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Tourisme : Retour sur l’Eductour 2013

Publié le vendredi 25 octobre 2013 à 01h08min

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Tourisme : Retour sur l’Eductour 2013

La marre sacrée aux crocodiles, la mosquée de Bobo-Dioulasso et le vieux quartier Dioulassoba, tels étaient les sites touristiques au menu de la première étape, le 22 septembre, de l’Eductour 2013. On quitte nuitamment le vieux quartier aux sons de la musique manding pour IBA Hôtel où nous passons la nuit. La fatigue se lit sur tous les visages, mais après le diner, certains retrouvent l’énergie pour entamer un « Bobo By Night », visitant, aux bons soins d’autres guides, les coins les plus « chauds » de la ville.

L’Eductour, c’est aussi l’occasion pour les organisateurs de voyage et les journalistes de découvrir les structures d’accueil des villes visitées et la qualité des prestations qui sont y pratiquées. L’établissement qui nous accueille, IBA Hôtel, a été ouvert en 2010 à l’occasion des festivités du cinquantenaire de l’indépendance du Burkina, célébré dans la ville de Sya. Son promoteur, Jean-Baptiste Zongo, est un compatriote qui a longtemps vécu en Côte d’Ivoire et qui a répondu à l’appel des autorités qui avaient sollicité le secteur privé pour résoudre le problème d’hébergement face aux milliers d’invités qui étaient attendus. C’est un hôtel trois étoiles bâti sur trois étages et comprenant 70 chambres (Suites, appartements et chambres simples confondus) climatisées avec un accès Wifi, trois salles de conférence dont une modulable de 250 places, les deux autres étant de 50 et 100 places, un restaurant pouvant contenir 100 couverts, une piscine et un parking. Le contenu des menus épouse les goûts de la clientèle, fait de mets africains et européens.

Situé à l’entrée de Bobo-Dioulasso en venant de Ouagadougou, IBA Hôtel est un hôtel de bon standing qui accueille régulièrement des personnalités politiques (des journées parlementaires s’y sont déroulées récemment), du monde de l’entreprise et du show-business. Reste qu’aux yeux de certains organisateurs de voyage de l’Eductour, le prix des nuitées, entre 42 500 pour une chambre simple et 120 000 pour une suite, gagnerait à être aménagé afin de satisfaire un public plus large. « Nous en sommes conscients et nous y travaillons ; d’ailleurs, et c’est comme partout, les prix ne sont pas intangibles et des offres sont bien possibles selon les circonstances », explique le Superviseur de l’hôtel, Joseph Attoungbré, un ingénieur agronome, qui a abandonné l’analyse des plantes pour « se lancer dans cette aventure aux côtés de mon ami Zongo ».

A la conquête d’une clientèle nationale, africaine et internationale nécessaire à la consolidation économique de l’établissement, IBA Hôtel gagnerait à explorer un peu plus les opportunités qu’offrent les technologies de l’information et de la communication.

Après un petit déjeuner et une visite de quelques chambres à la demande des Tours Opérateurs, l’équipe d’Eductour est maintenant prête pour attaquer le programme de la journée. Les deux guides vérifient que personne ne manque à l’appel. Le conducteur démarre à destination de la Résidence Sissiman, un joyau architectural niché en plein Sarfalao, un quartier de Bobo, dans le secteur 17 de la ville.

Pelouse soigneusement entretenue, on est agréablement accueilli dès l’entrée de cette Résidence assez luxueuse. Le temps d’une visite chronométrée, on découvre l’intérieur assez spacieux et une décoration réussie alliant tradition et modernité. L’établissement comporte 29 chambres dont quatre suites, 19 chambres doubles et 6 chambres double single. Inaugurée en 2011, la Résidence Sissiman ne désemplit pas et connait déjà un succès. « On doit partir ; le temps imparti est déjà terminé », lance Mme Béatrice Bado, la chef de l’Eductour. On rejoint le car, direction le monument du cinquantenaire, pour une séance photos d’environ cinq minutes.

Situé au croisement de la l’Avenue Louveau et du boulevard Châlons-en-Champagne, du nom d’une ville française jumelée avec Bobo-Dioulasso, ce monument repose sur un socle de 30 mètres de diamètre et mesure 30 mètres de hauteur. D’un coup d’environ 300 millions de F CFA, le moment serait, selon son concepteur, le témoignage vivant des luttes et combats menés depuis cinq décennies sur les chantiers du développement.

De bonnes sources, l’édification de ce monument n’allait pas de soi et il a fallu de longues palabres en conseil des ministres pour rapprocher les positions entre ceux qui ne voyaient pas l’intérêt d’un tel monument et ceux qui estimaient que le cinquantenaire comportait une dimension historique dont le monument sera le témoin pour les générations futures. Il reste maintenant aux autorités municipales de faire de ce monument une attraction touristique, à l’image du Monument de la Renaissance africaine cher à l’ancien président sénégalais, Abdoulaye Wade.

Avant de quitter Bobo-Dioulasso pour Banfora, l’équipe d’Eductour a fait un détour sur le parvis de la gare ferroviaire, l’accès à l’intérieur du bâtiment nous aurait été refusé. On se contente donc de prendre des images de la façade de cette bâtisse de type colonial devenue au fil des ans, une des meilleures cartes postales de la ville.

Sur le parvis de la gare, on découvre la « Place Tiéfo Amoro » du nom d’un célèbre roi des Tiéfo, un peuple un peu éparpillé dans une zone tampon entre le Burkina, la Côte d’Ivoire et le Mali, principalement dans les régions des Hauts-Bassins et des Cascades. Une Place qui a bien besoin d’une bonne toilette parce qu’elle semble laissée à l’abandon pour ne pas dire plus. On ressent d’autant plus un malaise lorsqu’après une bonne trentaine de minute de route en direction de Banfora, on est chaleureusement accueilli par le chef des Tiéfo et ses sujets, précisément Noumoudara, leur fief.

Le car descend du bitume, s’immobilise sur une aire transformée par les enfants en terrain de foot. De futurs Jonathan Pitroipa, encore en vacances livrent un match d’une intensité digne de la finale d’une CAN. Un notable vient à notre rencontre, échange quelques paroles avec Mme Bado et des guides, et disparait avant de réapparaitre un quart d’heure plus tard, accompagné d’un proche collaborateur du Roi et d’un groupe de musiciens. Nous sommes conduits, aux sons de la musique tiéfo dans la cour du Roi (Voir Vidéo). Trois coups de canon sont tirés pour saluer notre arrivée, préparée quelques semaines plus tôt par l’ONTB.

C’est Badjori OUATTARA, le Gborotigui depuis 2006, c’est-à-dire le chef suprême des Tiéfo, qui nous reçoit dans sa cour, entouré de ses ministres et conseillers, au pied du mausolée de Tiéfo Amoro, construit à l’instigation du ministère de la Culture, alors dirigé par Mahamoudou Ouédraogo. Par l’intermédiaire de son porte-parole, Oumar Ouattara Ladji, il nous souhaite la bienvenue, dit qu’il est heureux de nous accueillir sur son royaume et souhaite à chacun de retrouver sa famille en bonne santé. Après les présentations des membres de l’équipe d’Eductour et des collaborateurs du roi, s’engage une discussion fort instructive sur l’histoire et la culture de ce peuple d’origine mandé que le manque de temps va cette fois encore, brutalement interrompre.

En attendant peut-être d’y retourner un jour, on retient pour l’essentiel que les Tiéfo sont un peuple guerrier, que le Gborotigui qu’a été Amoro OUATTARA, plus connu sous le nom de « Tiéfo Amoro » livra une farouche guerre, la bataille de Noumoudara, contre les troupes Samory Touré, le mythique chef manding qui rêvait de dominer les peuples de toute l’Afrique de l’Ouest. Jaloux de leur culture, les Tiéfo semblent balloter, comme ailleurs, entre la nécessité de l’ouverture vers l’extérieur par l’accueil et l’intégration d’allochtones et la volonté de garder les secrets de l’art de la guerre, un élément fondamental de leur identité.

Créée en au début des années quatre-vingt-dix, l’Association de développement Tiéfo Amoro (ADTA) s’active à promouvoir la culture Tiéfo et à favoriser le développement économique village.

Le mausolée contenant la tombe de Tiéfo Amoro se trouve au sous-sol et il faut descendre plusieurs escaliers pour découvrir les instruments, les outils de la culture Tiéfo et même les objets personnels de leur icône : fusils, talisman, lance, coupe-coupe, menottes, flèches empoisonnées, bref, tout l’arsenal nécessaire pour mener et gagner une guerre.

Prévue pour une heure, l’escale aura finalement duré plus de deux heures et c’est encore aux sons de la musique que nous quittons Noumoudara pour Banfora. En termes d’émotion, ce fut sans doute l’étape la plus intense. «  Je suis très content de cette étape forte en émotion et c’est la preuve que rien ne peut remplacer le contact humain », commente un Tour Opérateur.

On quitte Noumoudara aux environs de 12 heures pour les Dômes de Fabédougou, un des sites touristiques les plus visités de la région des Cascades. Il y a deux ans, il fallait parcourir près de deux cents mètres à pied avant d’accéder au site. A présent, une piste a été construite, facilitant ainsi son accès en véhicule, ce qui n’est pas pour déplaire aux personnes d’un certain âge et à celles qui s’essoufflent dès le moindre effort physique.

Hauts d’une cinquantaine de mètres, les Dômes de Fabédougou sont des roches érodées que la nature à taillées en forme de champignon. Ils font partie de la même chaine de montagne que les Pics de Sindou et qui s’étend jusqu’à Bandiagara, à la frontière du Mali. Quand on fait l’effort de les escalader jusqu’au sommet, on a en récompense une vue panoramique du merveilleux paysage du site. Là-haut, on peut apprécier la grandeur et la beauté de la nature et se laisser aller à des méditations métaphysiques sur les rapports que l’homme moderne entretient avec l’environnement. « Ces Dômes ont été habités il y a très longtemps et c’est pourquoi, à certains endroits, on peut rencontrer des restants de maisons, des morceaux de poterie et de meule », explique le guide.

Séances de photos souvenir, et nous voilà partis pour les Cascades de Karfiéguéla, plus connues sous le nom de Cascades de Banfora. A la différence des Dômes, l’accès aux Cascades n’est pas sans difficultés surtout en période hivernale. Il faut faire un long détour, traverser des ruisseaux et patauger dans la gadoue, emprunter durant une dizaine de minute un chemin rocailleux avant d’atteindre ce lieu paradisiaque. « ça fait partie des ingrédients de l’évasion touristique et il faut bien mériter le spectacle de ces chutes d’eau », commente un confrère. Certes, la saison pluvieuse tire vers sa fin, mais le débit des chutes demeure encore fort, pas assez pourtant pour décourager les candidats à la baignade.

Retour à l’hôtel « Cascades Palace » pour la pause déjeuner, aux environs de 15heures, avant de poursuivre le reste du programme de la journée : le Lac des hippopotames de Tengrela et la visite du campement Farafina de Seydou Tou, à trois encablures du lac. Long de 6 km et de 1,5 km de largeur, l’histoire du lac de Tengrela remonte au14e siècle et dériverait du nom du premier habitant des lieux, un certain Têgnin, venu de Sikasso au Mali. D’autres membres de la famille l’y rejoindront plus tard et s’adonneront à la pêche, l’agriculture et la vannerie.

C’est dans un décor poétique, au moment où le disque solaire rejoint son lit qu’une partie de l’équipe d’Eductour entame un tour sur le Lac, en compagnie de piroguiers. « Comme il est peu tard et que le temps est un peu nuageux, il n’est certain que nous verrons les hippopotames  », préviennent les guides du site. Peu importe, la simple balade en pirogue sur l’eau d’une demi-heure méritait le détour.

Les piroguiers l’assurent : « Il n’y a jamais eu d’incident ici et personne ne s’est encore noyé durant les promenades », mais les touristes seraient plus rassurés s’ils disposaient de gilets de sauvetage à bord, surtout pour ceux qui ne savent pas nager.

La nuit est déjà tombée quand l’équipe retourne aux « Cascades Palace », un complexe hôtelier bâti sur 2 ha comprenant un immense jardin soigneusement aménagé et parsemé de sculptures en rapport avec la sociologie et la culture de la cité du Paysan noir. (Voir Interview du PDG). Ce complexe renforce et rehausse le standing des structures d’hébergement de la région.

Fin de la deuxième journée de l’Eductour

Joachim Vokouma, Lefaso.net (France)

Elias Ghassoub, PDG de Cascades Palaces : « L’hôtellerie, c’est un monde à part »

Vous êtes présent dans l’industrie du bois et la vente de matériaux de construction. Depuis quand vous êtes-vous lancés dans l’hôtellerie ?

C’est vrai que c’est récemment que je me suis lancé dans l’hôtellerie et l’établissement a ouvert ses portes seulement le 15 avril 2009. Les travaux ne sont pas encore totalement terminés puisque je viens de terminer la salle de conférence il y a deux mois, portant leur nombre à deux : une pouvant accueillir 30 personnes et l’autre 200 personnes. L’établissement compte en tout 38 chambres et mon objectif est d’atteindre 45, à quoi s’ajoutera une boite de nuit ici même dans l’établissement puisque j’ai encore de l’espace sur les 2 ha que mesure le site.

Pour le taux de remplissage, c’est encore mitigé parce que au plan touristique, nous sommes dans une région, les Cascades, qui est un délaissée. Heureusement, le ministre de la Communication Alain Edouard Traoré a organisé récemment une randonnée sur le mont Ténakrou dont j’étais le parrain. Depuis cette manifestation, les gens commencent à venir et le plus gros de la clientèle est constitué de Burkinabè qui viennent en famille. Comme il y a de l’espace, les enfants peuvent jouer à faire du vélo. Nous accueillons aussi des Européens travaillant soit pour des ONG, pour des entreprises privées. C’est une clientèle qui ne reste pas longtemps, deux ou trois jours et j’espère les fidéliser avec le temps surtout que nous avons été classés parmi les meilleurs hôtels du Burkina et j’ai même reçu un certificat de mérite.

Depuis quand êtes-vous installés à Banfora ?

Mes parents sont nés au Ghana, moi aussi, et ils sont venus ici à Banfora en 1957. Je continue les activités qu’ils ont lancées et en plus de l’hôtel, je gère l’Entreprise industrielle de bois du Faso et des établissements à Ouagadougou, Banfora, Niangoloko où je vends des matériaux de construction. Au total, j’emploie 580 personnes, dont seulement 45 dans l’hôtellerie

La qualité des prestations ne correspond pas toujours avec le standing de l’établissement. Avez-vous une politique de formation de vos salariés ?

C’est un gros problème pour moi et j’avais demandé à une société canadienne de m’aider à former les cuisiniers et les salariés, ce qui a été fait en deux fois, en raison de trois mois par séance. Mais dès qu’ils ont été bien formés, qu’ils ont eu leur papier, ils sont partis à Ouagadougou. Voilà le problème !

Pourquoi ne pas leur faire signer un engagement à rester avant de commencer la formation ?

Je ne peux pas le faire parce que tout simplement, chacun a un contrat en bonne et dû forme d’une durée de un an ; donc à la fin du contrat, ils sont libres de rester ou partir. Je viens de former le cuisinier et ça m’a coûté cher ; s’il décide de partir, je ne peux rien faire pour l’en empêcher. Vous savez, je travaille depuis 37 ans et je découvre que l’hôtellerie, c’est un monde à part.

Ils sont peut-être mal payés ?

Pas du tout ; c’est même le contraire ! Je payais le cuisinier qui est parti 300 000 F par mois alors que sur le marché, le barème tourne autour de 52 000 F. On me l’a pris et on le paye 500 000 F ; l’hôtellerie, c’est le champion du débauchage.

J’ai voulu embaucher un cuisinier qui travaillait à Ouagadougou et touchait 150 000 F par mois et qui était en fin de contrat. Il a exigé d’être payé 250 000 F, sinon, il ne vient pas, ce que j’ai accepté. Mais au bout de six mois, hop, il a rendu sa démission et j’ai appris après qu’il travaille dans les mines d’or. J’ai porté plainte contre lui.
J’ai encore programmé des séances de formation pour trois semaines parce que je suis conscient que les salariés ont beaucoup de lacunes. J’ai une chance avec le cuisinier actuel, que ma mère a formé. On lui a proposé plus que ce qu’il gagne ici et il refusé. Il m’a dit : « Le jour où tu me chasses, je rentre au village » ; ça m’a touché et je lui ai acheté deux parcelles et une moto en plus de son salaire.

Vos menus ne sont pas assez étoffés ; est-ce un choix délibéré ?

C’est vrai qu’il n’y a pas vraiment de variété et dans les menus ; nous proposons beaucoup de poisson, de poulet et de légumes parce qu’on en trouve facilement dans notre région, mais pas de crevettes par exemple ! Mais tout ça s’explique. Vous savez, ceux qui viennent ici bougent beaucoup. Ils sortent le matin, vont par exemple visiter les Pics de Sindou, les Dômes de Fabédougou, ou les Cascades de Karfieguela, mangent là-bas et rentrent le soir. Ils prennent juste le petit déjeuner et c’est là où nous mettons le paquet.

Vos enfants s’intéressent-ils à l’hôtellerie ?

Oh non ! J’ai deux enfants et ils sont tous à Ouagadougou, dans le quartier Gounghin où ils gèrent les boutiques de matériel de construction. Ils préfèrent rester à Ouagadougou et ne viennent ici que pour me rendre visite.

Propos receullis par J.V (Lefaso.net)

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Vos commentaires

  • Le 25 octobre 2013 à 13:38, par Le Burkina D’abord En réponse à : Tourisme : Retour sur l’Eductour 2013

    M. Elias Ghassoub, PDG de Cascades Palaces :J’aimerais vous accompagner dans votre développement !! Former tes gens, te donner des outils de gestion des RH et comment maintenir le personnel. C’est cela qu’il faut !! On peut meme voir comment leur donner des actions pour les impliquer davantage et proposer d’autres services !!

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