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Planification familiale : la stratégie de l’IPPF

Publié le mercredi 5 juin 2013 à 23h30min

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Planification familiale : la stratégie de l’IPPF

Aujourd’hui, au Burkina Faso, la santé de la reproduction est prise en compte dans les différents programmes de développement. Promouvoir la santé de la reproduction induit également la promotion de la planification familiale. Pour ce faire, il faut des services de santé de la reproduction adaptés et de qualité. Nous avons rencontré un membre du comité exécutif régional de la fédération internationale de la planification familiale, Noroago Innocent Zaba, pour qu’il partage avec nous l’expérience de leur fédération en matière de santé de la reproduction.

Lefaso.net : Pouvez-vous nous présenter l’IPPF ?

Noraogo Innocent Zaba : L’International Planned Parenthood Federation (IPPF) ou fédération internationale pour la planification familiale est une organisation non gouvernementale (ONG) spécialisée dans la planification familiale et la santé de la reproduction. Fédération de plusieurs associations pour la planification familiale, l’IPPF joue un rôle majeur en termes d’expertise médicale et de production de recommandations sur les bonnes pratiques en matière de soins de santé sexuelle et reproductive et de planification familiale. La fédération mène aussi des actions d’appui auprès de ses membres en matière d’expertise, de formation, de financement… Créée en novembre 1952 en Inde, l’IPPF accompagne la mise en place d’associations de planification familiale dans les pays où il n’en existe pas et facilite l’échange d’expérience entre ses membres. Deuxième plus grande ONG dans le monde après la Croix rouge, l’IPPF est présente en 2012 dans 172 pays avec 153 associations membres (il ne peut y avoir plus d’une association dans chaque pays).

Pouvez-vous nous faire un bilan des soixante ans d’existence de l’IPPF dans le monde ?

Au moment, où on créait la fédération, il n’était pas facile de parler de la planification familiale. Au début également, seuls huit pays dans le monde étaient membres. Aujourd’hui, nous comptons 172 pays membres donc une grande évolution. Aussi, avons-nous dépassé la notion de planification familiale. Actuellement, nous parlons plutôt de santé de la reproduction qui englobe d’autres questions telles que la santé maternelle, le VIH/ Sida et bien d’autres aspects qui rentrent dans les droits de la femme à participer à la prise de décision au niveau du couple (décision d’avoir des rapports sexuels ou pas, décision de faire des enfants ou pas, décision sur le nombre d’enfants…).
Aujourd’hui le principe de parler de planification familiale est admis dans tous les pays du monde. Le débat maintenant se situe sur les moyens qu’il faut utiliser pour planifier.

Aussi, avons-nous participé activement à la promotion du genre. En effet, à l’IPPF, nous appliquons la parité genre (selon nos textes, il faut au moins 50% des femmes à tous les niveaux et 20% de jeunes).

Nous avons enfin participé à l’élaboration de documents sur la santé de reproduction qui constituent des guides dans le monde sur la santé de la reproduction. Nous avons par exemple les conclusions de la conférence internationale pour la planification et le développement (CIPD) de 1994 au Caire.

Comme acquis aussi, l’IPPF est membre observateur aux Nations Unies. Pour la région Afrique, nous sommes membre observateur à l’Union Africaine. En termes de statistiques, en 2012 nous avons offerts cinquante quatre millions de services confondus.

Quel intérêt, une association comme l’ABBEF a-t-elle d’appartenir à cette fédération ?

L’ABBEF est membre à part entière de l’IPPF. En tant que membre à part entière de la fédération, elle bénéficie de subventions (de l’ordre de 300 à 400 millions) par an. Aussi, en tant que membre à part entière, l’ABBEF est représentée dans le conseil régional. Le conseil régional est une instance régionale qui se réunit pour décider des orientations de la planification familiale dans la région Afrique, pour décider également des clés de répartition de la subvention et qui fait le bilan et sanctionne la gestion au niveau des associations membres. Ainsi, l’ABBEF a deux membres qui la représentent à ce conseil. De ce fait, l’ABBEF est électrice et éligible pour la mise en place de l’instance de gouvernance de la région. C’est à ce titre que j’ai postulé et j’ai été élu membre du comité exécutif de la région Afrique.

A l’image de ses associations membres, l’IPPF fonctionne avec un personnel et des volontaires. Pouvez-vous nous définir le rôle de chacun de ses intervenants ?

A l’origine étaient les volontaires. Ils se sont retrouvés pour promouvoir la planification familiale dans le monde entier. Cependant, c’était des militants et pas forcément des techniciens en matière de santé ou planification familiale. Cependant, il ne suffit pas d’être engagé, ni d’être convaincu mais encore faut-il avoir de bonnes stratégies, de bons programmes qui puissent être mis en œuvre sur le terrain. C’est dans ce cadre, que les volontaires ont recruté un personnel qualifié.

Les volontaires sont comme un conseil d’administration. Ils ne sont pas payés. Ils donnent gratuitement leur temps, leurs efforts, leurs ressources financières pour faire fonctionner l’association. Ils font également le plaidoyer pour récolter les ressources nécessaires au bon fonctionnement de la structure.

Le personnel élabore son programme qu’il soumet à l’organe des volontaires qui décide de la mise en œuvre. Après cela, le personnel qui gère rend compte aux volontaires.

En conclusion, les volontaires orientent, gouvernent l’association et le personnel gère et administre l’association.

Vous en tant que membre du comité exécutif de l’IPPF, quel est votre rôle ?

En tant que membre du comité exécutif de la région Afrique, nous représentons toutes les associations membres de l’Afrique et agissons en leur lieu et place. Nous leur rendons compte après en conseil régional. Nous dirigeons et assurons donc la gouvernance de la région Afrique. Nous mettons en œuvre les orientations faites pour notre région. Nous assurons le plaidoyer au nom de l’Afrique pour avoir des ressources, ou des facilitations au niveau pays. Nous nous posons également comme arbitre et conseiller auprès des associations prises individuellement.

Quelles sont les missions essentielles de l’IPPF ?

La principale mission de l’IPPF est de contribuer à l’amélioration de la qualité de vie des femmes et des hommes en agissant pour la santé et les droits sexuels au niveau politique et sur le terrain auprès des populations. Il s’agit de donner aux personnes, notamment démunies et vulnérables, la possibilité et les moyens de faire des choix libres et éclairés quant à leur vie sexuelle, affective et reproductive et leur permettre d’avoir accès à des services adaptés et de qualité.

Pour ce faire, nous menons des activités de plaidoyer au niveau national, régional et mondial pour la promotion de la planification familiale et la mobilisation de ressources nécessaires à la mise en place de nos programmes. Nous travaillons au quotidien à rester leaders en matière de santé sexuelle et de la reproduction.

Nous invitons donc les médias à nous aider à promouvoir la santé sexuelle de la reproduction. Nous sollicitons leur contribution pour faire évoluer les mentalités et parvenir à ce que la jouissance des services de santé sexuelle et de reproduction soit un droit comme l’éducation.

Interview réalisée par Patindé Amandine Konditamdé

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Vos commentaires

  • Le 5 juin 2013 à 14:29, par Hitler En réponse à : Planification familiale : la stratégie de l’IPPF

    C’est la sensibilisation, rien que la sensibilisation qui peut nous tirer d’affaire.

  • Le 6 juin 2013 à 08:16, par Reno En réponse à : Planification familiale : la stratégie de l’IPPF

    Interview riche et enrichissante. Félicitation à l’IPPF et aux associations membres pour les efforts accomplis en faveur de la santé de la reproduction des populations en général et des couches vulnérables en particulier.

  • Le 6 juin 2013 à 11:41, par Alexio En réponse à : Planification familiale : la stratégie de l’IPPF

    Je regrettes Notre illustre et aime Thomas Sankara pour justement tout ce qu il a preche sur la planification familliale sur le poids de la femme,la base meme de la famille que l on ne veut pas liberer sous le joug de l homme du faso. Je me rapelle quand les femmes avaient fait la passe aux hommes pour un jour d achat des condiments au marche de Ouagadougou. Ne m accusez pas d avance pour l egalite de la femme. Les hommes doivent comprendre qu une famille a les memes regles qu une entreprise,sa bonne fonction releve de la consideration de ceux qui la composent. Pere, mere, enfants. Les revenus de famille doit tenir compte de cette realite et non creer des enfants sans assurer leurs droits d enfants.Une nation deja pauvre ne pourra jamais eradiquer la pauvrete avec une demografie hors controll. L Inde a ses boulots aux pieds malgre son emmergence economique est affecte par l exode rural non souhaitable. La prostitution juvenile,professinelle et l esclavage des enfants de la rue,etc. Le bien etre de la famille dependra du nombre des enfants a nourrir,car au Burkina l Etat n a pas de securite familliale come en Europe.

  • Le 7 juin 2013 à 09:14, par Pierre2 En réponse à : Planification familiale : la stratégie de l’IPPF

    par Pierre2
    si l’ objectif de la planification familiale est de réduire les naissances pour une améliorer les conditions de vie des populations, je pense que c’est un faux débat car si on les moyens on peut faire autant d’enfants que l’on veut. Aussi la mise en place d’une bonne politique et un partage équitable et efficient des richesses peut améliorer le niveau de vie des populations. En exemple les chinois sont plus nombreux mais c’est eux qui nous nourrissent.
    Je pense que c’est institutions font seulement du marketing sur leur produit. En d’autres termes ils veulent seulement vendre leur produit. et d’autres pour pratiquer en toute légalité les avortements ( excepté ce que la loi prévoit en la matière)

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