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Lettre ouverte au ministre de la Fonction publique, du travail et de la sécurité sociale : Deux technologistes biomédicaux demandent justice pour leur corps

Publié le lundi 17 juin 2013 à 21h11min

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Dans cette lettre ouverte, BLAMALI IRA et BANDAOGO OUSSENI crient leur ras-le-bol face à ce qu’ils considèrent comme une injustice tenant à l’exigence du diplôme de Licence au concours professionnel de Techniciens médicaux, session 2013.

Monsieur le Ministre, nous sommes Technologistes Biomédicaux et nous voudrions à travers ces quelques lignes, vous transcrire notre douleur, notre indignation dans de l’encre. Nous sommes convaincus que vous aurez mesuré la teneur de cette indignation avant même d’avoir parcouru 3 de ces lignes.

Monsieur le Ministre, vous n’êtes pas sans savoir la souffrance endurée par les Technologistes Biomédicaux dans ce pays où les droits du travailleur sont en tout état de cause respectés, notamment le droit à tout travailleur d’évoluer dans sa carrière quand celui-ci dispose de ressources intellectuelles et techniques pour le faire.

En rappel, notons que le corps du Technologiste Biomédical, anciennement Techniciens de Laboratoire, a été et est toujours, volontairement bloqué à l’état actuel, c’est-à-dire sans possibilité aucune, d’accès à un concours professionnel et ce, par la bénédiction de ceux qui hasardeusement se sont vus confier les clés des laboratoires d’analyses biomédicales.

N’est-ce pas en 2009 qu’il a été pris en compte la doléance du reclassement des Techniciens de Laboratoires en catégorie A3 ?

En effet, ce n’était que de la poudre aux yeux car cela n’a guère corrigé l’injustice qui nous est faite depuis que ce corps existe. On pourra nous brandir le communiqué de recrutement de cinq Biologistes Médicaux au cours de cette année 2013 pour nous stopper dans ce récit. Et pourtant ! Concours à l’endroit des Technologistes Biomédicaux, il n’y en a jamais eu.

Voyez-vous Monsieur le Ministre, les candidats au concours de Technologistes Biomédicaux sont admis à l’Ecole Nationale de Santé Publique(Ouagadougou) avec diplôme académique requis, le Baccalauréat série scientifique et soumis à un programme de 3 ans, programme d’enseignement dont nous vous laissons le soin d’apprécier.

Comme nous le rappelions tantôt, le Burkina Faso étant un Etat de droit, ceux qui nous ont maintenu dans le statu quo, ont une fois de plus réaffirmé leur engagement à ne voir aucun agent de ce corps jouir du droit à la promotion, ils ont scindé le corps en deux entités, une légale et l’autre illégale (dont nous sommes les produits). Pour cela, ils ont rendu justice à cette première catégorie de Technologistes Biomédicaux par le biais d’un concours dit professionnel fabriqué sur mesure, leur ouvrant ainsi une fenêtre afin qu’ils ne subissent pas le même sort que nous, justement parce que nous autres avons eu la malchance d’avoir accédé au corps de Technologiste Biomédical par la voie normale, c’est-à-dire par le canal de recrutement de Technologistes Biomédicaux comme tout autre agent de la fonction publique.

Pourquoi un concours taillé sur mesure ? Oui, un concours taillé sur mesure, c’est bien de cela qu’il s’agit sinon, on n’aurait pas exigé une licence pour prendre part à un concours professionnel quand on sait que le Technologiste Biomédical n’a que son Baccalauréat (diplôme avec lequel il a été recruté) et son diplôme de Technologiste Biomédical.

Et passons sous silence le nombre très réduit (Cinq) qui en dit long. J’espère que vous avez une explication à cela mais, nous en doutons fort. Pourquoi, vise-t-on particulièrement ce corps ? Ça ressemble fidèlement à une volonté manifeste de nous marcher dessus encore et toujours, en toute impunité.

Monsieur le ministre, à moins que le gouvernement à travers votre ministère et notre ministère de tutelle ne soit complice de cette injustice en tordant le cou à la loi. Le décret N° 2006 – 463 / PRES/PM/MFPRE/ portant organisation des emplois spécifiques du ministère de la santé pris en conseil de ministre le 25 septembre 2006 sous la présidence de son excellence monsieur Blaise COMPAORE est sans équivoque en ce qui concerne les conditions et les modalités de recrutement des Biologistes médicaux où il n’est jamais fait mention d’une quelconque licence. Jugez-en vous-même :

CHAPITRE XV : DE L’EMPLOI DE BIOLOGISTE MEDICAL

Section 1 : Attributions

Article 80 : L’emploi de Biologiste médical comprend les attributions suivantes :

- effectuer les prélèvements spéciaux ;
- effectuer les analyses complexes de laboratoire ;
- valider les actes professionnels aux différentes étapes de la réalisation de l’analyse ;
- contrôler la qualité de l’exécution ;
- superviser les activités des technologistes biomédicaux ;
- collaborer à la recherche en santé ;
- encadrer les stagiaires ;
- analyser les données statistiques.

Section 2 : Modes et conditions d’accès

Article 81 : Les personnels recrutés pour exercer l’emploi de Biologiste médical sont appelés Biologistes médicaux.

Article 82 : Les Biologistes médicaux se recrutent :

1) sur titre parmi les élèves Biologistes médicaux titulaires du Diplôme d’Etudes Approfondies (DEA), du Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées (DESS) en Sciences biologiques, biochimiques ou biophysiques ou de tout autre diplôme reconnu équivalent.

L’accès au cycle de formation de Biologiste médical se fait par concours professionnel ouvert par arrêté du Ministre chargé de la Fonction publique aux Technologistes biomédicaux titulaires du Baccalauréat, remplissant les conditions d’âge fixées par les textes en vigueur et justifiant d’une ancienneté de cinq (5) ans dans l’Administration dont trois (3) ans dans l’exercice effectif de l’emploi de Technologiste biomédical.

La durée de la formation est d’au moins dix-huit (18) mois.

2) par concours direct ouvert par arrêté du Ministre chargé de la Fonction publique aux candidats remplissant les conditions générales de recrutement prévues aux articles 10 et 11 de la loi n°013/98/AN du 28 avril 1998 portant régime juridique applicable aux emplois et aux agents de la Fonction publique et titulaires du Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées (DESS) ou du Diplôme d’Etudes Approfondies (DEA) en Sciences biologiques, biochimiques ou biophysiques ou de tout autre diplôme reconnu équivalent.

Les candidats déclarés admis sont engagés dans la Fonction publique en qualité de Biologiste médical et soumis à une période d’essai de trois (3) mois pour compter de leur date de prise de service.

Section 3 : Classification catégorielle

Article 83 : L’emploi de Biologiste médical est classé dans la 1ère catégorie, échelle A du régime juridique applicable aux emplois et aux agents de la Fonction publique.

Section 4 : Dispositions transitoires

Article 84 : Les personnels de catégorie A, échelle 1 ou de la 1ère catégorie, échelle A recrutés en qualité de Biologiste médical en activité, en disponibilité ou en détachement à la date d’entrée en vigueur du présent décret seront, pour compter de la même date, nommés Biologistes médicaux, catégorie pour catégorie, échelle pour échelle, classe pour classe, échelon pour échelon.

Article 85 : Nonobstant les dispositions de l’article 1 ci-dessus, les fonctionnaires de catégorie A, échelle 1, nommés Biologistes médicaux en application des dispositions de l’article 84 ci-dessus, conservent leur statut de fonctionnaire.

Monsieur le ministre, en 2011 ce même concours a été organisé par votre ministère sans la condition de licence et où le gouvernement n’a recruté qu’un seul. Et subitement, cette année une licence est exigée en plus du diplôme de technologiste biomédical pour pouvoir postuler à l’emploi de Biologiste médical. Nous rappelons que l’emploi de biologiste médical est classé juste au-dessus du technologiste biomédical

Au rang des pays qui font l’exception, le Burkina Faso pourrait être le premier qui délivre à des élèves fonctionnaires, des diplômes qui ne leur serviront jamais ; mais, ces diplômes qui paradoxalement sont acceptés partout ailleurs, scandale !

Il s’agit de diplômes tellement tâchés de nullité qu’il faudrait recourir à autre diplôme que celui qui a servi au recrutement, pour être admissible à un concours professionnel. Plus écœurant, on continue de recruter encore et encore de nouveaux élèves Technologistes Biomédicaux dans les mêmes conditions, à qui on délivrera en fin d’études, les mêmes parchemins qui prennent de la valeur dans le cycle de Krebs de ces rats qui s’infiltrent dans nos valises.

En ces lignes, nous voudrions, Monsieur le Ministre, crier notre colère tout en croyant comme tous ceux qui ont cru pendant des décennies jusqu’à ce que le temps ait eu raison d’eux.

Nous croyons profondément que si nous avions la culture de BOUAZIZI, nous n’aurions pas subi de telles flagrantes injustices. Oui, nous portons des valeurs qui se résument au pardon. Pardon, quelques soient les torts que nous subissons ?

Non, sans avoir la prétention ici de changer des dogmes qui font le beau temps de bon nombres de personnes y compris dans nos rangs, nous voudrions tout simplement exiger nos droits que vous nous aviez arrachés en orchestrant de façon volontaire cette injustice pour nous maintenir ci bas et faire de nous, des moins que rien.

Eh bien, si en nous rétablissant dans nos droits, cela aura pour incidence, le dénouement de la situation de tous les Technologistes Biomédicaux, nous nous en féliciterons. Nous osons croire monsieur le Ministre que ce cri de cœur, sinon de détresse bénéficiera d’une attention particulière de votre part pour le rétablissement dans le droit de tous les TBM.

BANDAOGO Ousséni
Technologiste Biomédical
Centre Muraz

Et

IRA Blamami
Technologistebiomedical
Laboratoire de District Sanitaire de Do/ Bobo

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