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Règlementation de l’orpaillage au Burkina : Le ministre en charge des mines interpelé

Publié le lundi 17 juin 2013 à 22h35min

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Règlementation de l’orpaillage au Burkina : Le ministre en charge des mines interpelé

Répondant à une question orale sans débat à l’hémicycle le 24 mai 2013 relativement à la règlementation de l’activité d’orpaillage, le ministre Lamoussa Salif Kaboré note au passage que cette activité ne peut être interdite, avant de préciser qu’actuellement, la règlementation prévoit l’encadrement des sites par des opérateurs autorisés.

Dans le cadre du contrôle de l’action gouvernementale prévu à l’article 84 de notre Constitution, les députés disposent du pouvoir d’interpeler les ministres à travers des questions d’actualité, des questions orales avec ou sans débat. Sur la base de l’un quelconque de ces types de question, le ou les ministres interpelés ont l’obligation de répondre.

Et avec la question orale sans débat, le ministre interpelé vient présenter ses éléments de réponse à l’hémicycle sans avoir à répondre à d’autres questions pouvant surgir dans le cadre d’un débat, puisqu’un tel débat est même exclu en pareil cas. Il en a été ainsi le 24 mai dernier avec le ministre des mines et énergie, répondant à une question qui lui a été posée par le député Tamini/ Bihoun Pascaline.

En effet, note-elle à l’attention du ministre, « au regard des avantages de l’orpaillage artisanal tels la création de revenus pour les populations et la lutte contre le chômage des jeunes, comment le gouvernement peut entreprendre la réglementation de ce secteur tout en sauvegardant le niveau de vie des populations concernées ? »

Dans sa réponse, le ministre dira en guise de conclusion que « pour répondre à la question de l’Honorable Député Pascaline TAMINI, on peut dire que pratiquer l’orpaillage dans le respect de la réglementation nationale permet effectivement de procurer des revenus et dans une moindre mesure réduire le chômage des jeunes ruraux ». Telle est donc la réponse du ministre Salif Kaboré à cette question d’une clarté franche et dont la réponse appropriée intéresse plus d’un.

Mais l’on peut bien s’étonner de savoir que l’auteure de la question ait été satisfaite. En effet, l’on est fondé à s’attendre à ce que le ministre présente la stratégie de son département dans l’élaboration d’une réglementation qui tienne compte effectivement des intérêts des populations qui pratiquent l’orpaillage ou qui sont riveraines des sites d’orpaillage. Question mal comprise ou fuite en avant ? L’on peut bien se demander.

Néanmoins dans son argumentaire, le ministre relève que « la réglementation nationale actuelle prévoit un encadrement des sites d’orpaillage par des opérateurs nationaux auxquels il est délivré une autorisation d’exploitation artisanale par l’administration des mines ». Soit ! D’où vient alors le désordre qui sévit dans ce secteur d’activité ?

Silence, on réfléchit !

Le moins que l’on puisse dire à ce jour, c’est qu’une nouvelle réglementation qui soit ferme mais souple, s’impose. Et c’est sans doute dans le souci d’être située sur les démarches concrètes et actuelles pour l’effectivité d’une telle réglementation que le député Pascaline a posé cette question orale d’intérêt national.

Au mieux, il faut encore se contenter d’une annonce de réflexion. « … au niveau de mon département, nous réfléchissons à un cadre réglementaire amélioré du secteur de l’orpaillage de sorte à prendre en compte les intérêts des orpailleurs, des collectivités qui abritent les sites et de l’Etat », a annoncé le ministre Salif Kaboré dans ses développements. Bonne annonce ? Peut-être pour le moral encore.

Si l’on convient que « gouverner, c’est prévoir », l’on comprend difficilement que ce soit maintenant qu’une réflexion serait en cours, pour améliorer un cadre réglementaire que l’on devrait depuis longtemps savoir inadapté. Cela, d’autant plus que le phénomène de l’orpaillage est depuis longtemps, surtout décrié au regard surtout de son cortège de malheurs qui ont pour nom éboulement sur des orpailleurs qui se trouvent ainsi engloutis à jamais, banditisme, prostitution, consommation de drogue, abandon d’école par des élèves, pollution, dégradation du couvert végétal, etc.

L’orpaillage ne peut être interdit

L’orpaillage fait suite à un constat ou à un soupçon d’existence de l’or dans un espace donné. Un tel espace se trouvera ainsi creusé, sinon perforé – à la main notamment- à des centaines de mètres en profondeur, dans l’espoir de glaner quelques kyrielles du métal précieux. C’est donc dire que l’orpaillage est une activité qui naît par spontanéité à tel ou tel endroit et d’un jour à l’autre.

Cette spontanéité finit de convaincre sur le caractère informel de l’activité pourtant juteuse, du moins pour nombre d’orpailleurs. En effet, l’argument majeur qu’avancent les orpailleurs se rapporte à la recherche de revenus monétaires pour faire face au coût de la vie. Sans doute que beaucoup y gagnent leur pain. En tout cas, l’orpaillage occupe de nos jours plus d’un millions de personnes sur plus de 600 sites répartis à travers le territoire national. Source de revenus et réducteur du chômage ? Ça y ressemble !

L’interdire, serait perçu par les orpailleurs comme une provocation. Ce qui est à tout le moins prévisible, ce sont les tensions sociales, sinon les soulèvements populaires que son interdiction pure et simple peut provoquer.
C’est pourquoi la réglementation de cette activité ne devra pas viser à priver les orpailleurs de leur source de revenus. Elle gagnerait mieux à les encourager à exercer leur activité à travers un schéma organisationnel et selon des règles clairement établies, donc en toute légalité. Et sa mise en œuvre devra être précédée d’une large et suffisante communication à l’endroit notamment des populations cibles.

Fulbert Paré

Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 18 juin 2013 à 06:34, par AT En réponse à : Règlementation de l’orpaillage au Burkina : Le ministre en charge des mines interpelé

    Il y a lieu de relativiser les propos du ministre s’il en est bien sûr l’auteur par rapport à l’activité d’orpaillage. Dans les zones faisant l’objet de permis d’exploration et/ou d’exploitation industrielle, cette forme d’activité (orpaillage) est purement et simplement interdite par les textes officiels en vigueur. La réalité est qu’on ferme parfois les yeux lorque ces textes sont violés pour des raisons politiques et/ou sociales. Dans les régions arides par exemple, les populations ne peuvent pas compter uniquement sur l’agriculture et l’élevage pour survivre. L’aide internationale se raréfie de nos jours. L’orpaillage dans ces zones constitue une aubaine pour beaucoup de familles. l’enjeu de nos jours est de trouver les voies et moyens pour accompagner les acteurs dans ce domaine à formaliser leur activité dans le respect de la santé de la sécurité et de l’environnement.

  • Le 18 juin 2013 à 07:18, par Alexio En réponse à : Règlementation de l’orpaillage au Burkina : Le ministre en charge des mines interpelé

    L orpaillage devrait etre interdit parce que l or la appartient a toute la nation. Pourqoi d autres burkinabe en profitent de ce metal presieux que d autres ?

    • Le 18 juin 2013 à 09:47, par Maï En réponse à : Règlementation de l’orpaillage au Burkina : Le ministre en charge des mines interpelé

      La terre appartient aussi à toute la nation non ? pourquoi l’agriculture n’est pas interdite . Si vous arrivez dans las sites d’orpaillage vous admirerez la bravoure des orpailleurs. Ils surmontent tous ces risques pour pourvoir au besoin de leur famille. je pense qu’interdire l’orpaillage n’est pas une bonne chose mais peut être nous pourrons penser à comment sensibiliser ces gens pour les préserver des maux qui habitent dans les sites d’orpaillage. Je suis d’accord avec le journaliste ce sont des actions qui devaient être faites depuis longtemps nos dirigeants ne prévoient pas les choses c’est quant la OSC les pressent qu’ils se lèvent pour soit disant réfléchir.

    • Le 18 juin 2013 à 17:37, par le type En réponse à : Règlementation de l’orpaillage au Burkina : Le ministre en charge des mines interpelé

      ce alexio est un jaloux, peut etre q un orpailleur a arraché sa go

  • Le 18 juin 2013 à 07:45, par Le laic En réponse à : Règlementation de l’orpaillage au Burkina : Le ministre en charge des mines interpelé

    Silence, on dort, oui !

  • Le 18 juin 2013 à 09:31 En réponse à : Règlementation de l’orpaillage au Burkina : Le ministre en charge des mines interpelé

    On tue à petit feu les burkinabè avec cet orpaillage avec les dégâts invraisemblable sur l’environnement (pollution...) et sur la santé de ces orpailleurs sans compter le nombre élevé de pertes en vie au fond des trous. Combien d’orpailleurs deviennent des fous au bout de quelques années pour s’être drogués pour travailler au fond des trous. Ce travail est d’ailleurs totalement inhumain et digne des travaux forcés sans compter l’exploitation éhontée des enfants. Est-ce que ce million de personnes qui mènent cette activité vivent mieux qu’avant ? pas sûr pour la plupart ; sans compter que la production agricole familiale en pâtit beaucoup (problème aggravée de soudure). Ces sites favorisent tous les trafics du monde (délinquance, prostitution, drogue, exploitation des enfants...) et une bonne partie des enfants ne vont plus à l’école. Ce n’est pas de cette façon archaïque de gérer l’orpaillage que l’on va émerger sauf pour quelques uns qui s’en mettent plein les poches.

    • Le 18 juin 2013 à 12:05 En réponse à : Règlementation de l’orpaillage au Burkina : Le ministre en charge des mines interpelé

      Anas
      Slt à tous
      On ne peut pas interdire l’orpaillage au Burkina ; même si on envoyait toute la police sur les sites d’orpaillage on y pourra rien. Il s’agit de travailler à contenir les effets et même cela n’est pas chose aisée quand vous allez sur le terrain. Le monde de l’orpaillage est un autre monde et vous avez lu dans la presse qu’à leur dernière assemblée générale les orpailleurs ont déclaré ne plus vouloir les comptoirs d’achat et de commercialisation de l’or ; alors que ce sont ces comptoirs qui sont chargés de l’encadrement des sites pour éviter l’utilisation des produits chimiques comme le mercure et le cyanure.
      Je pense que le ministre a repondu à la question de la député et le journaliste même le montre par ses extraits. Il n’a pas beaucoup détaillé, je suis d’accord, mais de là à dire que c’est une fuite en avant, je ne crois pas.

    • Le 18 juin 2013 à 19:26, par Zougnazenk En réponse à : Règlementation de l’orpaillage au Burkina : Le ministre en charge des mines interpelé

      c’est un veritable catastrophe ecologique et sanitaire qui va bientôt déclencher au burkina quand vous voyez la manière dont ces orpailleurs manipulent les produits dangeureux comme le cyanure le mercure au fait qui leur procure tous ces produits dangeureux ?

  • Le 18 juin 2013 à 11:15 En réponse à : Règlementation de l’orpaillage au Burkina : Le ministre en charge des mines interpelé

    Une des conséquences de l’orpaillage au Burkina est la paupérisation des fonctionnaires. Plus rien n’est à leur portée. "même le piment, il est cher" ! Si l’on considère que ce phénomène est devenu national, il y a lieu se s’inquiéter sérieusement pour les fonctionnaires. Avant considérés comme des nantis, ils sont devenus les plus misérables et font parfois l’objet de sarcasmes lorsqu’ils s’étonnent devant l’exagération des prix des marchandises. Il y a des localités où la barrique d’eau vaut 1000 à 2000 Fcfa ! Comment permettre à ces travailleurs de continuer à travailler correctement dans un environnement de plus en plus hostile quant à leur rémunération devrait être une vraie question de réflexion pour nos gouvernants.

  • Le 18 juin 2013 à 12:27, par Ben Sirac En réponse à : Règlementation de l’orpaillage au Burkina : Le ministre en charge des mines interpelé

    L’orpaillage ne peut être interdit certes,mais que fait l’Etat de ces orpailleurs qui exploitent impunément les zones données en bon et du forme aux sociétés minières. N’est ce pas une fuite de responsabilité ? lorsqu’on sait que des milliers de millions que ces dernières déboursent de l’autorisation jusqu’à l’importation en passant par l’exploitation. Ces sommes sont censées servir à ces même populations.

  • Le 18 juin 2013 à 12:42, par wenceslas En réponse à : Règlementation de l’orpaillage au Burkina : Le ministre en charge des mines interpelé

    Pour mieux comprendre l’intérêt égoïste de nos dirigeant, jetez un coup d’œil sur ce site. africaintelligence.fr et tapez Burkina Faso : l’eldorado des anciens ministres

    • Le 18 juin 2013 à 18:08, par Jean de jean En réponse à : Règlementation de l’orpaillage au Burkina : Le ministre en charge des mines interpelé

      J’ai jeté un coup d’oeil sur ce site et je n’ai rien vu d’intéressant.Ce que j’ai vu par contre,c’est des gens qui ont des compétences et des relations professionnelles qu’elles mettent ou ont mis au profit de sociétés minières.Où est le problème ? Moi,je pense que ce populisme dangereux que certaines personnes malveillantes veulent à tout prix servir aux burkinabè est dépassé.Alors,stop !Sinon......

  • Le 19 juin 2013 à 09:24, par Bandjougou En réponse à : Règlementation de l’orpaillage au Burkina : Le ministre en charge des mines interpelé

    Mr le Ministre pour mettre fin a cette activité il faut que les retombés profitent aux populations sinon mon cher votre lutte n’aboutira jamais.Merçi

    • Le 19 juin 2013 à 15:49, par aristote En réponse à : Règlementation de l’orpaillage au Burkina : Le ministre en charge des mines interpelé

      C’est la même chose pour l’or L’espoir tant attendu et le grand espoir s’est envolé. Beaucoup d’agents du MRSI avaient été réjouis de la constitution d’un ministère plein afin de travailler a ce que la recherche dans tous les domaines constituent le moteur du developpement. Mais force est de constater que les responsables du MRSI et de l’INERA au lieu de rassembler font tout le contraire. Un ministre qui en l’espace de 2 ans a traumatisé son sécrétaire générale et sa DRH, humiliées sans ménagement. Les agents anciennement en service au ministère de la culture avec des masters et des maîtrises n’ont pas de prime de participation à la recherche et ceux ayant le CEPE en disposent. La seule prouesse est d’étoffer le ministère avec les gens de sa région. Et que dire de l’INERA, le directeur actuel se complait dans le laissez aller, les nominations de complaisance sans autre critère que l’appartenance clanique, l’acharnement administratif contre les chercheurs qui gagnent des postes internationaux. Un monsieur qui se comporte comme au temps du despotisme éclairé.C’est le spécialiste des crises d’urticaire.Dans les centres régionaux de recherche, les deals dans la production des semences font rage au détruiment de la qualité des semences. La foire aux semences a mis a nu la qualité douteuse de certaines semences de variétés végétales. Tout sera mis à nu un jour. Ah, j’oublais, l’application des textes est à géométrie variable. Des chercheurs retrogradés depuis 1992 ingénieurs de recherche ont déposé leurs dossiers de CAMES… Vivement que les élections des directeurs d’instituts arrivent vite.

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