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Santé publique : marchands véreux contre blouses blanches

Publié le vendredi 18 février 2005 à 09h00min

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Des canettes de boissons ont traversé les frontières. Importées par un opérateur économique à l’occasion des fêtes de fin d’année, les cargaisons ont franchi les contrôles administratifs sans problème avec en prime une autorisation de mise à la consommation.

Cependant, une descente inopinée des limiers du Laboratoire national de santé publique dans les entrepôts du commerçant révèle que les produits étaient impropres à la consommation.

Des centaines, peut-être même des milliers de Burkinabè, ont pu ainsi échapper à l’empoisonnement. On l’a échappé belle mais pour combien de temps encore ? Le Laboratoire national a de plus en plus du mal à assurer sa mission de veille sanitaire aux frontières. Les opérateurs économiques rechignent. Les analyses, qui sont à leurs frais, seraient trop coûteuses. Le hic, c’est qu’ils ont trouvé dans l’Administration une complice pour échapper à un contrôle pourtant nécessaire, mais surtout exigé par la loi.

En clair, la loi sur le contrôle sanitaire de certains produits destinés à la consommation n’est plus appliquée, puisque le certificat de contrôle sanitaire n’est plus exigé systématiquement pour mettre un produit sur le marché. Sous la pression des opérateurs économiques, l’ Administration n’exigerait plus systématiquement le contrôle du Laboratoire. A qui profite donc le crime ? A des agents de l’Administration ou aux importateurs ? Une chose est sûre , ce sont les consommateurs qui paieront le prix fort pour les effets dommageables sur leur santé.

Si les garants de la santé des populations se transforment en fossoyeurs, on ne peut parler que de démission.
Le coût des analyses ne peut être un argument convaincant, dans la mesure où le feu vert du Laboratoire est un label sanitaire et peut servir d’argument commercial pour vendre des produits. Il y a certainement d’autres raisons inavouées. Mais si le coût devait être un véritable obstacle aux contrôles sanitaires, il serait alors judicieux de le revoir.

La publication des listes de produits dangereux est une obligation pour l’Etat. Les populations ont droit à l’information. Sinon, à quoi serviraient les contrôles ? Les propriétaires des produits incriminés sont opposés à la publication de leurs noms dans la presse. Soit. Mais n’est-il pas bon de savoir qui produit quoi, pour permettre aux consommateurs de se préserver ? Le principe de précaution appliqué en Europe, à travers les traçabilité des produits, est-il un luxe pour la Burkinabè ?

En tout cas, le débat est ouvert. L’expérience du Burkina en matière de démarche qualité n’est pas aussi grande. C’est un processus mal connu, d’où les nombreuses résistances. Or pour les entreprises qui souscrivent à cette démarche, c’est un moyen d’augmenter leur compétitivité. Pour l’Etat, c’est le gage d’une sécurité sanitaire renforcée.

Le contrôle reste donc indispensable aussi bien aux frontières pour les produits importés, qu’à l’intérieur pour les unités de productions locales. C’est le seul moyen de protéger les Burkinabè, car les "commerçants" n’ont souvent d’ yeux que pour les bénéfices qu’ils réalisent.

Le Pays

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