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Coopération parlementaire et intégration des peuples : Piste pour la mise en place des Etats-Unis d’Afrique par le bas ? (2/5)

Publié le mardi 28 mai 2013 à 22h14min

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Coopération parlementaire et intégration des peuples : Piste pour la mise en place des Etats-Unis d’Afrique par le bas ? (2/5)

Les parlementaires de la sous-région ouest-africaine n’ont de cesse d’exprimer leur vœu pour l’effectivité de la libre circulation des personnes et des biens. Ce vœu a encore été clamé le 6 mars dernier, à l’occasion de l’ouverture de la première session de la 5è Législature du Burkina Faso, la coopération parlementaire mobilisant. Au stade actuel des initiatives sur la voie de la création des Etats-Unis d’Afrique, on peut bien espérer que nos parlementaires légiféreront dans le sens de la facilitation de la libre circulation des personnes et des biens. C’est du moins, ce qui ressort du discours de bien de députés dont Mathurin Coffi Nago, président de l’Assemblée nationale du Bénin.

La facilitation de la libre circulation des personnes et des biens a toujours été le vœu des panafricanistes qui ne voyaient depuis les années 1960, l’avenir de l’Afrique que dans l’union. De ceux-ci, les figures emblématiques restent Kwamé N’Krumah du Ghana, Haïlé Sélassié d’Ethiopie, Maurice Yaméogo de la Haute-Volta, et bien d’autres.

Cette vision se fonde notamment sur les bons rapports qu’entretiennent le plus souvent les peuples séparés par des frontières arbitrairement artificielles.

Et aujourd’hui, au regard des conflits de leadership qui freinent le processus de mise en place des Etats-Unis d’Afrique par le haut, c’est-à-dire par la fusion des souverainetés nationales, la voie de la libre circulation des personnes et des biens semble s’afficher en alternative crédible. Elle a, en effet, le mérite de s’appuyer sur des populations qui se fréquentent, qui se connaissent et qui auront pris goût à un vivre ensemble harmonieux.

Que peut-on attendre de la coopération parlementaire dans l’instauration véritable, et avec quiétude, de la libre circulation des personnes et des biens ?

Les populations de part et d’autre des frontières nationales se fréquentent le plus souvent sans méfiance aucune. En effet, les membres d’une même famille se retrouvent, avec le tracé arbitraire des limites frontalières, séparés par deux Etats. Pareilles situations, on en voit à la frontière entre le Burkina Faso et le Togo, au niveau de la ville de Cinkansé (divisée en Cinkansé Burkina et Cinkansé Togo). Et animées par l’instinct naturel de fréquentation entre membres d’une même cellule familiale, la fluidité des rapports sociaux y est perceptible et est même conviviale.

L’Assemblée nationale togolaise, à en croire son 1er vice-président, Komi Selom Klassou, « réitère sa disponibilité à œuvrer au renforcement des liens historiques, socio-économiques et culturels entre nos deux pays ». Pour ce faire, le Togo de par sa situation géographique de pays côtier et grâce aux atouts naturels et logistiques de son port, le Port autonome de Lomé, « est disposé à toujours servir de porte océane pour tous les pays enclavés su Sahel et particulièrement pour son voisin immédiat qu’est le Burkina Faso ».

A la frontière avec le Bénin, c’est le même constat qui est fait. En effet, relève le président de l’Assemblée nationale du Bénin, Mathurin Coffi Nago, les divisions artificielles de notre espace commun, voulues et consacrées par la colonisation n’ont pu et ne pourront modifier les sentiments, la qualité des relations et la volonté de coopération et de solidarité de nos peuples. A travers cet espace commun, précise M. Nago, « les individus et les familles circulent librement, échangent, se fréquentent, s’établissent ici et là et entreprennent ensemble pour le développement de notre sous-région ».

Cette coopération séculaire, fraternelle et solidaire entre les peuples burkinabè et béninois doit également son approfondissement et sa pérennité aux idéaux de liberté et de démocratie que ceux-ci partagent si heureusement, ainsi qu’à leur commune volonté de réaliser ensemble leur développement harmonieux par une politique d’intégration régionale réussie. Au regard de cet état de fait, le président Nago s’adressant à ses collègues du Burkina, dira « notre responsabilité commune en tant que représentants élus de la Nation nous impose d’accompagner activement cette volonté et ces choix des peuples en recherchant constamment les voies et moyens pour une complète réalisation de leurs aspirations et de leurs attentes et pour une solidarité réelle entre ceux-ci ».

Pour Mamadou Marthé Daouda, 1er vice-président de l’Assemblée nationale du Niger, le Burkina et le Niger sont deux pays frères qui partagent plus qu’un simple tracé de frontière qui, du reste, est plus virtuel que réel pour les populations burkinabè et nigériennes. En effet, dira-t-il, « nous avons en commun l’histoire, la culture, la géographie, pour ne pas aller à citer jusqu’aux hommes ». Et de s’interroger, « pourquoi ne pas songer à une commission parlementaire paritaire Niger-Burkina qui réfléchira et proposera des axes d’orientation permettant de matérialiser cette forte aspiration de nos populations au regroupement régional ? »

De ce qui précède, il ressort à tout le moins, que nos parlements ont connaissance du fait que nos populations, séparées par les différentes frontières nationales, aspirent à une véritable libre circulation des personnes et des biens au-delà des limites territoriales arrêtées. Nous osons croire qu’il en ainsi dans toutes les quatre autres sous-régions du continent. Encore faut-il qu’elles (les populations) bénéficient de cadres législatifs communs instaurant la quiétude dans ce sens. Et cela est bien possible !

Au stade actuel du dynamisme de la diplomatie parlementaire sous nos cieux, il est permis d’espérer que nos Parlements œuvreront dans ce sens. Ce qui facilitera, ou à tout le moins, permettra à l’effectivité des Etats-Unis d’Afrique, d’avoir une assise assez solide.

Cette option semble s’imposer aujourd’hui, quand on pense aux conflits de leadership entre souverainetés nationales qui ont jusque-là obstrué sur fond de mauvaise foi, le chemin vers l’Union du continent. Au même moment, tous nos chefs d’Etats disent être convaincus que la place du continent au sein des instances où se décident les grands dossiers du monde, et même son avenir (du continent), se trouvent conditionnés par son Union. Vivement que nos populations bénéficient de l’accompagnement conséquent des Parlements, afin que les cinquante prochaines années voient l’avènement des Etats-Unis d’Afrique !

Fulbert Paré

Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 29 mai 2013 à 10:37 En réponse à : Coopération parlementaire et intégration des peuples : Piste pour la mise en place des Etats-Unis d’Afrique par le bas ? (2/5)

    Je suis à 100% d’accord pour les États Unis d’Afrique, même si cela risque d’être difficile au début, il est impératif de mettre en place ces USA ! Pas besoin de se presser, on pourrait déjà commencer, pas nécessairement dans l’ordre, avec 5 sous-unions : USWA(United States of West Africa), ensuite avec l’Afrique Orientale, puis le Maghreb avec la Mauritannies et le Nord Mali majoritairement Musulmane avec une culture qui s’approche de la culture arabe, l’afrique centrale et enfin l’Afrique Australe !!

    On choisira une langue : Anglais, Français, Swahili ... peu importe, l’essentiel est que cette langue réponde à des critères bien précis établis.

    Chaque sous-union aura une politique commune et restera indépendante de choisir ses orientations politiques.

    Je pourrais continuer mais je m’arrête !!

    Ce que je voudrais c’est que tous les présidents(actuel ou futur) y pense et se dise que c’est pas impossible tout en gardant à l’esprit qu’ils auront des bâtons dans les roues.

  • Le 29 mai 2013 à 12:41 En réponse à : Coopération parlementaire et intégration des peuples : Piste pour la mise en place des Etats-Unis d’Afrique par le bas ? (2/5)

    "Vivement que nos populations bénéficient de l’accompagnement conséquent des Parlements, afin que les cinquante prochaines années voient l’avènement des Etats-Unis d’Afrique ! "
    mon œil oui ! Il n’y aura jamais ces Etats Unis d’Afrique tant que nous aurons toujours ces dinausores de chefs d’Etats

  • Le 29 mai 2013 à 16:28, par SOGOSSIRA SANOU En réponse à : Coopération parlementaire et intégration des peuples : Piste pour la mise en place des Etats-Unis d’Afrique par le bas ? (2/5)

    Il faut certainement applaudir a tout rompre une idee d’etats unis d’Afrique. De nos jours cela n’est point un reve, mais meme tres proche de la realite c’est a dire tres realisable. La où le bas blesse, c’est surtout au niveau de la voie que vous semblez designer pour y parvenir. Des parlementaires sont tres loin des peuples pour permettrre une integration des peuples et l’aboutissement a des EUA. par contre laisses a eux memes ces populations sans les tracasseries des politiques neocoloniales (si elles sont debarrassees des tares heritées de la colonisation qui sont perpetuees par les servants locaux car les frontieres heritées de la colonisations ne se justifient pas de nos jours, alors vous voyez que du coup l’Afrique devient une, indivisible et alors face au meme enemi qu’est celui qui l’a asservi il y a cent ans. En somme, il faut que nous sachions nous debarrasser de nos tares coloniales et neocoloniales qui nous deservent au lieu de les entretenir ; ceci ne vaut qu’au sommet des politiqies qui y ont le plus grand interet, mais pas le peuple. Car s’il s’agit d’integration, des populations aux frontieres de nos etats vivent en parfaite harmonie ; seules les tracasseries de l’administration neocoloniale viennent leur rappeler qu’elles sont differentes.

  • Le 29 mai 2013 à 16:41, par Sabali SORO En réponse à : Coopération parlementaire et intégration des peuples : Piste pour la mise en place des Etats-Unis d’Afrique par le bas ? (2/5)

    Criez l’Afrique aux africains et vous verrez si vous en survivrez plus de deux années d’une telle declaration de guerre aux interets etrangers. Qui sont ceux-la memes qui vont vous abattre, ce seront de vos freres qui vont servir de bras armes par les puissances de dehors pour leurs interets qui sont tout de suite vus menaces par un tel slogan et une si grande clairvoyance. Pourtant lAfrique ne sera unie que si elle est aux africains reellement et non au service d’autres interets. Ceci n’est qu’une triste realite que les politiques" lesminorites gouvernantes savent tres bien"

  • Le 31 mai 2013 à 18:09, par OAA En réponse à : Coopération parlementaire et intégration des peuples : Piste pour la mise en place des Etats-Unis d’Afrique par le bas ? (2/5)

    Nous savons tous que ré-unir l’Afrique est notre chance de survie mais nos dirigeants l’abordent avec un mauvais paradigme. Ils ne s’agit pas de créer les "Etats Unis d’Afrique" ce qui est un terme issu d’un paradigme qui n’est pas le notre mais de se ré’unir entre frères et sœurs africains en supprimant ces frontières tel qu’il à toujours été pendant des milliers d’années au paravent. Ré-armons nous de notre passé afin de supplanter ces divisions qui sont récentes à l’échelle de l’histoire.. Les frontières sont purement et simplement psychologique..

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