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Jacques Bernard D.Anouma, président de l’UFOA : "Notre zone est la plus compétitive"

Publié le jeudi 10 février 2005 à 08h35min

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Les Eléphanteaux de Côte d’Ivoire étaient de la 14e CAN juniors au Bénin. Eliminés au premier tour après une victoire et deux défaites, ils ont dû regagner les bords de la lagune Ebrié. Le président de la Fédération ivoirienne de football (FIF), Jacques Bernard Daniel Anouma a suivi avec intérêt le parcours de son équipe.

Il a accepté échangé avec nous à Cotonou sur la participation des Eléphanteaux, parler de l’Union ouest africaine de football (UFOA) et bien d’autres sujets.

"Le Pays" : Avant cette CAN juniors, vous disiez que la Côte d’Ivoire vise le haut du tableau, voire la finale comme au Burkina. Mais les Eléphanteaux ont dû quitter la compétition au premier tour. Quels commentaires faites-vous ?

Jacques Anouma : Notre objectif était la qualification pour la CAN juniors puis terminer dans les demi-finales pour avoir une place au mondial. Malheureusement, cela ne s’est pas réalisé. Il faut reconnaître que la génération de cette année, n’a pas le niveau de celle du Burkina en 2003 mais j’y croyais quand même. Après analyse, on se rend compte qu’il y a eu beaucoup d’erreurs dans le choix des hommes et celui de la tactique. Ce sont des choses à corriger et c’est une CAN à vite oublier. Heureusement que la formation se poursuit en Côte d’Ivoire et après les juniors, nos cadets sont qualifiés pour la Gambie. Nous allons profiter des erreurs de la CAN juniors pour mieux encadrer les cadets, afin que nous puissions être présents au mondial au Pérou.

En vous suivant, vous pointez du doigt l’encadrement technique pour l’échec du Bénin.

Non ! Je pense qu’ils ont fait ce qu’ils avaient à faire. Peut-être qu’il y a des joueurs que les entraîneurs ont choisis mais qu’ils ne connaissaient pas bien notamment au niveau des professionnels. Nous avons un petit défaut au niveau de nos sectionneurs nationaux et les non expatriés. Dès qu’un joueur est professionnel, on a l’impression qu’il y a un complexe vis-à-vis de lui et on le met tout de suite au-dessus des locaux. Il y a des professionnels qui n’étaient pas à la hauteur de l’événement mais les torts doivent être partagés entre ceux qui leur ont fait la proposition et ces joueurs qui devaient prendre la décision finale. Je l’ai souligné , ce sont des erreurs qui vont nous servir. Heureusement chez les cadets, j’ai déjà pris l’option de ne même pas faire appel à des professionnels. Il faut profiter de la formation locale pour sélectionner les meilleurs.

Peut-on avoir une idée sur la manière dont vous menez cette politique de la formation et du développement du football ivoirien ?

Nous organisons, depuis mon arrivée, il y a trois ans, des compétitions de jeunes, mais cela a commencé un peu avant moi. Aujourd’hui, nous sommes à plus de onze mille licenciés, au niveau des jeunes, c’est-à-dire les catégories pupilles, minimes, cadets et juniors. Nous avons un championnat national qui, commence d’abord par un championnat régional puis aboutit à des sélections régionales et enfin à une sélection nationale dans les différentes catégories. Nous avons présentement des sélections chez les moins de quinze ans, les moins de dix-sept ans et moins de vingt ans. Cette formation va être approfondie et le choix des centres de formation sera plus rigoureux, parce que nous commençons à monter en puissance. Il faudra donc faire attention aux techniciens qui sont dans ces centres et à la formation qui est donnée. Nous allons orienter cette formation vers la qualité au lieu de la quantité.

Depuis votre arrivée à la tête de l’Union des fédérations ouest africaines de football (UFOA), vous êtes en train d’entreprendre des réformes. Quels sont les objectifs ?

Quand on observe les différentes compétitions organisées par la confédération africaine de football (CAF), l’UFOA est la zone la plus compétitive du continent. Quatre pays sur huit étaient à cette CAN juniors qui vient de s’achever et maintenant six pays sur huit pour la prochaine CAN des cadets. Avec un trophée en juniors et probablement un autre en cadets, cela confirme ce que je viens de dire. Il faut donc que nous nous réveillons mais comment ? en organisant d’abord des compétitions.

Et c’est la première que nous allons organiser au Mali avec quatre nations pour que les gens sentent quelque chose et qu’à partir de cette compétition, les sponsors puissent venir à nos côtés. Nous tenons à ce tournoi, parce que lors de mon élection, j’avais pris l’engagement d’organiser une compétition annuelle. Avec le peu de moyens à notre disposition aujourd’hui, il est difficile de faire un tournoi avec seize pays. Le choix que nous avons fait a eu l’assentiment de tous les pays. C’est dans ce sens que je lance un appel à tous les organes de presse des seize pays, de faire de ce tournoi une belle fête.

La CAN juniors m’a servi de leçons

Est-ce la seule compétition que prévoit l’UFOA ?

Il y a trois volets. Il faut d’abord commencer par les seniors, ensuite un tournoi féminin et un autre pour les jeunes. Je crois que ce n’est pas la peine pour les clubs à partir du moment où la CAF s’en charge . A ce niveau, les clubs n’ont déjà pas les moyens et les Etats arrivent difficilement à suivre les équipes nationales. Il ne faut pas brûler les étapes mais aller pas à pas.

Les équipes seront-elles récompensées ?

Nous sommes en train de nous battre pour que ce ne soit pas un tournoi vide. Le Mali va nous dire qu’est-ce qu’il prend comme quote-part dans les charges, de même que l’UFOA et le président de la République de Côte d’Ivoire a accepté nous aider. En fonction des moyens qui seront dégagés, les équipes vont être récompensées.

Où en êtes-vous avec la structuration de cette Union ?

Toutes les commissions sont en place et les présidents de commissions ont été nommés. A partir de cette première compétition, nous allons voir ce que chaque président de commission est capable de faire. A mon sens, la commission la plus importante est celle chargée de trouver des moyens pour faire vivre l’Union.

En parlant des Eléphants de Côte d’Ivoire, votre objectif est la Coupe du monde 2006. Certes, votre équipe nationale est bien partie mais avez-vous les moyens pour répondre à ce défi ?

Pour les matchs aller, très peu de pays avaient parié sur nous. Aujourd’hui, nous avons une bonne situation mais nous ne sommes pas encore arrivés. C’est pour cela qu’il faut être encore plus vigilant pour les matchs retour. La CAN Juniors m’a servi de petites leçons et je pense que cette défaite est due à mon sens, au fait que nos joueurs ont quelque part minimisé l’adversaire. Pour les seniors, il va falloir être vigilant, plus motivé et plus près des joueurs. Et comme je le dis aux Ivoiriens, je négocie match après match. Il y a quatre points à conserver et il faut faire en sorte que ces points le soient avant d’arriver à l’avant-dernière journée. Nous commençons les matchs retour face au Bénin à Abidjan. Il y a déjà un affront à laver qui est celui qu’ils nous ont fait subir ici. Ce sera un bon petit match et j’espère que cela va être le début d’une très longue aventure qui va nous conduire au mondial.

Comment appréciez-vous le travail abattu par la CAF et avez-vous une ambition de briguer un mandat électif au sein de cette institution ?

J’ai suffisamment de charges pour viser autre chose. Si j’arrive à bien organiser la FIF, ensuite l’UFOA, je pense que j’aurai déjà rempli une bonne partie de ma mission. Des pays m’ont fait confiance et il ne sert à rien de brûler les étapes. Je n’ai pas d’ambition au niveau de la CAF. Le président Issa Hayatou m’a fait confiance dans deux commissions et à ce niveau, je peux être utile. Organisons bien d’abord l’UFOA, la fédération ivoirienne de football et l’avenir après.

Beaucoup d’efforts sont faits pour mettre le football africain à un certain niveau et ce que j’ai apprécié dans les dernières initiatives, c’est la commission des associations à laquelle j’appartiens. Aujourd’hui, elle est chargée d’encadrer les unions zonales. Il y a beaucoup de choses à faire, en uniformisant les statuts, et en organisant ces zones. Tout n’est pas parfait et c’est cela aussi la vie d’un homme mais nous sommes sur la bonne voie.

Quelles sont les relations que la FIF entretient avec la fédération burkinabè de football (FBF) et celles qui existent entre son président Seydou Diakité et vous ?

Seydou pour moi, c’est d’abord un frère. Nous avons déjà de très bonnes relations personnelles, ensuite à l’occasion des différentes réunions au niveau de la FIFA, de la CAF et maintenant à l’UFOA. J’ai eu l’occasion de connaître le 3e vice-président de la FBF, le lieutenant-colonel Jean-Baptiste Parkou da qui est une personne extraordinaire. C’est la raison pour laquelle, je l’ai proposé comme président de la commission d’organisation de l’UFOA. Il sera la cheville ouvrière de ce tournoi à Bamako. C’est une personne que j’apprécie et je compte sur lui pour que cette fête soit une belle réussite.

Jacques Anouma en quelques mots

La cinquantaine bien sonnée, l’ivoirien Jacques Bernard Daniel Anouma est un cadre financier de formation. Gamin, il a joué avec l’équipe minime du Stade d’Abidjan et participé aux compétitions de l’office ivoirien des sports scolaires et universitaires (OISSU). Jacques fait partie d’une génération de joueurs ivoiriens tels que Pénan Bruno, Bah Touré ou encore Moh Emmanuel.

Mais on le connaît mieux en tant que dirigeant sportif. Mimos convaincu, il a été de 1983 à 1989, trésorier de la section football puis du comité central de l’ASEC Mimosas. En 1991, il est président du comité d’organisation des compétitions à la Fédération ivoirienne de football (FIF) et vice-président de la FIF en plus d’être président de la ligue nationale. C’est en février 2002, pendant qu’il dirigeait la Jeunesse club d’Abidjan, qu’il est désigné par ses pairs dirigeants de clubs pour succéder à titre intérimaire au président de la FIF démissionnaire Ousseynou Dieng.

Jacques Bernard Daniel Anouma, élu depuis le 22 décembre 2002 à la tête de la FIF, est membre des commissions des finances et des associations de la CAF et membre de la commission recours de la FIFA. Il est actuellement président de l’Union des fédérations Ouest africaines de football (UFOA).

Propos recueillis à Cotonou par Antoine BATTIONO

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