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Déploiement d’infrastructures Télécoms dans les communes rurales : Un gâchis ?

Publié le mardi 4 mars 2014 à 03h22min

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Déploiement d’infrastructures Télécoms dans les communes rurales : Un gâchis ?

L’Office national des télécommunications (ONATEL) a organisée une caravane de presse du 26 février au 02 mars 2014. De Ouagadougou à Bobo-Dioulasso, en passant par Manga, Boromo, Dédougou, Bourasso, Sibi… la vingtaine de journalistes a pu visiter les différents équipements de la nationale des télécoms au Burkina. Dans certaines communes rurales, on a l’impression d’un véritable gâchis, tant les infrastructures sont inexploitées par les populations.

Bourasso est une localité d’environ 790 habitants, située à une vingtaine de kilomètres de Dédougou sur l’axe menant à Nouna-frontière du Mali. Cette commune bénéficie de la juxtaposition de deux technologies télécoms déployées par l’ONATEL depuis 2010. Il s’agit des infrastructures d’installations du mobile et du téléphone CDMA. La technologie CDMA permet d’offrir le téléphone fixe sans fil et l’Internet à moyen débit allant jusqu’à 153 Kbits/s. Si les abonnés au mobile sont assez nombreux, ce n’est pas le cas du CDMA.

«  Le poste CDMA en lui-même, à le comparer aux autres postes téléphoniques classiques, est plus intéressant car il intègre des composants que les autres postes n’ont pas. Le CDMA permet de transporter à la fois la voix et les données, et gaspille moins d’énergie, moins de fréquence », explique Oumar Séré, le chef de projet transport sans fil et véritable guide durant ce voyage de presse. Mais, à Bourasso, on ne profite pas suffisamment de ces avantages comparatifs. Pour preuve, il y a zéro abonné en ce qui concerne la data (Internet). Sur le fixe, il y a un seul abonné qui « n’est souvent pas actif ». Et pourtant, les équipements sont en services continu depuis l’installation.

Investissements à perte

Comme cette localité, c’est plus de 180 communes rurales qui bénéficient ainsi d’infrastructures télécoms déployés par l’ONATEL, nous assure-t-on. Mais, la plupart du temps, les populations n’en profitent pas assez. Du coup, ce sont des investissements à perte pour les opérateurs. «  Nous avons plusieurs autres sites comme celui de Yao où nous avons des technologies juxtaposées. Mesurez un peu le niveau d’investissement, la charge de la maintenance et malheureusement ces sites CDMA sont installés depuis plus de deux ans, presque sans abonné », regrette Salou Dadiouari, le directeur régional du Centre-Ouest de l’ONATEL. Pourtant, ce n’est pas la communication qui a manqué. «  Nos équipes commerciales sont passées et repassent. L’information est là, nous avons même certaines entités de l’Etat qui sont là mais qui n’ont pas pris ce produit. Pourtant, c’est un produit qui devrait rapprocher l’administration des administrés  », poursuit-il, amer.

Conjuguer les efforts pour profiter de ces technologies

Mais, ce n’est pas pour autant que la nationale des télécoms au Burkina va arrêter de se déployer dans les communes rurales, sans rentabilité aucune. Car, le cahier de charge signé avec l’Etat l’y oblige. Ce, au nom du principe de respect du service universel des télécommunications, c’est-à-dire l’obligation d’offrir des services de télécoms au plus grand nombre. Il faut donc aller dans des zones reculées même si la rentabilité n’est pas établie. Mais, les télécoms font partie d’un ensemble macro qui prend en compte des données économiques, sociologiques, culturelles. Il faudra donc travailler ensemble avec l’Etat, les opérateurs économiques et les sociétés intervenant dans les télécoms afin que les services mis à la disposition de la clientèle puissent être utilisés conséquemment, estime Bouraïma Ouédraogo, le chef de département communication et relations publiques de l’ONATEL.

Heureusement, «  il y a des localités qui sont des communes rurales mais dont l’activité économique est intense et donc nous y allons sans demander l’avis de l’Etat », précise Oumar Séré. Mais, dans la plupart des communes rurales, c’est l’impression qui se dégage, c’est celui d’un véritable gâchis. Même si, reconnaissons-le, la priorité est ailleurs pour ces populations, celle de satisfaire les besoins élémentaires.

Moussa Diallo

Faso-tic.net

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Vos commentaires

  • Le 4 mars 2014 à 08:12, par Sougri En réponse à : Déploiement d’infrastructures Télécoms dans les communes rurales : Un gâchis ?

    C’est gâchis, mais qu’à- t-on fait au plan marketing pour inciter la population à consommer le produit ?
    Une chose est de produire mais une autre est de vendre !!! La vente est différente de la bureaucratie. La chance de l’ONATEL-SA est que nous sommes dans un environnement où la concurrence reste soutenable, sinon ……………………………

  • Le 4 mars 2014 à 09:36, par Manitu En réponse à : Déploiement d’infrastructures Télécoms dans les communes rurales : Un gâchis ?

    Mais c’est pas comme ça que ça fonctionne. On ne va pas aller vendre des chaussures de course dans un village de clus de jattes... Faites une étude de marché, voyez les préoccupations des populations et installez les infrastructures dont ils ont besoin. Ensuite, informez-les de la présence de ces infrastructures et vendez vos produits. C’est une honte que d’oser convier la presse et de dire :"Voyez comme on est incompétent, voyez comme on ne sait pas faire notre travail, voyez comme on ne sert pas à grand chose..."

    • Le 4 mars 2014 à 11:12, par Bénéwindé En réponse à : Déploiement d’infrastructures Télécoms dans les communes rurales : Un gâchis ?

      Monsieur MANITOU, vous n’avez rien compris ; on dit que le cahier des charges oblige l’ONATEL à couvrir les localités en téléphone fixe et mobile qu’elles soient rentable ou pas. Et ce en vertus du droit des populations d’avoir accès au service universel des télécommunications. Là où c’est rentable, il part de lui-même sans "injonction" de l’Etat.

    • Le 4 mars 2014 à 12:00, par GUIRA En réponse à : Déploiement d’infrastructures Télécoms dans les communes rurales : Un gâchis ?

      C’est du simple français à comprendre : Je cite « ..., le cahier de charge signé avec l’Etat l’y oblige. Ce, au nom du principe de respect du service universel des télécommunications, c’est-à-dire l’obligation d’offrir des services de télécoms au plus grand nombre. Il faut donc aller dans des zones reculées même si la rentabilité n’est pas établie... ».
      Il ne s’agit pas de faire des études de marché...
      C’est simplement une obligation de rendre un service qui se veut aussi social.
      Sinon, les agents de l’ONATEL ne sont pas, à ce que je sache les derniers de la place. Ne travaille pas à l’ONATEL qui veut mais qui peut. Prouvez-moi si possible le contraire.

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