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Admission du Burkina à L’AGOA : des opportunités à saisir

Publié le mercredi 19 janvier 2005 à 07h49min

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Le Burkina a réussi son examen de passage à l’AGOA le 10 décembre dernier, ce qui lui ouvre les portes des Etats-Unis pour l’exportation d’un certain nombre de produits. Des pays membres de cette AGOA ont pu tirer leur épingle du jeu. Pourquoi pas le Burkina ?

L’éligibilité à l’AGOA (Loi sur la croissance et les possibilités économiques) n’est pas une fin en soi. C’est le début d’une longue course d’étapes pour pénétrer le marché américain. Conseil de la représentante adjointe au Commerce extérieur chargée de l’Afrique, Florizelle Liser : "Ce n’est pas parce que vous avez prévenu vos chefs d’entreprises de leurs possibilités d’accès sans droits de douanes au marché américain qu’ils pourront tout simplement en tirer un avantage".

Pour Mme Liser, le ministre du Commerce du pays bénéficiaire "doit collaborer avec les autres autorités concernées, notamment avec le ministre de l’énergie, le ministre des transports et les responsables de la promotion des exportations et des investissements."
Le succès de l’AGOA dépend en effet de la capacité des pays africains à surmonter certaines contraintes liées à l’absence de réseaux de transports fiables, au coût des facteurs de production, aux ruptures de stocks et à la faiblesse des capacités des structures d’appui aux entreprises privées et à l’investissement.

En même temps qu’il tente de résoudre ces contraintes, l’adhérent à l’AGOA doit, selon les responsables américains, miser sur les avantages comparatifs en terme d’exportation. Identifier, étudier et exporter, tel est le processus permettant de percer le marché américain.

Le Burkina a sa "feuille de route"

Le Burkina n’a pas perdu de temps pour commencer à explorer les filières porteuses. Ainsi, les filières textile et oléagineuse (beurre de karité, noix de cajou, sésame), les produits de l’artisanat et les produits agricoles (oignon rouge et ail) font-ils l’objet d’une attention particulière.

Lors du Conseil des ministres du 12 janvier dernier, le ministère du Commerce a dévoilé quelques axes de sa stratégie : création d’un comité de mise en oeuvre de l’AGOA, envoi de missions d’informations auprès d’autres pays bénéficiaires de l’AGOA, recrutement de consultants pour la certification de l’origine des produits, organisation de séminaires, etc. On peut compter sur la maîtrise que l’ambassadeur du Burkina aux Etats-Unis a de l’AGOA, pour aider à conduire à bon port ce dossier.
Le Burkina a beaucoup à gagner dans cette affaire. Il suffit, pour s’en convaincre, d’écouter les responsables de certains pays déjà admis à l’AGOA.

Le ministre de l’Industrie, du commerce et de la commercialisation du Lesotho a ainsi reconnu que la croissance soutenue que connaît son pays depuis cinq ans est essentiellement due à l’AGOA. Au moment où le Lesotho y entrait, en 2000, son secteur textile employait 20 000 personnes. Aujourd’hui, ce nombre est passé à 50 000, faisant du secteur privé, le premier employeur du pays. Les exportations vers les Etats-Unis sont passées de 140 millions de dollars en 2000 à 400 millions en 2003.

L’ambassadeur du Kenya aux Etats-Unis, lui, indique que l’AGOA a créé plus de 150 000 emplois dans son pays depuis 2001 et que les exportations kenyanes de textiles ont triplé depuis lors, passant de 45 à 150 millions de dollars US. Des investissements importants ont accompagné cette croissance. Mais plus que les chiffres, le diplomate kenyan estime que l’AGOA a transformé des milliers de gens qui sont "devenus des citoyens, plus heureux, plus productifs et en meilleure santé".

L’industrie textile dopée

Le même sentiment prévaut à Madagascar où la loi commerciale a dopé les entreprises textiles. Mme Rosa Whitaker, ancien haut fonctionnaire du ministère du Commerce américain, a déclaré, à propos de la Grande Ile : "J’ai pu mettre un visage sur l’AGOA (...) Je l’ai constaté à Madagascar ; j’y ai visité deux usines ou 3 000 personnes étaient employées, principalement des femmes, toutes fabriquant des vêtements dans le cadre de l’AGOA". L’Ile Maurice est aussi un exemple de réussite. Son ministre des Affaires étrangères estime que "l’AGOA suscite un plus grand intérêt pour l’Afrique aux Etats-Unis". Outre donc les gains économiques (l’Afrique subsaharienne a exporté pour 14 milliards de dollars vers les USA en 2003), l’AGOA offre des opportunités politiques et diplomatiques.

Mais il ne faut certainement pas tout dépeindre en rose car des pays traînent à prendre le train de l’AGOA. De même, dans le secteur textile, la levée des quotas par l’OMC constitue une menace. L’Ile Maurice fait face par exemple à une délocatisation de certaines de ses unités industrielles. Il n’a pas su éviter le piège des investisseurs volatils que sont les Asiatiques, prêts à plier bagages sans crier gare.

C’est pourquoi Mme Whitaker exhorte le gouvernement américain à aider l’Afrique afin qu’elle soit concurrentielle dans le domaine du textile. Et cela va "de la cueillette et de l’égrenage du coton à la filature et au tissage". Le Burkina, dans tous les cas, devrait pouvoir s’en sortir puisqu’il mise aussi sur d’autres niches en diversifiant ses produits d’exportation. Mieux, grâce aux missions d’informations, le pays saura éviter les erreurs des premiers bénéficiaires de l’AGOA.

Par Mahorou KANAZOE
Le Pays

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