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Qui veut manger "Le lion" ?

Publié le mercredi 14 mai 2014 à 10h25min

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Une pluie de critiques a alimenté l’accueil du président Blaise Compaoré à Poa par Boukari Kaboré, dit « Le lion », lorsque le chef de l’Etat se rendait à Koudougou pour échanger avec les élus locaux du pays.

Pour certains, « Le lion » du Boulkiemdé, jadis féroce et intraitable, a été dompté par son adversaire politique. Ainsi, les jugements de toutes natures ont fait les choux gras des journaux. Celui-là qui, à la lumière des événements du 15 octobre 1987, s’était recroquevillé sur lui-même jusqu’à l’aube du XXIe siècle, pour resurgir en véritable opposant, semble s’être « trop » adouci aux yeux de ses pourfendeurs.

Mais un opposant ne veut pas dire un ennemi. Et une poignée de mains qu’on pourrait qualifier d’historique entre les deux compagnons d’hier, méritait-elle vraiment tant de polémique via la presse, les grins de thé et autres QG ? Les avis sur le geste sont divergents. Si pour certains, l’acte est homérique et mérite d’être salué, d’autres par contre, condamnent le geste de l’ancien commandant du Bataillon d’intervention aéroporté (BIA) de Koudougou. Le commentaire étant libre, on ne peut leur dénier ce droit. Or, à y voir de près, c’est à travers une telle attitude qu’on reconnaît la grandeur d’un homme.

Ces anciens officiers de l’armée nationale font partie des pères-fondateurs de la Révolution burkinabè de 1984. Ils ont taillé le pays sur mesure et l’ont baptisé « pays des hommes intègres ». Aujourd’hui encore, nul ne doute que cette philosophie coule dans leur sang. A l’heure où le monde est en proie à la violence, aux situations d’instabilité, l’une des missions fondamentales des hommes politiques est de pouvoir se transcender et outre passer les circonspections anodines qui n’apportent rien à l’intérêt public. Et c’est ce regard qu’il convient de garder jalousement. Le pays, faut-il
le rappeler, est réputé pour sa stabilité dans la sous-région et en Afrique. Il ne faudrait pas que des Burkinabè attendent de voir les résultats de tant d’années de lutte confisqués par des antagonismes extrémistes. Quel que soit le bord politique, chaque Burkinabè doit se sentir interpelé par le souci de l’équilibre social. Du reste, il faut bien admettre que l’acte est héroïque et essentiellement républicain. Il rime avec les valeurs que la société burkinabè a toujours inculquées à son peuple.

Mieux, il faut proclamer qu’il ne peut y avoir de salut et de cohésion pacifique pour les peuples que lorsqu’ils tournent radicalement le dos à toutes les vicissitudes politiques et sociales du passé. Reconnaître en d’autres termes, que ce sont ces considérations ethnocentriques et équilibristes qui ont longtemps pourri la vie des peuples africains. Si elles n’ont pas semé le chaos à travers des pays, elles ont ébranlé les maigres économies et fait sombrer des nations entières dans le désarroi et l’instabilité totale. Sur ce point, la sympathie médiatisée entre le chef de l’Etat et « Le lion » peut être interprétée comme la preuve d’un Burkina Faso dépouillé de toutes considérations de nature à mettre en péril la quiétude sociale.

Wanlé Gérard COULINBALY
gerard_coul@yahoo.fr

Sidwaya

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