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Opposition burkinabè : Silence, on se chamaille !

Publié le lundi 14 février 2005 à 07h55min

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Sans dommages majeurs, ce que les météorologues politiques avaient annoncé comme un « gros orage » social est passé, et, comme à l’accoutumée, les bilans divergent, chacun prêchant pour sa petite chapelle.

Certains observateurs craignent cependant que les syndicats deviennent, à terme, le champ de confrontations de stratégies politiciennes, vu l’actualité politique qui se nourrit surtout des éternelles incompréhensions au sein de l’opposition, laquelle offre l’image apocalyptique d’une coalition d’opposants opposés.

Au fil du temps, la sclérose de cette opposition s’est rendue palpable, sclérose essentiellement due à la confusion des courants qui la traversent.
Seuls demeurent les sigles qui ne semblent guère signifier grand-chose.

Un leader de parti regrettant l’émiettement de celle-ci a récemment souligné que ce ne sont pas les talents qui manquent le plus au sein de l’opposition. Les outils existent, donc ! Il semble plutôt qu’on est loin de vouloir les sortir de leurs boîtes, chaque dirigeant se considérant « de facto » « candidable », le plus logiquement selon son entendement.

Rêvant à l’objectif ’’Alternance 2005’’, beaucoup avaient pensé que les leaders de partis d’opposition s’aligneraient, pour une fois, derrière un seul nom, puisqu’il existait un chef de file de l’opposition. Une utopie que la réalité a balayée sans concessions. Une attitude qui laisse aussi à penser que l’égoïsme et le profit restent des facteurs importants à décrypter dans les nombreux discours qui prônent le changement. Cela a pour conséquence de conforter certains inconditionnels du parti au pouvoir qui ne manquent pas de lui décerner le plus de satisfecits possibles et l’encouragent à « aller de l’avant ».

Du côté de ceux qu’on appelle, abusivement du reste, les « radicaux », il est une figure qui pointe. Celle de maître Benewendé Sankara, dirigeant du ’’parti de l’oeuf’’, un objet très fragile, à manipuler avec précaution. Ces derniers temps, l’homme a bénéficié involontairement d’une médiatisation assez intense mais dont on ignore encore les conséquences sur son avenir politique.

Il faut cependant avouer que l’homme bénéficie d’un certain avantage sur les autres sankaristes : il incarne la nouvelle génération des admirateurs de Thomas Sankara, sans avoir à rougir du passif d’actes que certains traîneront longtemps encore.
Personne, d’ailleurs, ne s’attendait à une candidature unique au sein des « radicaux ».

Les doctrinaires et autres idéologues n’ont jamais réussi à se mettre d’accord pour élaborer une stratégie commune. Et les plus belles intentions disparaissent parfois avec leurs auteurs, devenant par la suite du café sans sucre.

En dépit de cette cacophonie que certains souhaiteraient voir s’amplifier afin d’en tirer largement profit, on sent des partis qui semblent décidés à galvaniser leurs troupes pour entraîner l’opinion, gagner la présidentielle, ou la perdre, mais en forçant l’admiration. En cela une frange de la jeunesse perçoit très bien certains discours qui réclament, revendiquent et châtient même, presque dans le pur esprit « hip-hop ».

Le PDP/PS a renouvelé ses instances sans trop de surprises pour les observateurs avertis : un vieil homme est parti, remplacé par un cadet ; les enfants attendront leur tour. Les militants de ce parti voudraient sans doute, ainsi, élever leurs anciens dans le culte de l’histoire et de la mythologie politique burkinabè. La notion même de chef est soumise à une vision « originale » sous les tropiques.

Si pour certains la dispersion des énergies des partis de l’opposition s’apparente plus à un infantilisme politique, pour d’autres il serait plutôt urgent de réglementer et d’assainir le milieu, revoir les critères de création des partis si l’on ne veut voir la scène politique se transformer en salle de plaisirs du mensonge et du ridicule.

A y regarder de près, l’histoire de la présidentielle prochaine ne risque pas d’être celle d’un candidat du CDP face à des candidats des « oppositions » : parmi certains électeurs probables se retrouveront un certain nombre qui votèrent contre le candidat du CDP ou s’abstinrent de le faire en 1998. On sait, en effet, que, depuis, bien des vestes ont été tournées et retournées.

L’élection paraîtra plutôt celle d’un homme pour lequel ses électeurs voteraient pour sa personne ou sa politique ; ou les deux à la fois ! Alors, incapable de se discipliner politiquement, l’opposition pourrait sortir plus affaiblie de cette élection

A. Pazoté
Journal du jeudi

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