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Jean-Marie Le Pen : "L’immigration reste le problème essentiel en France"

Publié le lundi 1er décembre 2003 à 10h00min

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En quoi, si vous étiez élu à la présidence de Paca, votre mandat serait-il novateur ?

Dans la limite des prérogatives qui sont dévolues aux responsables, il est possible de faire prévaloir des solutions nationales plutôt que, comme c’est devenu l’habitude, des préférences étrangères.

Cette Région a suffisamment de qualités pour ne pas se contenter d’être une boutique politicienne, comme elle l’a été jusqu’à maintenant. Il faut arracher cette région au marasme général, car tout va encore plus mal ici qu’ailleurs en France. Mais il faudrait limiter les prérogatives de la Région (par rapport à d’autres échelons administratifs ndlr) à quelques sujets essentiels, en particulier celui de l’aménagement du territoire. Si le FN est élu à la tête de la Région, cela aura une signification qui dépassera très largement le programme régional du Front national et impliquera une adhésion à la philosophie générale de notre mouvement.

Comment jugez-vous le processus amorcé de décentralisation ?

Les intentions de Raffarin sont perverses. Sa décentralisation a pour objectif de démanteler la nation française et de court-circuiter l’échelon national. Mais très souvent, dans la majorité actuelle, on ne va pas au-delà des intentions, même quand elles sont mauvaises.

Le nouveau scrutin régional mis en place pourrait vous avantager...

Oui. Il arrive que le diable porte pierre. On a vu ça en Turquie, où les partis au pouvoir ont mis en oeuvre une réforme raffarinesque, le résultat est qu’ils ont tous été éjectés de l’Assemblée. Oui, il est possible que cette mesure nous ouvre l’accès aux responsabilités.
Je pense que la majorité comptait, avec cette formule, réduire notre représentation dans 21 Régions en prenant un risque seulement en Paca. Or, l’évolution économique et sociale va confirmer l’évolution constante du Front national dans ce type d’élection. Avec la prime de 25% donnée à la liste qui arrive en tête, en triangulaire j’aurais en Paca 64 ou 65 élus. En duel, j’en aurais 75.

Un front républicain droite-gauche pourrait-il contrarier vos ambitions ?

Je ne crois pas à la possibilité pour mes adversaires de faire une liste commune au second tour. Il est plausible que l’une des deux listes se retire, malgré l’inconvénient qu’il y aurait pour elle de n’avoir aucun élu pendant six ans. Si Muselier recevait l’ordre de Chirac de se retirer en faveur de la gauche, je pense qu’il le ferait, mais cela ne suffirait pas, dans la conjoncture actuelle, pour nous barrer la route. Les socialistes, eux, non, je ne crois pas à leur retrait, car la liste est composite.

Votre âge n’est-il pas un handicap ?

Qu’est-ce que je ne peux pas faire de ce que font des gens plus jeunes que moi ? Je sais bien que Sarkozy a parlé de Mathusalem l’autre jour, mais ce n’est pas gentil pour le président Chirac, qui ne me semble pas en outre avoir bonne mine ces temps-ci. Des gens plus âgés que moi ont occupé des postes de haute responsabilité dans l’histoire, et pourtant la révolution séniorale n’avait pas encore porté ses fruits.

Faut-il une loi pour réglementer le port du voile ?

S’il s’agit du port du voile dans la rue, il doit être autorisé, ne serait-ce que parce qu’il est un signe ostensible de l’immigration. C’est la prise de conscience qu’il y a des gens qui ne se plient pas à la mode, à la coutume ou à la pratique moyenne dans notre pays.
En revanche il doit être interdit à l’école. Nous n’avons pas besoin pour autant de loi. Je suis d’accord avec M. Bayrou qui avait fait une circulaire. C’est largement suffisant, quitte à ce qu’elle soit attaquée devant le tribunal administratif et que le Conseil d’Etat soit un jour amené à donner son avis. Sinon, il faudrait des lois pour tout.
Le problème essentiel dans notre pays n’est pas le voile, mais la masse grandissante et incontrôlée de l’immigration étrangère.

L’immigration reste au coeur de votre campagne...

Nous habitons un continent dans lequel il y a 1 milliard d’habitants. Il connaît un niveau de ressources et de richesses incomparables par rapport à d’autres régions du monde, où il y a 5 et bientôt 6 milliards d’habitants.
Le socialisme mondial, qui consiste à partager, amène des chutes vertigineuses de niveau de vie. C’est purement utopique mais réellement révolutionnaire. Avant, ce qui nous protégeait, c’était l’Etat-nation, avec un contrôle des frontières. Si les Allemands, en 1940, étaient venus avec un chapeau mou et une valise, au lieu de venir avec un fusil d’assaut et un casque, est-ce qu’il aurait fallu les laisser rentrer ? C’est une bonne question, n’est-ce pas ?

Ce n’est pas parce que quelqu’un vous trouve sympathique que vous l’admettez à votre table et dans votre lit. Quels sont les moyens d’empêcher cela ?

Avoir une législation de la nationalité qui ne rende pas automatique l’acquisition de la nationalité, seulement parce qu’on s’est donné la peine d’entrer. Je crois que la paix, la justice, la sécurité exigent que nous vivions dans des frontières sûres, garanties, comme l’ont fait les peuples depuis des siècles. Si on oublie ces règles fondamentales, nous allons vers une anarchie sanglante et l’appauvrissement généralisé. Quand on aura tué la poule aux oeufs d’or, tout le monde crèvera de faim, y compris le fermier qui avait la poule.

L’Europe riche doit donc délaisser les pays pauvres ?
Reconnaissons tout de même que cette obligation (des pays riches à aider les pays pauvres, ndlr) est tout à fait contradictoire avec l’indépendance qu’exigent ces mêmes pays, car indépendant : c’est être capable d’assumer ses propres responsabilités.
L’une de mes filles m’aurait dit : "Je vais continuer à habiter à la maison, tu voudras bien toujours me donner ma mensualité et tu me permettras de recevoir dans ma chambre qui je veux." Je lui aurais dit : "Non, tu te loues un studio, tu gagnes ta vie et tu t’assumes."
Moi, je ne veux pas nourrir, en plus, les petits-enfants qui viennent du monde entier.

D’une façon globale, comment sentez-vous ces campagnes du printemps pour le FN ?

Nietzsche disait que l’homme de droite est un pessimiste gai. Et bien moi je suis un pessimiste gai, plus exactement un réaliste. La situation de la France est dramatique et décline de façon indiscutable, nonobstant les déclarations euphoriques et optimistes dont on est abreuvé par les gens qui nous gouvernent. La France recule incontestablement dans la hiérarchie des nations. C’est un pays qui ne fait pas assez d’enfants, qui vieillit, qui ne travaille pas assez (...) supportant la charge de plusieurs millions d’étrangers récemment entrés et à qui il a fallu pratiquement tout fournir. La plupart d’entre eux sont ou des chômeurs, ou des assistés, ou des enfants, ou des vieillards, ce qui fait que leur charge est beaucoup plus importante que le bénéfice que pourrait apporter leur présence. Ils rendent certains problèmes insolubles, comme le problème du logement : au fur et à mesure que l’on construit des logements, il y a toujours des réfugiés sociaux ou des immigrés pour les occuper, parce que nous avons un principe d’égalitarisme.

Au point qu’à un moment, la charge fiscale ou sociale est telle que les gens les plus performants s’en vont. Il y a 300 000 Français à Londres, tandis que les masses affamées du monde convergent chez nous où leur est assurée une égalité des droits qui est tout bonnement suicidaire, mais à laquelle M. Sarkozy veut ajouter encore quelque chose, la discrimination positive. C’est-à-dire la préférence étrangère. (...) Vous ne me ferez pas pleurer sur des gens qui viennent d’arriver là et qui attendent probablement que je leur fournisse à boire, à manger et quoi encore ?

Qu’est-ce qui va bien en France ?

C’est que nous ne sommes pas morts ! Que nous ne sommes pas encore en esclavage, pas encore ruinés. Comment peut-on croire qu’en faisant rentrer 10 pays pauvres dans l’Europe, cela va améliorer nos conditions de vie ? Je ne vois que régression sur la plupart des secteurs.

La France, qui pourrait quand même accueillir le projet Iter...

Nous sommes finalistes, nous ne sommes pas vainqueurs. Je m’inquiète un peu de notre concurrent japonais. J’ai peur de la candidature japonaise parce que je ne vois pas ce que les Américains auraient à gagner à ce que nous ayons la maîtrise de cette technique. Je n’oublie pas que les Japonais sont les premiers créanciers des Etats-Unis et que les Etats-Unis ont à l’égard du Japon une dette morale, justement un peu nucléaire, avec Hiroshima et Nagasaki. A la limite, peut-être penseraient-ils (les Américains, ndlr) que ce serait un geste à la fois diplomatique et industriel.

www.metrofrance.com

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