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Transparence dans les industries extractives : Les populations du Sanguié s’imprègnent du contenu du rapport 2011 de l’ITIE

Publié le mercredi 2 juillet 2014 à 22h16min

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Transparence dans les industries extractives : Les populations du Sanguié s’imprègnent du contenu du rapport 2011 de l’ITIE

Le secrétariat permanent de l’initiative pour la transparence dans les industries extractives du Burkina Faso (SP/ITIE-BF) poursuit sa tournée de dissémination du contenu de son 3e rapport auprès des acteurs concernés. Ce 1er juillet 2014, c’est la commune de Réo (abritantla société Nantou mining) qui a accueilli l’équipe. Là, près d’une quarantaine de participants composés de conseillers municipaux, d’agents de services techniques déconcentrés de l’Etat, de représentants d’organisations de la société civile, de représentants des communautés coutumières et religieuses ainsi que d’un représentant de Nantou mining se sont imprégnés du contenu de ce rapport 2011.

C’est la salle de conférence de la mairie de Réo qui a servi de cadre pour la présentation de ce dernier rapport de l’ITIE-BF. Ce, après l’étape 1 qui avait conduit les « ouvriers de l’ITIE » à Zabré dans la province du Boulgou le 20 juin 2014. Ici comme là-bas, les participants se sont montrés très intéressés par la question minière. Déjà, dans son mot introductif, le 1er adjoint au maire de la commune de Réo, Mathieu Baki,a donné le ton en demandant aux participants de « poser toutes les questions en rapport avec l’exploitation minière afin de dissiper les préjugés et tordre le cou à la désinformation ».

Avant d’entrer dans le vif du sujet, le chargé de communication de l’ITIE, Kimségninga Sawadogo s’est chargé de présenter l’initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), son contexte de création, ses objectifs, du processus d’adhésion du Burkina à son admission comme pays conforme.L’on retiendra que la première préoccupation de l’ITIE est de savoir combien les sociétés minières paient à l’Etat. Dans ce cadre, elle rédige un rapport chaque année, lequel rapport fait le point sur la conciliation des déclarations de paiement effectuées par les sociétés minières et les paiements effectivement perçus par l’Etat.C’est la fiscaliste, Françoise Zouréqui a expliqué le processus de conciliation effectuée par le consultant britannique.

Puis, Sidiki Guiré, le chargé du rapport et du renforcement des capacités a présenté le contenu du rapport.Et, place aux questions. Là, les participants n’ont pas été avares, à la grande satisfaction du 1er adjoint au maire de la commune.Les interrogations portaient, entre autres, sur : le contrôle des quantités de minerais exploités, le processus de validation du rapport,les sociétés non prise en compte dans le rapport, le système de contrôle de ces sociétés, les contributions volontaires des sociétés minières pour le développement des collectivités locales, les compensations pour restaurer l’environnement,l’exploitation d’autres types de minerais en plus du zinc par le mine d’or de Perkoi...

Les participants semblaient satisfaits des réponses reçus et ont tous souhaité que de telles rencontres puissent se tenir régulièrement. La satisfaction était largement partagée par l’équipe de l’ITIE chargée de disséminer le rapport. Comme en témoignent les propos du conseiller technique du ministre de l’environnement, Issouf Ouattara. « La rencontre s’est très bien passée. Les questions posées montrent qu’il y a un intérêt des populations sur la question de la gestion des mines, que ce soit sur le plan financier ou sur le plan environnemental. C’est donc dire qu’il y a une forte demande de transparence dans la gestion des ressources financières émanant des mines », a-t-il souligné.
Moussa Diallo

Lefaso.net

Propos recueillis à l’issue de la rencontre

Mathieu Baki, 1er adjoint au maire de Réo

« C’est une initiative très louable qui vient à point nommé parce qu’il y a une ébullition en matière d’extraction minière dans notre zone, mais il y a beaucoup de contours que les gens ne maîtrisent pas. C’est donc l’occasion pour nos représentants d’appréhender certaines réalités qui entourent l’extraction des minerais. Et, je crois que c’est une initiative prévisionnelle. Ça nous permet également d’avoir des arguments pour orienter ceux qui sont dans ce domaine afin de mieux se comporter afin de mieux bénéficier des retombés.

La dissémination de ce rapport va permettre de donner un peu de lumière sur les compréhensions et les visions des gens sur les rapports entre les exploitants miniers et les structures de l’Etat en l’occurrence les mairies, les services techniques déconcentrés…

Le plus souvent, comme on ne connait pas le circuit de traitement de ces minerais, on croit qu’une fois que c’est implanté dans une commune, automatiquement la commune bénéficie de certains avantages, alors que le plus souvent ce n’est pas le cas. Il faut voir beaucoup plus large et c’est le moment pour nous de poser les questions aux représentants de l’ITIE pour mieux comprendre, pour mieux éclairer nos lanternes. C’est aujourd’hui ou jamais pour comprendre ce qui se passe dans cette histoire-là ».

Aimé Bassolé, coutumier deRéo

« A cette rencontre, nous avons vu une situation qui était floue mais c’est devenu claireet chacun a compris. On s’accusait à tors et à travers, soit c’est la mine qui exploite, soit c’est l’Etat qui prend, soit ce sont les dirigeants. Maintenant tout est clair. ITIE a bien fait de venir s’entretenir avec nous.
Mais, je pense qu’au niveau de la mine de Perkoi, il faut d’abord mettre l’accent sur la sécurité des populations. Deuxièmement, il faut sensibiliser les jeunes qui ont été embauchés par la société minière pour leur faire comprendre qu’à la longue, la mine va fermer. Il faudrait donc qu’ils profitent du temps présent pour s’installer à leur propre compte de sorte que lorsque les minerais vont s’épuiser qu’ils ne soient pas désœuvrés… Il faut donc combattre la drogue et ramener la jeunesse dans le rang ».

Souleymane Barry, comptable à Nantou mining

C’est une très belle initiative qui permet aux gens d’avoir des informations importantes sur les revenus miniers. Beaucoup de gens ici ne comprennent pas bien des sociétés minières. Cette rencontre leur permet d’avoir de bonnes informations là-dessus. En même temps, ça apaise le climat social puisque les populations ont des préjugés sur notre activité. Avec cette séance, ils ont appris beaucoup de choses et je pense que c’est une initiative à répéter.

Nantou mining a été pris en compte dans le rapport 2011. Mais, en ce moment, on n’était pas en production. Maintenant qu’on est en production, certainement que les gens auront plus d’informations sur leur société.

Entre Nantou mining et les populations riveraines, le climat est détendu, il n’y a pas de problème particulier.Mais, nous souhaitons que l’ITIE continue la sensibilisation parce que c’est très important pour détendre le climat dans les environnements des mines. Il faut que les populations riveraines aient les bonnes informations, là, elles pourront comprendre comment les mines fonctionnent.

Igor Bazié, représentant de l’association Club des amis du Sanguié (CAS)

Cette rencontre était la bienvenue en ce sens qu’elle arrange aussi bien Nantou mining, la société qui exploite le zinc à Perkoi, que la mairie. Parce qu’à travers cette rencontre, on a eu des informations qu’on ignorait. On pensait que c’est Nantou mining qui ne donnait pas ou bien c’est la mairie qui prend… Dans tout ça, on a maintenant des éclaircissements, mais le mieux serait que l’information soit partagée et relayée à tous les niveaux.

On dit que c’est 20% de la taxe superficiaire qui revient à la commune et même moins, car 10% de ce 20% va à la région. Il faudrait que ce soit 90% de la taxe superficiaire qui revienne à la commune et les 10% à l’Etat central pour qu’on puisse sentir que le zinc est exploité chez nous.

Aussi, ces derniers temps, il y a eu beaucoup d’accidents dans la ville de Réo. Ce n’est pas imputable à Nantou mining, mais surtout l’orpaillage traditionnel où les exploitants ont de grosses motos et roulent à vive allure à l’intérieur de la ville. Ils nous créent beaucoup d’angoisse.

Ouattara Issouf, conseiller technique du ministre de l’environnement et du développement durable : ‘’il y a un intérêt des populations pour la gestion des mines’’

La rencontre s’est très bien passée. Les questions posées montrent qu’il ya un intérêt des populations sur la question de la gestion des mines, que ce soit sur le plan financier ou sur le plan environnemental. Au niveau local, il faut qu’ils développent une certaine communication pour que les gens soient informés aussi bien au niveau de la commune qu’au niveau de la mine.

Les populations accordent beaucoup d’importance à la question minière. C’est donc dire qu’il y a une demande de transparence dans la gestion des ressources financières émanant des mines. C’est une préoccupation qui est latente partout, l’autre volet qui revient systématiquement, c’est la question de l’environnement. Donc, les questions posées sont plus ou moins celles auxquelles je m’attendais.

MD

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