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Route Dédougou-Bobo : des contrôles de qualité à toutes les étapes

Publié le lundi 24 janvier 2005 à 07h22min

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Lancés officiellement le 18 décembre 2003, les travaux de construction et de bitumage de la route Bobo-Dédougou sont exécutés par la Compagnie sahélienne d’entreprise (CSE). Son directeur des travaux, Demba Sow que nous avons rencontré, nous dresse l’état des lieux.

Le Pays : Quel est l’état des lieux un an après le lancement officiel des travaux ?

Demba Sow : C’est vrai que le lancement officiel a été fait en fin 2003, mais l’ordre de service, c’est-à-dire l’ordre de démarrer les travaux, a eu lieu le 12 février 2004. Après notre installation, les travaux proprement dits ont commencé en juillet 2004. Nous avons entamé la première phase que sont le débrouissaillage et le nettoyage. A la date d’aujourd’hui (NDLR, 14 janvier) l’état des lieux se présente comme suit : l’implantation c’est-à-dire la délimitation de l’axe a été faite jusqu’à Bobo et on sait où passe exactement la route jusqu’à Bobo. Pour ce qui est du nettoyage, pour prendre possession de l’emprise de la route, cela a été fait jusqu’au PK 90, c’est-à-dire à 86 km de Dédougou. La phase de terrassement qu’est le premier terrassement est à 46 km. Nous pensons que c’est le gros des travaux qui a été fait.

Est-ce que vous n’accusez pas un retard dans l’exécution des travaux ?

C’est un léger retard qui peut être rattrapé rapidement par le renforcement des équipes du génie civil et par l’assainissement du débroussaillement. Par contre, pour ce qui est du terrassement, nous sommes dans le chronogramme d’exécution des travaux.

A quand les premières traces de bitume ?

Les premières traces étaient prévues pour le mois de mars 2005. Et comme nous sommes en retard, cela a été décalé légèrement parce que nous ne pouvons pas nous empresser pour couler le bitume tant que les ouvrages ne sont pas terminés. Il faut terminer les ouvrages, ensuite remblayer. Mais je puis vous rassurer qu’on verra le bitume avant l’hivernage.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez sur le chantier ?

Les principales difficultés sont intervenues au début du chantier. Il y a eu des incompréhensions entre l’entreprise et les demandeurs d’emploi. Les gens ont tout de suite dit qu’il y avait plus d’étrangers, notamment des Sénégalais, sur le chantier. Cela se comprend parce qu’il y avait effectivement en son temps beaucoup de chômeurs qui espéraient avoir du boulot sur le chantier. Mais avec le temps, ils ont compris que ce n’est pas le cas. A la date d’aujourd’hui (14 janvier 2005) nous avons 304 employés sur le chantier dont 35 étrangers, ce qui donne un taux de 88% de travailleurs nationaux. Le recrutement continue de se faire de concert avec la maison et la direction de l’emploi.
La deuxième difficulté a été le transfert du matériel. Nous avons rencontré quelques problèmes avec la douane. C’est le système du chèque rouge. Il n’y a pas d’exonération même pour le matériel qui doit rester sur place. Donc nous avons eu des difficultés liées au changement d’importation. Tout est en train d’être réglé progressivement aussi bien par les bailleurs que par l’Etat burkinabè et sur le terrain nous travaillons à l’aise. Dans d’autres pays, nous avons rencontré des difficultés de relief et de terrains difficiles. Au Mali par exemple, c’était des rochers et des montagnes. La principale difficulté ici c’est le manque d’eau que nous avons résolu en mettant tout au long du trajet, des forages pour alimenter le chantier.

Les clauses de la législation du travail ont-elles été respectées ?

La législation du travail dit qu’à compétence égale, on privilégie le recrutement du national et c’est ce que nous avons fait. Cependant, pour une multinationale comme la CSE, nous avons des permanents qui tournent avec nous. Ce minimum permanent ne doit pas être gonflé. Avec le démarrage des travaux de génie civil et d’assainissement, nous allons encore recruter beaucoup de demandeurs d’emploi de la région.

Est-ce qu’il faut avoir des "bras longs" comme on dit, pour être recruté ?

Je n’ai pas connaissance de cela. C’est vrai que souvent, on nous recommande quelqu’un et cela est normal. Mais sachez qu’il n’y a pas de dessous de table pour le recrutement à notre niveau. Si nous avons un besoin de 5 employés par exemple, nous exprimons le besoin à l’inspection du travail qui nous fournit 10 ou 15 personnes que nous testons sur le terrain et qui sont retenues par ordre de mérite suivant une notation claire qui est affichée.

Les usagers de cette route estiment qu’il n’y a pas de panneaux de signalisation et que les déviations sont très mal faites. Ils vous accusent d’être civilement responsables des multiples accidents...

C’est vrai que c’est une route neuve qui est en construction. Nous avons fait le maximum et les déviations sont couvertes par la latérite. Le problème c’est que nous sommes en saison sèche et il y a beaucoup de poussière. Ce qui fait que les gens ont du mal à voir les panneaux de signalisation temporaire, à grande vitesse. Il faut que les usagers respectent la limitation de vitesse sur la route où on évolue. Ils doivent rouler doucement parce que nos lourdes machines soulèvent beaucoup de poussière. On en appelle à la prudence et à la vigilance. C’est vrai que nous sommes en partie responsables mais nous faisons le maximum pour éviter les dégâts.

Vous avez sans doute détruit des maisons, champs ou vergers sur le trajet. Est-ce que ces victimes ont été dédommagées ?

En général l’entreprise vient réaliser des travaux. L’emprise de la route doit être mise à la disposition de l’entreprise. Si on détruit une maison, un champ ou un verger c’est normalement l’Etat qui dédommage. S’il y a des lignes téléphoniques, électriques ou des canalisations d’eau, nous faisons ce qu’on appelle le déplacement de réseau. Le problème se pose actuellement ici à Dédougou et va se poser aussi à Bobo. Cela est inclu dans le marché. En aucun cas l’entreprise ne peut dédommager les victimes. Sauf dans le cas des empreintes, c’est-à-dire que lorsque l’on va prélever des matériaux dans un champ ou un verger pour faire la route, nous sommes obligés de payer parce que c’est nous qui avons choisi de prendre les matériaux.

Y a-t-il eu des situations dans lesquelles vous avez dédommagé les victimes ?

Pour l’instant nous n’avons pas pris d’empreinte de matériaux dans des champs ou vergers. Le problème va se poser à l’approche de Bobo. C’est pendant la réalisation des forages que nous avons détruit quelques champs et nous avons payé. Nous avons aussi traversé certains lieux sacrés et nous nous sommes vus obligés d’apporter notre soutien pour faire les sacrifices nécessaires afin de déplacer les fétiches. La carrière était également une zone sacrée. Nous avons participé pour déplacer les fétiches. Nous sommes tous Africains et nous savons que ce n’est souvent pas bon de toucher à ces lieux, et pour nous et pour les détenteurs de ces lieux sacrés. On en tient compte car un lieu sacré reste sacré et il faut éviter de le profaner car cela peut se retourner contre vous. Nous préférons payer 50 000 ou 100 000 FCFA pour préserver certaines vies. Dans tous les pays que nous avons traversés, nous tenons compte de cette réalité.

Dans quelle ambiance se passent les travaux ?

L’ambiance est très bonne et tout le monde attend la route. Aussi bien les populations que les autorités politiques et administratives.

Est-ce que vous pouvez nous rassurer que le délai sera respecté et que les travaux seront exécutés dans les règles de l’art ?

Nous avons fait nos preuves partout si bien que nous sommes obligés d’être dans les délais. Nous serons dans le timing. La fin des travaux est prévue pour mi-août 2006, si le montant du marché ne change pas. Vous savez, en cours de marché, il y a ce qu’on appelle des avenants pour augmenter les travaux. Dans tous les cas nous sommes confiants et conscients, on mettra les moyens qu’il faut et les hommes qu’il faut pour faire un travail de qualité. Il y a une équipe de contrôle de qualité qui nous autorise à passer à l’étape suivante si le travail est bien fait. Le ministère des Infrastructures a aussi une équipe de suivi des travaux qui est différente des autres équipes de contrôle. En tout cas, je peux vous rassurer que le travail sera de qualité. Nous n’avons pas le choix parce que ça y va de notre réputation, de la préservation de l’image de la CSE. Cette route sera construite dans les normes requises, dans les règles de l’art.

Propos recueillis par Serge COULIBALY (Collaborateur)
Le Pays

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