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Etats unis d’Afrique : Du rêve au cauchemar

Publié le dimanche 21 avril 2013 à 21h34min

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                              Etats unis d’Afrique : 	     Du rêve au cauchemar

Six ans que l’idée de mettre sur pied ce que ses concepteurs ont appelé à l’époque, « les Etats Unis d’Afrique ». Emise en 2007 à Accra au Ghana, lors de la neuvième session des Chefs d’état de l’Union africaine, l’idée a fait long feu. Faisant ainsi virer le rêve au cauchemar.

Oublié désormais, l’ambitieux projet de création des Etats unis d’Afrique ? A l’évidence la question ne semble plus d’actualité en ce moment. Surtout face à la résurgence des conflits armés et des rebellions qui apparaissent pour leurs auteurs, comme des formes de réponses à la mal gouvernance sur le continent africain.

C’est oublier que dès le départ, l’affaire elle-même était assez bien mal engagée au pays du Dr Kwame N’Krumah, chantre du panafricanisme.

L’Union Africaine divisée

En effet, pendant que certains y voyaient une chance et une opportunité pour les africains de faire un bond qualitatif sur la scène internationale, d’autres l’analysaient par contre, comme une manière pour l’ex-Guide Libyen d’assouvir ses instincts de domination, après avoir échoué dans sa tentative d’unification panarabiste.

Reproduisant ainsi les mêmes clichés qui ont prévalu à la création de l’OUA en 1963 à Addis Abeba en Ethiopie ; avec d’un côté le groupe de Monrovia et de l’autre celui de Casablanca. De fait, les dirigeants du continent se trouvèrent partagés dans deux camps farouchement opposés.

Tripoli vs Pretoria

Aux côtés du libyen, on retrouve ainsi d’autres noms tels que Abdoulaye Wade du Sénégal, et Omar Bongo du Gabon.

En face il y a ceux qui estiment qu’il faut appliquer la théorie des petits pas. Ce sont le Sud-africain Thabo Mbeki, l’Ougandais Yoweri Musseveni, et l’éthiopien Mélès Zénawi. Auxquels l’on pourrait ajouter le burkinabè Blaise Compaoré.

C’est d’ailleurs un secret de polichinelle, le sommet d’Accra signera la rupture entre le Guide et le chef de l’Etat burkinabè ; le second n’hésitera pas à s’engager ouvertement dans la voie de la contradiction et à marquer sa nette différence. A la stupéfaction du premier qui en guise de représailles, va resserrer les cordons de la bourse.

Le Panafricanisme malmené

On l’aura compris, dans ce combat de titans entre partisans et adversaires d’une marche forcée de l’Afrique vers l’unité, chacun opte pour ce qui l’arrange et pas nécessairement pour ce qui fait l’affaire de ses propres populations, qui du reste, n’ont à aucun moment été consultées sur cette question de haute importance stratégique.

Pourtant, estime l’Ambassadeur Ki Doulaye Corentin, « le grand débat sur le gouvernement de l’union procède selon lui de la problématique qui a toujours agité les cercles politiques et intellectuels ainsi que les populations africaines en général sur la nécessité d’avoir une Afrique unie et unitaire si l’on veut résoudre les problèmes politiques, sécuritaires et économiques qui se posent au continent. »

De Syrte à Accra

Il faut noter à ce propos, que c’est l’assemblée des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA elle- même qui avait décidé à l’occasion de sa huitième session en Ethiopie, les 29 et 30 janvier 2007, de consacrer sa prochaine session à « un grand débat sur le gouvernement de l’Union Africaine », traduction de sa volonté à œuvrer rapidement à la mise en œuvre de l’idéal continental.

Malheureusement les antagonismes ont été trop forts ; si bien que l’union des Chefs d’Etat prendra encore une fois le pas sur celle des citoyens en terre ghanéenne. Un fait accentué par l’impossibilité, plus de cinquante ans après les indépendances, à construire de véritables état-nations ; de même que l’existence de cette contradiction quasi permanente entre ces professions de foi panafricanistes et ces replis souverainistes.

Bilan peu satisfaisant

En termes de résultats, l’Afrique se retrouve donc six ans après le sommet d’Accra toujours à la recherche de ses marques. Le montage politique imaginé n’a ainsi jamais vu le jour. De plus certains des acteurs ci-dessus cités ne sont plus aux affaires.

Animateur de ce courant unificateur, Kaddhafi a d’ailleurs été balayé dans les conditions que l’on connaît. Quant au Mali, le pays de Modibo Diarra, un autre défenseur du panafricanisme, il a vu son territoire occupé par des mouvements terroristes après le renversement du président ATT. Ailleurs c’est toujours l’instabilité et le chao (électoral) qui prédominent.

Ironie de l’histoire, c’est cette bataille féroce entre le gabonais Ping et la sud-africaine Dlamini-Zuma pour le contrôle de la présidence de la Commission de l’Union africaine. Un conflit qui laissera sans aucun doute des traces.

Instabilité politique et ‘’démocrature’’

Au bilan, il ne reste à l’évidence qu’une addition de vœux et d’engagements non tenus. A ce titre, L’Afrique de la défense n’a toujours pas été mise en place, malgré toutes les gesticulations autour du sujet.

La preuve en a été donnée par le conflit malien ou la MISMA/CEDEAO, soutenue à bout de bras par la France et par la communauté internationale, a du mal à s’imposer convenablement.

Pas de diplomatie commune non plus ! On le constate lors des assemblées générales des Nations unies ou à l’occasion de grandes rencontres internationales avec cette multiplicité d’acteurs et d’intervenants qui sont censés paradoxalement parler des mêmes réalités.

Idem sur le plan économique ou les convergences ne sont pas au rendez-vous. Les pôles régionaux, les fameuses ‘’CER’’ (communautés économiques régionales) ne sont pas au même niveau d’engagement ; tout comme les différents pays qui les composent. L’indépendance monétaire elle, n’est toujours pas une réalité, avec des pays qui n’ont pas d’assises suffisantes, et qui ploient sous le faix de l’aide publique au développement.

Egoïsme des Etats africaines

Cette situation de crise est accrue par l’absence de solidarité réelle entre les Etats ‘’riches’’ et les autres qui sont moins nantis ; du fait de la disparité des modèles et du manque de volonté politique, les populations payent finalement le prix fort.

En effet, l’une des conséquences qui en découlent, ce sont les entraves récurrentes à la libre circulation des personnes et des biens à l’intérieur même du continent.

En outre dans le projet initial, il était également question de la création d’une Banque centrale africaine, d’un Fonds monétaire africain ainsi que d’une Banque africaine d’investissement conformément à la déclaration de Syrte de 1999.

Toutes ces initiatives semblent aujourd’hui avoir perdu de leur éclat. Au point que l’on ne peut que reconnaître la clairvoyance du penseur lorsqu’il s’interrogeait « A quand l’Afrique ? ».

Juvénal SOME

Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 19 avril 2013 à 17:22, par Un Confrère En réponse à : ETATS UNIS D’AFRIQUE : Du rêve au cauchemar

    GRAND BRAVO, Juvénul SOME ! Tu as donné un autre visage à Lefaso.net. Non seulement tu es productif, en plus, tu mènes beaucoup de réflexion sur de grands sujets, rompant avec la tradition des reportages et comptes-rendus. Courage et bon vent à toi !

  • Le 19 avril 2013 à 18:19, par Le Lutteur En réponse à : ETATS UNIS D’AFRIQUE : Du rêve au cauchemar

    Je te Tiiiiire mon chapeau.. Tres bonne analyse. Tous les problemes on ete bien analyses. Nos chefs d’Etat font de l’amateurisme en matiere de Politique et d’Economie monetaire. Au rapel, si c’est pour copier les Etats Unis d’Amerique, il ne faudra pas oublier que l’Union au USA a ete possible seulement apres une tres grande guerre civile. Apres quoi les vainqueurs on force les vaincus a s’unir. Conclusion : On ne peut pas s’unir durablement dans la Paix. Voyez l’example de l’Union Europeenne.

  • Le 19 avril 2013 à 19:01, par toutsimplement En réponse à : ETATS UNIS D’AFRIQUE : Du rêve au cauchemar

    Merci beaucoup POUR cette réflexion très géniale. Heureusement qu’il reste des personnes comme vous. Gardons tous espoire.

  • Le 19 avril 2013 à 20:02 En réponse à : ETATS UNIS D’AFRIQUE : Du rêve au cauchemar

    On le sait déjà tout cela

  • Le 20 avril 2013 à 01:35, par diaspoburkina En réponse à : Etats unis d’Afrique : Du rêve au cauchemar

    Etat Unis d’AFRIQUE est plus que reve pour plusieur raisons :
    1) cela remote dans la periode de l’independance la balkanisation des pays africains de tel sorte que d’autre sont marginalises.
    2)Nos présidents ne sont pas libre de leur mouvement ,ils sont dictes par nos puissances coloniales ce n’est pour zero que la France a tenue coute que coute pour eleminer KADAFI DE LA libye.
    3)L’instabilite politique .

  • Le 20 avril 2013 à 10:11, par Beurk En réponse à : Etats unis d’Afrique : Du rêve au cauchemar

    Le rêve de la création de ces Etats Unis D’Afrique était bien possible mais il aurait fallu 54 Thomas Sankara,Patrice Lumumba,Kwame N’Krumah comme chefs d’Etat visionnaires de nos 54 pays africains.Maintenant que nous sommes dirigés par des tocards,il serait plus sage de mettre aux oubliettes cette Union Africaine qui ne sert à rien pour abréger ce cauchemar.Enfin monsieur Somé Juvénal semble croire que khadafi était un panafricain.Que NON,il était bel et bien un panarabe.Son principal objectif du départ a été de créer une fédération arabe où il échoua puisque non suivi par les dirigeants arabes qui se méfiaient de son autoritarisme et sa mégalomanie.Ensuite,il se tourna vers l’Afrique noire avec,au départ,des ambitions expansionnistes avec de nombreuses tentatives d’annexion comme au Tchad ou la convoitise sur une partie du Niger etc etc...Où avez-vous vu un "unioniste" belliqueux ?Mon oeil,Khadafi était le parfait terroriste.Bref ayant là aussi échoué dans son projet expansionniste,il entreprit d’utiliser la carotte en transformant l’OUA en Unité Africaine avec son idée fumeuse de la création des Etats Unis d’Afrique dans lesquels il se voyait être le guide à vie et où les présidents africains devenant de simples gouverneurs de son vaste émirat.

  • Le 21 avril 2013 à 01:42, par pokou25 En réponse à : Etats unis d’Afrique : Du rêve au cauchemar

    Le peuple Africain n’a jamais ete associe a ce projet des le depart. Donc l’echec des etats unis n’est pas une surprise.

  • Le 21 avril 2013 à 06:27, par Chlarsthin72 En réponse à : Etats unis d’Afrique : Du rêve au cauchemar

    L’idée de la création des etats unis d’Afrique etait excellante que nous avions tous révés de lendemains meilleurs cependant aucun des dirigens ne veut ceder sa moindre parcelle de pouvoir, ils sont tous pareilles, ils emettent des idées pour bercer le peuple. Cet échec je l’attribu au manque de vonlonté des chefs d’etats. C’est domage mais nous le savons tous que l’Afrique ne pourra pas véritablement se developper sans l’union de ses fils et filles.

  • Le 21 avril 2013 à 14:22 En réponse à : Etats unis d’Afrique : Du rêve au cauchemar

    Tu te differencie des autres journalistes qui sont incapables de sortir hors du commun et passe tout leur temps a glorifier le regime en place.Ces journalistes doivent etre classer dans le meme sac que ces President africain ’’bebe’’ incapables de se decider pour une union africaine.Felicitation.

  • Le 21 avril 2013 à 23:56, par jakis En réponse à : Etats unis d’Afrique : Du rêve au cauchemar

    C’est très bien d’aller vers les États-Unis d’Afrique, c’est notre seul voie de succès, mais je pense qu’il y a des réglages à faire avant d’y passer. Lorsqu’on voit ce que certains pays font comme exaction sur d’autres africains, on doit avant tout régler cela. Lorsqu’à l’aéroport de tel pays d’Afrique on privilégie certains par rapport à moi l’africain, lorsque dans mon propre pays celui qui vient de l’autre région ou qui est né dans tel pays n’est pas bien traité, je me pose des questions.
    Surtout lorsque l’on voit les profits gigantesques que certains trient de notre désunion, toujours beaucoup à faire

  • Le 22 avril 2013 à 09:23, par sansPseudo En réponse à : Etats unis d’Afrique : Du rêve au cauchemar

    Laissez-moi vous dire pourquoi les USA ne devrait plus attendre avant de se mettre en place :

    1) Il arrivera un moment où les pays africains comprendront qu’ils ne pourront pas faire grand-chose si ils restent en l’état.

    2) La génération montante n’est pas celle qui compte s’inspirer de la génération de Blaise,Eyadema ou Omar Bongo ; la future génération compte plutôt s’inspirer des leaders qu’ils n’ont jamais vu : Thomas Sankara, Patrice Lubumba, Kwamé N’kruma et j’en passe.

    3) Tous les africains finiront par comprendre qu’il existe une force invisible qui travaille sans relache pour ne pas qu’ils deviennent un Tout.

    Voilà les raisons qui vont faire que les USA de demain sera possible.

    • Le 22 avril 2013 à 11:30 En réponse à : Etats unis d’Afrique : Du rêve au cauchemar

      Merci a Beurk pour ton analyse excellente et instructive, rien a ajouter. Quand a ceux qui font des eloges a Kadafi, je dirai que ces derniers ne connaissent rien de la Lybie et des ambitions qu´avait Kadafi. Savez-vous comment les noirs sont traites´ en Lybie ? Je ne suis pas pessimiste mais l´union Africaine n´aura jamais lieu tant que la mentalite´ des Maghrebins ne changeront pas.

  • Le 22 avril 2013 à 13:42, par Uncitoyen En réponse à : Etats unis d’Afrique : Du rêve au cauchemar

    SOME, un cauchemar est aussi un rêve. L’union africaine viendra avec de nouvelles générations. Je vous invite à écouter les conférences du professeur Obenga ( allez sur youtube.com) sur le sujet. Seuls les pays africains ne pourront jamais se développer. L’union fait la force.

  • Le 22 avril 2013 à 13:59, par Ababougou S. Apoignon En réponse à : Etats unis d’Afrique : Du rêve au cauchemar

    merci, les chefs d’Etat africains ont tjrs préféré être la tête d’une souri que la queue d’un éléphant, oubliant les aspirations de leur peuple.

  • Le 22 avril 2013 à 14:39, par VAGABOND En réponse à : Etats unis d’Afrique : Du rêve au cauchemar

    Bel article ! Les causes sont connues. Il reste à les combattre ! Cet article est un bon dolo (un parent à plaisanterie)

  • Le 22 avril 2013 à 15:58, par Badpress En réponse à : Etats unis d’Afrique : Du rêve au cauchemar

    Beurk, tu as tt dit. tu as fini avec Khadafi. Il avait des ambtions lugubres. Si les Etats-Unios d’Afrique avait vu le jour et que c’est un noir qui devrait être au commande pensez-vs que ce Khadafi là l’aurait accepté ? Je ne crois pas du tt. Reflechissons un peu. Khadafi n’est pas panafricaniste. C’est un dictateur qui voulait se masquer derière cette idée pour assouvir sa soif du pouvoir comme Beurk l’a dit. Tt ce qu’il faisait pour nos pays africains était une nouvelle forme de colonisation. a-t-il pu unifier sa propre libye ? Nos les noirs aimons trop rêve. Il a voulu seulement utiliser l’Afrique et Dieu l’a vite décélé.

  • Le 22 avril 2013 à 19:20 En réponse à : Etats unis d’Afrique : Du rêve au cauchemar

    Les Etats Unis d’Afrique pour moi est comme un projet d’entreprise sans strategie.
    Je suis de ceux la qui n’y croit pas. Pour une simple raison. On veut aller aux Etats Unis d’Afrique avec TOUTE L’AFRIQUE A LA FOIS malgre que nous savons tous les divergences qu’il y a entre nos Etats, nos hommes politiques. Pourquoi les Etats Unis d’Amerique n’integrent pas le Canada, l’Amerique latine,... ? A mon avis il faut des unions regionales : Des Etats Unis Ouest Africain, d’Afrique Centrale, etc. A defaut, que 2 ou 3 pays commencent par s’unir. Les pays qui ont d’enorme potentialite craignent de devoir nourrir les autres ou nourrissent une ambition solitaire et egoiste a devenir une puissance dans leur region. Ceux qui passe leur temps a accuser l’occident n’avancerons pas. Le monde est ainsi. Chacun travaille a preserver ses interets meme indument acquis. Donc et si on commencait par l’union des pauvres sans beaucoup de bruit accompagne d’un changement de monnaie ? Burkina, Mali et Niger.

  • Le 19 novembre 2013 à 09:26, par salou En réponse à : Etats unis d’Afrique : Du rêve au cauchemar

    les insuffisances et les faiblesses de Berlin de 1884 sont corrigées par le petit groupe des leaders des micro-etats. ces présidents africains sont vraiment conscients qu`ils sont a la tête des nations qui ne sont pas viables et durables. nos présidents ne sont pas égoïstes, seulement ils ne peuvent en aucune manière mener une gouvernance normale car, le caractère primordial de leur gouvernance demeure la démocratisation téléguidée depuis l`ancienne métropole.les leaders africaines ne voient toujours cette contradiction flagrante de la mission principale de l`entreprise coloniale a savoir celle dite ci-vi-li-sa-tri-ce ou ’’ triste’’ et qui reconvertit en mission de pillage systématique de ressources naturelles pour bâtir la civilisation matérielle de l`occident, sans pour autant implanter des industries de transformation sur place qui engendrera l`offre d`emploi a des jeunes africains qui mettra sans doute fin a l`émigration clandestine .les deux seules interrogations que je pose sont les suivantes : est ce que les africains ont vraiment la volonté de changer ?, est-ce que la jeunesse africaine a conscience que si on ne finit pas de régresser on finit par disparaitre ?

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