Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (Maep) : Pourquoi ça ne marche toujours pas ?
Il a été Initié en 2002 par des concepteurs qui le percevaient à l’époque comme un outil d’aide en matière de bonne gouvernance en Afrique. Plus d’une décennie après, le ‘’Maep’’ demeure toujours un vaste chantier. Essai d’explication
C’est en 2002 sous l’impulsion de l’Union africaine, que le Maep a vu le jour, dans la dynamique du Nouveau partenariat économique pour le développement de l’Afrique, le Nepad. Démocratie et gouvernance politique, gouvernance et gestion économique, gouvernance d’entreprise et développement économique sont les quatre piliers de ce nouvel instrument censé permettre à l’Afrique de se regarder dans la glace.
Et cela, à travers une évaluation objective dit-on, des forces et des faiblesses des différents pays qui accepteraient de se soumettre à l’exercice. Ces derniers devant bénéficier par la suite (on ne le souligne pas assez) d’un accompagnement et d’un soutien financier de la part de la communauté internationale.
Problème global, solutions individuelles à la carte
Premier écueil, c’est le format : l’adhésion au Maep est libre et laissée à l’appréciation de chaque pays qui souhaite tenter l’expérience. Pourquoi pas. Sauf que la réponse générale apportée par le ‘’Maep’’ aux problèmes du continent, se heurte à une première contradiction : celle de devoir composer avec des particularismes, alors même que l’Afrique souffre d’un retard collectif et qu’aucun pays considéré individuellement ne peut à lui tout seul espérer se tirer convenablement d’affaire.
Au moment où de grands ensembles régionaux se créent et se consolident en Europe, en Amérique et en Asie, l’Afrique montre encore une fois son incapacité à surpasser ses divergences pour se doter d’un mécanisme qui transcende les divergences et les réticences.
La preuve d’une telle situation, ce sont les recommandations des ‘’pairs’’ qui n’ont pas de caractère contraignants et que les différents états peuvent appliquer à leur guise. Dans de telles conditions, il est difficile de trouver le bout du tunnel.
Les populations africaines étrangères au Maep
Du reste et comme l’a souligné Jean Baptiste Natama du Maep Burkina, l’un des défis majeurs c’est la non appropriation de cet outil par les populations elles-mêmes. Ce qui confirme bien l’éloignement de leurs préoccupations actuelles.
Sur un plan purement technique, en considérant les quatre aspects ci-dessus évoqués, il est difficile de parler d’amélioration de la situation globale de la gouvernance sur le continent. Le cas le plus parlant ce sont les dernières élections qui viennent de se dérouler en Côte d’Ivoire dans la confusion totale.
Gouvernance problématique
Ailleurs c’est toujours le même constat avec des élections ou bloquées ou annulées. Quant à la corruption, elle a dépassé les limites du raisonnable.
Mais comment parler de la bonne exécution du Maep lorsque sa génitrice, l’Union africaine elle-même ne parvient pas à se trouver un/e président/e dans les règles de l’art ? Au point de se donner spectacle aux yeux du monde, et dans une désespérante confusion ?
A l’évidence, il faut croire que tout le monde ne dispose pas des mêmes repères. Difficile alors de s’expliquer que des pays qui n’ont jamais été des parangons de vertu en matière de bonne gouvernance puissent passer en l’espace d’une évaluation, des mauvaises aux meilleures intentions du monde ? La réponse est là : depuis 2002 rien n’a fondamentalement changé.
Juvénal Somé
Lefaso.net
Vos commentaires
1. Le 24 avril 2013 à 21:49 En réponse à : Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (Maep) : Pourquoi ça ne marche toujours pas ?
On ne peut être juge et partie en matière d’évaluation !
2. Le 24 avril 2013 à 22:02 En réponse à : Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (Maep) : Pourquoi ça ne marche toujours pas ?
En fait, c’est un machin qui ne pouvait pas fonctionner. Il contenait en lui-même les germes de son blocage. C’était fait pour ne pas fonctionner. Seuls les naïfs pouvaient y croire ! Et il n’y a pas que le MAEP. Il en sera de même pour les Etats Unis d’Afrique !
3. Le 25 avril 2013 à 06:20, par chineur En réponse à : Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (Maep) : Pourquoi ça ne marche toujours pas ?
MAEP, pourquoi çà ne marche pas ? Et pourtant ! la réalité est que les Etats qui espéraient continuer à bénéficier de l’aide publique devaient adhérer à cet mécanisme qui définit les modalités de remboursement, le rôle des autres chefs d’Etat étant, après des évaluations périodiques, de rappeler aux contrevenants les engagements pris vis à vis de bailleurs de fonds.
4. Le 25 avril 2013 à 17:29, par nongasida En réponse à : Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (Maep) : Pourquoi ça ne marche toujours pas ?
a quand un nouveau patron du MAEP, j’ai dû entendre que NATAMA est devenu le chef de cabinet de la présidente de l’UA ?Malgré tout on est 183ème.Bravo !
5. Le 25 avril 2013 à 17:58, par ANNAN En réponse à : Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (Maep) : Pourquoi ça ne marche toujours pas ?
quelle aide ? pour qui ? Ne nous leurrons pas, les gars !! Eux, ils sont nantis car il ya l’or, le diamant, les caisses noires...... NEPAD, MAEP ou autres instances sont des rencontres d’initiés de la grande mafia, la mafia institutionalisée et internationalisée, donc officialisée. Dans le fonctinnement de la mafia, la méfiance entre les membres constitue une source de stabilité. On se tue, on se joue les coups bas, mais on ne peut guère s’abandonner.