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Festival Dilembu au Gulmu : une initiative qui grandit d’année en année

Publié le dimanche 9 mars 2014 à 20h16min

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Festival Dilembu au Gulmu : une initiative qui grandit d’année en année

La 11e édition du Festival Dilembu au Gulmu (FESDIG) s’est déroulée du 6 au 9 mars 2014 à Tantiaka dans la région de l’Est. Un défi de nouveau relevé par les organisateurs qui ont rassemblé plusieurs troupes de danse, d’artisans et des vendeurs d’autres produits. Le FESDIG gagne en notoriété chaque année.

Tantiaka. C’est ce village situé à 27 kilomètres à l’Ouest de Fada, chef-lieu de la région de l’Est, devenu le point de convergence des habitants de la zone, qui a abrité le FESDIG. Onzième du genre, l’édition de 2014 a déplacé le secrétaire général de la région, le président du Conseil régional de l’Est, les différents maires et des amis du FESDIG dans ce petit village d’environ 3000 âmes qui relève de la commune rurale de Tibga.

Sur le site du festival, une grande scène, entourée de stands pour la foire, se dresse majestueusement au cœur du village. Plusieurs troupes de danse traditionnelle et aussi de grands noms de la musique burkinabè se sont produits sur cet espace. Jah Verutey, Maï Lingani, la troupe Zoodo de Tibga, Slim 1er, lauréat du concours de slam organisé à l’occasion du 11 décembre à Dori et bien d’autres artistes ont fait une démonstration de talents au grand bonheur des populations locales, des festivaliers et des Belges du Festival Esperanza et de l’école Saint Michel qui sont présents avec une délégation de plus d’une quarantaine de personnes et la trentaine d’étudiants du département Lettres Modernes de l’Université de Ouagadougou.

Le FESDIG initié, il y a plus de 10 ans fait aujourd’hui la fierté de la région de l’Est. Il est actuellement l’une des grandes manifestations culturelles. « C’est un sentiment de joie et d’agréable surprise de voir que tout près de chez nous, il y a véritablement matière à partager la culture, à tirer leçon des relations humaines. C’est une belle œuvre que le FESDIG est en train d’installer ici à Tantiaka », a indiqué le secrétaire général de la région. Corroborant ces propos, le président du Conseil régional se dit très heureux de l’initiative du festival. « Il faut féliciter le promoteur d’avoir pensé ce festival, de l’avoir fait vivre pendant 11 éditions. Ce n’est pas du donné », a-t-il ajouté.

Appel au Civisme

La 11e édition du FESDIG se tient sous le thème : « Culture et civisme : rôle et responsabilité des acteurs ». Pour le promoteur du festival, Alfred Ouoba, il faut entendre par acteurs tous ceux qui interviennent d’une manière ou d’une autre dans la culture. Il y a donc selon lui les artistes, les artisans, les responsables du secteur, les politiques et les populations aimant la culture. « C’est donc tout le monde », insiste-t-il. Le choix de ce thème prend en compte la situation socio-politique actuelle du Burkina Faso et du besoin des populations d’échanger sur la question. Le FESDIG se propose alors de leur donner ce cadre d’expression. « Quelque chose ne va pas au Burkina Faso. On a comme l’impression qu’on a besoin de changer. C’est un thème pour permettre aux politiques, aux jeunes, aux hommes culturels, aux parents d’échanger sur la question », précise le maître d’orchestre du Festival Dilembu au Gulmu. Le choix a été salué par le secrétaire général de la région en ces termes : « Si la paix est menacée au Burkina, cela veut dire qu’elle l’est dans chaque village. Et attirer l’attention des citoyens sur leur responsabilité vis-à-vis de cette paix sociale, de ce socle national est extrêmement important. Il est très facile de détruire mais très difficile de reconstruire. Surtout lorsqu’il s’agit d’une nation ».

La Culture, parent pauvre des politiques publiques

Comme les autres festivals organisés au plan national, le FESDIG souffre de manque de moyens. Ce qui fait de chacune de ses organisations un défi. « Pour la 11e édition, nous avions pensé à abandonner », confesse Alfred Ouoba. Pour cette année, les initiateurs ont dû biffer des activités afin de pouvoir rester dans les fonds mobilisés. « Ce qui est dommage est que nous n’avons pas pu réunir suffisamment de moyens pour l’organisation du festival. Nous avons donc été obligés de réduire certaines activités comme les compétitions. Alors que c’est l’âme du festival. Mais il le fallait parce qu’il faut valoriser le travail de ceux qui prennent part à la compétition. Il ne faut pas leur donner des miettes. Il y avait aussi une scène off où tout artiste pouvait venir montrer ce qu’il sait faire. Mais pour les mêmes raisons, nous avons également laissé tomber cette activité », raconte M Ouoba.

La crise de financements que connait le FESDIG est rencontrée par la plupart des festivals au Faso. Les initiatives culturelles vivent le plus cette situation conduisant au constat que la culture est le parent pauvre des politiques nationales. Mais pour le secrétaire général, il n’en est rien. Ce sont les priorités des populations qui expliquent le manque de financements publics pour les activités culturelles : « Le gouvernement soutient toujours la culture car elle est le creuset et le fer de lance du développement dans tous les pays. Vous ne pouvez obtenir aucun changement significatif de l’être humain sans passer par sa culture. Cela est évident. Mais il reste que dans les politiques publiques, la culture est le parent pauvre du fait que les populations sont plus sensibles à des questions plus immédiates à solutionner telles que la santé, l’école, l’alimentation. C’est cela qui donne l’impression qu’un pays qui n’a pas assez de moyens, comme c’est le cas du Burkina ne fait pas assez pour la culture. Mais en réalité, la culture est au centre de la politique au Burkina Faso ».

FESDIG, tribune pour les doléances

Le festival compte des retombées pour les habitants de Tantiaka. Il s’agit notamment des forages et d’autres infrastructures. Mais ce n’est pas assez. C’est pourquoi, profitant de l’ouverture du festival, le notable de Tantiaka, Saïdou Togueyini, a émis le souhait d’avoir un Centre de santé et de promotion sociale pour son village. Une doléance qui n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd car le président du Conseil régional prévoit de faire un geste dans ce sens : « Nous avons un ensemble de plans locaux de développement. Et dans ces plans locaux, il y a des projets de développement. Même s’il est vrai que les choses ne se passent pas comme on l’aurait souhaité, je sais que la commune de Tibga a prévu quelque chose pour le village de Tantiaka. Et nous verrons avec la commune comment nous pourrons donner vie au projet d’avoir un centre de santé et de promotion sociale. Il faut aussi savoir qu’il y a trop de priorités mais le CSPS est vital. Nous allons faire en sorte que Tantiaka puisse en disposer ».

Comme quoi un festival a toujours des retombées pour les populations locales. Encore faut-il qu’il ait suffisamment de moyens financiers pour répondre à sa vocation première qui est de rendre service aux habitants de la localité.

Jacques Théodore Balima

Lefaso.net

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