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Député Rosalie Bassolé : « Une fois que l’on est à l’Assemblée, on est là pour défendre les intérêts du peuple »

Publié le mardi 11 juin 2013 à 07h18min

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Député Rosalie Bassolé : « Une fois que l’on est à l’Assemblée, on est là pour défendre les intérêts du peuple »

Elue député sous la bannière du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), Rosalie Bassolé a également réussi à se faire élire première Secrétaire parlementaire au sein de l’hémicycle. Tout ceci, c’est, selon elle, le fruit d’un combat qui vise une incidence plus sociale que politicienne. En tout cas, elle en dit long dans l’interview qu’elle nous a accordée le 6 juin dernier. Interview exclusive à lire absolument !

Lefaso.net : Voudriez-vous bien vous présenter aux internautes du Lefaso.net en faisant ressortir particulièrement votre parcours professionnel et politique ?

RB : Je suis Rosalie Bassolé née Kando. Je suis socio-ethnologue, administrateur civil. Je suis présidente fondatrice de l’Association des parents et amis d’enfants encéphalopathes du Burkina Faso, inclusion Burkina.

Je suis militante du CDP, je suis membre du bureau politique national. Il fallait trouver un cadre d’expression pour mettre en œuvre les préoccupations qui étaient les miennes. Et pour moi, militer au sein du CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès), me donnait cette opportunité de pouvoir mieux m’exprimer, de mieux faire partager mes visions et aussi de pouvoir voir un peu comment est-ce qu’en étant militant du CDP, je pouvais contribuer à la mise en œuvre de mes idées.

Lefaso.net : On pourrait dire que vous avez intégrée facilement le bureau politique national du CDP. Quel est votre secret ?

RB : Je n’ai pas de secret. Moi je suis engagée depuis plusieurs années sur le terrain social. Et je pense que ce parcours a permis que je puisse être admise au sein du bureau politique national selon les critères que le parti lui-même a définis. Je pense que c’est un peu cela.

Lefaso.net : Qu’est-ce qui vous a motivé à devenir député ?

RB : Pour moi, devenir député, c’est avoir encore plus de possibilité de communication, de possibilité d’action sur le terrain, de possibilité d’écoute des populations auprès desquelles je me suis engagée. C’était vraiment important pour moi d’être députée pour pouvoir agir au profit des populations qui m’ont fait confiance.


Lefaso.net : Aujourd’hui vous être première secrétaire parlementaire au sein de l’Assemblée nationale. Dites-nous qui est le secrétaire parlementaire et que fait-il ?

RB : Le secrétaire parlementaire assiste le Président de l’Assemblée nationale durant les plénières dans tout ce qui est document, en l’occurrence les rapports, les PV (procès-verbaux). C’est lui également qui fait l’appel en début de séance.

Nous sommes huit secrétaires parlementaires ; et à tour de rôle deux sont de permanence par semaine. Nous essayons de faire au mieux ce travail qui nous est confié et qui requiert une présence continue à l’Assemblée, si bien que même en dehors des sessions, nous sommes tenus d’être à l’Assemblée pour toujours continuer de travailler.

Lefaso.net : Quelles ont été les grandes lignes de votre contribution en tant que député, mais aussi en tant que secrétaire parlementaire, au bon déroulement de la première session qui vient de prendre fin le 3 juin dernier ?

RB : La session a enregistré l’examen et l’adoption de 24 projets de loi. Il faut dire que lorsque nous arrivons en plénière, le travail est pratiquement fini, parce que les commissions auront énormément travaillé sur le texte.

Nous sommes répartis dans les différentes commissions. Je suis dans la Commission des affaires étrangères et de la défense (CAED).

Les projets de loi sont travaillés par au moins deux commissions. Il y a toujours une commission à laquelle est imputé le projet de loi, et il y a toujours une commission à laquelle le projet de loi est envoyé pour avis. C’est un peu comme cela que nous travaillons ; et quand nous arrivons en plénière, c’est pour l’adoption après discussion avec les départements ministériels qui ont proposé le texte de loi.

A l’Assemblée, dès que nous commençons une réunion de travail, tant que le sujet n’est pas épuisé, on ne peut pas arrêter. Il en est de même pour les plénières. Souvenez-vous que nous avons reçu le Premier ministre par deux fois, et les échanges ont continué très tard dans la nuit ; il en est de même pour les questions orales au gouvernement chaque vendredi durant la session.

Lefaso.net : Vous êtes à votre premier mandat, mais déjà à votre sixième mois à l’Assemblée nationale. Comment appréciez-vous le travail parlementaire dans l’ensemble ?

RB : J’ai découvert le travail parlementaire à l’Assemblée. Je ne l’imaginais pas tel que je l’ai constaté. Mais je l’ai découvert avec beaucoup de plaisir et je suis fière de l’accomplir au profit de la population.

Lefaso.net : Comment appréciez-vous le dynamisme des femmes députés à l’hémicycle ?

RB : Vous savez que la plupart des femmes qui sont à l’Assemblée aujourd’hui, participent aux débats, elles prennent la parole, elles discutent, elles savent de quoi elles parlent. Elles ne parlent pas pour simplement parler, mais pour dire ce qu’elles pensent réellement. Si vous regardez le parcours de chacune de ces femmes, vous vous rendrez compte qu’elles ont de la matière pour enrichir les débats.

Aujourd’hui même, j’étais à un atelier sur la loi contre les violences faites aux femmes. Je vais y retourner après, car je m’y suis absentée pour répondre à votre interview ; et toutes les femmes qui sont députés participent à cet atelier.

En tout cas, moi je suis très fière de la qualité de la participation des femmes, tous bords confondus, qui sont à l’Assemblée. Et là, je parle en tant que femme, et non en tant que militante de parti politique. Une fois que l’on est à l’Assemblée, on est là pour défendre les intérêts du peuple.

Lefaso.net : Parmi les sujets qui ont fait l’objet de débats à l’hémicycle, y’en-t-il eu qui ont particulièrement retenu votre attention ?

RB : Oui, nous avons eu beaucoup de préoccupations. Quand vous prenez les questions d’assainissement, les questions d’environnement, c’est assez préoccupant. Ce sont des questions qui sont liées à la santé publique et qui méritent qu’on leur accorde une attention particulière.

Il y a également eu des questions relatives aux services sociaux de base au profit des populations, qui ont beaucoup retenu mon attention. Je ne dis pas que les autres questions n’ont pas retenu mon attention ; mais, je veux dire que de par mon engagement personnel, toutes les questions qui étaient liées à l’accès aux services sociaux de base des populations, ont beaucoup retenu mon attention.

Lefaso.net : Vous l’avez dit, vous êtes devenue député pour être plus en mesure de répondre aux préoccupations des populations. Mais que peut-on retenir à ce jour, de la concrétisation de votre engagement aux côtés des populations de la province du Sanguié qui est votre circonscription électorale ?

RB : Par rapport à mon engagement au profit de la population du Sanguié, j’ai personnellement conçu un programme de gouvernance locale que j’essaye de mettre en œuvre et qui s’articule autour de quatre axes. Il y a l’axe de la gouvernance locale, l’axe du renforcement des capacités des femmes, l’axe de l’éducation et de la formation professionnelle, l’axe des infrastructures, de l’eau et de l’assainissement. Ces axes doivent me guider durant les cinq ans que je ferai à l’Assemblée nationale. Dans ce sens, dès que j’ai un petit moment, je file au village.

Mais je n’oublie pas aussi les questions qui m’ont préoccupée depuis 1986. Il s’agit de questions liées à l’instauration d’une société burkinabè inclusive. C’est particulièrement la question des personnes handicapées, la question des enfants déficients intellectuels.

Lefaso.net : Que peut-on à ce jour, inscrire à votre actif dans le cadre de la mise en œuvre de ce programme de gouvernance locale ?

RB : A l’actif, j’ai pu permettre la tenue de cadres de concertations à l’échelle aussi bien communale que provinciale dans le Sanguié. J’ai également pu, dans le cadre de la question de l’eau, favoriser la réparation de forages.

Et là, je suis en train de travailler sur la réalisation de forages. Nous sommes aussi en train de travailler à permettre à des villages d’avoir du matériel pour CSPS, pour école.

J’ai également facilité l’acquisition de motos ambulance au profit d’un village, et j’espère pouvoir en faire autant bientôt pour d’autres villages. Je travaille également au renforcement des capacités des femmes à travers les plates-formes multifonctionnelles. Je mène aussi des activités de sensibilisation au profit des femmes en mettant l’accent sur la responsabilité de la femme en tant que pilier de la famille. Il est important que la femme puisse être consciente des responsabilités qui sont les siennes pour que nous puissions avoir des enfants bien éduqués.

Lefaso.net : Vous venez de décliner un programme nécessitant un budget important. Est-ce que les revenus que vous avez en tant que député peuvent vous permettre de faire de telles réalisations, ou alors vous avez d’autres circuits ?

RB : Oui, j’ai plusieurs stratégies. C’est vrai, les revenus d’un député ne lui permettent pas de pouvoir faire cela. Je travaille avec beaucoup de partenaires ; je suis également présidente du conseil d’administration de la fondation nantou qui a un programme assez collé à ce que je faisais bien avant, en ce sens que la fondation nantou a une dimension humaine, elle travaille à l’amélioration des conditions de vie des populations du Sanguié. Le conseil d’administration dont je suis la présidente, regroupe l’ensemble des 10 maires de la province ainsi que des associations provinciales. Et nous travaillons à l’amélioration des conditions de vie des populations du Sanguié.

Bien sûr, nous avons d’autres partenaires avec lesquels nous travaillons beaucoup, comme l’UNICEF, des privés ; il faut aussi compter l’engagement des fils et filles du Sanguié. Nous appuyons par exemple, depuis plusieurs années, la préparation des élèves au concours professionnel. Nous le faisons chaque année au niveau de la province et c’est vraiment en concertation avec d’autres frères et sœurs de la province, et nous sommes heureux des résultats.

Nous travaillons sur des questions de jumelage pour trouver des partenaires au niveau national comme à l’extérieur, pour pouvoir mettre l’accent sur la scolarisation des enfants, en particulier pour les filles.

Lefaso.net : En tant que député, quelle sera désormais la particularité de votre engagement pour la cause des personnes handicapées ?

RB : Je travaille énormément sur l’amélioration des conditions de vie des personnes handicapées, je suis toujours en concertation avec la fédération. Je continue donc de faire du plaidoyer, du lobbying, pour que la société burkinabè soit véritablement inclusive.

Je voudrais souligner l’engagement des leaders d’opinion au niveau du Sanguié. On a eu beaucoup de convergences d’idées pour aller aux élections, et cela nous a donné les résultats que vous connaissez, et nous continuons toujours de nous concerter pour toujours améliorer la fraternité à travers beaucoup d’activités comme le sport, la culture.

Lefaso.net : Croyez-vous sincèrement que la fondation nantou veuille booster le développement de la province du Sanguié ?

RB : Disons que la fondation nantou est une fondation d’entreprise. Nous essayons de faire une ouverture pour qu’elle puisse avoir des partenaires qui puissent apporter leur coup de main. Vous savez que la fondation a été créée en 2006 et c’est pratiquement en fin 2012 que nous avons commencé à mener des activités, parce que la mine qui était en construction a eu des difficultés dues à la chute du prix du zinc. Et c’est maintenant que la fondation commence réellement à exercer ses activités et le niveau de réalisation des activités est très satisfaisant ; en tout cas, c’est vraiment la lutte pour l’amélioration des conditions de vie des populations. Et beaucoup d’activités dans ce sens, de l’appui à des orphelinats à l’aménagement de pistes, de forages, d’écoles, ont été menées. La fondation a pu mettre sur pied un centre de formation professionnelle à Réo qui reçoit aujourd’hui 123 jeunes déscolarisés. C’est petit, mais nous estimons que c’est déjà une bonne chose. Ce sont au moins huit métiers qui sont enseignés au sein de cette école. On cherche à ce que chaque jeune qui est déscolarisé, puisse apprendre un métier et puisse avoir un métier pour subvenir à ses besoins ; et ça, c’est important pour la paix sociale.

Entretien réalisé par Fulbert Paré

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