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Démonétisation : 59 milliards dans la nature

Publié le vendredi 14 janvier 2005 à 07h19min

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La gouverneur de la BCEAO, M. Charles Konan Banny a, le 12 janvier dernier, fait le bilan de l’opération de retrait de la circulation des billets de la gamme 1992.

902 milliards de F CFA ont été retirés de la circulation du 15 septembre 2004 (début officiel de l’opération) au 31 décembre 2004 (la fin de l’opération). Cela représente un taux de récupération de 99,26%. Après analyse des résultats, il ressort que 59 milliards de F CFA sont toujours dans la nature. Ainsi, indique le gouverneur de la BCEAO, "il sera organisé une opération exceptionnelle à caractère social de retrait des billets de la gamme 1992 qui, déjà sont démonétisés". Les détenteurs de ces billets de la gamme 1992 à qui la BCEAO veut donner une seconde chance ne peuvent pas les utiliser au commerce. "Tout ce qu’ils peuvent faire, c’est aller les échanger".

L’opération exceptionnelle de rachat des billets de la gamme 1992 aura lieu du 17 janvier au 18 février 2005. Elle se fera uniquement à travers le réseau de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et le Trésor public dans chacun des 8 pays de l’Union. L’opération comme l’a souligné M. Charles Konan Banny, ne vise pas un taux de récupération de 100%. Car des 59 milliards restants, des billets sont retenus par des collectionneurs tandis que d’autres ont péri dans les incendies (incendie de marché ou de domicile...) ou les naufrages...

Les petites coupures, principale cible

Les analyses à l’issue de la première phase du retrait des billets de la gamme 1992, indiquent également que les petites coupures (les billets de 500 et de 1000F) restent en grande quantité dans la nature. Ces coupures représentent 76% des 59 milliards qui n’ont pas pu être récupérés. Selon les hypothèses de la BCEAO, ces billets se trouveraient dans les zones rurales et entre les mains de petits porteurs. D’où le sens du caractère social de la deuxième opération telle qu’évoqué par le gouverneur.

Du fait de l’insécurité existant dans certaines parties de l’Union, la première phase avait été rendue difficile. A Bouaké par exemple, seulement 132 millions ont été rachetés pendant les trois mois de la première opération. Les autorités de la BCEAO, pour la reprise, disent compter sur tout le monde pour porter l’information partout où il se doit. Cependant, le gouverneur appelle à la vigilance car dit-il, "il n’est pas question de faciliter la tâche aux faussaires".

La pression sera grande reconnaît-il mais, "il faut tenir", a-t-il lancé à l’endroit de tous ceux qui sont chargés de l’opération : "Bien mal acquis ne doit pas profiter à qui ce soit". La prorogation d’une durée d’un mois devra aussi, permettre de "mettre fin à un phénomène de raquette" qui consistait pour certains à faire des spéculations avec l’argent.

A la question de savoir ce qui justifie la rareté des pièces de 200F et de 500F sur le marché, M. Banny a présenté le problème sous un autre angle ! "Les pièces mises en circulation sont utilisées à d’autres fins (...) on a l’impression que c’est de l’or, mais ce n’est pas de l’or". La beauté des pièces, a conclu le gouverneur, fait que les gens les retiennent volontairement pendant un bout de temps avant de les "lâcher". Au journaliste qui s’étonne que le gouverneur n’ait pas fait le bilan des faux billets retrouvés aucours de la seconde phase, Konan Banny, pour ironiser, a dit ceci : "Je ne suis pas un gouverneur de faux billets".

Mais il précise après que 4000 faux billets ont été identifiés pendant l’opération. Revenant sur la fiabilité des billets de l’actuelle gamme, le gouverneur a souligné que "la lutte contre le faux monayage ce n’est pas d’empêcher les gens de faire de faux billets mais c’est de faire en sorte que les populations soient vigilantes afin qu’elles puissent reconnaître et rejeter les faux billets".

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA (rabankhi@yahoo.fr)
Sidwaya

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