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Banque mondiale et Secteur secteur agricole au Burkina : Un appui constant et substantiel

Publié le lundi 24 juin 2013 à 22h25min

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Banque mondiale et Secteur secteur agricole au Burkina : Un appui constant et substantiel

Le Burkina Faso est un pays sub-saharien enclavé à faible revenu (moins d’un dollar/jour par habitant), avec peu de ressources naturelles et une population estimée à 16,6 millions d’habitants en 2012. Les performances économiques du pays sont largement tributaires de la production agricole, des exportations du coton et de l’or. Les dernières estimations font ressortir un taux de croissance annuel de 8% en 2012. La relance économique de 2012 est tributaire de la relative bonne pluviométrie avec pour conséquence une augmentation de la production agricole de près de 30%.

Incontestablement, le secteur rural occupe une place prépondérante dans l’économie du pays ; il emploie 86% de la population totale. Environ 34% du PIB provient des activités agricoles (agriculture 18%, élevage 11% et foresterie et pêche 3%). La croissance agricole au Burkina ces 10 dernières années reste tout de même relativement faible en terme réel, de l’ordre de 3% en moyenne par an.

Défis

La persistance de l’insécurité alimentaire et économique des ménages ruraux est la résultante des facteurs tels que la vulnérabilité due aux aléas climatiques, l’accroissement insuffisant de la productivité agricole, la dégradation continue des ressources naturelles et la faible diversification des revenus. Pour pallier cela, le gouvernement a mis en œuvre une série de réformes visant à créer les bases d’une croissance accélérée, en améliorant les conditions de vie des populations et en élaborant un document de stratégie de développement rural à l’horizon 2015.

Le gouvernement est aidé en cela par plusieurs partenaires au développement dont la Banque mondiale qui intervient au Burkina par le biais de l’Association internationale de développement (IDA), son guichet dédié aux pays les plus pauvres. Sa nouvelle Stratégie de partenariat pays 2013-2016 (CPS en anglais) en cours de finalisation est alignée avec les priorités énoncées dans la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD) du gouvernement. Cette nouvelle stratégie consolidera les principaux résultats obtenus dans la précédente stratégie dans laquelle le secteur développement rural occupait une place de choix.

Contribution de 100 milliards de la Banque mondiale

Conformément à la Stratégie d’Appui-Pays (SAP) qui a couvert la période 2009-2012, la Banque mondiale a travaillé à obtenir des résultats tangibles dans le secteur du développement agricole et rural. D’un montant de près de 100 milliards de FCFA soit environ 20 % de l’engagement global de la Banque au Burkina, la performance du portefeuille développement rural est jugée globalement satisfaisante.
Le portefeuille Développement rural de la Banque mondiale est composé du « Projet d’appui aux filières agro-sylvo-pastorales (PAFASP) », du Projet d’amélioration de la productivité agricole et de la sécurité alimentaire (PAPSA), du Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO) et du Programme national de gestion des terroirs phase 2 (PNGT2).

Pour un maximum de synergie dans la mise en œuvre de ces projets, la Banque mondiale et les ministères de tutelle de ces projets ont institué des missions de supervisions conjointes. La dernière s’est tenue du 1er au 13 février 2013. Pour Alphonse Bonou, conseiller technique du Ministère de l’agriculture et de la sécurité alimentaire, « il fallait aller vers une mission de supervision conjointe qui couvre les quatre projets parce qu’ils évoluent tous dans le monde rural ». Au-delà de cette appartenance au même secteur, ces projets et programmes couvrent les différents maillons de la chaîne de production.

Ainsi, de la production à la commercialisation en passant par le transport et la transformation, chacun des projets joue sa partition. Pour Nabil Chaherli, Coordonnateur du Département du Développement Durable pour le Benin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et le Togo/ et chef de mission du côté de la Banque, « les résultats atteints sont satisfaisants en dépit des difficultés liées à la capitalisation des résultats et impacts, et aux procédures de passation de marchés entre autres ». Cette mission conjointe a été l’occasion pour Nabil Chaherli de réaffirmer l’engagement de la Banque mondiale à accompagner le Burkina Faso dans son développement agricole et rural.

PNGT : L’espoir d’un développement endogène

Le PNGT est devenu au fil des années, une véritable « institution » au service du développement rural décentralisé. Il est également un exemple d’appropriation de la gestion communautaire des ressources naturelles.
L’appropriation de la gestion communautaire des ressources naturelles est un facteur clé de réalisation du développement rural. Le PNGT2 a servi à expérimenter et à ancrer la pratique de la maîtrise d’ouvrage au niveau des communes rurales à travers l’appui à la mise en place d’un important dispositif de renforcement des capacités et la mise au point d’un mécanisme opérationnel de financement du développement local. Ce projet aura sans doute permis de mettre en évidence la capacité qu’ont les collectivités territoriales à s’autogérer à travers la maîtrise d’ouvrage locale.

Pendant la première phase qui a été exécutée de 2002 à 2007, le PNGT2 a testé en phase pilote, la mise en œuvre de la loi portant Réorganisation agraire et foncière et capitalisé les expériences en matière de sécurisation foncière en milieu rural. Cela a permis d’alimenter les réflexions au niveau national pour conclure à la nécessité d’une législation foncière spécifique adaptée aux réalités rurales.

Au cours de la seconde phase mise en œuvre de 2007 à 2013, le PNGT2 a soutenu, en partenariat étroit avec le Millenium Challenge Account (MCA), la Direction générale du foncier et de l’Organisation du monde mural (DGFOMR) pour la formulation de la Politique nationale, de la loi et des textes règlementaires relatifs à la sécurisation foncière en milieu rural ainsi que des outils opérationnels de mise en œuvre de la loi.

Pour la troisième phase prévue de 2013 à 2018, le Programme poursuivra son soutien à la DGFOMR pour le parachèvement du dispositif règlementaire et opérationnel, ainsi que pour le suivi de la mise en œuvre de la loi sur le terrain, la capitalisation et l’initiation de mesures correctives éventuelles ; un objectif fixé de 150 communes rurales à accompagner pour la mise en place des services fonciers ruraux, leurs équipements, l’appui en ressources humaines de façon à assurer la fonctionnalité et l’effectivité de l’application de la loi sur le sécurisation foncière en milieu rural.

Le PNGT est au centre de la gouvernance locale en ce sens qu’à travers ce programme, ce sont des structures et institutions locales sur l’ensemble du territoire national qui ont d’une part bénéficié de renforcement soutenu de leurs capacités, et d’autre part démontré leur capacité dans la planification et la gestion du développement local. Aujourd’hui, les 302 communes rurales du Burkina Faso rivalisent de vitalité dans la gestion du développement local au service de leurs citoyens.

En investissement, le PNGT dans ses deux premières phases a financé la réalisation de plus de 30.000 microprojets communautaires (villageois et communaux) dans tous les domaines du développement : eau, éducation, santé, agriculture, foresterie, élevage, etc.

PAFASP ou la production agro-sylvo-pastorale orientée vers le marché
Les résultats atteints à ce jour sont appréciables. Concernant les exportations des filières ciblées hormis le coton, la tendance est à la hausse selon les acteurs, même si les données pour l’année 2012 ne sont pas encore disponibles. Ainsi, en fin 2011, les exportations sur le marché international ont atteint 39200 tonnes contre 35000 tonnes prévues en fin de projet et les exportations dans la sous-région se sont élevées à 77 400 tonnes contre 20 000 tonnes attendues en fin de projet.

Le nombre de microprojets mis en œuvre au 31 décembre 2012 s’élève à 2575 pour une prévision de 2500 attendus en fin de projet. Au total, à travers le fonds de promotion des filières, 7,5 milliards de francs CFA ont été accordés aux promoteurs pour le financement des activités des microprojets. Le financement de l’investissement agricole à fonds partagés à travers les microprojets a été complété par des appuis en renforcement des capacités ayant permis à 8215 acteurs dont 25% de femmes et jeunes de bénéficier de formations diverses pour une meilleure efficacité dans la conduite de leurs activités.

Au titre du renforcement institutionnel, le projet a permis des avancées majeures en matière d’organisation et de structuration professionnelle et interprofessionnelle des filières ciblées.

En effet, il a aidé avec succès les quatre filières ciblées (mangue, oignon, bétail-viande, volaille locale) à se doter chacune d’une interprofession et d’organisations professionnelles faîtières au niveau des différents maillons. Le projet, en collaboration avec d’autres projets et services, a conduit le processus de réflexion qui a abouti à l’adoption le 30 octobre 2012 de la loi portant règlementation des organisations interprofessionnelles des filières agricoles, sylvicoles, pastorales, halieutiques et fauniques au Burkina Faso.

L’analyse d’un échantillon de 146 microprojets (micro-entreprises) sur plus de de 2575 cofinancés a montré que 40% des bénéficiaires des microprojets ont augmenté leur revenu d’au moins 50% par rapport à leur situation de référence.

Mieux impliquer le secteur privé dans la distribution des intrants
Le PAPSA a pour objectifs d’améliorer la capacité des producteurs à accroître les productions vivrières tout en assurant leur disponibilité sur le marché toute l’année. Il couvre les 13 régions du Burkina.
Dans le cadre de l’exécution de ce projet, l’Association des grossistes et détaillants agricoles (AGRODIA) a été associée à un mécanisme alternatif, initié pour la distribution de l’engrais acquis pour les activités de production végétale à travers un programme pilote.

La signature de convention avec le PAPSA a permis la distribution de 810 tonnes d’engrais subventionnés aux producteurs et de collecter 100% de la contrepartie de producteurs, estimée à plus de 213 millions de FCFA. Environ 97% des bénéficiaires sont des petits producteurs qui ont utilisé les engrais subventionnés sur près de 5 000 ha de cultures dont 68% en maïs, 32% en riz et environ 1% en niébé.

En outre, dans le cadre de l’exécution de ce programme, le lancement de la campagne annuelle de vaccination de la volaille contre la maladie de New Castle a permis la vaccination de plus de 10 000 000 volailles sur l’ensemble des 13 régions, ce qui a permis (avec l’effet conjugué de l’amélioration de l’habitat) d’atteindre des taux d’éclosion de plus de 90% et une chute des mortalités des jeunes en dessous de 25% dans les poulaillers de démonstration construits ; (iii) l’insémination artificielle de 2469 vaches au cours de l’année 2012.

PPAAO, un outil d’intégration régionale

Le Programme de Productivité Agricole en Afrique de l’Ouest en abrégé « PPAAO » plus connu sous son acronyme anglais WAAPP initié par la CEDEAO avec l’appui financier de la Banque mondiale a été conçu avec pour objectif majeur de générer et de diffuser des technologies améliorées pour l’intensification durable des productions agricoles dans un contexte de coopération scientifique régionale en vue de contribuer à l’augmentation de la productivité agricole dans les filières majeures identifiées. La perspective globale est que chaque pays puisse héberger à terme, un centre d’excellence sur des filières dont il aura la charge. Le Burkina Faso s’est positionné pour héberger le centre d’excellence « Fruits et Légumes ».

Aussi, l’approche adoptée pour le projet repose d’une part, sur l’intégration et l’harmonisation des règlementations agricoles nationales et d’autre part, sur l’établissement de liens étroits entre la recherche, la vulgarisation, les producteurs et les opérateurs privés.

Ce faisant, le WAAPP travaille à établir la collaboration, qui manque souvent, entre les chercheurs, les services d’appui conseils et les universités afin de leur permettre de travailler en partenariat avec les producteurs agricoles, le secteur privé et la société civile pour mieux répondre de façon globale aux besoins et aux opportunités pour l’innovation dans le secteur. Cette démarche qui implique tous les acteurs de la recherche et du développement sans exclusion, constitue l’une des originalités du WAAPP.

240 millions de F CFA pour 6 projets

A travers son mécanisme de financement des projets de recherche sur base compétitive (le Fonds Compétitif National), les promoteurs des six premiers projets sélectionnés sur seize en compétition ont reçu chacun, un chèque de quarante millions de francs CFA en mars 2013 dernier à Ouagadougou, marquant le lancement officiel des projets. D’un coût global de 240 millions de francs CFA, les porteurs des projets sélectionnés ont trois ans pour produire des technologies immédiatement utilisables par les populations dans l’optique d’une augmentation de la productivité agricole et pastorale.

Les projets sélectionnés sont :
-  Exploitation de la variabilité génétique dans la lutte contre les parasitoses gastro-intestinales chez les races locales ovines du Burkina Faso. (Institut de l’environnement et de recherche agricole (INERA) ;
-  Amélioration de la compétitivité du beurre de karité. (Université de Ouagadougou) ;
-  Valorisation en milieu paysan des acquis de la recherche pour lutter contre la dégradation et le vieillissement des peuplements de karités en fonction de la zone climatique au Burkina Faso (INERA) ;
-  Amélioration du procédé et équipements d’étuvage du riz local. (Institut de recherche en sciences appliquées et technologies (IRSAT) ;
-  Le Système de riziculture intensive (SRI) : une nouvelle approche de la gestion intégrée de la culture du riz (INERA) ;
-  Accroître la rentabilité financière des cultures fourragères pour l’amélioration des productions animales au Burkina Faso (INERA).

Perspectives

La Banque a une longue expérience dans l’appui au développement rural au Burkina Faso. Déjà, de 1995 à 2006, elle a financé cinq six projets : i) le Projet de Gestion des Ressources naturelles qui a initié et développé l’approche Gestion des Terroirs ; ii) le Projet pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle au Burkina abordant les questions de la sécurité alimentaire, en élaborant des systèmes d’éducation en matière de nutrition, de filets sociaux de protection, de prévention et d’information sur le marché ; iii) le DIPAC (le Projet de Développement de l’Irrigation Privée et Activités Connexes) ; (iv) le PNDSA II (Second Projet National de Développement des Services Agricoles), v) la première phase de PNGT I (Premier Programme National de Gestion des Terroirs) et vi)le PAGEN (Projet de Partenariat pour l’Amélioration de la Gestion des Ecosystèmes Naturels).

Dans la stratégie nationale de développement rural à l’horizon 2015, la vision retenue est l’avènement d’un monde rural moins pauvre, jouissant d’une sécurité alimentaire durable grâce à :
-  l’accroissement des productions agricoles, pastorales, halieutiques, forestières et fauniques, basé sur l’amélioration de la productivité ;
-  l’augmentation des revenus due à une plus grande intégration de l’économie de marché et à une diversification des activités économiques en milieu rural ;
-  la modernisation de l’agriculture familiale ;
-  la diversification et la spécialisation régionales des productions ;
-  la gestion durable des ressources naturelles et des écosystèmes.

L’appui technique et financier de la Banque mondiale dans le secteur rural est destiné à consolider les progrès accomplis dans le cadre de la stratégie nationale de développement rural avec pour objectif d’assurer une croissance soutenue du secteur rural en vue de contribuer à la lutte contre la pauvreté, au renforcement de la sécurité alimentaire et à la promotion d’un développement durable. En accordant un don de 70 millions de dollars US au Burkina Faso en décembre 2012 pour la 3ème phase du PNGT, la Banque mondiale réaffirme son soutien aux programmes de développement rural et de gestion durable des terres et des forêts au Burkina.

www.worldbank.org

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Vos commentaires

  • Le 27 juin 2013 à 11:58, par actuchange En réponse à : Banque mondiale et Secteur secteur agricole au Burkina : Un appui constant et substantiel

    je n’approuve pas le mécanisme de distribution des engrais avec AGRODIA. qu’apporte AGRODIA de nouveau ? Comment des commerçants vont assurer la distribution des engrais ? La famille d’un berger peut -elle refuser de consommer le lait produit par son troupeau ?
    que fera l’encadrement s’il doit souffrit aux cheveux des producteurs sans moyens ?
    les agents abattent des efforts pour l’atteinte des résultats avec le PAPSA, mais ne comprennent pas le choix du projet.
    quand les moyens seront épuises , on retournera vers ses mêmes agents. Qui assurera la continuité de l’après projet sur le terrain ?
    Votre position est à revoir

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