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Filature du sahel : Le verdict en défaveur des délégués du personnel

Publié le dimanche 2 juin 2013 à 22h17min

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Filature du sahel : Le verdict en défaveur des délégués du personnel

Un ouvrier de la société burkinabè de filature a observé une grève de la faim pendant 12 jours. Pour dit-il, réclamer l’applicabilité de la convention collective applicable aux travailleurs des usines de textiles. L’affaire traduite en justice a connu son dénouement le mardi 21 mai 2013 non pas en faveur du personnel.

« Cette situation a véritablement terni l’image de l’entreprise. Elle a été une mauvaise publicité et cela risque de porter un coup à la confiance des partenaires financiers et jouer sur la productivité », a fait remarquer un cadre de l’entreprise qui a requis l’anonymat. En effet, tout à commencer le 22 décembre 2011 quand une partie des travailleurs notamment les délégués du personnel ont tenu une Assemblée générale. Il s’agissait selon, le secrétaire général des délégués du personnel, Seydou Ouédraogo, de faire état des conditions de travail précaires dans lesquelles ils vivaient en vue d’obtenir une amélioration. A l’issue de la rencontre, ce dernier s’est prêté aux questions des hommes de média qui avaient fait le déplacement. « Ce qu’il ne fallait pas », informe Seydou Ouédraogo. Estimant alors qu’il avait dépassé les limites, la direction de la Filature du Sahel s’apprêterait à le licencier. De bouche à oreille, l’ensemble des ouvriers seront au courant. Le 29 décembre, ils vont tenter d’organiser une marche de protestation contre ce licenciement « programmé » de leur collègue. Cette marche sera dispersée par les forces de l’ordre et de sécurité. Les jours suivants la tentative de la marche, une série de licenciements vont concerner une dizaine d’ouvriers. Certains sont mutés de leur poste de travail. Comme le cas du gréviste de la faim, qui soutient que depuis le 3 octobre 2012, il a été muté et isolé dans un poste où il n’accomplissait véritablement rien comme tâche. C’est pourquoi, a-t-il décidé après avoir constaté que l’objectif de la direction était de lui nuire, d’observer une grève de la faim. Avec le soutien des autres délégués du personnel, il a passé 12 jours sans pitance, se contentant uniquement de boire un verre de jus et d’eau chaque soir.

Vingt-quatre doléances non satisfaites

Depuis 2011, des médiations conduites par l’inspection du travail entre les ouvriers et le patronat n’ont abouti à aucun consensus. Comme un dialogue de sourd, le patronat ne s’est plié à aucune des vingt-quatre revendications inscrites dans la plateforme. Le dossier sera donc transféré à la justice où l’audience du jugement a eu lieu le 26 mars dernier à Bobo-Dioulasso. Selon un des délégués du personnel, lors d’une rencontre de soutien au gréviste tenu le lundi 1er avril 2013, l’audience pour le jugement du dossier s’est tenue à huis-clos en présence d’un arbitre venu de Ouagadougou, de l’avocat du patronat, et bien entendu, des juges. Le délibéré du procès a été dit ce 21 mai 2013. Un délibéré qui rejette le dossier du fait de sa mauvaise administration. En effet, il ressort que les délégués du personnel ne sont pas compétents pour traduire une action en justice au nom de leurs camarades travailleurs. En un mot, les délégués de personnel de la Filsah ne peuvent pas représenter les travailleurs devant le juge.

Une mauvaise publicité pour l’entreprise !

La Filature du Sahel est une société avec des actionnaires dont l’Etat burkinabè. Elle bénéficie, selon Seydou Ouédraogo d’une subvention de l’Etat et est soutenue financièrement par beaucoup de banques nationales et internationales. C’est donc dire que cette grève de la faim aura porté un coup sur la crédibilité et la rentabilité de l’entreprise. Une entreprise qui, à tout point de vue, respirait la « pleine forme ». D’ailleurs, Abdoulaye Nadolé, directeur général de la société n’a-t-il pas parlé de « l’accroissement notable de la productivité de l’entreprise » lors d’une interview accordée à d’autres média en ligne. De 82%, la production du fil de coton est passée à 94%, mais malheureusement elle était en passe de chuter.

Plus de 60 000 personnes au Burkina vivent du fil de coton

Le teinturier, le tisserand… et plusieurs autres acteurs vivent directement ou indirectement du fil de coton que fabrique la Filsah. La fabrique du fil de coton, selon un des cadres de la Filsah fait vivre plus de 60 000 personnes au Burkina Faso. La société, reconnaît le secrétaire général des délégués du personnel, contribue fortement au rayonnement de l’économie du Burkina. Il est aussi conscient de l’impact négatif qu’a engendré cette grève de la faim sur la vie de l’entreprise. Mais, se rassure-t-il, l’on comprendra qu’il s’agissait d’une action visant à décrier les conditions difficiles de travail des ouvriers.

Bassératou KINDO

L’Express du Faso

P.-S.

Encadré !!!!

La Filsah en fiche

La Filature du Sahel est une société anonyme créée en 2001 au capital de 2 100 000 000 FCFA. Le siège social est à Bobo-Dioulasso. Son secteur d’activités comprend le textile, la capacité installée est de 10 000 tonnes/an. Dans les perspectives, elle veut vendre environ 10 000 tonnes de fil de coton. Les produis finis 100% coton sont : le fil simple, le fil retordu, le fil dévidé, les paquètes écheveaux, la toile d’emballage, l’emballage coton, les serpillières,….L’ambition de la Filsha est d’être le leader de la filature 100% coton en Afrique de l’Ouest.

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Vos commentaires

  • Le 2 juin 2013 à 22:16, par if En réponse à : Filature du sahel : Le verdict en défaveur des délégués du personnel

    J’espère que une fois justice a été dit afin que les travailleurs comprennent dans quel monde ils évoluent. Une fois que chacun gagne un travail dans la fonction publique et apparentée, il devient une barrique vide à raisonnance sonore. Aucune productivité, sinon des grèves, plaintes et accusation des dirigeants..... Et au niveau des travailleurs, aucune conscience professionnelle, ni esprit de productivité pour faire avancer l’entreprise ? Moi j’ai honte pour les travailleurs burkinabé....Nul ;Nul ;Nul

    • Le 3 juin 2013 à 04:18, par Hamane En réponse à : Filature du sahel : Le verdict en défaveur des délégués du personnel

      N’est-il pas nul de penser que les autres sont nuls ?

    • Le 3 juin 2013 à 06:54, par Bouglass En réponse à : Filature du sahel : Le verdict en défaveur des délégués du personnel

      A généraliser votre sentiment de la sorte et à cracher sur tous les travailleurs, vous donnez l’impression d’avoir un problème contre toute la société:le degré de sociabilité se mesure aussi dans les propos.Tous les travailleurs sont-ils improductifs ? Je dis NON. Sont-ils nuls ?Ne font-ils rien d’autre que révendiquer ?Les révendications sont-elles proscrites dans les annales du travail ? Pourquoi le droit de se syndiquer est-il dans la constitution ?De grâce, évitez de condamner les autres sans raison valable et quand vous ne pouvez les aider. Le faisant, on finira par soupçonner en vous de la jalousie maladive ;comme ici, vous pourrez être en porte-à-faux par rapport à la législation du pays.

    • Le 3 juin 2013 à 12:11, par JK En réponse à : Filature du sahel : Le verdict en défaveur des délégués du personnel

      Bassératou KINDO. c’est bien. Quand je t’ai lu cette fois ci, je dis ha !!!!!!!!!!!!! tu as évolué dans tes écrits. tu as fais un effort de recherche. Il reste à faire encore beaucoup. Si ma mémoire est bonne en début 2012 ton écrit ne nous permettait pas de comprendre grand chose. C’était lamentable ; Mais cette fois c’est cool ; du courage à toi. Quand au fameux gréviste il n’a qu’a faire pardon maintenant ;
      quelqu’un peut me dire d’où vient la mauvaise administration ? ou bien la journaliste elle même pourrait me situer d’avantage sur cette question qui m’échappe.

  • Le 3 juin 2013 à 11:13, par Sidpasata - Veritas En réponse à : Filature du sahel : Le verdict en défaveur des délégués du personnel

    Ainsi en va-t-il de la Justice et des droits de l’homme au pays des hommes intègres : Il faut refuser de manger et boire et prendre de graves risques pour sa santé, avant que la Justice se saisisse des cas d’injustice qui vous frapper pour enfin dire le droit et imposer la rigueur de la loi au plus fort. Le comble, c’est cela qu’on appelle ici un État de droit, un Pays émergeant et une paix sociale à préserver ! Aie, le BF est désormais un pays à 2 vitesses : "les uns mangent, les autres regardent..." Le clan des satisfaits et celui des déçus se toisent, se défient et parlent chacun un langage incompris par l’autre.

    • Le 3 juin 2013 à 17:40 En réponse à : Filature du sahel : Le verdict en défaveur des délégués du personnel

      La justice est là pour tous : patron et employés. Les gens croient qu’avec beaucoup de bruits, ils pourront dire la justice à la place des juges dont c’est le métier. Il faudra du reste que cette même justice s’applique intégralement sur les grèves anarchiques et autres justices populaires, sans discernement.

  • Le 3 juin 2013 à 17:44, par tampo En réponse à : Filature du sahel : Le verdict en défaveur des délégués du personnel

    je crois pas que une grève de faim peut jouer sur la productivité d’une entreprise car il s’agit d’un cas isolé qui n’a autre but que de se faire connaitre

  • Le 4 juin 2013 à 09:14, par ADMOS En réponse à : Filature du sahel : Le verdict en défaveur des délégués du personnel

    Ma cherie, merci pour cet esprit de synthèse. Je tiens à te dire que tes écrits sont de plus en plus professionnels et à t’en féliciter. Nous t’avons longtemps critiqué pour la qualité et cela t’a sans doute mené à la perfection. j’ai eu un énorme plaisir à te lire, ne baisse plus la garde, va de l’avant. Quant au dossier FILSAH, la lutte syndicale est le fer de lance de la vie en entreprise. Il n’est pas admissible d’imaginer des relations de travail sans conflits si ce n’est confondre le contrat du travail aux contrats voisins.

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