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Professeur Abdoulaye Soma : « Le Chef de l’Etat burkinabè est comme une divinité…la Constitution lui donne trop de pouvoir »

Publié le mercredi 26 mars 2014 à 03h29min

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Professeur Abdoulaye Soma : « Le Chef de l’Etat burkinabè est comme une divinité…la Constitution lui donne trop de pouvoir »

La Société burkinabè de droit constitutionnel (SBDC) a tenuà Bobo-Dioulasso une conférence sur le statut du Chef de l’Etat burkinabè ce samedi 22 mars 2014. Organisée dans le cadre des journées commémoratives de cette organisation qui se veut être à la fois scientifique et de la société civile, la conférence a été animée par le Professeur Abdoulaye Soma, le président de la SBDC.

Dans le cadre de ses journées commémoratives, le conseil exécutif de la Société burkinabè de droit constitutionnel (SBDC) a organisé et animé une conférence sur le statut du chef de l’Etat burkinabè. Animateur de la conférence, le Professeur Abdoulaye Soma, président de la SBDC a fait des déclarations plutôt fracassantes au cours de sa communication.

En qualifiant notamment le statut actuel du Chef de l’Etat burkinabè « d’oracle ». « Réfléchir sur le statut du Chef de l’Etat permet de maitriser la clef de voute de la démocratie burkinabè » a laissé entendre le professeur dès le début de sa communication. Et c’est suite à des réflexions que la SBDC à travers son président est arrivée à la conclusion que l’actuel statut du Chef de l’Etat burkinabè lui confère une double divinité « Blaise Compaoré est à la fois un oracle politique et un oracle juridique ».

Blaise Compaoré, oracle politique

Partant du fait que le Président du Faso a une puissance illimitée, le Professeur Abdoulaye Soma a comparé l’étendue du pouvoir de Blaise Compaoré à un oracle « S’il y avait àcomparer je dirai que Blaise Compaoré est un oracle politique et un oracle juridique au Burkina Faso » a-t-il laissé entendre. Tout en se donnant le temps d’expliquer la notion d’oracle et l’évolution de ce mot dans la grecque antique, Abdoulaye Soma a étayé ses propos en les développant.

Ainsi, le Chef de l’Etat burkinabè est un oracle politique grâce à une double puissance selon le Professeur Soma « Sur le plan politique, le chef de l’Etat burkinabè a une puissance partisane et une puissance non partisane ». Pour être on ne peut plus clair, Abdoulaye Soma a expliqué la double puissance du Chef de l’Etat par sa mainmise sur son parti politique (Fondateur et principal décideur du CDPen ce qui concerne la puissance partisane).

En ce qui concerne la puissance non partisane « normal ; constitutionnelle ; propre à des démocraties africaines », Abdoulaye Soma trouve que Blaise Compaoré est hyperpuissant parce qu’on a « taillé la constitution à sa mesure ». Ainsi, l’article 36 de la constitution « le Chef de l’Etat fixe les grandes orientations de la politique de l’Etat » octroie au Chef d’Etat burkinabè le pouvoir de décider de l’orientation politique du Burkina. Un autre aspect de la puissance non partisane de Blaise Compaoré est dû au fait qu’il lui revient de nominer le Premier ministre, des ministres (sur proposition du Premier ministre), des généraux de l’armée, des directeurs généraux…

le chef de l’Etat, également oracle juridique

Oracle politique, Blaise Compaoré serait également un oracle juridique si l’on tient compte de l’immense pouvoir que lui confère la constitution. Ainsi, sur le plan juridique au Burkina Faso, le Chef de l’Etat burkinabè a le droit « d’initier, de transformer, de changer et mettre fin à des normes déterminantes dans la vie juridique au Burkina Faso », selon le Professeur Abdoulaye Soma. De par l’étendue de son pouvoir, le Chef de l’Etat burkinabè serait « l’Alpha et Oméga » de la régulation de la constitution, a laissé entendre le Professeur Abdoulaye Soma.

Toutefois, et en se prononçant sur les possibilités de modifications de l’article 37, Abdoulaye Soma a balayé l’option du referendum en interprétant l’article 49 de la constitution : « l’article 49 de la constitution burkinabè ne peut pas être la disposition constitutionnelle qui fonde une révision de la constitution par voie référendaire. Cet article permet plutôt l’adoption des projets de lois ordinaires (différents des lois constitutionnelles) ».

En rappel, la SBDC a été créée le 12 mars 2012 et des journées commémoratives sont organisées chaque 12 mars. Pour cette année, les activités commémoratives ont commencé à Ouagadougou. En plus des conférences, des formations sont proposées aux étudiants et à toute personne férue de droit. A Bobo-Dioulasso, des membres de la SBDC de l’Université catholique de l’Afrique de l’Ouest et de l’Université polytechnique de Bobo ont bénéficié d’une formation.

Ousséni BANCE

Lefaso.net

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