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Suspension des œuvres universitaires dans les universités de Ouagadougou : Antenne Social Alerte Burkina dénonce un châtiment collectif

Publié le mercredi 14 août 2013 à 21h39min

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Suspension des œuvres universitaires dans les universités de Ouagadougou : Antenne Social Alerte Burkina dénonce un châtiment collectif

La situation des étudiants expulsés des cités universitaires continue d’alimenter les débats et les analyses. Dans cette déclaration parvenue à notre rédaction, Antenne Social Alert Burkina (ASAB) qui regroupe des organisations de la société civile et des syndicats apporte sa part d’éclairage.

Tout serait parti d’une ‘‘rumeur’’ faisant état de la suspension de toutes les œuvres sociales durant les mois d’août et de septembre pour cause de vacances universitaires. Mieux valant prévenir que guérir les résidents des différentes cités de façon spontanée et courageuse ont dès le 31 juillet tenu à manifester leur mécontentement et leur désapprobation vis à vis d’une telle décision. Ce refus de l’arbitraire s’est traduit par des manifestations de rue et la réquisition de véhicules appartenant à l’Etat gardés en cité comme moyen de pression sur les autorités du Centre National des Œuvres Universitaires (CENOU). Face à cette situation les autorités au lieu d’user de sagesse et de dialogue opteront malheureusement pour la désinformation et la répression. Ainsi, le même jour au journal télévisé de 20 h, le Dr André BATIANA Directeur Général (DG) du CENOU affirmait que les années étaient normales à l’université et que les cours étaient terminés. De quelles universités parle-t-il ? A l’Université de Ouagadougou, même les UFR les plus avancées (SEG, SDS et SJP) n’ont pas encore composé la première session ! Le DG du CENOU affirmait également qu’aucun étudiant ou responsable d’étudiants ne l’avait approché pour poser le problème. Et Pourtant à la demande de l’Association Nationale des Etudiants Burkinabè (ANEB) section de Ouagadougou, le Directeur Régional du CENOU l’a bel et bien reçue dans la matinée du 31 juillet. Durcissant le ton, il sommera les étudiants de quitter impérativement les cités au plus tard le 04 août 2013. Dès le 1er août au soir, la Compagnie républicaine de Sécurité (CRS), la Brigade anti criminalité (BAC) et la Gendarmerie Nationale assiègeront les résidences universitaires et feront abattre une répression barbare sur les étudiants et les populations riveraines. Le bilan est lourd : une dizaine de blessés dont un traumatisé crânien, une cinquantaine de détenus déférés à la Maison d’Arrêt et de Correction de Ouagadougou (MACO), les véhicules immobilisés saccagés ou incendiés, tous les résidents des cités jetés dans la rue. Une partie des étudiants délogés de la cité KOSSODO (la plus importante cité en terme de capacité d’accueil), ne sachant où aller a trouvé refuge au rond-point de l’Union Africaine. Ils seront gazés et pourchassés.

Pour l’ASAB ce comportement des autorités ne se justifie pas. Il s’agit là d’une volonté délibérée du pouvoir de la quatrième république de punir la jeunesse estudiantine une fois de plus pour des raisons inavouées. Le retard dans les universités de Ouaga et de Ouaga II est flagrant. Il date de la répression du mouvement étudiant de Juin 2008. C’est ce retard qui a valu aux enseignants le sacrifice d’un mois de vacances depuis plus de quatre ans. C’est ce même retard qui a amené l’ANEB à demander et obtenir le maintien des œuvres universitaires pendant les soit disant vacances au regard du chevauchement des années académiques. C’est encore ce retard qui a conduit au blanchiment dit technique de l’année 2011- 2012 dans certaines promotions à l’Université. Pourquoi donc subitement ces deux mois de vacances et la suspension des œuvres sociales ? Les étudiants n’ont-ils pas des examens en vue ? L’absence de cours magistraux à l’université signifie-t-elle qu’ils doivent observer un jeûne et dormir dans la rue ? Assurément non ! Le logement, la santé et l’alimentation sont des droits basiques pour tout être humain et tout Etat responsable, fût-il souscripteur des politiques néolibérales se doit de les garantir à sa jeunesse.

Déloger de la sorte les étudiants des cités universitaires et les priver ainsi de nourriture et de soins constitue une violation flagrante des droits élémentaires de l’homme. C’est une provocation outrancière qui ne peut que conduire à la révolte et à des débordements préjudiciables à la paix sociale et dont le gouvernement assume l’entière responsabilité.

L’ASAB, fidèle à sa triple mission de promotion, de protection et de défense des droits sociaux économiques et culturels (droits ECOSOC) :
-  Condamne une telle imposture.
-  Exige la libération immédiate et sans condition de tous les détenus et la réouverture des cités et restaurants universitaires ;
-  Exprime sa solidarité aux étudiants et souhaite un prompt rétablissement aux blessés
-  Se félicite de l’élan de solidarité développé par les populations à l’ endroit des étudiants
-  Tient les autorités pour seules responsables de la situation actuelle.

Ouagadougou le 13 août 2013

La Coordination Nationale

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