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Présidentielle au Mali : Il faut y aller malgré tout

Publié le lundi 22 juillet 2013 à 22h25min

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Présidentielle au Mali : Il faut y aller malgré tout

Recours en report de date devant la Cour constitutionnelle, retrait de candidat, affrontements meurtriers, enlèvement d’agents électoraux, ont émaillé ces derniers jours, le processus électoral en cours au Mali. Mais le discours des autorités de Bamako, chapeautée par celle de la communauté internationale n’a pas évolué : l’élection présidentielle se tiendra le 28 juillet 2013, comme prévu.

Il est aujourd’hui clair que le recours en report de la date du scrutin, introduit par l’ex-candidat – en retrait déclaré le 17 juillet dernier – ne pourra pas rayonner. La Cour trouvera les arguments juridico-politiques pour refuser de trancher dans le sens souhaité par Tiébilé Dramé.

Mieux, tout porte à croire qu’entre impréparation, insécurité, et affrontements, l’élection se tiendra à la date arrêtée. Pourvu le Mali ait un président élu !

Une impréparation des plus inquiétantes

Plus on s’approche du 28 juillet, plus les conséquences de l’impréparation se font jour. Le fichier électoral établi par la Délégation générale aux élections (DGE) comporte de nombreuses défaillances. En effet, sur la base d’un recensement de la population datant de 2009, la DGE a identifié et enregistré 6 829 696 électeurs. Et ce fichier dénombre non seulement 265 000 électeurs à l’étranger contre plus de 700 000 dans l’ancien fichier, mais aussi plus de 20 000 électeurs inscrits sans que l’on connaisse leurs lieux de résidence. Pire, plus de 200 villages ne comptent officiellement qu’un seul électeur ; et plus de 400 villages ne comptabilisent, chacun, que deux, trois, ou quatre électeurs.

A l’intérieur du pays, l’administration n’a pu déployer qu’une seule commission par commune. Beaucoup de villageois éloignés ne se sont pas déplacés pour vérifier s’ils sont bien inscrits.

Les 300 000 Maliens devenus majeurs après le recensement de 2009 n’ont pas pu être intégrés au fichier, faute de temps. Quant aux déplacés et aux réfugiés, ils ont peu de chance de récupérer d’ici le 28 juillet leurs cartes NINA, seul document qui permettra de voter.

Et il est évident que la majorité de la diaspora ne pourra pas voter. En France, les protestations et autres efforts pour l’obtention de la carte d’électeur, ne pourront changer grand’chose, quand on sait la source de leur problème tient à des erreurs commises au dernier recensement effectué en 2010 par les autorités maliennes en France.

A Kidal, la situation est particulièrement pire. En effet, l’administration publique de l’Etat malien n’y est pas encore véritablement opérationnelle, même celle électorale.

Insécurité particulièrement hostile au déroulement du scrutin

A Kidal, des affrontements ont opposé le 18 juillet dernier, jeunes Touaregs pro-Azawad et membres de la communauté songhaï ; bilan, un mort et deux blessés. Et le lendemain, c’est le marché de la ville qui a été pillé et en partie détruit par des flammes.

Et malgré le déploiement de « bidasses » lourdement équipés à Kidal, l’on n’est pas à l’abri d’enlèvements. En tout cas, six personnes, dont des agents électoraux et un élu de la localité malienne de Tessalit, au nord de Kidal, en ont fait les frais le 20 juillet 2013. Elles ont en effet, été kidnappées par des hommes armés, alors qu’elles organisaient la distribution des cartes d’électeurs. Fort heureusement, elles ont toutes été libérées, deux le même jour, et les quatre autres le lendemain. Ce rapt, quoi qu’il en soit, fragilise à tout le moins, le processus électoral.

C’est sans doute un tel climat d’insécurité qui fait peur aux candidats. A une semaine de la tenue effective du scrutin, aucun des 27 candidats en lice n’a encore fait campagne électorale dans la région de Kidal qui compte 11 communes.

Après tout, il importe de travailler à inciter les populations du Nord Mali à aller voter, pour ne pas prêter le flanc à l’exclusion qui ne manquera pas de susciter des contestations de légitimité.

C’est dans ce climat que l’élection présidentielle au Mali se tiendra le 28 juillet 2013 ; pourvu que le processus de sortie de crise ne s’en trouve pas enlisé.

Fulbert Paré

Lefaso.net

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