Une fois la porte d’entrée franchie, le visiteur est accueilli par le rythme couper décaler « tango-tango » des AS DJ, « sentiments môkô » du chanteur ivoirien Caloudji, et sans oublier la chanson sur Noël du prodige national, Madson Junior. La centaine d’enfants qui étaient assis sur des chaises sous les bâches n’étaient pas du tout insensibles à ces morceaux de musique.

Quelques-uns sont venus même se trémousser devant des adultes qui, en l’espace de quelques minutes, ont pu oublier leurs angoisses quotidiennes. L’apparition d’un papa Noël distribuant des bonbons, qui, à défaut de cheminée, est sorti du bâtiment faisant face à l’assistance, rendra encore l’atmosphère plus féerique.

C’est la quatrième fois qu’Emmaüs Solidarité organise cette fête qui est une rencontre de partage.

Cet arbre de Noël, Emmaüs a décidé de l’installer chaque année. Pour le président de l’association, M. Emmanuel Siambo, l’objectif est de « témoigner notre solidarité aux enfants en difficulté, seuls ou abandonnés, en leur offrant de quoi s’habiller et de quoi jouer. Nous leur servons également un repas commun ». Et ceci, en partenariat avec Emmaüs international et le département de l’Action sociale.

Selon la responsable de l’Action sociale de l’arrondissement de Boulmiougou, Mme Awa Yaméogo, Emmaüs est venu « à notre aide plusieurs fois, notamment dans le placement des enfants, les dons de fournitures et l’amélioration des conditions de veuves. Le 31 décembre dernier, dans cette même maison, nous nous sommes donc rencontrés pour essayer de rendre plus formelles nos activités communes ».

Cet arbre de Noël est donc le premier fruit de cette rencontre. Avec la collaboration de l’Action sociale, une sélection d’enfants nécessiteux a été faite : une centaine.

A chacun, il a été remis un colis dans lequel se trouve un pantalon, une chemise, une paire de chaussures et un jouet. Après la remise symbolique des cadeaux, un copieux repas, du riz gras avec des morceaux de viande conséquents, a été servi aux enfants.

Pour le moment, les différents arbres de Noël organisés par ESO se limitaient à l’arrondissement de Boulmiougou. L’ambition de l’association est de l’étendre dans d’autres zones, dans les prochaines années.

C’est ce qui ressort des propos du premier responsable d’Emmaüs Ouaga, M. Siambo. Partout où cela est possible, ajoutera t-il, il faut « créer un petit amour pour les gens qui n’ont pas les moyens, pour ceux qui souffrent ».

Par ailleurs, une table ronde a permis de définir les nouveaux axes prioritaires d’intervention de ce regroupement hautement humanitaire qu’est Emmaüs : les enfants abandonnés, les élèves « cas sociaux », les personnes vivant avec le VIH, le financement des micro- entreprises et une grande priorité aux vieilles femmes, surtout celles vivant dans les cours de solidarité, comme celle de Tanghin.

A écouter le président d’Emmaüs Ouaga, ces femmes âgées rencontrent des problèmes de nourriture, de santé, d’hygiène et même en cas de décès de l’une d’elles. Leur sort, qui n’est donc pas souvent enviable, mérite une certaine attention.

En attendant, ce sont des enfants, tous joyeux d’avoir bien mangé et les bras chargés de cadeaux qui ont quitté le centre d’accueil d’Emmaüs Solidarité Ouaga dans la soirée du 3 janvier 2005.

Issa K. Barry
L’Observateur