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Littérature : Aboubacar Lankoandé raconte la « Palabre des Calaos »

Publié le lundi 17 juin 2013 à 06h05min

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Littérature : Aboubacar Lankoandé raconte la « Palabre des Calaos »

Le cercle des écrivains du Burkina Faso s’est agrandi avec l’arrivée d’Aboubacar Lankoandé. Il a porté sur les fonts baptismaux, le samedi 15 juin 2013, son tout premier roman intitulé « Palabre des Calaos ». La cérémonie a réuni les membres de la Société des auteurs, des gens de l’écrit et des savoirs (SAGES), les généraux Ali Traoré et Kwamé Lougué, des élèves, parents et amis de l’écrivain.

Le roman raconte l’histoire d’une guerre ethnique dans un pays dont la capitale est Danwaziri où deux ethnies Noundjaba et Sawarba se massacrent. Kaké, membre de l’ethnie Noundjaba, avait épousé une fille Sawarba. Ils avaient trois enfants. Lorsque les massacres ont éclaté, il s’engouffre dans sa voiture et roule à vive allure pour aller chercher sa dulcinée qui était employée à la Direction des impôts. Contre toute attente, il aperçoit au loin une foule déchainée qui s’acharnait sur deux corps. Il reconnut en arrivant sa femme, les habits maculés de sang, à la tête de la meute. Après l’avoir reconnu, elle ordonna son assassinat. Ne sachant pas ce qui lui arrivait, il prit ses jambes au coup et fila tout droit à la maison se trouvaient ses trois enfants. Mais surprise ! A son arrivée, il voit une fumée qui sortait de sa maison. Il aperçoit, dès l’entrée de sa maison, le corps sans vie de sa nounou, un peu plus loin celui de son aîné et après le cadet. Il entendit alors les cris désespérés du benjamin au fond de son bureau. Après une lutte âpre contre le feu et la fumée pour lui porter, Kaké arrivera trouver le corps sans mouvement du benjamin étouffé par la fumée. Il le prit dans ses bras cherchant à ressortir, il n’y arrive et périt avec ses enfants.

Une œuvre de belle facture

« Palabre des Calaos », s’inspirant du génocide rwandais, met en exergue la cupidité des hommes. C’est du moins les explications données par le Dr Dramane Konaté, président de la SAGES dans la présentation de l’œuvre. « L’auteur adopte la technique du miroir, de la réflexivité, de l’introspection c’est-à-dire la sonde de l’esprit. L’homme apparaît nu, mû par ses ambitions démesurées, sa cupidité, sa traîtrise mais aussi, sa détresse et ses angoisses, face à un lendemain incertain », a-t-il indiqué.

Le romain, constitué de 340 pages, est, selon Dr Dramane Konaté, un condensé du vécu quotidien des hommes. Il touche à tous les domaines de la vie de la société. L’auteur fait également un mélange savant des temps. « L’on assiste à une abstraction temporelle : demain convoque hier, aujourd’hui convoque le passé lointain, pendant que le passé proche se confond au présent qui exige le pardon (ch.5). Enfin l’avenir se projette dans la renaissance, du moins, la co-naissance, c’est-à-dire naître dans et par la rédemption comme le dit l’auteur (ch.8) », a indiqué Dr Dramane Konaté.

Qui est l’auteur ?

Ancien élève du Prytanée Militaire du Kadiogo (PMK), Aboubacar Lankoandé est économiste de formation. Il a été directeur général de la Loterie nationale du Burkina (LONAB). Malgré son profil d’économiste, M. Lankoandé a réussi un coup de maître à travers ce roman. Il a mis le doigt sur les maux de la société. « Certes par la description faite de la société à travers l’œuvre de Monsieur Lankoandé, nous voyons une humanité qui est entrée dans un nouvel âge de son évolution.

C’est pourquoi nous nous retrouvons en présence d’une humanité qui devrait reposer ses fondements sur un idéal collectif et des valeurs communément partagées », a indiqué le parrain de la cérémonie, Mgr Titiama Anselme Sanou, représenté par Damo Justin Barro.

Selon l’auteur, son livre a pour but de tirer la sonnette d’alarme sur les risques d’implosion que pourrait encourir le Burkina. Car dit-il, ce qui arrive aux voisins aussi arriver au Burkina et il est temps que l’on s’unisse pour barre la voie à cela.
« Palabre des Calaos » est disponible en librairie au prix de 36 euros soit environ 23 615 francs CFA. « Vu la qualité de l’œuvre, il n’est pas inutile de l’acheter à ce prix », a indiqué Damo Justin Barro.

Jacques Théodore Balima

Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 17 juin 2013 à 09:12, par boubalere En réponse à : Littérature : Aboubacar Lankoandé raconte la « Palabre des Calaos »

    J’espère qu’il y a erreur dans la transcription du prix de ce roman : 36 euros, 23615 F CFA ? Même si on ne connaissait pas déjà le dénouement de l’intrigue que le journaliste nous a gracieusement offert !? A ce prix il doit être destiné à une catégorie restreinte de Burkinabè !

  • Le 17 juin 2013 à 18:41, par Qui vivra verra En réponse à : Littérature : Aboubacar Lankoandé raconte la « Palabre des Calaos »

    J’ai lu "la palabre" des calaos" de Monsieur Aboubacar LANKOANDE. Il est vraiment volumineux (340 pages, deux fois les dimensions d’un roman de poche). Il coûte effectivement 36 euros soit 23 615 F CFA. Le prix est relativement hors de portée du burkinabè moyen.

    Cependant, ce bel roman est édité par l’une des plus grandes maisons d’édition, j’ai nommé "l’HARMATTAN". Son coût réel tournerait autour de 40 euros, soit 26 240 F CFA.

    Je n’ai pas regretté d’avoir acheté ce livre qui en fait est disponible et en ligne , et dans les FNAC par exemple depuis début mars 2013.

    En plus de la guerre ethnique qui est le thème central du roman, l’auteur aborde les problèmes de la mauvaise gouvernance en Afrique avec ses corolaires de coups d’Etat à répétition, la main-mise des chancelleries étrangères sur les politiques africaines, le comportement de grands "jouisseurs" de la plupart de nos dirigeants, la justice aux ordres, etc...

    Du reste l’auteur, à travers l’un des acteurs-clé "Eddy Hymparatfanbabassé KOMIDAGYABA" nous dit pourquoi il a écrit ce roman : "AU FOND, J’OUBLIE DE VOUS DIRE POURQUOI J’ECRIS, CAR CE N’EST NI POUR L’IMMORTALITE, NI POUR LA GLOIRE, ENCORE MOINS POUR GAGNER DE L’ARGENT. JE CROIS QUE C’EST PEUT ETRE PAR ENNUI, PAR DEPIT OU PAR OPPORTUNITE, CAR DESORMAIS, J’AI TOUT MON TEMPS. CE QUI DONNE A REFLECHIR...."

    Pour un économiste de la trempe de Monsieur LANKOANDE, ce roman qui est en fait de la "téléréalité" romanesque, est excellent, et malgré son coût qui peut rebuter, j’invite ceux et celles qui peuvent l’acquérir à le faire. Ils ne le regretteront certainement pas.

    "HYMPARATFANBABASSE" = "Celui qui ne veut pas qu’il laisse" (traduction non contrôlée du MOORE".

    • Le 18 juin 2013 à 05:25 En réponse à : Littérature : Aboubacar Lankoandé raconte la « Palabre des Calaos »

      Il serait intéressant que ces écrivains aient le soucis de donner le goût de la lecture à notre jeunesse avec des écrits moins volumineux et financièrement abordables ! ce n’est pas un condensé de solutions au quotidien difficile du burkinabè. Moi je ne sais pas l’objectif recherché mais c’est très très cher. Beaucoup de courage et d’inspiration à l’auteur. A bientôt !

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