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Télévision : Réussir la transition numérique en 2015 et 2020

Publié le vendredi 15 novembre 2013 à 00h33min

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Télévision : Réussir la transition numérique en 2015 et 2020

L’extinction de la télévision analogique et le passage à la télévision numérique terrestre en Afrique prévus en 2015 et 2020 pour la radio avance à grands pas. Pouvoirs publics, instituions internationales, régionales et partenaires bilatéraux se mobilisent pour la réussite de ce rendez-vous technologique

Le compte à rebours est maintenant lancé pour l’ensemble des pays africains qui se sont engagés à réaliser la transition vers la télévision et la radio numérique, le 17 juin 2015 pour le passage de l’analogique en bande UHF (470-862 MHz) et 17 juin 2020 pour la VHF (174-230 MHz). La transition vers le numérique dans les télécommunications, la photographie, l’image, la télévision et la radio est une révolution technologique à l’échelle mondiale, mais aussi un enjeu politique, économique et culturel que chaque pays doit appréhender en toute souveraineté en tenant compte de ses priorités.

Au plan technique, le passage au numérique permet d’utiliser moins de fréquences pour diffuer plus de programmes TV en consommant moins d’énergie, d’élargir l’offre télévisuelle avec des chaines en haute définition, de développer une offre de production audiovisuelle locale et d’améliorer la qualité de l’image et du son.

Mais comment conduire et réussir cette transition technologique, à quel rythme et avec quels moyens ? Autant de questions auxquelles les ministres africains en charge de la transition numérique –plus d’une dizaine-ont planché les 7 et 8 novembre à Paris dans la salle de conférence Pierre Mendès France du ministère de l’Economie et des Finances.

Conjointement organisée par les ministères français du Redressement productif, des Affaires étrangères et de la Culture et communication, cette conférence visait, selon la ministre déléguée chargée des Petites et moyennes entreprises, de l’Innovation et de l’Economie numérique, Fleur Pellerin, à réfléchir sur les moyens techniques et financiers devant accompagner la transition numérique.

Lancée en 2005, la télévision numérique terrestre (TNT) a définitivement remplacé la diffusion analogique sur l’ensemble du territoire français le 30 novembre 2011. La France a donc une expérience qu’elle souhaite partager avec les pays qui s’engagent dans la transition numérique. Au passage, elle a aussi des entreprises à positionner sur un marché qui représente des millions d’euros. D’ailleurs, un document présentant une quarantaine de sociétés figurant « parmi les leaders mondiaux des technologies innovantes dans ce domaine » et qui « peuvent vous aider à réussir la transition numérique et l’extinction de la télévision analogique en toute sécurité » a été mis à la disposition des participants.

Après un discours vite expédié en cinq minutes, la ministre déléguée a prétexté un emploi de temps chargée et a quitté la salle de conférence, abandonnant ses collègues africains. Une attitude qui a plus qu’irrité plusieurs ministres, majoritairement des quadras, qui ne comprennent pas « pourquoi on nous invite, si on ne peut pas être écoutés, pas même par un ministre délégué ! ». Certains ont même boudé le déjeuner et le diner auxquels ils étaient conviés avec la ministre Fleur Pellerin !

Les débats ont donc été menés par Mireille Pannetier, de la direction générale de la compétitivité de l’industrie et des services, un service du ministère du Redressement productif. Après un tour de table où chaque ministre a présenté l’état d’avancement du processus dans son pays, il est apparu que plusieurs pays partagent les mêmes préoccupations. Pour l’essentiel, elles portent sur le renforcement des capacités du personnel devant piloter la transition, l’évaluation du coût et le financement de la transition, les mesures d’accompagnement au profit des populations à revenus modestes dans l’acquisition des équipements, etc.

Selon l’expert de l’Union économique et monétaire d’Afrique de l’ouest (UEMOA), Abossé Akué-Kpakpo, deux programmes ont été mis en place pour accompagner les pays membres de cette organisation sous-régionale. Le premier porte sur le choix de la norme commune, entérinée le 6 novembre 2012 à Ouagadougou, le DVBT2 pour la diffusion numérique et MP4 pour la compression numérique.

Plus récente, la la diffusion du signal des émissions de télévision entre l’émetteur et le diffuseur. Elle coûte relativement chère, mais présente l’avantage de d’optimiser les fréquences, notamment pour une plus grande capacité de transmission avec une meilleure robustesse du signal. Le deuxième programme porte sur l’assistance aux Etats, via des ateliers de sensibilisation et d’information afin que les règles édictées dans l’espace UEMOA soient appliquées. Pour cela, l’UEMOA met à la disposition de ses membres des experts dans les différents domaines de la transition et les premiers pays à en bénéficier seront la Guinée-Bissau et le Bénin.

Sur la mobilisation des ressources financières nécessaires au financement de la transition numérique, l’UEMOA affiche également sa disponibilité à accompagner les pays. « Nous sommes capables d’accompagner un Etat qui le demande dans la recherche de financement en nous appuyant sur la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), en l’aidant à monter un dossier », détaille Abossé Akué-Kpakpo.

Les débats qui ont duré deux jours ont achoppé sur le contenu des programmes qui seront proposés au téléspectateur. « La vérité est que la transition numérique aura un coût pour lui en termes d’équipements et il faudrait qu’il en ait pour son argent », reconnait l’expert de l’UEMOA. Si le téléspectateur dépense plus d’argent pour s’équiper et recevoir les programmes, il faudra bien qu’il voit la différence avec ce qu’il regardait avant : plus de chaines de télé, plus de choix dans les programmes, des images plus claires, nettes et une meilleure qualité de son. Mais que va-t-on lui proposer ? Des images dans lesquelles il se reconnaitra ou des images venues d’ailleurs qui ne lui parlent pas ? A quoi sert d’avoir plusieurs chaines si elles diffusent la même chose, faute de contenus diversifiés ?

Se pose ici la question de la production des programmes nationaux ou locaux et la capacité des professionnels africains à remplir les chaines. « Le numérique, c’est comme un bus à 45 places ; que trois ou les 45 places soient occupées, le bus va rouler avec le même carburant avec le même coût. Vaut mieux donc remplir le bus », explique une participante. Alors que nos Etats sont confrontés à d’énormes défis de développement, de lutte contre la pauvreté, d’accès à l’eau, un expert se demande, inquiet, si « au final, la TNT ne sera pas une autoroute ouverte pour les grandes chaines des pays du Nord ».

Joachim Vokouma ; Lefaso.net (France)

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Vos commentaires

  • Le 14 novembre 2013 à 14:56 En réponse à : Télévision : Réussir la transition numérique en 2015 et 2020

    Et la transition politique ?

  • Le 14 novembre 2013 à 16:17, par NAGLI En réponse à : Télévision : Réussir la transition numérique en 2015 et 2020

    Bien sûr la TNT sera une autoroute pour les grandes chaines qui présenteront de bon bouquets à leurs téléspectateurs. Nos télévisions comme la TNB, RTI et autres seront avalées par ces grandes télévisions requins du nord. A bon attendeur salut. NAGLI

  • Le 14 novembre 2013 à 16:45, par NAGLI En réponse à : Télévision : Réussir la transition numérique en 2015 et 2020

    Bien sûr que la TNT sera une autoroute pour les grandes chaines de télévisions mondiales qui imposeront leurs bouquets à nos téléspectateurs. La RTB, RTI et autres ne pourront s’adapter et seront probablement mangées par ces grands requins du numérique. A bon attendeurs salut

  • Le 3 septembre 2014 à 05:18, par Dione En réponse à : Télévision : Réussir la transition numérique en 2015 et 2020

    en tant que technicien dans ce domaine je serais très content de voir enfin l’Afrique mètre un pas pas en avant car si aujourd’hui nous sommes en retard par rapport aux occidentaux c’est par ce que nous tardons toujours à nous décidés sur des choses importants comme celui-ci. le numérique est le passage d’une génération à une autre

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