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Adama Kanazoé, président de AJIR : « Le referendum est le plus grand piège de l’histoire électorale du Burkina contemporain »

Publié le vendredi 9 mai 2014 à 03h10min

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Adama Kanazoé, président de AJIR : « Le referendum est le plus grand piège de l’histoire électorale du Burkina contemporain »

Il est certainement l’un des plus jeunes chefs de partis politiques de l’opposition. A trente- cinq ans (35 ans), Adama Kanazoé préside l’Alliance des Jeunes pour l’Indépendance et la République depuis sa création le 25 janvier 2014. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, l’ancien directeur général de Bettymovil Burkina réaffirme son adhésion au Chef de file de l’opposition politique et se prononce sur plusieurs politiques de l’heure dont le referendum.

Lefaso.net : Pouvez-vous vous présenter davantage à nos lecteurs ?

Adama Kanazoé : Je suis Adama KANAZOE, jeune burkinabé de 35 ans, titulaire d’un DESS en Marketing et Publicité. Leader étudiant dans les années 2000, j’entame ma carrière chez l’opérateur de téléphonie Telecel Faso en 2004. Après une brève carrière à l’international toujours dans le secteur des télécoms, j’ai pris à 32 ans la Direction Générale de la filiale burkinabé de la société espagnole IMSC, Bettymovil Burkina qui a hélas fait long feu à cause de conflits entre actionnaires. J’ai mis en place depuis lors plusieurs entreprises dans divers domaines, qui font leur bonhomme de chemin. Depuis le 25 janvier dernier, j’ai l’honneur de présider aux destinées de l’Alliance des Jeunes Pour l’Indépendance et la République (AJIR)

Lefaso.net : Vous l’avez dit, vous êtes le président de AJIR. A quoi répond la création de ce parti ?

Adama Kanazoé : La décision de création de AJIR résulte d’une réflexion profonde menée par plusieurs organisations de jeunesse autour de la question du rôle et de la place de la jeunesse dans l’alternance 2015. Il s’est agi de définir d’une part le rôle de la jeunesse dans le combat pour l’alternance en 2015 et d’autre part la place que devra occuper la jeunesse dans le Burkina post-Compaoré. Deux écoles se sont dégagées et l’une d’entre elle, celle dont nous nous réclamons, a choisi l’entrée de la jeunesse dans l’arène politique afin de mieux faire valoir les aspirations et préoccupations chères à cette couche de notre société dans le cadre d’un nouveau model de développement plus inclusif et plus harmonieux au Burkina Faso.

AJIR est donc née pour arrêter de subir les politiques publiques et en devenir acteurs parce que nous en avons les compétences, parce que nous en avons la formation. Nous sommes partisans de l’apprentissage auprès des devanciers, mais nous sommes contre toute stigmatisation de notre génération. Nous ne sommes pas une génération ZERO comme certains aînés veulent le laisser croire à dessein….

Lefaso.net : Etes-vous de l’opposition ou du pouvoir ?

Adama Kanazoé : Nous sommes clairement de l’opposition politique burkinabé, celle affiliée au CFOP et qui souscrit à la plate-forme minimale du Chef de file de l’Opposition Politique, qui dit sans ambages : NON au Sénat, NON à la modification de l’Article 37 de notre constitution, NON au référendum.

A l’AJIR, nous croyons fermement à l’alternance comme moteur pour l’ancrage de la démocratie et vecteur d’émulation dans la gestion des affaires publiques.

Lefaso.net : Parlant de votre appartenance à l’opposition, vous avez effectivement été reçu le 20 mars dernier au CFOP. Qu’a représenté cette visite pour vous ?

Adama Kanazoé : Il s’est agi à la fois d’une visite de courtoisie au CFOP (Zéphirin Diabré, NDLR) lui-même et à l’institution qu’il dirige, mais aussi l’occasion de la remise officielle de notre déclaration d’appartenance à l’opposition politique burkinabé. Il était important pour nous d’être très clair sur nos positions car aucun équilibrisme politique n’est acceptable dans le contexte de lutte pour l’alternance en 2015.

Lefaso.net : Au-delà du CFOP, votre parti est-il proche de l’UPC ?

Adama Kanazoé : Nous avons, en effet, rendu visite par la suite à l’UPC en tant que parti politique, mais aussi à l’UNIR/PS, au MPP, au PNUD, etc.. Nous sommes proches de tous les partis affiliés au CFOP.

Lefaso.net : Mais, y a-t-il des points sur lesquels votre parti est en accord avec l’UPC ?

Adama Kanazoé : Nous n’avons pas encore croisé nos programmes de gouvernement mais nos différences sont d’ordre idéologique surtout : l’UPC est libéral et nous nous sommes d’obédience socio-démocrate.

Lefaso.net : En quoi votre Idéologie est différente de l’idéologie libérale ?

Adama Kanazoé : Nous sommes des sociaux-démocrates convaincus que le secteur privé doit rester le moteur de la croissance dans un Burkina Faso plus équitable et plus juste dans la répartition des fruits de la croissance. Mais cette redistribution des richesses doit se faire à travers des projets et plans de développement structurels et non par le biais de programmes conjoncturels d’assistanat qui contribuent à asservir le peuple et à faire le jeu des politiciens.

Lefaso.net : Allez-vous présenter un candidat à la présidentielle de 2015 ?

Adama Kanazoé : Pour l’heure, nous mettons en place les structures de base du parti dans les secteurs et village du pays. Notre premier congrès prévu pour le dernier trimestre 2014 va adopter les textes définitifs du parti, installer les organes du parti, adopter son manifeste programme et donner sa position sur la candidature de l’opposition politique burkinabé aux élections présidentielle de 2015

Lefaso.net : Autour de quels thèmes comptez-vous bâtir votre stratégie de campagne pour cette présidentielle si d’aventure vous devriez y participer ?

Adama Kanazoé : Nous aviserons le moment venu.

Lefaso.net : Mais, il y a aussi pour vous et les autres camarades de l’opposition, la piste de candidature unique. Est-ce possible pour ce scrutin ?

Adama Kanazoé : Les réflexions sur la candidature unique de l’opposition ou en tout cas des candidatures renforcées de l’opposition sont sur la table et nous n’y sommes pas du tout défavorable. Mais n’allons pas vite en besogne et laissons les démocraties internes des différents partis prendre position en temps opportun..

Lefaso.net : D’aucuns trouvent que c’est déjà trop tard pour l’opposition de s’entendre sur une candidature unique au vu du délai court qui nous sépare de la présidentielle ?

Adama Kanazoé : Chacun est libre de ses opinions mais pour notre part rien n’est à exclure à cette étape des choses.

Lefaso.net : Quand vous regardez autour de vous, quels opposants sont en mesure de représenter valablement l’opposition à la future présidentielle ?

Adama Kanazoé : Ce serait maladroitement prétentieux de notre part de nous avancer sur de tels pronostics. Cependant, nous restons convaincus que l’opposition ne manque pas d’hommes et femmes capables d’offrir au peuple burkinabé une ère nouvelle.

Lefaso.net : Vous attendiez-vous à une candidature du président Compaoré à cette présidentielle ?

Adama Kanazoé : Bien évidemment que NON ! Notre réponse est sans ambages sur ce sujet. Nous n’avons aucune animosité vis-à-vis du président COMPAORE. C’est la loi fondamentale de notre pays qui, en son article 37, exclut toute candidature du concitoyen Blaise COMPAORE aux élections présidentielles 2015. Et comme on le dit souvent : la loi est dure mais c’est la loi !

Lefaso.net : Mais, il est de plus en plus question de referendum pour trancher la question de l’article 37 de la Constitution….

Adama Kanazoé : Le Burkina Faso gagnerait à faire l’économie de ce référendum au risque de mettre à mal son tissu social. Ce referendum est le plus grand piège de l’histoire électorale du Burkina Faso contemporain. Si le peuple s’y aventure, c’est tout son combat pour le changement qui va ainsi tomber à l’eau. Le référendum à l’image de toutes les élections remportées par le président Compaoré et le CDP depuis plus de deux décennies sont des leurres, de véritables marchés de dupe. Le CDP utilise l’argent du peuple dont il s’est accaparé grâce à son réseau d’hommes d’affaires véreux pour asservir et corrompre le même peuple, puis prend le pouvoir pour ensuite s’accaparer des richesses nationales pour de nouveau asservir le peuple,… et ainsi de suite. C’est un cycle infernal dans lequel est embarqué notre pauvre peuple, qui a enfin l’occasion grâce à la loi de mettre un terme à ce cycle. Face à cette opportunité historique de changement, les bourreaux du peuple que sont le CDP, son cercle d’hommes d’affaire véreux rassemblés dans la FEDAP/BC et ses alliés du front mal-nommé républicain de tenter une nième forfaiture, une énième duperie du peuple en l’invitant à un referendum qu’ils financeraient à coup de milliards (l’argent du peuple) pour encore une fois corrompre le peuple. Le peuple, celui souffre du partage illégal des richesses, celui qui ne mange pas à sa faim, celui qui n’étudie pas dans de bonnes conditions, celui qui est frappé par un chômage endémique,… oui ce peuple qui ne jouit pas impunément des deniers publics, ce peuple-là aspire au changement et est prêt au combat ultime pour sa liberté et sa dignité.

Lefaso.net : Le Front Républicain a pourtant été très clair lors de son meeting du 12 avril à Bobo-Dioulasso en appelant au referendum. Un appel qui a été réitéré lors du dernier conseil national du CDP…

Adama Kanazoé : Les partis, formations ou groupements politiques n’ont pas de problème avec la Constitution du Burkina Faso. C’est le concitoyen président Blaise COMPAORE qui est frappé par la loi qui lui interdit de se représenter en 2015. C’est uniquement sa position à lui face à la loi que nous prendrons en considération, même pas celle de son épouse…

Lefaso.net : Si malgré votre opposition, le referendum est annoncé, que feriez-vous ?

Adama Kanazoé : La résistance va être orchestrée sur l’ensemble du territoire national sous la houlette du CFOP. Pour l’instant, nous n’en sommes pas là et nous appelons toujours à la lucidité et au patriotisme du président COMPAORE.

Entretien réalisé par Grégoire B. BAZIE

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