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Pari Mutuel Urbain du Burkina : la difficile entente sur le mode de livraison des journaux payants

Publié le mardi 17 juin 2014 à 00h32min

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Depuis le vendredi 13 juin dernier, les kiosques du Pari Mutuel Urbain du Burkina (PMUB)- ceux de Ouagadougou notamment- ne disposent plus des journaux qu’ils revendaient habituellement aux turfistes. Et pour cause, un différend qui oppose les patrons de ces kiosques aux promoteurs des journaux. Pendant que les premiers prônent une mise à disposition des journaux au niveau des guichets de versement- passage obligé pour les tenancières des kiosques, les seconds veulent être rejoints sur le site de leur choix. Une situation qui laisse certains parieurs dans l’expectative.

Plus de « Défi », de « Tiercé Magazine », de « Boss » ou encore de « Couplé Bonus » dans les kiosques PMU de la capitale. La décision de boycotter ces journaux a été prise le 12 juin dernier à l’issue de l’assemblée générale de l’Association de Clubs PMUB. « Que nos enfants tiennent des kiosques à Zogona, à la Patte- d’Oie ou à Dassasgho, c’est à l’ex- économat de l’armée qu’elles venaient acheter ces journaux pour aller les revendre. Face aux nombreux cas d’accident, nous avons demandé aux chroniqueurs hippiques de faciliter la tâche à nos enfants en mettant à leur disposition les journaux au niveau des caisses de versement puisqu’il y en a trois pour les trois zones géographiques de Ouagadougou. Nous avons eu une première rencontre le 20 mars, une deuxième le 25 mars et on s’était entendu. Ils (NDLR : Les chroniqueurs hippiques) avaient pris l’engagement de le faire à compter du 1er mai. A cette date, rien. Et ils nous ont fait comprendre qu’ils ne pouvaient pas le faire », nous explique Idrissa Yoni, Président de l’Association de Clubs PMUB.

La mécanique c’est celle- ci : Une vendeuse dans un kiosque PMU dès l’arrêt des jeux prend sa monture le sac contenant la machine en bandoulière, va à la caisse de sa zone pour verser sa recette du jour, fait reprogrammer sa machine pour les jeux de l’après- midi et achète certains journaux (des journaux qu’on ne peut trouver qu’au niveau de l’ex- économat) souvent demandés par ses clients. Dernier acte pour lequel elle n’est pas payée. « Nous avons juste 25 à 50frs par journal vendu. Alors que ça ne s’achète même pas », se plaint une vendeuse. Et une autre d’ajouter « Nous ne pouvons pas faire toutes ces acrobaties dans la ville au risque de notre vie, de la sécurité de la machine que nous avons toujours sur nous et qui nous donne à manger pour si peu ».

Des turfistes partagés

Au niveau des kiosques de jeu, l’ambiance est plutôt morose. Plus de « Défi »- ce journal mis gracieusement à la disposition des turfistes pour faciliter leurs choix. « Comment peut- on jouer au PMU sans les journaux ? », s’interroge un habitué des jeux. « Ça tombe bien, cela nous fait moins de dépense en achat de journaux » objecte un autre. Il reste que les choses ne roulent pas comme il le faut comme le témoigne presqu’à l’unisson ce groupe de vendeuses : « L’affluence a baissé. Les gens ne viennent plus beaucoup jouer parce qu’il n’y a pas les journaux. Et ceux- là qui ne le savent pas encore, certains font demi-tour quand ils se rendent compte que leurs journaux préférés ne sont pas disponibles. »
A la Direction régionale de la Loterie Nationale du Burkina (LONAB) du centre où nous nous sommes rendu, le maître des lieux, Patrick Sédégo, était en réunion mais nous a reçu. « Nous ne sommes pas au courant. Personne ne nous a saisis », nous dit- il d’entrée de jeu. Avant de nous annoncer que la Secrétaire Générale de la LONAB était d’ailleurs en route pour sa Direction. Quand les deux nous reçoivent dans un bureau voisin, le discours s’est voulu précis. « Le seul journal que nous éditons, c’est le Journal Hippique (NDLR : Le Programme, comme il est appelé couramment) et nous le distribuons gratuitement. Nous n’avons aucune relation avec ces promoteurs de journaux. Je ne les connais même pas. Je ne sais même pas d’où ils tirent les informations qu’ils mettent à la disposition des parieurs », déclare Mme Haby Djiga, SG de la LONAB. « C’est un problème entre les gérants des kiosques et les vendeurs des journaux » ajoute M. Sédégo. Même s’ils reconnaissent qu’il y a lieu de chercher à en savoir davantage et voir quelle attitude tenir.

Vers une sortie de crise ?

Un problème entre deux partenaires qui s’entendaient très bien, mais qui ont actuellement du mal à accorder leurs violons. Pendant que nous avions encore du mal à joindre les membres de l’Association des chroniqueurs hippiques, l’on nous annonce qu’ils sont attendus à une réunion expresse de sortie de crise ce 16 juin à 16h. A cette réunion, le ton évoluait en dents de scie. Un débat très houleux par moments. Et après un demi- heure de conclave, les promoteurs se retirent pour se concerter. Avant de regagner la salle plus d’un quart d’heure après. « Ce que vous avez entendu il y a 10 secondes (sic) c’est fini », nous dit Amadé Ouédraogo Président de l’Association des chroniqueurs hippiques du Burkina à sa sortie de réunion. « C’est fini, c’est réglé. Ce qui est passé est passé », dit - il avec insistance. Tout en se refusant à tout autre commentaire. Sur l’issue de la rencontre, M. Yoni lui s’est voulu méfiant. « Nous n’allons pas bouger d’un seul iota. La décision a été prise en Assemblée générale au nom des plus de 4OO kiosques PMU de notre ressort et je ne peux pas me le permettre. Nous avons deux filles couchées actuellement suite à des accidents de la circulation. Quand ils viendront au niveau des remontées (NDLR : les trois sites de versement répartis dans les trois zones de la ville de Ouagadougou), on saura qu’ils ont pris conscience et on pourra continuer. Avant cela on ne peut pas dire qu’on s’est entendu. On veut le concret », nous dit- il d’un ton ferme. Avant que nous ne prenions congé du groupe.
Les journaux hippiques payants feront- ils sous peu leur réapparition dans les kiosques PMUB ? Les jours à venir nous le diront. Si ce n’est déjà le cas au moment où vous lisez ces lignes.

Samuel Somda

Lefaso.net

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