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Réfugiés maliens au Burkina : L’ambassadeur de France au Burkina s’imprègne des réalités à Mentao

Publié le dimanche 28 septembre 2014 à 19h19min

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Réfugiés maliens au Burkina : L’ambassadeur de France au Burkina s’imprègne des réalités à Mentao

L’ambassadeur de France au Burkina, Gilles Thibaut, a effectué une visite du camp des réfugiés de Mentao dans la province du Soum le 25 septembre 2014. Une visite conjointement organisée par le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Haut-commissariat des nations unies pour les réfugiés (HCR). Aussi bien les réfugiés que les différents programmes intervenant sur ce site ont salué l’initiative du diplomate français.

C’est au pas de course que l’ambassadeur de France au pays des hommes intègres a visité, tour à tour, le centre de distribution de vivres, le forage, l’espace Amis des enfants de Mentao et le poste de santé de Médecins du monde. Le camp des réfugiés de Mentao est le plus grand en termes de superficie, mais aussi en population. Plus de 11900 personnes vivent sur un périmètre de cinq kilomètres de long et deux kilomètres de large. Il est réparti en six blocs. Et, le diplomate français en a visité trois, notamment Mentao Nord, Mentao Sud et Mentao Centre.

« J’ai vu trois sites de Mentao. J’ai vu des communautés engagées qui rêvent de pouvoir repartir le plus vite possible chez elles, mais qui vivent assez bien grâce aux efforts des autorités burkinabè, et des organisations internationales présentes ici », a précisé Gilles Thibaut, ambassadeur de France au Burkina, à l’issue de sa visite. Ces réfugiés maliens sont exclusivement dépendants de l’assistance alimentaire du Programme alimentaire mondiale (PAM). Chaque mois, chaque réfugié reçoit des céréales, de l’huile et 3500f pour la popote.

Une dépendance exclusive de l’aide internationale qui se réduit

Lorsque le système d’approvisionnement en vivres des camps de réfugiés maliens avaient commencé à ‘’tarir’’ entre temps, l’ambassadeur de France est intervenu personnellement pour aider à résorber la situation. Contacté, il s’est tourné vers son pays qui a lâché 1,2 milliards de francs CFA. Ce qui a permis de faire la soudure. Et, aujourd’hui, « je me félicite que nous ayons pu contribuer à l’alimentation des réfugiés au moment où c’était le plus difficile », soutient-il.

-Charles DEI, le représentant du PAM au Burkina Faso estime qu’il s’agit là d’un exemple à suivre pour les autres partenaires. Car, « sans cette contribution, on serait resté trois mois sans assistance aux réfugiés, avec toutes les conséquences que cela pourrait avoir sur le statut nutritionnel et alimentaire des réfugiés qui dépendent exclusivement de cette assistance internationale », confie-t-il.

Tout comme le représentant du PAM, la représentante du HCR au Burkina se réjouit de ce geste. Mais aussi de la visite du diplomate français. « Lorsqu’il a appris qu’il y a un moment de soudure pour les réfugiés, il a tout de suite envoyé un message à Paris et suite à son acte, le PAM a reçu des fonds et ça nous a permis d’acheter des vivres pour les réfugiés. Donc, nous sommes contents qu’il soit venu voir lui-même les conditions dans le camp, voir la distribution et je pense que chaque fois qu’il aura les moyens de nous aider, il n’hésitera pas », a déclaré Gogo Hukportié.

Paris appuie le PAM

Depuis 2010, la France a contribué à plusieurs actions du PAM au Burkina. En plus de l’opération d’urgence en 2014 pour assurer l’assistance alimentaire et nutritionnelle aux réfugiés maliens au Burkina, la France soutient également l’Intervention prolongée de secours et de redressement (IPSR) de 2010 à 2014. L’IPSR comprend les activités suivantes :
- le traitement et la prévention de la malnutrition aiguë modérée chez les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes ou allaitantes dans 7 régions du Burkina.
- le renforcement de la résilience à travers des transferts monétaires pour la création d’actifs productifs en faveur des populations vulnérables et en insécurité alimentaire.
Les réfugiés de Mentao ont positivement apprécié cette visite de l’ambassadeur de France au Burkina. Tout en saluant l’aide apportée par les bailleurs de fonds, ils émettent le souhait de voir les différents partenaires faire encore mieux. « Nous saluons les efforts faits par les partenaires pour nous mettre dans des conditions meilleures. Nous en sommes très reconnaissants et nous leur exprimons notre gratitude pour cela. Mais, le panier n’est pas conforme au panier que nous connaissions et auquel nous sommes habitués. On donne un rationnement de 12 kg (6kg de riz+3500f) par personne par mois. C’est insuffisant et souvent les dates de distributions sont trop longues », fait remarquer Mohamed Ansari, président des réfugiés de Mentao Nord.

« Aidez-nous à vous aider »

Pourtant, tout en se plaignant de la quantité, les vivres qui leur sont offerts se retrouvent sur le marché. D’où le coup de gueule du gouverneur de la région du Sahel, Boureima Yiougo. « Vous dites que le riz qu’on vous donne, c’est bien mais ce n’est pas arrivé. Et pendant ce temps, on retrouve ça sur le marché. Ça n’encourage pas les donateurs. J’insiste parce qu’il y a même des bâches qu’on retrouve sur le marché. Ce n’est pas normal, ce qu’on vous donne, ce n’est pas pour vendre. Aidez-nous à vous aider », lance-t-il.

Cet appel sera-t-il entendu ? Difficile d’y croire, quand on s’en tient aux explications des réfugiés. « L’alimentation du sahélien en général et du Touareg en particulier est basée sur la viande et le lait. Les chefs de famille sont obligés souvent de vendre un peu de riz pour acheter des condiments pour la sauce, ou même pour habiller les enfants. Donc, on est obligé, ça va continuer de se faire parce que la famille ne vit pas simplement de riz blanc », affirme le porte-parole des réfugiés, Mohamed Ansari. C’est dire que les besoins des réfugiés ne sont pas seulement d’ordre alimentaire.
Malheureusement, du fait d’autres crises à travers le monde (Centrafrique, Nigéria, Sud-Soudan, Ukraine, Syrie…), les différentes organisations intervenant sur les sites des réfugiés maliens n’ont pas toujours les fonds qu’elles auraient souhaité avoir. Mais, jusque-là, elles font des efforts pour que les besoins de base soient donnés pour les réfugiés. La communauté internationale est interpellée : les réfugiés maliens sont encore là, nombreux, au Burkina. Ils sont encore près de 33 000 sur les différents sites.

Les réfugiés maliens sont « bel et bien là »

Depuis quelques temps, des rumeurs persistantes faisaient état de départs spontanés et massifs des réfugiés maliens vers leur pays. Toute chose que le président des réfugiés de Mentao Nord a tenu à démentir. « Certaines intoxications disent que les réfugiés maliens sont en train de répartir. C’est faux, vous voyez qu’ils sont bel et bien là et qu’ils ont besoin de votre assistance ».

Mais, ils espèrent pouvoir répartir le plus tôt possible. C’est pourquoi, s’adressant à l’ambassadeur de France au Burkina, Mohamed Ansari a lancé : « Etant donné votre rang dans la géopolitique actuelle, nous vous demandons d’aider à trouver une solution définitive pour le problème du Nord-Mali pour que nous puissions retourner en paix chez nous ».

« J’espère que l’aide du PAM, du HCR et de tous les autres partenaires va pouvoir continuer le temps qu’il faudra. Je souhaite que ce séjour soit le plus court possible, que les négociations à Alger aboutissent d’ici la fin de l’année », répond l’ambassadeur Thibaut.
En attendant, les ONG et autres agences intervenant sur les sites espèrent une réaction rapide des différents bailleurs de fonds, afin de pouvoir assurer aux réfugiés une vie digne.

Moussa Diallo
Lefaso.net

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