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Sikasso –Cascades : Les liens se formalisent entre les deux régions malienne et Burkinabè

Publié le vendredi 25 juillet 2014 à 00h35min

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Sikasso –Cascades : Les liens se formalisent entre les deux régions malienne et Burkinabè

Une délégation de la région des Cascades a séjourné à Loulouni en République du Mali le vendredi 18 juillet 2014. Conduite par le président du conseil régional, Ngolo Brahima Ouattara, la délégation qui comprenait, en plus du conseiller technique représentant le Gouverneur, les directions régionales en charge du développement rural et des techniciens du conseil régional des Cascades ; a pris part, avec la délégation du conseil régional de Sikasso conduite par son président Yaya Bamba, à un atelier de restitution d’études socio-économiques portant sur la réalisation d’infrastructures (barrage hydro-agricole, piste rurale, marché).

Dans la coopération entre la région des Cascades au Burkina Faso et la région de Sikasso au Mali, il est prévu la réalisation d’une piste reliant Loulouni et Ouéléni ( Burkina Faso) en passant par Nimbougou ( Mali) ; d’un marché transfrontalier à Nimbougou et l’aménagement d’un barrage hydro-agricole à Ouéléni.

Longue de 31 km, la piste facilitera les transactions entre les localités concernées. Le marché de Nimbougou, très important dans la zone comme celui de Ouéléni, est déjà en construction. Quant à l’aménagement hydro-agricole, le barrage sera construit dans la commune de Ouéléni, plus précisément dans le village de Kobadah dans la province de la Léraba, et des plaines seront aménagées au Burkina et au Mali.

Le 18 mars 2014, le bureau d’étude malien qui avait été chargé des différentes études a fait la restitution lors d’un atelier tenu à Ouéléni. Les dites études avaient été jugées incomplètes par les participants parce que ne comportant pas d’études socio-économiques. C’est ces études socio-économiques qui ont fait l’objet de la restitution ce 18 juillet dernier.

Dans son mot introductif, le président du conseil régional des Cascades a souligné que l’intégration des peuples doit être la priorité pour les élus des collectivités territoriales frontalières. Et de souhaiter qu’un jour l’on dise « voilà ce que les Présidents des Conseils Régionaux de Sikasso et des Cascades ont réalisé pour la postérité avec l’accompagnement des Gouverneurs ».

Si pour le marché et la piste rurale les participants ont bien apprécié le travail de restitution après quelques amendements, ce n’est pas le cas pour l’aménagement hydro-agricole où le bureau d’études est appelé à donner plus de précisions sur le débit du barrage, et la superficie aménageable à Ouéléni, à Nimbougou et à Loulouni. Ces projets sont en grande partie financés par la Coopération Suisse basée au Mali.

Le représentant du Gouverneur de Sikasso a encouragé les deux présidents en ces termes : « Si on veut aller vite, il faut aller seul. Mais si on veut aller loin, il faut aller ensemble ».

Golleau Isidore TRAORE

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A la fin des travaux, le Député-maire de la Commune Rurale de Ouéléni, le Colonel Lona Charles OUATTARA, le Président du Conseil Régional des Cascades, Monsieur Ngolo Brahima OUATTARA et le Président du Conseil Régional de Sikasso, Monsieur Yaya BAMBA ont bien voulu se prêter à nos questions pour donner plus visibilité aux projets.

Lefaso.net : Monsieur le Député-maire, quelle appréciation faites-vous du projet intégrateur initié par les régions de Sikasso et des Cascades ?

Colonel Lona Charles OUATTARA : D’abord, je vous remercie de vous intéresser à ma modeste personne. Ecoutez, je pense que la décentralisation c’est vraiment l’occasion pour nous les collectivités territoriales de pouvoir apporter un développement de qualité et rapide de nos régions. Parce qu’au départ, laisser le développement aux soins de l’Administration centrale, c’est-à-dire depuis Ouagadougou, c’est un pari très osé parce que dites-vous que le niveau central ne va s’intéresser qu’aux projets qui ont des retombées politiques importants pour lui. Alors nous autres, c’est-à-dire les localités, les collectivités territoriales, c’est très loin de Ouagadougou ; à partir de ce constat, les gens devront d’abord se concentrer sur des projets qui leur rapportent quelque chose du point de vue politique. Ce qui fait que l’avènement de la décentralisation à partir de 2004 est une véritable aubaine pour nous au niveau local de contrôler notre propre développement. Pour ce faire, évidemment, étant donné que l’Etat transfert des pouvoirs mais sans y transférer les moyens adéquats, il est évident que pour nous responsables des collectivités locales, nos sources de revenus, nos moyens de financements de notre politique de développement local repose essentiellement sur la coopération décentralisée, soit qu’elle soit du type Nord-Sud c’est-à-dire du côté de l’Occident vers l’Afrique, ou du côté transfrontalier comme c’est le cas aujourd’hui entre nous et le Mali. Nos deux populations, c’est les mêmes Senoufo qui ont été balkanisés au lendemain de la colonisation et qui malheureusement n’ont pas été capables après les indépendances de revenir vers nos unités locales initiales. Ca fait que s’il ya une coopération de ce genre qui nous permet de renouer nos liens, de revenir vers nos frères maliens, nous avons tout à gagner et c’est pour cela que j’estime que ce projet est très salutaire et que j’approuve énormément.

Lefaso.net : quelles sont les retombées du projet pour la Commune de Ouéléni ?

Colonel Lona Charles OUATTARA : Ouéléni a un très grand marché. Le marché de Ouéléni est l’un des plus grands de la sous-région. Donc percer une route carrossable entre Loulouni au Mali et Ouéléni au Burkina Faso d’une part, mettre un barrage à Kobadah d’autre part, c’est un véritable poumon pour l’économie de la Commune Rurale de Ouéléni. Comme je l’ai dit tantôt à la restitution de l’étude socio-économique, l’année prochaine, en tout cas le ministre des Infrastructures a promis ; il a fait une déclaration solennelle devant les Députés cette année à l’Assemblée Nationale sous mes différentes questions orales, que l’année prochaine 25 milliards de francs CFA avaient été déjà mobilisés pour commencer l’étude de faisabilité du restant du tronçon Sindou-Koloko. Vous comprenez que bitumer la voie Banfora-Sindou et s’arrêter là en rase campagne, du point de vue de la satisfaction politique d’un certain nombre de personnages à Sindou ça paraît beau. Mais économiquement ce n’est pas viable, ce n’est pas ce qu’il nous faut. C’est de pouvoir permettre à la ville de Sindou d’avoir des fileurs qui sont d’une l’arrière-pays qui court de Sindou à Koloko en passant par Kankalaba, Ouéléni, etc. Et d’autre part l’arrière-pays qui part de Banfora allant vers Douna qui est un véritable poumon pour la ville de Sindou. Si le goudron s’arrête simplement à Sindou, on isole Sindou par rapport à son arrière-pays qui est grand producteur de produits agricoles de toute sorte, et même touristique. N’oubliez pas que vous avez le mont Ténakourou qui est le toit du Burkina Faso et qui est situé dans la Commune de Ouéléni. Donc, du fait du bitumage du reste du tronçon, va également permettre à Ouéléni de se développer très rapidement en pensant à la déviation du trafic routier malien en direction de la Côte-d’Ivoire. Du reste, en le déviant à partir de Koloko sur Banfora, on a un gain de temps d’une heure trente, ce qui est énorme en terme d’économie de transport.

Lefaso.net : Monsieur le Président, vous venez de finir les travaux de restitution des études socio-économiques des projets transfrontaliers entre les régions des Cascades et Sikasso. Quelles sont les grandes lignes qu’on peut retenir ?

Ngolo Brahima OUATTARA : Nous retenons qu’aucun développement ne peut se faire à l’intérieur d’un seul pays. Nous retenons que le développement tel qu’il est conçu actuellement au niveau des nations, doit partir des communautés. S’il part des communautés, il aura plus de consistance et de durabilité. Les trois domaines dont on parle, à savoir l’infrastructure routière, le marché et l’infrastructure hydro-agricole, contribueront à développer les échanges entre les deux régions. Il ne s’agit pas pour nous d’amener nos populations à produire sans pouvoir écouler. C’est en cela que l’infrastructure marchande tient sa place. Quant à l’infrastructure hydro-agricole, il ne servira pas qu’aux deux pays, le Burkina et le Mali. Car le cours d’eau continue jusqu’en Côte-d’Ivoire. Et nous allons faire de telle sorte qu’avec le Président Siaman Bamba (le Président du Conseil Régional de la Bagouè en Côte-d’Ivoire, ndlr), nous introduisions une demande auprès de la C.E.D.E.A.O, afin que l’extension soit possible à partir du barrage qui sera construit à Ouéléni et sur lequel nous comptons pour non seulement faire l’agriculture, la pisciculture mais également autre chose au bénéfice de nos populations. On dit que la route du développement passe par le développement des routes. L’infrastructure routière permettra le transport de nos produits vers les marchés. Et nous sommes mieux placés que l’infrastructure routière nous tient plus à cœur. Avant nous faisions deux heures pour parcourir la trentaine de kilomètres. Avec ce projet, tout nous sera facilité.

Lefaso.net : Monsieur le Président, quels sont vos objectifs en organisant cet atelier ?

Yaya BAMBA : Je dois dire que l’atelier d’aujourd’hui est une suite logique de la coopération transfrontalière entre la Région de Sikasso et la Région des Cascades. Lors de cette coopération transfrontalière, il a été planifié un certain nombre d’activités. Parmi ces activités, le 18 mars 2014 à Ouéléni nous avons fait la restitution des études de faisabilités techniques des ouvrages, des investissements que nous devons faire, et en même temps une restitution d’études environnementales. C’est dans la suite logique de ces études que cette étude socio-économique a été commanditée et soumis au partenaire qui l’a financée. Et aujourd’hui nous sommes là à la restitution de cette étude par rapport aux aménagements, à la piste rurale et au marché. Pour le moment, il faut dire que nous sommes satisfaits parce que les choses sont entrains de se dérouler selon le timing prévu. Il s’agit de porter des corrections au document technique et à partir de là, chercher des financements aux aménagements que nous devons exécuter.

Entretien réalisé par G.I.T

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Vos commentaires

  • Le 3 août 2014 à 16:19, par Manou En réponse à : Sikasso –Cascades : Les liens se formalisent entre les deux régions malienne et Burkinabè

    J’ai participé à la dite rencontre au nom de la Direction régionale de l’environnement et du développement durable des Cascades. J’avoue que la rencontre a été enrichissante pour la délégation burkinabè et les projets sont en bonne voie d’être réalisés pour le bonheur des populations de part et d’autre de la frontière Mali-Burkina Faso

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