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Amadou Sanon, représentant de l’Opposition : « Nous sommes d’accord pour le recrutement annuel de 100 enseignants pendant 5 ans pour les Universités »

Publié le vendredi 14 juin 2013 à 22h15min

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Amadou Sanon, représentant de l’Opposition : « Nous sommes d’accord pour le recrutement annuel de 100 enseignants pendant 5 ans pour les Universités »

Présent aux Etats généraux sur l’Enseignement supérieur, Amadou Sanon, député de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) représente l’Opposition politique. Il a travaillé dans la commission N°3 dont le thème est : « Ressources humaines, infrastructures et équipement ». Dans cette interview, il lève le voile sur la position des partis politiques par rapport à certains sujets.

Lefaso.net : Comment se déroulent les travaux des Etats généraux sur l’enseignement supérieur ?

Amadou Sanon : Les travaux se déroulent relativement bien. Nous sommes six membres de l’opposition à y prendre part. Nous avons été répartis dans les différentes commissions. J’étais dans la commission N°3 chargée de réfléchir sur les « Ressources humaines, infrastructures et équipement ». Nous nous voyons régulièrement à chaque séance question d’harmoniser nos points de vue. Les débats en commission sont souvent très houleux. Mais dans l’ensemble tout se passe bien.

Quelles ont été les différentes positions défendues par l’opposition au cours des travaux ?

Le constat qui se dégage est qu’il y a une insuffisance de ressources humaines dans nos universités. Les infrastructures également manquent. Des états des lieux ont été faits au niveau de l’Université de Ouaga et dans toutes les autres universités du Burkina. Des infrastructures sont actuellement en chantier mais avec le nombre des étudiants, elles ne permettront pas de résoudre les problèmes de places.

Des mesures d’urgence avaient déjà été formulées dans un document qui a été soumis à notre appréciation. Ces mesures d’urgence couvraient jusqu’en 2014. Nous avons donc insisté sur la nécessité de faire en sorte que dans 10 ans, l’on ne se retrouve toujours pas dans cette même situation. Car pour nous, après avoir résolu les problèmes d’urgence, il faut programmer les recrutements sur la base d’une étude prospective afin de nous éviter de nous retrouver dans ces mêmes problèmes.

Quelles sont les principales mesures d’urgence qui ressortent des travaux ?

Il y a la proposition de recruter 100 enseignants par an pendant 5 ans. Nous estimons donc qu’à cause de l’urgence, il faut y aller tout de suite. Parce que pour un étudiant qui s’engage pour le 3e cycle, il lui faut au minimum 3 ans pour obtenir son diplôme.

Concernant les infrastructures, il y a des chantiers qui trainent alors que ce n’est pas normal. Car il est inconcevable que les étudiants continuent de prendre les cours dans ces conditions.

La Commission N°1 est chargée de se pencher sur la « Gouvernance universitaire, éthique et sécurité ». Quelle est la position de l’opposition sur la question ?

Je n’ai pas travaillé dans cette commission. Mais il est évident qu’il existe trop de problèmes de gouvernance universitaire. En parcourant le document qui est soumis à la réflexion des membres de cette commission, je me rappelle du mode de désignation des premiers responsables des universités.

Est-ce à dire que l’Opposition exige la dépolitisation du monde universitaire ?

Nous soutenons que l’université doit être un espace dépolitisé. Il n’y a pas de débats sur cette question. Nous pensons vraiment que l’université doit arrêter de subir les conséquences des remue-ménages qui se font au plan politique. Et le choix des premiers responsables doivent être fait de façon démocratique.

Le système Licence-Master-Doctorat (LMD) rencontre des difficultés dans son application. Que propose concrètement l’Opposition ?

Nous sommes réalistes. La mise en œuvre du LMD est intervenue à un moment où l’Université rencontrait déjà des problèmes. En plus de cela, nos autorités ont voulu copier in extenso le système tel qu’il est appliqué ailleurs pour l’appliquer ici. C’est qui a contribué à provoquer l’échec du système. Partant de là, je crois que le Ministre des Enseignements secondaire et supérieur a eu raison lorsqu’il a dit qu’il faut tropicaliser le système LMD. Il est clair qu’il faut aller progressivement.

Les œuvres universitaires…

Sur ce point nous pensons qu’il y a encore beaucoup de retard. C’est comme les infrastructures, il faudra mettre le paquet.

Concernant les œuvres universitaires, d’aucuns pensent qu’il faut allouer plus de financements à la formation qu’aux œuvres universitaires…

Les deux vont ensemble. Il ne faudrait pas déshabiller Pierre pour habiller Paul. Les œuvres universitaires accompagnent socialement les étudiants. On a beau construire de belles infrastructures et avoir les meilleurs enseignants, tant que les étudiants seront dans des conditions misérables, ce sera difficile.

L’enseignement supérieur privé…

Le privé joue son rôle. L’accroissement de leur nombre ces dernières années témoigne du rôle que le privé doit jouer. Avec les problèmes grandissants des universités publiques, le privé lui gagne du terrain. Mais nous demandons aux autorités de veiller à la qualité de l’enseignement dispensé. Certains établissements se targuent d’avoir la reconnaissance du CAMES. Mais nous restons convaincus que cette reconnaissance ne garantit pas la qualité de l’enseignement qui est dispensé dans ces établissements.

Des recommandations sortiront de ces assises. Quel rôle va jouer l’opposition dans la mise en œuvre de conclusions ?

Nous allons suivre à tous les niveaux la mise en œuvre des recommandations. Nous allons interpeller les ministres au niveau de l’Assemblée nationale sur le sujet. Nous allons suivre l’opération pas à pas. Je suis de l’UPC et dans notre parti, nous avons beaucoup de jeunes. Pour eux, nous n’allons rien lâcher.

Jacques Théodore Balima

Lefaso.net

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