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ETALONS : L’entraîneur, toujours le bouc émissaire

Publié le mardi 4 janvier 2005 à 07h28min

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Ivica Todorov, Franco-yougoslave, n’est plus l’entraîneur des Etalons, depuis le 1er janvier 2005. Ainsi en a décidé la Fédération burkinabè de football. Un Français venu du Bénin voisin, Bernard Simondi, le remplace. Tradition respectée au Burkina !

Philippe Troussier, Didier Notheaux, René Taelman, Sidiki Diarra, Oscar Fullone, Jacques Yaméogo, Jean-Paul Rabier, Ivica Todorov et maintenant Bernard Simoni ! Voilà les entraîneurs des Etalons qui se sont succédé au Burkina Faso depuis la CAN’98. Neuf entraîneurs en sept ans. Calcul rapide : même pas un entraîneur par an. Les Etalons auront avalé des entraîneurs, si on ajoute Drissa Traoré dit Saboteur, celui-là qui a indiqué la voie des phases finales de CAN au Burkina Faso (qualification sur terrain). Si le Bulgare Ivan Voutor s’y ajoute, le Burkina devrait battre des records dans ce sens. Est-on toujours en train de tâtonner ?

Le Franco-Yougoslave, arrivé seulement en avril 2004 pour un contrat de deux ans , quitte la tête des Etalons après près de 9 mois d’exercice. Il remplaçait Jean-Paul Rabier, dont la fin de contrat coïncidait avec la fin de la CAN’2004 où les Etalons s’étaient tristement illustrés. Il avait lui-même déclaré avant d’aller en Tunisie, qu’il ne resterait plus entraîneur des Etalons. Peut-être sentait-il les choses venir ! La situation de Todorov était tout aussi prévisible, surtout après la défaite des Etalons, le 9 octobre 2004 à Praia (0-1), contre le Cap- Vert. Ce dernier match de la première phase des éliminatoires combinées CAN-Mondial’2006 venait ainsi accélérer le départ de Todorov. En effet, tout indiquait que le " sauveur Yougoslave" n’était pas en bons termes avec ses employeurs. Il n’y avait qu’à le surprendre dans les couloirs de la FBF hausser le ton ou encore lire certains écrits.

Le dernier acte, c’est sa dernière interview parue dans "Le Pays" où il affirmait que la Fédération ne se faisait pas respecter.
Il faut le reconnaître , Todorov est cet homme qui ne veut pas être bousculé dans ce qu’il fait. C’est le genre d’entraîneur qui veut tout livrer à la presse, y compris ses options, ses rapports avec les joueurs. On se rappelle que lors d’une conférence de presse d’avant match, il a été prié de ne pas tout dire. Seulement, sa présence sur le sol où il doit exercer n’était pas du tout encourageante. Comment peut-on diriger une équipe burkinabè depuis la France ? A cette question, on peut tout de suite se demander pourquoi la FBF n’a pas réagi tout de suite.

Praia restera un mauvais souvenir car la défaite que les Etalons y ont enregistrée les place dans cette inconfortable avant-dernière place dans le groupe (5e) juste avant l’Ouganda, dernier. Dès lors, personne n’est à l’aise, personne n’est serein ; de l’entraîneur aux dirigeants, en passant par les supporters. Et comme toujours, il faut trouver un coupable. En pareilles circonstances, il est tout indiqué : l’entraîneur. Ainsi, Todorov est "sacrifié"" comme tous ses prédécesseurs.

Et après ?

Visiblement, on ne tire pas leçon de nos actions passées. Comment peut-on limoger autant d’entraîneurs et demeurer dans la même galère, sans en être un tant soit peu troublé ? Todorov a certes ses erreurs, mais la solution était-elle dans son limogeage ? Peut-être ! Mais de façon générale, toute action se construit dans la durée. Cette vérité concerne non seulement les dirigeants mais aussi les autres, surtout quand le même geste produit toujours le même résultat. Au Burkina Faso, aucun dirigeant du football n’est venu parler d’abord de projet à long terme. Chaque responsable , dès l’accession au "trône", parle d’abord de la qualification des Etalons à la CAN. Du coup, les supporters sont mis dans l’illusion et n’acceptent plus de défaite.

Notre "prêt-à-porter" n’est pas si bien que cela et il faudrait désormais que nous arrêtions de nous chatouiller nous-mêmes pour sourire. D’où viennent nos Etalons pour qu’on rêve tant ? Combien de joueurs expatriés sont-ils titulaires dans leur club pour constituer un réel espoir ? A quel niveau de championnat national assiste-t-on pour clamer le talent indéniable d’un joueur local ? Arrêtons de nous flatter et adonnons-nous à la formation, seul gage d’une relève qui pourrait nous apporter les glorioles escomptées.

C’est sûr, Bernard Simondi, avant même de prendre fonction, doit se convaincre qu’il sera limogé demain ou ne verra pas son contrat renouvelé. C’est la règle, puisqu’on compte tellement sur du "prêt-à-porter" qui doit en réalité être rechemisé. Répétons-nous : il manque de la matière première au Burkina en matière de football. On aurait amené le meilleur entraîneur du monde à la tête des Etalons, dans cet esprit et dans cet état, que nous n’aurions toujours que nos yeux pour pleurer. L’entraîneur ne saurait être le seul responsable des échecs. Il y a toute une ambiance autour et chacun devra faire preuve d’humilité pour reconnaître sa part de responsabilité.

A l’heure actuelle, les Etalons ne sont ni éliminés ni qualifiés pour la CAN. Il reste encore 5 marches où ils peuvent encore surprendre comme lors des éliminatoires de la CAN’2004. Mais faut-il simplement se qualifier pour une CAN et par la suite se faire humilier ?
Prenons le temps de former, de cultiver l’humilité et l’ouverture et d’avoir l’esprit du travail dans la durée. Tant qu’il manquera cette matière première, les entraîneurs se succéderont à la pelle devant nos Etalons pour les mêmes résultats. Le mal est donc plus profond.

Par Alexandre Le Grand ROUAMBA
Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 10 janvier 2005 à 04:54 En réponse à : > ETALONS : L’entraîneur, toujours le bouc émissaire

    Bon je suis tres flatte par l objectivite de cette article et me pousse a croire que l auteur est bien un professionnel car j ai eu a etre scandalise par le passe par le contenu de certains articles(du sport) burkinabe...surtout apres la defaite du burkina a kinshasa ou une ceratine presse burkinabe a ecrit des articles vraiment comme ci elle etait simplement fanatique... et qui frisaient meme la haine et la desinformation sans pour autant se poser la question sur la valeur intrinseque de leur equipe nationale...ben le temps finira peut etre par repondre a la question...je ne l ai dit simple parce que je suis congolais mais...
    Bon maintenant que le burkina faso change d entraineur en plein milieu des eliminatoires pendant que la RDC est en train de mobiliser ses batteries avec par exemple un match amicale contre la cote d ivoire le 8 fevrier a Rouen en france et des stages bloques prevus avant le demarrage de la phase retour... et peut etre le resultats sera que le burkina faso sera battu par la RDC a ouagadougou... et ca ne sera que logique vu la preparation actuelle de la RDC dans cette competition...et alors ...OUI une presse objective et non fanatique aidera le football...

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