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Bonne exécution des chantiers : vite, un corps d’inspecteurs de travaux finis !

Publié le jeudi 6 janvier 2005 à 07h13min

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Le laisser-aller dans le contrôle de la qualité des chantiers a atteint son paroxysme au pays des Hommes intègres, à telle enseigne que l’Assemblée nationale a été obligée de monter au créneau.

En effet, lors de la session budgétaire de décembre dernier, la Commission des finances et du budget (COMFIB) de la représentation nationale a, dans son rapport général sur le budget de l’Etat gestion 2005, fait une recommandation portant sur la bonne exécution des chantiers. L’institution dirigée par Roch Marc Christian Kaboré, à travers cette commission, demande au gouvernement de prendre un certain nombre de mesures allant dans ce sens .

Il s’agit de la formation des personnels des petites et moyennes entreprises (PME), de la mise à l’écart des marchés publics des PME reconnues défaillantes sur des chantiers, de l’allégement des procédures de passation des marchés publics et de résiliations des contrats et de l’application stricte des clauses contractuelles. La dernière recommandation de l’auguste assemblée porte sur la formation continue des techniciens chargés du contrôle des chantiers publics et la mise à leur disposition de moyens logistiques et financiers appropriés.

A l’origine de ces recommandations, les députés disent s’être rendus compte d’une faiblesse de la capacité des PME à offrir un travail de qualité dans les délais contractuels requis. La faible capacité de l’administration à assurer un contrôle de qualité sur l’exécution des chantiers, a été aussi montrée du doigt. En somme, il y a des insuffisances de part et d’autre dans l’exécution des chantiers initiés dans le cadre des projets et programmes de développement dont la bonne conduite contribue indiscutablement à l’essor du pays tout entier. En d’autres termes, si le pays ne se développe pas, c’est que les projets et les programmes ne sont pas bien exécutés.

En la matière, les exemples sont légion. Le plus illustratif est le tronçon de la route nationale n°1 entre Boromo et Bobo qui s’est considérablement dégradé avant même le terme des travaux de réfection entrepris à coup de milliards. Avec cette prise de conscience de l’auguste assemblée dont l’une des tâches est de contrôler l’action gouvernementale, on peut espérer que la mauvaise exécution des chantiers ne sera plus qu’un... mauvais souvenir au Burkina. Mais prudence, car le fossé est souvent grand, profond et infranchissable entre les recommandations, les décisions prises et leur mise en oeuvre.

Combien de bonnes résolutions et recommandations faites pour remédier à des problèmes dorment-elles dans les tiroirs si elles ne sont pas purement et simplement jetées dans des poubelles ? Nous osons espérer que l’Assemblée ne se contentera pas seulement de faire des recommandations sans se soucier du sort qui leur sera réservé par l’exécutif. Elle doit veiller à leur mise en oeuvre comme à la prunelle de ses yeux. En cela, elle aura aussi exercé ses prérogatives de contrôle de l’action gouvernementale.

En plus des pertinentes recommandations évoquées ci-dessus, il faut aussi songer à créer un corps des inspecteurs des travaux finis, car le désordre et la pagaille constatés amènent à se demander finalement qui contrôle quoi. Il est fréquent que des infrastructures se délabrent avant leur réception officielle. Un autre exemple illustratif de cette situation, est relatif aux infrastructures scolaires. Combien d’écoles ou de logements de maîtres flambant neuf ont vu leur mur se fendiller avant leur réception ? Combien de salles de classe ont été inondées à la moindre pluie ou, plus grave, combien ont eu leur toiture emportée par le premier vent ?

Celui qui s’amusera à établir des statistiques en la matière, sera édifié. Le corps d’inspecteurs peut contribuer à endiguer ces cas avérés et impunis de mauvaise exécution de chantiers et cela en mettant de l’ordre dans le milieu des bâtiments et travaux publics (BTP) où, au regard du profil de certains exécutants de chantiers, n’importe qui devient du jour au lendemain entrepreneur.

Cela met la vie de tout le monde en danger car beaucoup d’immeubles que nous fréquentons où dans lesquels nous travaillons, de routes ou de ponts que nous enjambons peuvent tout d’un coup s’éffrondrer, se rompre. Et nul ne peut savoir à l’avance les dégâts en terme de pertes en vies humaines et/ou matérielles qui peuvent résulter d’une telle situation évitable si les normes de construction sont simplement respectées.

La création du corps des inspecteurs va mettre les structures traditionnelles de contrôle de la qualité des travaux devant leurs responsabilités avec la remise en cause qu’elles ne manqueront pas de faire pour ne pas être suspectées de laxisme dans le suivi des travaux, de connivence voire de compromission avec les entrepreneurs.
Toutefois, pour que le corps des inspecteurs soit efficace et ne tombe pas rapidement dans les travers qu’il est censé combattre, il faut un certain nombre de préalables.

Le premier et le principal est sa composition qui ne doit pas être exclusivement faite de fonctionnaires de l’Etat, de peur que la structure ne soit mise sous la coupe de l’Etat lui-même par des agents zelés, soucieux de vite retourner l’ascenseur. La parade contre cette inféodation doit passer par des éléments de la société civile. Dans sa composition et son fonctionnement, cette structure pourrait ressembler au Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC).

Le deuxième préalable est la décentralisation du corps. Les chantiers s’exécutant un peu partout à travers le pays, la structure devrait par conséquent avoir des démembrements pour surveiller les travaux majeurs. En ce début d’année, on ne peut que formuler le voeu que ce corps voie rapidement le jour afin que nous sortions du cercle infernal de l’éternel recommencement.

Le Pays

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