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David Ouédraogo(arbitre international) : "Je suis là, jugez-moi !"

Publié le mardi 8 février 2005 à 07h31min

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L’arbitre international burkinabè Koudougou David Yaméogo faisait partie des arbitres désignés par la Confédération africaine de football
(CAF) pour officier la dernière CAN juniors au Bénin. Conseiller pédagogique de l’enseignement secondaire, option éducation physique et sportive de son état, David a accepté dire quelques mots sur cette CAN juniors 2005. Nous avons également abordé ses débuts dans l’ arbitrage.

"Le Pays" : Peut-on avoir une idée des matchs que vous avez officiés à cette CAN juniors au Bénin ?

Koudougou David Yaméogo : J’ai dirigé deux matchs au centre et été désigné quatrième officiel une fois. En tant que central, j’ai fais Maroc # Lesotho et Egypte # Lesotho et j’étais quatrième pour le match Egypte # Maroc.

Comment avez-vous vécu ces différentes rencontres ?

J’étais dans le feu de l’ action et il appartient aux uns et aux autres de juger ce que j’ ai fait pendant ce tournoi. Je ne peux pas objectivement me juger

De ces matchs, quel a été le plus difficile et le plus facile ?

Il n’y a pas de match facile mais je pense que celui que j’ai réussi le plus est le match Maroc # Lesotho. J’ai eu beaucoup plus de difficultés lors de la rencontre Egypte # Lesotho.

Quelles sont les remarques que vous avez reçues des responsables de la CAF ?

Il n’est pas permis de donner ces informations puisque ce sont des recommandations de la CAF. Je suis au regret de vous le dire à partir du moment où je suis encore en activité et sur la liste.

Quelle est la différence entre un match des jeunes et celui des seniors ?

Il n’y a vraiment pas de grande différence, parce que j’ai l’impression que les joueurs pour la plupart, ne sont plus juniors. Je n’ai pas constaté de différence entre le comportement au niveau seniors et ce que j’ai vu ici. Aucun match ne ressemble à un autre mais en termes de comportement des joueurs, il n’y en a pas spécifiquement pour les cadets, les juniors ou les seniors. Par rapport à l’expérience des uns et des autres, il y a des fautes qu’on tolère beaucoup plus parce que dans la logique des choses, c’est normal que ces fautes soient un peu commises, mais quand elles sont là, nous sommes obligés de prendre les décisions.

Pensez-vous un moment avoir pénalisé une équipe au cours de cette compétition ?

On siffle toujours selon ses convictions et on peut se tromper. Je ne peux pas dire qu’un arbitre prend une décision tout en sachant dans son for intérieur qu’elle est erronée. Si je prends une décision qui n’est pas bonne, c’est que je me suis trompé et je pense qu’il en est ainsi chez tout le monde.

Quelle appréciation faites-vous du jeu des équipes et comment jugez-vous l’organisation du tournoi ?

Parler du jeu des équipes, c’est me transformer en entraîneur. Le niveau d’ensemble était bon. Les équipes qui sont arrivées dans le carré d’as avaient une organisation qui permettait de croire qu’elles devaient y parvenir. Au niveau de l’organisation, il y a eu quelques problèmes par-ci, par-là mais on fait avec.

Depuis quand êtes-vous venu à l’arbitrage ?

Je suis passé par plusieurs étapes avant d’arriver à l’arbitrage. J’ai d’abord été footballeur en tant que défenseur surtout, et champion du Burkina en 1983 avec l’Union sportive de Ouaga (USO) . C’est suite à une blessure que j’ai dû arrêter ma carrière de footballeur. Je suis professeur d’éducation physique de formation et cela me donnait des privilèges de m’engager dans l’entraînement mais aussi dans l’ arbitrage, parce que la formation d’un enseignant d’EPS donne des informations un peu complètes. C’est à ce titre que j’ai commencé l’entraînement dans les lycées où j’ai enseigné et notamment à Fada N’gourma où j’ai été affecté en 1984. Dans cette zone, il m’a été demandé d’officier tous les matchs importants. Etant seul, j’ai demandé au responsable de la province à l’époque, de faire venir une personne de la Commission centrale des arbitres (CCA) pour assurer une formation et cela a été fait en 1985 au bénéfice d’une vingtaine de stagiaires. Je suis revenu en 1986 à Ouagadougou puis affecté en 1987 à l’université de Ouagadougou pour m’y occuper de l’équipe de football. En 1988, le ministère des Sports a créé ce qu’on appelait à l’époque l’école expérimentale de football et j’ai eu la chance de la diriger jusqu’en 1992. Ce fut ensuite au tour de Ouahigouya de m’accueillir et j’ai fait le constat que je construisais quelque chose, mais on ne me laissait jamais le temps de l’achever. Ayant quelques qualités pour faire l’arbitrage, je me suis dit que peut-être là, ça peut marcher. J’ ai alors demandé à la CCA à rejoindre le corps des arbitres et j’étais à Ouahigouya, mais cela n’a pas été possible immédiatement. C’est en 1996 que j’ai réellement débuté à ce niveau. On m’a autorisé à faire le niveau ligue, puis fédéral en 1998 et en 2001, j’ai été inscrit arbitre international. Je suis deux fois sifflets d’or du Burkina et la dernière sortie importante, c’est la désignation pour la CAN Juniors au Bénin.

Comment a été votre premier match en championnat national ?

Je n’ai pas eu d’appréhension particulière parce que j’étais déjà rodé. Le premier match que j’ai fait à Ouagadougou était EFO # ASFA-Y. Tout le monde sait que c’est un match important avec un peu plus de pression et ça permet de te jauger. J’étais assistant et celui qui devait officier n’est pas venu et j’ai dû le remplacer. Je pense que cela n’a pas été trop difficile pour moi.

Quelle est votre réaction vis-à-vis d’une certaine opinion nationale qui dit que nous n’avons pas de bons arbitres et sa qualité est à l’image de notre football ?

Nous ne pouvons pas nous apprécier et ce sont les autres qui sont mieux placés pour le faire. Ce dont je suis sûr, c’est qu’ailleurs nous sommes bien appréciés.

Les arbitres sont souvent pris à partie par des dirigeants ou le public sportif. En avez-vous été victime une fois ?

Aucun arbitre ne peut échapper à ce phénomène mais on fait avec.

Avez-vous été approché une fois pour faire changer le cours d’ une rencontre ?

En ce qui me concerne, je pense avoir eu beaucoup de chance, puisque je n’ai pas encore eu de tel comportement. Mais si cela se présentait, j’ai ma ligne de conduite.

En plus d’être enseignant et arbitre, vous dirigez un centre de football. Quelles sont vos ambitions ?

Je pense que ma première mission reste celle d’entraîneur et je le suis toujours. Je suis diplômé deuxième degré de la Fédération burkinabè de football depuis 1983 et ayant un certain nombre de connaissances, je crois qu’il faut les mettre au profit du développement de notre football. C’est pour cette raison et malgré mes occupations au niveau de l’arbitrage qui sont un peu avancées que j’ai entrepris avec des collègues, de donner beaucoup plus de connaissances aux enfants qui le désirent. La motivation première est que nos connaissances servent à quelque chose. C’est ce qui explique que je suis encore dans l’encadrement.

Propos recueillis par Antoine BATTIONO
Le Pays

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