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Frères !

Publié le mardi 3 septembre 2013 à 20h36min

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Frères !

On va se dire des indélicatesses qui ne peuvent attendre
Nous nous sommes donnés à niquer aller et retour
Et le sourire bêta, nous avons applaudi la dépossession

Frères, langer l’espoir éteint

Hier, une liberté curieuse des attentes rassises
Aujourd’hui, une cireuse paix des mares avilies
Etourdissante ronde des larves de la reine

Frères, trier les sourds douleurs

L’éclair déçoit qui encore tranche les instants
Femmes, hommes, enfants et bêtes chancellent
Et la prunelle vitreuse du bourreau étincelle

Frères, taire les angoisses poisseuses

Les âmes aboient dans les décombres
Et là-bas, dans la ruelle nimbée de pénombre
Les gémissements sans écho s’étirent

Frères, apprendre à mettre un cadenas sur sa bouche

On ne peut dire sans voir virevolter
Le glaive ensanglanté du sadique
Ainsi roulent les chagrins chaque fois veufs

Frères, rester à pleurer l’espérance confisquée

Il est possible d’ignorer les femmes
Pas leurs regards larmoyants d’amertume
Jamais leurs silences où flottent les brisures

Frères, accepter la larme qui perle au coin du cœur

Cheminer dans cette contrée aux sourires cruels
Cette ville de demi-vies habillées d’un jour perverti
Aux ivres recoins où sommeillent des colères ternies

Frères, les regarder éplucher l’avenir

Survivants sans lendemain, se terrer derrière ces murs rabougris
Ces frêles remparts d’un banco toujours provisoire
Là où fermentent des haines inexpliquées

Frères, ce n’est pas crime que de trébucher
Mais c’est crime que de continuer à boire le dédain
C’est crime de persister à se déhancher
C’est crime de toujours trembler et démettre demain
La perpétuelle abdication de nous-mêmes
Nous rend comptables de nos déchirures
L’éternelle soumission est un appel au viol

Sayouba Traoré, Journaliste, Ecrivain

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Vos commentaires

  • Le 3 septembre 2013 à 16:58, par Lakbé En réponse à : Frères !

    Très bel écrit pour symboliser notre tristesse, notre amertume, le risque que nous prenons et le courage dont nous avons tant besoin devant l’adversité présidentielle et compagnie. Que celui qui a des yeux pour lire, le lise, que celui qui a un cerveau pour comprendre, comprenne car nous allons passer à l’action (de la plume à l’affrontement) mais que celui qui ne peut faire ni l’un, ni l’autre continue son chemin et tombe dans l’oubli, car sa parole n’a d’égal que son propre destin, c’est-à-dire le vide.

  • Le 3 septembre 2013 à 17:31, par C2C En réponse à : Frères !

    un poème plein de sens, seul les personnes dotées d’un QI pourront comprendre le bien fondé de cet écrit plein de bon sens et dénoué de toute hypocrisie.

  • Le 3 septembre 2013 à 17:32, par C2C En réponse à : Frères !

    un poème plein de sens, seul les personnes dotées d’un QI pourront comprendre le bien fondé de cet écrit plein de bon sens et dénoué de toute hypocrisie.

  • Le 3 septembre 2013 à 18:46, par Pacco En réponse à : Frères !

    Je suis nul en littérature et en poésie de surcroît mais je trouve que ce poème sonne comme un appel poétique à la révolte. Le message est trop subtil pour la compréhension de la masse dont je fais partie et qui ne souhaite qu’une chose : le CHANGEMENT ! Néanmoins, j’applaudis votre engagement pour ce changement qu’on veut nous confisquer. Je prends du plaisir à lire vos écrits et à vous écouter à la radio. Ne démordez pas d’ardeur et d’inspiration. Demain commence aujourd’hui.

  • Le 3 septembre 2013 à 21:26, par ANJ En réponse à : Frères !

    je constate frere que tu es enfin decide a t’exprimer comme je t’ai connu a l’epoque a Paris.
    Vivement que ca continue.

  • Le 4 septembre 2013 à 04:25 En réponse à : Frères !

    Que de métaphores et de spiritualité dans cette brillante œuvre d’art ! Chaque vers est un texte en soit. L’indignation de l’auteur vis-a-vis de la banalisation de la morale de l’empêche pas de mo,tirer son humanisme et son sens de la tolérance exemplifiés surtout dans la dernière strophe ou il mais en paradoxe le "crime" comme aspect de la manifestation du caractère humain, mais met en garde contre la perpétuation du "crime" qui déshumanise en nous rendant notre animalité éventuelle, toute chose qui peut "fermenter des haines inexpliquées." Et l’auteur de suggérer que la tolérance ne doit pas être prise pour indifférence car "la perpétuelle abdication de nous-mêmes/ Nous rend comptables de nos déchirures", de même que "L’éternelle soumission est un appel au viol", pour ne pas dire a un auto-viol hermaphrodite, ou a de l’auto-sodomisation. Oui de mots forts et laids pour décrire une situation non moins laide.

  • Le 5 septembre 2013 à 00:57, par Fany En réponse à : Frères !

    Sayouba, mon vrai frère. Je n’ai rien compris à ton poème, pourtant, tu sais que je ne suis ni bête, ignare.
    Mon frère, ton adrėnaline monte de plus en plus vite. N’ėcoutes pas ceux qui te flattent avec des "bravo".
    On m’insultera, pas grave car je suis habituė. Toi, ne te laisses pas aller. Pardon !!
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