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Réalisations d’agences onusiennes au Burkina : David Lane au contact des réalités

Publié le dimanche 21 septembre 2014 à 17h35min

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Réalisations d’agences onusiennes au Burkina : David Lane au contact des réalités

L’ambassadeur américain auprès de la FAO, du PAM et du FIDA à Rome a séjourné au Burkina du 12 au 20 septembre 2014. David Lane a mis à profit son séjour pour visiter des actions réalisées au pays des hommes intègres avec l’appui de ces différentes agences onusiennes. Ainsi, le 17 septembre, il a mis le cap sur la province du Passoré, dans la région du Nord. Là, il a visité successivement le centre de santé de Arbollé qui prend en charge des cas de malnutrition aiguë modérée, le bas-fond aménagé de Goubi pour un accroissement de la productivité agricole, et l’activité de soutien à l’élevage de volaille au profit des populations vulnérables de Godin. A toutes les étapes, le diplomate américain a échangé avec les différents bénéficiaires.

En cette matinée du 17 septembre, la cour du Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) de Arbollé grouillait de monde. Plusieurs dizaines de femmes, enfants au dos, ou assises sur des nattes de fortune, attendent de voir les agents de santé. En effet, ce centre de santé, grâce à l’appui du PAM (Programme alimentaire mondial), mène des activités de réhabilitation et de prévention de la malnutrition aiguë modérée, et ce depuis 2012. Les enfants de 6-59 mois atteints de malnutrition y reçoivent des rations de plumpy’sup et de CSB+ (farine enrichie en micro nutriments), et les femmes enceintes ou allaitantes reçoivent des rations de CSB et d’huile.
De janvier à août 2014, ce centre a enregistré 269 enfants malnutris modérés qui ont été pris en charge, avec un taux de guérison de 92%. Les femmes enceintes ou allaitantes, elles, sont au nombre de 72 au cours de la même période pour un taux de guérison de 54%. Actuellement, 165 enfants et 55 femmes allaitantes ou enceintes suivent un traitement contre la malnutrition.
Ambassadeur auprès des trois agences onusiennes, le diplomate américain, David Lane a passé une heure dans ce centre de santé. Il a pu s’enquérir du système de prise en charge, discuté avec les agents de santé et les populations bénéficiaires.
A notre passage, Susanne Ouédraogo, mère de jumelles, venait d’arriver au CSPS. Habitante du village de Yarbila, à cinq kilomètres de Arbollé, elle espère obtenir de l’assistance pour assurer la survie de ses nourrissons.

« S’il n’y avait pas ce programme, ce n’était pas bon pour nous »

Alice est mère d’une fillette (Thérèse D’Avila) d’environ deux ans qui a été dépistée malnutrie, il y a quelques mois. Depuis lors, elle est prise en charge. « Elle avait beaucoup maigri mais ça va maintenant. Tous les 28 jours, on vient et on reçoit de la farine enrichie pour nos enfants. S’il n’y avait pas ce programme, ce n’était pas bon pour nous les mères d’enfants atteints de malnutrition », confie Alice, sourire aux lèvres.
Ce sentiment de satisfaction, visiblement, est partagé par le chef de poste du centre de santé, Jonathan Kaboré. « Nous sommes très contents pour l’appui que le PAM apporte au CSPS de Arbollé parce que ça améliore l’état nutritionnel des enfants de 6 à 23 mois. Aujourd’hui, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Nous avons un taux de guérison de 92%. Nous remercions le PAM et souhaitons que son appui soit plus régulier pour le bien-être des femmes et des enfants », déclare-t-il. Ainsi, en 2014, 167 enfants malnutris ont été guéris. Mais, près de 160 enfants sont encore en cours de traitement et le dépistage continue. Mais, des difficultés ne manquent pas.
« Il arrive qu’on enregistre des ruptures de denrées alimentaires. Et, les enfants viennent et repartent sans avoir la ration souhaitée », regrette le chef de poste du centre de santé.

Le riz n’est plus un luxe à Goubi

Après le centre de santé, le cortège du diplomate américain s’ébranle vers le village de Goubi. Là, les hôtes du jour ont pu visiter le bas-fond rizicole aménagé grâce au programme de développement rural durable (PDRD) sous financement FIDA et du soutien du PAM à travers un apport en vivres pour les bénéficiaires. Sur cette superficie aménageable de 30 ha, 20 ha sont exploitées par un groupement de 246 producteurs dont 105 femmes. Un comité de 7 membres veille à une gestion adéquate de l’espace. Chaque producteur exploite une parcelle d’une superficie moyenne de 625m2.
« Nous avons eu un surplus de production à partir de ce bas-fond. Les revenus que nous gagnons nous permettent de payer la scolarité de nos enfants, acheter du bétail, payer les frais d’ordonnance. Mieux, le riz n’est plus un repas de luxe dans ce village », témoigne Moumouni Nocré, président Conseil villageois de développement et membre du comité de gestion du bas-fond.
Sur cette superficie, Minata Sawadogo possède l’un des meilleurs champs. Elle espère récolter sept sacs de 100 kg cette année, soit trois fois plus qu’en 2013. Pourtant, les récoltes de la campagne passée lui avaient permis d’acheter un vélo pour son fils et un mouton pour l’embouche. Si la saison se termine comme souhaitée, elle devrait s’acheter des animaux, en plus d’assurer la scolarité de ses enfants.

Décortiqueuse, forage, accroissement du périmètre…

Tout naturellement, Minata Sawadogo a reçu les félicitations de l’ambassadeur américain auprès des agences onusiennes. C’est donc dire que la synergie d’action des agences des nations-unies a permis de réduire le niveau d’insécurité alimentaire et nutritionnelle, et partant la pauvreté à Goubi.
Tout en se réjouissant de l’impact de cet aménagement, les populations de Goubi n’ont pas caché les préoccupations actuelles. Elles souhaitent bénéficier d’un forage pour y mener des cultures de contre-saison. Aussi, ont-elles souhaité l’agrandissement de la superficie pour accroitre le nombre de bénéficiaires. L’autre doléance porte sur le souhait d’obtenir une décortiqueuse moderne de riz. Le décorticage se fait actuellement de manière artisanale par les femmes.

De la volaille pour renforcer la résilience des ménages vulnérables

Godin constituait la dernière étape de la journée. Là, il est question d’appui à la production avicole améliorée, en vue de dynamiser l’élevage dans les ménages vulnérables. Ce, à travers un projet intitulé : « accroitre la résilience des ménages vulnérables dans le contexte d’une crise alimentaire pour les humains et les animaux au Burkina Faso ». Ainsi, dans ce village situé à moins de 10 km de Yako, chef-lieu de la province du Passoré, 47 ménages ont bénéficié chacun de : 10 poules, un coq, deux sacs de 50 kg d’aliments pour volailles, une dose de produits sanitaires (P+AB). Le projet a été réalisé grâce au partenariat entre la FAO, l’ONG AMR (Association monde rural) et le ministère des ressources animales avec le financement de CERF (Central emergency response fund).

Les femmes chefs de ménage ainsi que les hommes et femmes âgés ont été les cibles principales du projet. Avant l’intervention, la plupart des familles avaient juste deux ou trois poules. Aujourd’hui, la plupart de ces bénéficiaires ont plus de 60 poules. Mieux, certains producteurs ont décidé de diversifier leur élevage. Certains ont vendu les poules pour acheter des pintades, des moutons, des porcs. C’est le cas de madame Sankara, octogénaire, qui possède aujourd’hui plus de 80 poules et quatre brebis. Grâce aux revenus issus des ventes de la volaille, les bénéficiaires arrivent à assurer les dépenses de leur famille respective (frais de scolarité, achat de vélos, de brouettes…).

De retour à Rome, « on verra ce qui peut être fait »

A l’issue de ce périple, le diplomate américain, David Lane s’est réjoui de ce qu’il a pu constater. « Ce qui m’a marqué, c’est que chaque projet a débuté par une assistance extérieure obtenue auprès d’une agence des Nations Unies ou du gouvernement. Après, chaque bénéficiaire a utilisé cet appui pour en faire un projet durable. Par exemple, la femme qui a commencé avec 10 poules et un coq a aujourd’hui 87 poules et quatre brebis dans sa cour. Avec les nouveaux défis comme les changements climatiques, les chocs comme les sécheresses, les crises alimentaires, c’est vraiment important d’accroitre la résilience des populations à travers des projets durables », a-t-il lancé.

Concernant les doléances des populations bénéficiaires, David Lane n’a pas voulu prendre des engagements précipités. « Je travaille avec les agences des nations-unies (PAM, FAO, FIDA) qui ont apporté beaucoup de contributions dans chaque localité ici. Quand je vais repartir à Rome, je vais parler des effets et des impacts de chaque projet. Après, on verra ce qui peut être fait pour l’assistance », a-t-il confié.

La collaboration, source de valeur ajoutée

Les premiers responsables desdites agences au Burkina étaient tout aussi heureux de cette visite. « Nous sommes honorés parce qu’un regard extérieur est venu apprécier positivement ce que nous faisons et il l’a dit publiquement. Nous espérons que la collaboration entre les trois agences va ressortir aujourd’hui comme une réalité au Burkina Faso ; ce qui donne de la valeur ajoutée à ce que nous faisons », a précisé Aristide Ongone Obame, représentant de la FAO au Burkina. Même son de cloche du PAM. « On a pu traduire la contribution américaine et des principaux bailleurs de fonds en résultats concrets sur le terrain permettant ainsi aux populations de se prendre en charge. La beauté de cette intervention, c’est également de voir comment avec un petit appui, ces populations ont pu sortir de la pauvreté absolue et aujourd’hui, elles ont un espoir, elles croient en leur futur. C’est grâce à la synergie des trois agences que nous sommes fiers de constater ces résultats aujourd’hui ensemble », soutient Jean-Charles Déi, représentant du PAM au Burkina.
« Cette visite permet de voir ce que nos trois agences font sur le terrain et comment l’intervention de nos agences se trouvent alignées par rapport aux grandes orientations nationales de développement du pays », ajoute Jean-Pascal Kaboré, chargé d’appui-programme FIDA au Burkina.

En tous les cas, toutes les trois agences espèrent ainsi, à l’issue de cette visite, avoir un écho favorable des bailleurs de fonds, car les besoins des populations sont encore importants. David Lane, le représentant américain auprès des agences des nations unies à Rome, devrait certainement peser de tout son poids dans ce sens.

Moussa Diallo
Lefaso.net

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