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Météo : pourquoi le mauvais temps

Publié le vendredi 7 janvier 2005 à 07h13min

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Les Ouagalais se sont réveillés ce matin du jeudi 06 janvier, surpris par le mauvais temps. Cette suspension poussiéreuse qui a commencé à se manifester la veille dans la soirée, s’est intensifiée au fil des heures, réduisant la visibilité.

Pour en savoir plus, Sidwaya a pu approcher les services techniques de la Direction de la météorologie et de l’aviation civile (DMAC). M. Enok Kaboré, chef de service de la station météo de l’aéroport de Ouagadougou, donne des détails sur les changements climatiques du mois de décembre, la brume poussiéreuse et le raz de marée en Asie.

La situation météorologique nationale qui a prévalu en décembre a été caractérisée par des temps de chaleur.

Cela s’explique sur le plan de la météo, par un certain nombre de données. Selon M. Enok Kaboré, ingénieur météorologiste, l’hiver boréale qui caractérise les mois de décembre et de janvier a connu des centres d’action (une pression climatologique) qui se sont dirigés sur le Burkina accompagné d’une masse d’air froid. Ces masses d’air froid appelées anticyclones sont essentiellement dans le cyclone des Açores et l’anticyclone saharien, où sont installés des anticyclones. Pendant les réactions des centres d’actions qui sont des pressions de climat, de l’été boréale, ce flux de vents est caractérisé par du froid et de la poussière pendant cette période, souligne M. Kaboré. Cependant, il peut arriver qu’une situation atypique se présente avec parfois pendant la même période, des perturbations liées aux fronts polaires. Le front polaire étant défini comme une surface de séparation entre deux masses d’air d’origine différente.

Le front polaire, toujours selon le spécialiste, se situe au-dessus de la latitude moyenne et intéresse généralement le Maghreb, la Méditerranée et même le Sahel. Cette situation météorologique explique en partie, les phénomènes de dépressions qui sont courants dans ces zones ci-dessus citées. "Lorsque cette dépression se crée, il y a une aspiration des vents du Sud, donc une remontée du Front intertropical (FIT). Lorsqu’il y a cette remontée du FIT, les conditions météorologiques au niveau du Sahel et même du Burkina changent", affirme par ailleurs, le spécialiste météo. En réalité, c’est ce qui explique la situation climatique du mois de décembre. Ces systèmes de fronts ont évolué vers le Maroc, la Tunisie et l’Algérie, entraînant des perturbations qui ont fait le déplacement dans le sens Ouest-Est. Le Burkina Faso qui connaît de basses latitudes étant dans les tropiques, des déplacements se sont effectués dans le sens contraire Est-Ouest. Cela explique également l’évolution de cinq (5) ou six (6) systèmes pendant le mois de décembre qui se sont manifestés presque tout le temps, entraînant une remontée sensible du FIT vers le 6e (degré) Nord.

Cette aspiration du FIT s’est retrouvée vers les 24 et 25 décembre derniers dans la partie Nord du pays. "Le système de perturbations qui a intéressé la Méditerranée et une partie du Maghreb a influencé la situation météorologique si bien qu’une région se trouvant au voisinage du Front intertropical, les conditions de température, de pression et d’humidité changent", explique M. Kaboré. Les températures et l’humidité subissent généralement des hausses et les pressions en baisse. Toutes les conditions météorologiques étaient réunies pour que la population ressente effectivement cette variation climatique.

L’origine de cette brume poussiéreuse

Depuis le 27 décembre, précise M. Enok Kaboré, le centre d’action de l’anticyclone des Açores et de celui saharien a caractérisé les données météorologiques de la sous-région.

Les perturbations des régions tempérées qui étaient prévues sont passées, et les deux anticyclones se sont renforcés, créant ainsi un resserrement des graviants de pressions (un rapport entre les différentes pressions et les distances).

Le resserrement de graviants a entraîné une augmentation du vent sur certaines régions comme le Tchad, le Niger qui sont des sources de génération de poussière. Quand le vent est suffisamment fort, il arrache des particules de poussière comme le processus de la vague de nuage de poussière que nous connaissons actuellement. Cette suspension poussiéreuse a pris naissance vers le Nord-Ouest du Tchad et le Nord-Est du Niger pour se propager sur le sol du Burkina, favorable à l’évolution de ces phénomènes.

"C’est un phénomène qui est sous-régionale et concerne le Tchad, le Niger, le Maghreb (Algérie), le Mali et le Burkina et pourra dépasser 48 heures", souligne M. Enok Kaboré.

Le déficit pluviométrique de 2004

Le déficit qui a intéressé l’ensemble des pays du Sahel a été marqué par l’installation tardive des pluies et une rupture entre juin et début juillet. Ce déficit a caractérisé la campagne, et deux ou trois pluies auront suffi pour amener les semis à la maturité, selon les explications données par l’ingénieur météorologiste. "La végétation n’a pas atteint son stade normal, et des semis sont restés au stade végétatif. Les régions du Sud-Ouest-Burkina ayant connu une saison de pluies précoce, ces régions ont été mieux arrosées que celles du Centre et du Nord. Les prévisions météorologiques ne pouvaient pas prévoir ce déficit pluviométrique, la nature ayant ses caprices", affirme, par ailleurs, M. Kaboré.

Les raz-de-marée sont du ressort des sismographes

Les météorologistes tiennent compte de changements d’un certain nombre de paramètres pour prévenir les catastrophes naturelles. Les données météo que sont la pression, la température peuvent être des indicateurs pour déterminer l’évolution d’une situation de catastrophe naturelle.

Cette évolution des paramètres permet aux météorologistes de prévenir dans les 48 ou 72 heures un tremblement de terre ou un raz-de-marée. "Les animaux sont des prévisionistes en la matière parce que lorsqu’une situation de ce genre s’annonce, ils fuient massivement la zone. Cela s’explique par le fait qu’ils sont dotés d’un sens que l’être humain ne possède pas. Seuls les sismographes qui étudient la nature des sols sont capables d’expliquer le mécanisme sur le plan scientifique", affirme M. Kaboré.

Au-delà des inquiétudes que les populations émettent, les services techniques de la météo rassurent et invitent à la prudence et à la protection contre la poussière pour éviter les infections.

Privat OUEDRAOGO
Sidwaya

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