LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Emigration clandestine : « L’Afrique, ce grand monstre qui dévore ses enfants »

Publié le jeudi 15 mai 2014 à 12h34min

PARTAGER :                          
Emigration clandestine : « L’Afrique, ce grand monstre qui dévore  ses enfants »

Dans l’écrit ci-après, Boubacar Seye, président d’horizon sans frontière, aborde la problématique de l’émigration clandestine : les causes, l’ampleur, les conséquences et les pistes de solution.

« L’Afrique ce « grand monstre » qui dévore ses enfants du fait de ses dirigeants

Les migrations, qu’elles soient forcées ou volontaires sont un fait social total ancré dans l’esprit des Africains. « Le mal développement », l’incurie des pouvoirs publics et la mal gouvernance poussent bien des personnes à chercher ailleurs des conditions de vie qui leur ouvrent des perspectives qui chez elles leur semblent impossibles. D’ autre part, les conflits armées continuent de pousser les populations victimes ou menacées sur les chemins des migrations car il faut le rappeler, toute l’Afrique est minée depuis plus de 40 ans par des crises qui ont fait plus de 4 millions de morts entre 1991 et 2000 et ont touché plus de 500 millions de personnes. Ces crises d’une grande complexité sont dues à un enchevêtrement de facteurs endogènes et exogènes qui n’échappent pas aux tensions géopolitiques et géoéconomiques mondiales. Ces migrations forcées touchent plus de 45 millions de personnes dont la moitie en Afrique.

Malheureusement, le désir de migrer vers les pays les plus riches ou stables socialement s’accompagne d’un grand risque qu’acceptent de courir les candidats à la migration. Ce risque se traduit par des drames continus en méditerranée estimés à plus de 30 000 morts depuis 1989. Immigrer, parfois clandestinement, c’est frayer avec la mort et presque tous les survivants sont rapatriés chez eux dans des conditions humiliantes et inhumaines.

Des raisons économiques

Mais, qu’est-ce qui pousse ces jeunes qui représentent plus de 50% des populations dont des femmes qui comme les hommes, sont aujourd’hui touchées par l’émigration pour des raisons économiques et la NEM (nouvelle économie de la migration) le démontre, depuis 2010 on assiste à une féminisation des flux migratoires car les femmes représentent plus de 48,6% des migrations internationales. Ces femmes et enfants (couche vulnérable) qui migrent clandestinement ne bénéficient d’aucune protection en matière de droit international. Cependant la question qui se pose aujourd’hui est de savoir pourquoi ces gens tentent leur vie en mer ou dans le désert et quelles sont les solutions pour au moins réduire ces risques à des proportions tolérables ? La cause principale est la pauvreté car l’Afrique n’offre aucune perspective d’une vie digne actuellement et dans l’avenir le plus lointain. Chaque jour qui se lève les conduit vers une mort lente et atroce. Ce qui fait que pour fuir cette pauvreté cyclique, ces jeunes africains préfèrent entrer même morts dans le « paradis » européen que de rester vivant dans l’enfer africain.

S’attaquer à la cause principale

Pour trouver des solutions il faut s’attaquer à la cause principale, il faut se livrer à une bataille farouche contre la pauvreté. Les 90% des richesses mondiales sont détenues par les Européens et il faut créer des richesses dans les zones pauvres par ceux-là mêmes qui sont pauvres afin qu’ils en profitent. Il ne s’agit pas de construire des murs, ou de renforcer le Frontex (doté d’un budget de 2 milliards d’euros). Il s’agit de lutter impérativement contre la pauvreté, changer les textes et pour une meilleure gestion des flux migratoires dans le monde qui malgré les lois répressives et oppressives, augmentent de 2% chaque année. Malheureusement, toute l’aide destinée au développement tombe dans un tonneau sans fonds car l’immigration est un soupape de sureté pour les Etats africains qui utilisent cet argent à d’autres fins pour ne pas parler de leurs poches, raison pour laquelle ils refusent tous de se prononcer sur ces drames. Les véritables acteurs que nous sommes ne sont pas impliqués dans le débat et les négociations et c’est ce qui explique ces échecs dans le dossier migratoire. Horizon sans frontières pense que la solution n’ est ni d’ordre sécuritaire, ni régionale mais elle doit être intégrée et il faut l’urgence d’ une conférence internationale pour lutter farouchement contre l’ émigration clandestine et recadrer le débat dans un contexte mondial de mobilité croissante des populations car la paix ,la stabilité et la sécurité en vue d’ un développement durable influent dans les flux migratoires . Aujourd’hui le temps des analyses et les solutions toutes faites est dépassées et il faut mettre l’accent sur la formation et la création d’emploi s pour retenir les jeunes en Afrique. Le droit à l’immigration et le renforcement des processus d’intégration culturelle e structurelle sont les solutions pour la paix dans le monde ».

Boubacar Seye, président d’horizon sans frontières

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 15 mai 2014 à 14:52, par BEYI W. Appolinaire En réponse à : Emigration clandestine : « L’Afrique, ce grand monstre qui dévore ses enfants »

    Bonsoir à tous !
    J’ai lu avec intérêt cet article publié par Horizon Sans Frontière. j’ai connu l’auteur des écrits en l’occurrence Mr SEYE en 2012 sur le front de la défense des intérêts de "ceux qui dorment mal chez eux et ne veulent pas se réveiller". Et les projets d’installation de HSF au Burkina comme partout ailleurs sonnent la cloche d’une mobilisation autour de la notion de renaissance de la fraternité et de la solidarité. Si le président de HSF revient avec insistance sur ce retour de la fraternité en Afrique et partout dans le monde,ce n’est pas un cri de trop dans cet désordre accepté et intériorisé individuellement et de surcroit, institutionnalisé dans la démarche des hommes en quêtent de repères politiques, de forces ou une quelconque chaise "rang bourré de billet". Les mouvements des peuples portent les séquelles et les rêves entretenus dans les mirages offrent encore une raison de sentir le cauchemars de l’échec d’aventure sans issue : "on se perd en restant à l’étranger et en revenant on trahi ses rêves et débris d’espoir"...Et c’est dans ces conditions aussi que "l’autre" devient une charge pour la société d’accueil et une honte à la longue pour le pays d’origine.
    Je m’associe donc à idée que l’Afrique a ses potentialités qu’elle doit exploiter et cela passe par l’enrichissement de sa capacité de production sur le plan agro-alimentaire, pastorale et delà, la création d’emplois à travers l’industrialisation sur la base d’une société de consommation...propre à l’Afrique. Les autres composantes de la dynamique économique seront un apport pour booster les artères et leviers du développement:financement des projets de création d’emplois.
    Si ce chemin est accepté, le cas de la situation de la migration à l’africaine sera une école plein d’enseignement au passé composée...
    Dixit BEYI Wendgoudi Appolinaire.

  • Le 15 mai 2014 à 19:45, par Naayi-neeré En réponse à : Emigration clandestine : « L’Afrique, ce grand monstre qui dévore ses enfants »

    Bonsoir
    L’un des fléaux qui sape le développement de l’Afrique de nos jours est sans conteste l’émigration vers le nord.Ainsi chaque jour que Dieu fait, nous voyons nos sœurs et nos frères mourir par centaine en mer en tentant de rejoindre l’Occident.La cause est profonde.Nos compatriotes veulent aller en Europe parce que nos gouvernants ne leurs offrent aucune opportunité d’une vie décente sur place.Il n’y a pas de politique adaptée en matière d’emplois dans presque la totalité des pays africains.Au Burkina Faso par exemple la politique d’emplois des jeunes est aux antipodes des réalités du pays.Il n’y a rien pour résorber le chômage et offrir de l’emploie à la jeunesse.Je suis étonné que dans un pays pauvre comme le notre avec une population à 80% agriculteur et à près de 70% analphabète rien est fait de manière pratique en matière de politique d’emplois.Qu’est ce qu’un jeune qui a obtenu par exemple une Licence en lettre moderne peut faire de ses dix doigts ? Au Burkina absolument rien.Tous les jeunes diplômés de ce pays aspirent à travailler dans la fonction publique parce qu’ils ne savent rien faire d’autres.Je crois que dans un contexte comme le notre les écoles primaires,secondaires et universitaires doivent être équipées de telle sorte qu’à la la fin de chaque cycle chaque élève soit capable de faire un métier lui permettant de subvenir à ses besoins.Cela est valable pour les autres pays africains.Notre salut se trouve dans des petits travaux manuels qui occupent nos jeunes et leurs permettent de subvenir à leurs besoins.Ainsi nous pourrons lutter contre les migrations du sud vers le nord.En attendant que nos responsables politiques revoient leur politique d’emplois et d’insertion des jeunes je propose un cadre de réflexion permettant de mettre en place 13 comités de réflexions dans les 13 régions du Burkina afin de faire des propositions concrètes adaptées à chaque région, prenant en compte les potentialités humaines matérielles et financières qu’il y a sur place et permettant de résoudre le problème du chômage des jeunes.A bientôt !

  • Le 16 mai 2014 à 07:19, par Sole En réponse à : Emigration clandestine : « L’Afrique, ce grand monstre qui dévore ses enfants »

    L’émigration, c’est un droit que nous avons les personnes de pouvoir aller à la recherche d’un meilleur lieu pour vivre.
    Les gouvernements doivent travailler pour que ce meilleur lieu soit notre propre pays, doivent cesser d’investir dans des moyens et les lois qui défendent la libre circulation des citoyens et s’efforcer dans éradiquer la pauvreté.
    C’est précisément cette marque laissée ce qui oblige à beaucoup d’hommes et femmes à émigrer de son pays

    • Le 17 mai 2014 à 08:02, par citoyen du monde En réponse à : Emigration clandestine : « L’Afrique, ce grand monstre qui dévore ses enfants »

      encore une remercions le site d’ indormation lefso.net dans son implication et son tien dans le dossier migratoire et la lutte contre l’ emigration clandestine et nous tenons aussi à rappler que M BEYI APPOLINAIRE de nationalit citoyen du burkina est le coordonnateur de la dite organisation au burkina faso.

  • Le 16 mai 2014 à 13:48, par oued En réponse à : Emigration clandestine : « L’Afrique, ce grand monstre qui dévore ses enfants »

    c’est plutôt les enfants qui dévorent le montre. qu’avons nous fait pour l’Afrique qui nous a tout donné.

  • Le 16 mai 2014 à 14:02, par Kôrô Yamyélé En réponse à : Emigration clandestine : « L’Afrique, ce grand monstre qui dévore ses enfants »

    - Les jeunes veulent tous être aujourd’hui dans des bureaux climatisés, à se ronger les ongles, toucher un gros salaire à la fin du mois, rouler dans une grosse bagne avec à leurs côtés des filles bien en forme rougies aux produits décapant, dormir dans des villas cossues et climatisées, manger et boire frais à saciété. Ils ne veulent plus aller aux champs comme nous autres les ’’margouillats de la terre’’ !

  • Le 18 mai 2014 à 08:54, par La Bombe qui rit En réponse à : Emigration clandestine : « L’Afrique, ce grand monstre qui dévore ses enfants »

    Dans la Boucle du Mouhoun, sur la Province des Banwa et dans le village de Daboura, voilà 7 ans que nous avons lancé une école de formation et d’intégration des jeunes dans leur milieu de vie ; nous demandons depuis 2 ans au ministère de la jeunesse de l’emploi et de la formation professionnelle de nous appuyer, mais le dossier de demande traîne à voir le jour ! Voilà des choses concrètes qui n’ont plus besoin de débats théoriques !

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique