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Promotion des droits humains au Burkina : « On le mène souvent à contre cœur »

Publié le jeudi 6 juin 2013 à 22h00min

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« Les droits humains c’est comme les religions. En leurs noms on mène des luttes nobles tout comme, malheureusement, des luttes les plus obscènes qui puissent exister », foi d’un cadre exerçant dans le domaine tant en vogue dans les relations internationales.

Des pays pauvres sont de plus en plus sommés de se soumettre à un idéal jugé universel. Mais promu et imposé par des puissances occidentales. Au nom des droits humains « les facultés, libertés et revendications inhérentes à chaque personne au seul motif de sa condition humaine », bien de discriminations et de crimes sont combattues sur la terre. Mais l’universalité de ces droits se bute parfois à des réalités sociétales.

Comme par exemple la peine de mort, la polygamie, l’homosexualité, les droits de la femme… qui sont acceptées ou refusées en fonction des pays. Si les Etats-Unis, la Chine, la Russie… sont suffisamment forts pour accepter ou refuser des recommandations en déphasage avec leur réalité, cela relève d’un crime inexpiable pour des pays pauvres.

A titre d’exemple, la peine de mort est effective en Chine, on y tue encore sans problème et sans sanction conséquente. A contrario de la Gambie. De même on n’en veut à des pays comme le Burkina ce qui semble être dans l’ordre normal des choses dans les relations entre les pays du golf et les occidentaux.

C’est ainsi, que de retour du troisième Examen périodique universel (EPU), la ministre des Droits humains et de la Promotion civique, Julie P. Nignan avait laissé entendre du bout des lèvres qu’il est demandé au Burkina de faire des efforts en matière de droits humains sur des questions comme la polygamie. Autrement dit, la reconnaissance de la polygamie au Burkina dérange.

Personnellement opposé au forceps des institutions et autres puissances occidentales qui ne tiennent pas compte des réalités culturelles des pays démunis, notre expert se bat paradoxalement pour que le Burkina se plie au désidérata de ses mentors. Et il va falloir y aller vite selon lui car un pays comme la Côte d’Ivoire à déculotté ses hommes pour être en bonne posture avec les bailleurs de fonds.

En effet l’article 58 de la nouvelle loi sur le mariage adopté en novembre 2012 en Eburnie a supprimé la notion de chef de famille. L’ancien article 58 « Le mari est le chef de famille. Il exerce cette fonction dans l’intérêt commun du ménage et des enfants » a été modifié pour donner « La famille est gérée conjointement par les époux dans l’intérêt du ménage et des enfants. Ils assurent ensemble la direction morale et matérielle de la famille, Pourvoient à l’éducation des enfants et préparent leur avenir ». Le Burkina gagnera donc à revoir son dispositif.

Pourquoi donc s’échiner à se battre pour la suppression de la peine de mort, l’acceptation de l’homosexualité… alors même que l’opinion burkinabè y est fortement opposée ? La réponse est claire selon notre expert qui a requis l’anonymat : « c’est pour permettre à ce pays d’exister et de bénéficier de l’aide de ces principaux bailleurs. Dans le cas échéant, c’est le même peuple qui se soulèvera pour raison de difficulté économique ». C’est donc un « combat qu’on mène souvent à contre-cœur », regrette notre interlocuteur.

Ousséni Bancé

Lefaso.net

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