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Hama Arba Diallo, président du PDS/METBA, membre du CFOP : « Qui peut justifier que des milliards puissent être balancés dans la rue pour organiser un referendum bidon ? »

Publié le samedi 23 août 2014 à 12h30min

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Hama Arba Diallo, président du PDS/METBA, membre du CFOP : « Qui peut justifier que des milliards puissent être balancés dans la rue pour organiser un referendum bidon ? »

Politique dans l’âme, il est considéré, même par ses adversaires politiques, comme ce sage-là qui sait tenir à la fois la carotte et le bâton. Hama Arba Diallo, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a des bagages politique, intellectuel, social… à revendre du fait de ses riches expériences avérées et sollicitées, tant au plan national que sur l’échiquier international. Président du Parti pour la Démocratie et le Socialisme/Parti des Bâtisseurs (PDS/METBA), il fait partie de la « short list » des élus députés-maires au Burkina. Avec lui, le temps ne semble pas avoir de limites. C’est cet homme affable que nous avons rencontré, ce jeudi 21 août, à l’Assemblée nationale sur des questions du moment, notamment celles qui « fâchent ». Entretien !

Lefaso.net : Peut-on dire que l’opposition reprend du service le 23 août avec les meetings après un moment de pause ?

Hama Arba Diallo : L’opposition, en toute bonne foi, avait laissé le temps au pouvoir de se rendre à l’évidence... Et comme il y avait toutes sortes de rumeurs qui circulaient sur des échanges qui avaient lieu à l’intérieur du Front républicain et du CDP même, nous (opposition, ndlr) avions pensé que le message avait été bien compris et qu’au vu de l’hostilité de plus en plus criarde de l’opinion nationale vis-à-vis de ces initiatives du régime, qui sont toutes des initiatives qui sont foirées au départ, ils allaient se rendre compte du fait que si tout cela était du bidon et qu’ils n’avaient pas intérêt à vouloir nous amener sur un chemin qui n’a pas d’avenir. On s’est dit que sur la question du Sénat, le régime a compris et il l’a mis de côté (même si c’est provisoirement). Sur l’affaire du référendum, ils reviennent à la charge. On a eu quand même un concours de circonstance qui est que, ceux qui s’appellent démocrates s’étaient tous donné rendez-vous à Washington (Sommet USA-Afrique, ndlr) : les libéraux, les néolibéraux, les pseudo-libéraux, tout ce beau monde-là autour du Président Barack Obama, comme s’était une grand-messe. On pensait que tous les fidèles qui étaient partis pour cette messe allaient en revenir ragaillardis, requinqués à bloc pour se dire, voilà ce que nous allons faire et voilà surtout ce que nous allons éviter. On avait donc compté sur cette période-là, jusqu’à ce qu’à la réunion de Washington, tout d’un coup, de manière inattendue, notre Président ait fait sa sortie. Personne n’a compris ; tout le monde était gêné. Même ses meilleurs amis étaient gênés. On s’est donc demandé pourquoi une telle provocation inutile ? Je crois que tout Burkinabè qui a vu ce qui s’est passé, surtout ce que la presse a relaté, s’est senti un peu gêné. (…). Nous considérons que l’honneur national, la fierté nationale, la lutte contre toute forme de domination doit être la règle. Mais, si vous acceptez d’être membre d’un système, même marginal de ce système, on vous dit de venir, vous venez, et tous comme un seul homme, il faut en ce moment respecter les règles du jeu. Malheureusement, ce n’est pas ce que notre Président a fait. Il en est revenu, gêné d’ailleurs parce que je me dis que ce croisement de fer entre lui et les autorités américaines était quand même malheureux, d’autant plus qu’il a croisé le fer, non pas avec le Président, mais avec le ministre des affaires étrangères (ministre d’Etat américain). La forme n’y est pas, il n’y a pas de parallèle entre un Président et un ministre. Et même dans ce cas-là, l’attitude qu’il a eue vis-à-vis du ministre John Kerry n’était pas normale.

Et comme, visiblement, selon les déclarations, ils donnent le sentiment de vouloir, coûte que coûte, aller à ce référendum, on s’est dit que nous aussi, on se doit de redire à l’opinion nationale et internationale, quelle est la position des partis politiques de l’opposition par rapport à cette initiative du Président Compaoré. On s’est dit que c’était le bon moment pour nous de rappeler cela à son bon souvenir et montrer à l’opinion internationale que nous sommes de ceux qui considèrent que les tripatouillages des Constitutions doivent être quelque chose de passé. On ne peut pas accepter les velléités qu’ils ont de modifier la constitution pour permettre à un seul individu de continuer, on ne sait pendant combien de temps. C’est pour cela que nous avons pensé que c’était le bon moment de rappeler nos positions de principe à l’opinion nationale et internationale.

Lefaso.net : Faut-il comprendre par-là que le sommet USA-Afrique n’a pas répondu aux attentes de l’opposition… ?

Hama Arba Diallo : En réalité, c’était le sommet de la vérité pour qu’on rappelle aux brebis galeuses les règles de jeu du système. Ce n’est pas notre système à nous. Mais c’est le système qu’ils ont choisi. A partir de ce moment-là, la moindre des choses était quand même de mettre l’accent davantage sur ce qui les unit, au lieu de tirer la corde sur ce qui les divise. Et dans ce cas particulier, les 3 ou 4 chefs d’Etat qui ne partagent pas l’avis de la majorité, s’ils se disent démocrates, devaient s’aligner sur la position de la majorité. Mais en réalité, on ne sait même pas ce qui s’est passé avec eux. On sait qu’il y en a qui ont été pris en aparté, auxquels on a dit les règles du jeu qu’il fallait respecter. Le seul qui a réagi, ou le seul dont la réaction a été rendue publique, c’est quand même la position du Président Compaoré.

Lefaso.net : Il y a, quand même, le fait que des intellectuels africains admettent avec Blaise Compaoré que les réalités ne sont pas les mêmes d’un continent à l’autre… !

Hama Arba Diallo : C’est maintenant qu’ils découvrent cela ? Ils prennent les gens pour des crétins ! Mais, la démocratie c’est avec un grand D. Il y a une convergence du point de vue des valeurs et si l’une d’entre elles n’était pas acceptable, il ne faut pas aller fouiller dans la poubelle (qu’elle soit régionale, tribale ou continentale) pour justifier le fait que tu veux te démarquer de ton groupe. C’est maintenant qu’ils découvrent que l’Afrique, ce n’est pas les Etats-Unis, le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande ! C’est facile, ça !

Lefaso.net : Que pensez-vous, au finish, de ce sommet ? Conclurez-vous avec une certaine opinion, que c’est un sommet de trop… ?

Hama Arba Diallo : Ceux qui sont allés en ont eu pour leur compte. Ceux qui savaient ce qu’ils voulaient, en particulier ceux qui sont revenus avec des engagements précis de la part des Etats-Unis pour investir dans l’économie africaine (il y a des Africains qui y sont partis et dont le souci majeur était de voir comment faire pour que l’élan pris par l’Afrique soit maintenu, renforcé avec le soutien des Etats-Unis). Les Etats-Unis ne sont pas les seuls. Il y a eu un sommet avec les Chinois, avec les Japonais, avec les pays de l’Amérique Latine ; chacun de ces partenaires apporte quelque chose à notre édifice. L’édifice africain est-là. On a 54 pays, certainement parmi les plus riches du monde, en matière de ressources naturelles mais qui, fort curieusement, quand on dit les pays les plus pauvres de la planète, ce sont ces mêmes pays-là qui s’alignent, de la queue en remontant. Ce sont les mêmes pays qui sont premiers pays producteurs de pétrole, premiers producteurs de bois, premiers producteurs d’uranium... Nous, on n’y croit pas parce qu’on se dit que la plupart des pays africains, s’ils veulent investir en Afrique, ils n’ont même pas besoin d’aller chez qui que ce soit pour le faire ; ils ont chez eux de la ressource nécessaire. Les avoirs qu’ils ont à l’extérieur, qui sont envoyés à l’extérieur d’une manière illégale, suffisent largement pour subvenir à leurs besoins. Mais, si la globalisation veut dire qu’on cache ce qu’on cache et on va chercher ce que l’autre a oublié de cacher…, parce que c’est de cela qu’il s’agit ; ils sont allés chercher (ceux qui étaient intéressés), ils ont entendu Obama annoncer 33 milliards USD pour les années à venir, pour eux, c’est un motif de satisfaction. Chacun est allé pour chercher ce qu’il voulait. Ils en sont revenus et je n’ai pas entendu quelqu’un qui a dit qu’il était mécontent des résultats du sommet. Donc, en termes de bilan, certains semblent avoir été satisfaits, d’autres par contre semblent être revenus par la porte arrière.

Lefaso.net : Nous revenons à la politique nationale et pour savoir quel est l’état d’esprit de l’opposition après le fiasco (en termes de mobilisation) du meeting de Bobo-Dioulasso et quelle leçon en tirez-vous, quand on sait que certains ténors n’ont plus réapparu sur la scène l’exemple de Saran Sérémé du PDC à qui avait été confiée l’organisation ?

Hama Arba Diallo : On était ensemble ce matin (l’entretien a eu lieu à partir de 11h30, ndlr), on était ensemble il y a une semaine. Nous sommes donc ensemble à tout moment dans le cadre des réunions périodiques du CFOP (Chef de file de l’opposition politique burkinabè, ndlr). A force de vouloir chercher les problèmes là où ils n’existent pas, vous finissez par en découvrir quand même, de temps en temps. Mais nous, pour ce qui nous concerne, des efforts ont été faits au meeting de Bobo-Dioulasso. Je connais Bobo ; elle n’a jamais été une ville facile. Et ce que nous avons eu est satisfaisant. Vous parlez de notre meeting à Bobo pourtant on n’a pas parlé du meeting qui a eu lieu à Ouaga et qui a été, 3 fois plus, un fiasco, une humiliation (meeting du parti au pouvoir tenu le 21 juin dernier au stade du 4-août, ndlr).

Lefaso.net : …le meeting de Bobo parce que c’était le dernier grand meeting en date… !

Hama Arba Diallo : Oui ! Mais, et l’autre meeting qui a eu lieu à Ouaga ici, (meeting de l’opposition du 31 mai dernier au stade du 4-août, ndlr). Nous considérons que c’est un pas en avant et que Bobo n’est pas facile. Ce que nous avons eu comme participation était assez indicatif. Et puis, on a ramé à contrecourant ; beaucoup d’efforts négatifs pour contrarier les efforts que nous faisions pour organiser le meeting. Mais, pour nous, un meeting est un meeting, les gens sont venus, l’esprit y était, tous les leaders de l’opposition étaient à Bobo et nous, nous considérons que c’était assez important. Ce n’était pas le dernier des meetings qu’on organisait. C’était un meeting dans un endroit difficile. Et du point de vue bilan, il y a lieu d’être satisfait de ce qu’on a eu. On n’a pas fini ; après Bobo il y a quand même eu Dori (chef-lieu de la région du Sahel et où il est le maire, ndlr). Nous savons que l’essentiel de l’opinion est avec nous, et c’est ce qui est encourageant. Et c’est important de réanimer cette flamme de temps en temps, même si c’est une fois tous les deux mois, pour rappeler au régime que nous, nous sommes conscients des enjeux qu’il y a et que nous souhaiterions toujours, qu’ensemble, nous travaillons à éviter à notre peuple, des dérapages qui sont inutiles et qu’on peut éviter.

Lefaso.net : Vous tenez le 23 aout prochain, un meeting dans un endroit non seulement autre que celui habituel, loin du centre-ville mais également pendant les vacances. Ne craignez-vous pas que tous ces facteurs jouent négativement sur une grande mobilisation ?

Hama Arba Diallo : Non. Nous savons bien que de nombreux gens sont en vacances mais nous nous sommes dit que les messages que nous avons ne peuvent pas attendre. C’est pour cela que nous avons choisi la date du 23 août. Pour nous, il n’y a pas de vacances parce que, c’est le régime qui nous interdit ces vacances en essayant de véhiculer des rumeurs selon lesquelles, ils sont en train de se préparer, même s’il y a eu l’appel de Gaoua pour le dialogue. En réalité, nous avons le sentiment que c’est du bluff. Qui va dialoguer avec qui ? Alors que tout repose sur un seul homme ; il est le seul à savoir ce qu’il veut et ce qu’il ne veut pas. Personne ne peut négocier et même dialoguer en son nom. Qui est mandaté pour dialoguer ? Nous, on ne veut pas dialoguer avec n’importe qui. On veut dialoguer avec des personnes qui, en toute bonne foi, sont prêts à nous écouter et nous, nous allons les écouter pour que l’on voit quelle est la porte de sortie. Ils (les membres du Front républicain, ndlr) n’ont aucune compétence, aucun pouvoir pour désigner du doigt, la solution au problème qui nous assaille. Alors, quel intérêt y-a-t-il à dialoguer avec eux ? On n’en voit pas.

Lefaso.net : En claire, doit-on conclure que vous ne pouvez pas dialoguer avec le Front républicain ?

Hama Arba Diallo : Nous, nous avons à faire au Président Compaoré et à son CDP. Les acolytes qu’il amène, ce sont des supplétifs à leur guise. Certains de ces supplétifs étaient même avec nous, il n’y a pas longtemps. Donc, pour nous, en réalité, nous avons un seul adversaire : c’est le CDP, qui représente Blaise Compaoré, son candidat.

Lefaso.net : Vous aviez fondé espoir sur ces rumeurs soulevées ci-haut et même sur le sommet USA-Afrique … Maintenant que les choses semblent se préciser sur la tenue du referendum, quelle sera la particularité du message de ce meeting ?

Hama Arba Diallo : Toutes ces rumeurs étaient sorties de leur propre rang, le rang du CDP. Ils ont fait leur cuisine, ils ont fini de faire la cuisine, ils ont mangé et ils nous ont dit que c’est bon. Donc, ce sont eux qui, certainement, après introspection, étaient venus à la conclusion que le mieux pour notre pays, le mieux pour leur pays, le mieux pour leur régime, c’est de faire une pause, qu’on se parle et qu’on se remette à l’évidence pour voir quelle est la meilleure solution pour notre pays. Ils avaient dit que le Président allait avoir une telle démarche, et s’il avait eu cette démarche, nous allions l’applaudir et on allait chercher ensemble comment sortir de cette crise. Mais ce n’est pas ce qu’on a vu. Ce qu’il a déclaré à Washington est à l’opposé direct de tout ce qu’ils racontaient.
Même le fameux appel de Gaoua… Si tu es pour le dialogue, tu ne peux pas dire que dialogue ne veut pas dire négociation. Ça veut dire qu’eux-mêmes, ils ne savent pas ce qu’ils veulent, ou bien celui qui est devant eux ne leur dit pas toute la vérité. Nous attendons donc que celui qui est devant eux dise qu’est-ce qu’il veut et qu’est-ce qu’il ne veut pas. De toute façon, 2015, c’est déjà-là et le Président sait bien qu’il ne peut plus être candidat, parce que la Constitution ne lui permet pas cela. Le CDP n’a-t-il pas un autre candidat à proposer, autre que Blaise Compaoré, en conformité avec la Constitution que lui-même, Blaise, a juré d’appliquer et de protéger ? Maintenant, il ne fait ni l’un ni l’autre. Au contraire, lui qui est le détenteur, le protecteur de la constitution est le premier à vouloir y barboter.

Lefaso.net : « Si nous ne remplissons pas le stade du 4-Août, nous sommes morts », disait Simon Compaoré, vice-président chargé des relations extérieures du MPP pendant les préparatifs et au sujet du meeting du 31 mai. Peut-on dire que cette pression est toujours de mise pour le rendez-vous du 23 août ?

Hama Arba Diallo : Nous pensons que tous ceux qui, aujourd’hui, dans la ville de Ouaga, en particulier, dans la zone que nous avons identifiée, n’ont pas cessé de dire qu’ils ne peuvent pas accepter, que ce soit demain ou après-demain, le tripatouillage dans notre constitution ; tous ceux-ci, où qu’ils soient, quelle que soit l’heure, il faut qu’ils sortent et aient le courage de se montrer et dire non à toutes les manœuvres du CDP, de Blaise Compaoré, du Front républicain. Nous devrons tous être mobilisés pour défendre notre outil fondamental qui est la constitution. Le respect de cette constitution qui nous commande de nous préparer pour les élections à venir, à charge pour eux d’élire qui ils veulent. Mais la constitution que nous avons tous adopté, par consensus, ne permet plus à Blaise Compaoré d’être candidat. Pourquoi le CDP veut-il nous imposer ce candidat, alors qu’il se dit grand parti ? Les gens du CDP sont incapables de trouver un seul Burkinabè dans leur rang à mettre devant comme leur candidat pour l’élection présidentielle ? S’ils ne peuvent pas, ils n’ont qu’à tous allés à Ziniaré, y faire une République autonome et là, nous allons avoir beaucoup de respect pour eux, on va mettre une croix autour de Ziniaré qu’on ne va même plus traverser. Il faut qu’ils s’assument parce que c’est devant l’histoire maintenant qu’ils répondront. Ils ont eu la possibilité d’appliquer et de défendre la Constitution mais ils ne veulent faire, ni l’un ni l’autre.

Lefaso.net : Peut-on s’attendre, à cette allure où les positions sont figées de part et d’autre, à voir l’opposition se raviser à sensibiliser les populations à voter pour un NON au référendum, comme le suggèrent certains observateurs ?

Hama Arba Diallo : Dans tous les cas, nous estimons que le référendum n’a pas sa raison d’être. Sa tenue est inopportune. Et comme tel, pourquoi l’envisager pendant qu’on parle de problèmes préoccupants, de souci majeur comme celui relatif par exemple au virus Ebola et pour lequel on peine à mobiliser des ressources financières ? Tout comme la rentrée s’approche et chaque rentrée a toujours été un cauchemar. Que faire pour que les élèves, les étudiants puissent avoir les infrastructures minimum dont ils ont besoin pour pouvoir se préparer pour l’avenir de ce pays ? Si on n’a pas de ressources, ni pour Ebola ni pour les élèves, les étudiants, pour le renforcement de nos structures sanitaires, qui peut, en tout honnêteté, justifier que des milliards puissent être balancés dans la rue pour organiser un referendum bidon, qui nous divise alors qu’il y a des actes pour lesquels nous sommes tous d’accord que cela est nécessaire, qu’il faut le faire, et maintenant ! C’est un peu cette logique-là qui nous désarçonne. On ne comprend pas du tout. Pourtant nous sommes tous dans le même pays alors que nous ne vivons pas les mêmes réalités. On s’est dit que ce qui a toujours caractérisé notre pays, ces quarante ou cinquante dernières années, c’est quand même ce point de vue commun sur le minimum. On est prêt à partager, même si on n’a pas beaucoup, on est prêt à partager le peu que nous avons. Comment se fait-il maintenant que nous sommes rançonnés par des opérateurs économiques véreux, qui n’ont aucun égard ? On se dit qu’on est dans un système capitalisme mais ce qu’ils font est simplement de l’arnaque. A tout bout de champ, regardez les entreprises ; quel est le pourcentage des entreprises qui respectent les conditions pour lesquelles on leur attribue le marché ? 80% d’entre elles, aujourd’hui, ne respectent pas les termes... Et pourtant, les voilà, impunies. L’impunité la plus totale, personne ne peut les poursuivre. Elles viennent, prennent les avances de démarrage et disparaissent. Tout le monde sait qui elles sont, les noms d’emprunt sous lesquels elles exercent… C’est au vu de tout cela qu’on s’est dit qu’il ne faut pas que certains prennent les autres pour des nez percés. On se connaît tous dans ce pays, on voit tout ce que les uns et les autres sont en train de faire. Il ne faut pas qu’on nous accule dans la médiocrité, qu’on nous accule dans l’illégalité parce que, tôt ou tard, quelqu’un aura un réveil brutal.

Lefaso.net : Gilbert Diendéré serait le pion de Blaise Compaoré à la Présidentielle de 2015. Bonne nouvelle pour l’opposition, si ça se confirmait ?

Hama Arba Diallo : Pour nous, Gilbert Diendéré ou Blaise Compaoré, c’est pareil. Si leur parti les désigne, c’est leur affaire. Nous n’avons pas à faire à des individus, nous avons à faire à des systèmes organisés. C’est le CDP qui désigne son candidat. Diendéré, c’est le dernier en date. Il y a eu d’autres dont les noms avaient été avancés bien avant. Pour nous, l’essentiel est qu’il choisisse quelqu’un pour 2015. On s’en tienne à celui qui sera choisi. Si le CDP choisit celui-là (Gilbert Diendéré) comme porte-drapeau, peu importe ; qu’il soit un Général ou un Caporal, un homme ou une femme, l’essentiel est qu’il soit le candidat de leur choix et nous, nous allons avoir à faire à ce candidat.

Lefaso.net : M. le président, à vous la conclusion de notre entretien !

Hama Arba Diallo : J’estime que nous sommes à la croisée des chemins. J’espère seulement que les uns et les autres feront l’effort nécessaire pour faire en sorte que la dérive qui est annoncée soit une dérive pour laquelle, ensemble, nous allons pouvoir nous mobiliser pour empêcher qu’elle ne vienne compromettre la paix et la quiétude dans notre pays et dans notre région. Je suis sûr et certain que toute l’opposition est unanime pour dire que nous avons mieux à faire pour ce pays. Nous avons des ambitions pour ce pays et il va falloir qu’on réussisse à se mobiliser pour réaliser les ambitions de ce pays plutôt que de nous mobiliser pour créer des pagailles qui n’ont pas été à l’honneur de ceux qui les ont perpétuées ailleurs. On n’en a pas besoin, on peut l’éviter. Nous, nous sommes, jusqu’à ce jour, optimistes que les uns et les autres vont pouvoir se ressaisir et, ensemble, donner à notre pays, l’avenir qu’il mérite.

Entretien réalisé par :

Oumar L. OUEDRAOGO

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