concernant le volet culture les ont eus par le ministre Mahamoudou Ouédraogo. Idem pour l’hippodrome de Nonsin (secteur 19), transformé en marché. Un homme de culture dira : "Le ministre Benoît nous a retiré notre hippodrome !". Le ministre Hypollite Lingani de l’Urbanisme fut invité à s’expliquer. Ce dernier dira : "On vous a donné un hippodrome en face du cimetière, route de Saponé".

Et toujours avec son humour très prononcé du jour, Blaise dira : "Comme cela les vivants seront sur leurs chevaux à gauche et les morts à droite". La boucle fut bouclée par une intervention de Tolé Sagnon (sur insistance de Blaise) sur des sujets tels la grève, les augmentations de salaire (25%)...

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana
Observateur Paalga

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