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Revendicateurs d’un autre genre Le « suicide » pour mieux vivre !

Publié le jeudi 18 avril 2013 à 22h11min

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Revendicateurs d’un autre genre  Le « suicide » pour mieux vivre !

Simple mimétisme pour une pub à peu de frais ou réelle volonté de manifestation pour une cause ? La question a lieu d’être posée avec la multiplication de ces fameux grévistes d’un autre genre au Faso : on « convoque » la presse par quelque moyen que ce soit pour lui faire dire qu’on entend s’immoler par le feu ou faire la grève de la faim si sa revendication n’était pas satisfaite.

Les mouvements ou grèves de masses connus des Burkinabè et utilisés par certains pour faire ployer l’Etat semble avoir fait long feu pour d’autres qui en francs-tireurs croient devoir la jouer en solitaire par des mesures radicales exposant leur propre personne pour se faire entendre.
En effet, il y a peu, un certain Seydou OUEDRAOGO, ouvrier de son état dans une entreprise privée, aurait, pendant deux semaines, refusé de s’alimenter pour, dit-on, revendiquer de meilleures conditions de vie et de travail. Il a fait la Une de tous les journaux de la place. Son exemple sera suivi quelques jours plus tard par l’assistant de la Garde de sécurité pénitentiaire Hyppolite BADO qui entamait, le 9 avril, une grève de la faim et menaçait de s’immoler, si les autorités n’examinaient pas son cas. A présent, c’est un agent temporaire de la SOFITEX (Dédougou) du nom de Abdoulaye BANAZARO, qui a menacé le week-end du 13 au 14 de s’immoler si l’on ne régularise pas la situation des agents temporaires de la SOFITEX. Le martyre de Mohamed BOUAZIZI de Tunisie semble faire des émules au Faso mais ce qui intrigue, c’est que la quasi-totalité de nos « Kamikazes » appartient à des corps organisés qui ne manquent pas de syndicat ou de cadres autres pour poser les problèmes ; le jeune Tunisien, lui, était plus ou moins chômeur, il travaillait à son propre compte et se pensait donc un oublié de l’Etat qui, de surcroît par ses lois et forces policières, l’empêchait de mener comme il le souhaitait son activité.

Un désaveu des syndicats

Avant que de juger de la pertinence de ces actions solitaires, il faut dire que leurs auteurs sont en manque de repères. Le monde du travail perd ses vertus au Faso. Ainsi, le syndicat, organisation légitime des travailleurs pour la promotion et la défense de leurs droits matériels et moraux est en train de devenir la négation-même de cet outil devant œuvrer à préserver l’outil de travail du travailleur et participer à la création de conditions pour l’amélioration de l’existence de ses membres. On a plutôt l’impression qu’une maffia s’est incrustée dans nos organisations syndicales et travaille pour ses propres intérêts aux antipodes de ceux des travailleurs. D’ailleurs, voyons les directions de ces syndicats, notamment celles des centrales. Leurs premiers responsables semblent plus politiques et affairistes que réellement syndicalistes. En effet, ils sont accusés à tort ou à raison d’être inféodés aux pouvoirs publics, politiques ou économiques et d’être dans leur tour d’ivoire, coupés de la base. Car la plupart de ces leaders syndicaux sont de « l’ancienne génération » ; nombreux sont ceux qui dirigent leur structure depuis plus de deux, voire trois décennies. Certains-mêmes sont partis à la retraite, mais sont toujours au sommet de leurs structures syndicales. De véritables pères fondateurs, guides éclairés, grand camarades de luttes irremplaçables…

De tels syndicalistes fossilisés peuvent-ils réellement comprendre les préoccupations des jeunes travailleurs qui tirent le diable par la queue ? Eux qui, non seulement ont des salaires ou des pensions substantiels mais se beurrent les épinards avec les fonds de leurs structures qui encaissent, on le sait, de grosses sommes d’argent venant d’organisations internationales et de divers parrains. Il faut donc que les choses changent afin que les jeunes travailleurs se sentent concernés par les syndicats sinon la désaffection ira grandissante et ce sont les actions individuelles qui prendront le dessus dans les mouvements de revendication. Sont de celles-ci, celles que nous voyons ces temps derniers. A moins que celles-ci soient agréées et soutenues par ces leaders puisque, jusque-là, aucun syndicat n’a donné de la voix. La situation fait peut être leur affaire d’autant qu’elle met mal à l’aise l’Etat ou plus précisément les gouvernants. Et c’est là le côté politique de ces pseudo-syndicalistes qui se trahit avec le secret espoir de voir un autre printemps s’installer ; cette fois-ci, au Faso. Il faut dire que de la coupe aux lèvres, il y a une distance, sans compter les conditions à remplir.

Savoir raison garder

Franchement, si les actions envisagées par nos francs-tireurs n’étaient mortifères, on dirait qu’ils agressent nos consciences avec des plaisanteries de mauvais goût. D’ailleurs, n’ont-ils pas réussi à ameuter la presse ? C’est bien là un joli coup que le pauvre BOUAZIZI n’a pas intégré dans sa démarche sinon il serait peut-être encore en vie. Au Faso on connaît, quoi qu’on dise, la puissance de la presse. Beaucoup y courent confier leur vie quand ils la pensent en danger. C’est justement le cas pour les trois « grévistes » d’un autre genre que nous venons de connaître. Sont-ce des plaisantins ? Ils sont nombreux à tirer cette conclusion mais nous diront simplement qu’ils font penser à ces littérateurs du XVIe siècle appelés « Les Anciens » qui préféraient la copie des œuvres antiques par opposition à ceux dits « Modernes » qui, eux, préféraient l’originalité des œuvres qui accrochent mieux à la réalité. Et ce n’est pas pour rien si le ministre Alain Edouard TRAORE trouve, que « ce sont des actes aux antipodes de nos réalités, de nos traditions ». En vérité, pouvaient-ils aller au bout de leur canevas nos « grévistes » ? En tout cas il faut espérer que la presse qui a été prompte à répondre à leur sollicitation nous ait épargné des images macabres. Ce qui nous amène du coup à nous interroger sur la légitimité de ces actions qui interloquent plus d’un au regard de leurs motifs. Comment par exemple comprendre qu’ Hyppolite BADO, qui touche au net un salaire de 111 000 FCFA, après 10 ans de service ose s’afficher ainsi. 111 000 FCFA, ce n’est pas un salaire dérisoire pour un Burkinabè de niveau BEPC. Car, dans le privé burkinabè, Dieu seul sait combien de maîtrisards triment n’ayant pas ce que lui, assistant Garde de sécurité pénitentiaire touche par mois. Ce ne sont pas les travailleurs des médias privés et les enseignants du privé qui diront le contraire. Si à ceux-là, on ajoute les licenciés, les maîtrisards, même des docteurs en quête d’emplois, l’on se rendra compte qu’ils sont nombreux ceux qui passeront par le feu pour revendiquer s’ils se mettaient dans cette logique. Il faut savoir raison garder ; personne à la Fonction publique n’est satisfait de ses émoluments, ce n’est pas pour autant qu’il faille se suicider au propre comme au figuré pour forcer à améliorer ses conditions de vie.?

Frédéric ILBOUDO

L’opinion

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Vos commentaires

  • Le 19 avril 2013 à 01:59, par didilebassav En réponse à : Revendicateurs d’un autre genre Le « suicide » pour mieux vivre !

    He ben bravo ! Comment vit-on avec 111 000 F CFA ? Si on est locataire avec beaucoup d’enfants et le seul salaire, la question est-elle de savoir combien touche um mendiant, un maîtrisard, un directeur, un maçon, un boutiquier, etc. Avec un tel raisonnement, c’est accepte ta condition et silence, vue que dans tous les cas tu es privilégé. Qu’est-ce que cette mentalité de vouloir faire des comparaisons individuelles, en occultant la question de fond qui est celle de la justice, qui est celle de la répartition vertueuse des richesses. Au sens srtrien du treme, j’ose dire que vous êtes un "salaud". Vous sentiriez-vous mieux quand ces messieurs mourront ?

  • Le 19 avril 2013 à 08:25, par L’aigri En réponse à : Revendicateurs d’un autre genre Le « suicide » pour mieux vivre !

    Pourquoi se focaliser sur ce que le gsp a fait ?chercher plus tot a connaitre les raisons qu’il na pas dit.....nous connaissons tous la vrai raison....

  • Le 19 avril 2013 à 09:01, par asal En réponse à : Revendicateurs d’un autre genre Le « suicide » pour mieux vivre !

    Bonjour

    Je voudrais comprendre moi si il y a des gens pour m’éclairer je serai ravi.
    A ma compréhension je pensais qu’il était interdit de mener n’importe quelle sorte de grève au sein des forces militaires et para militaires. Mais je suis surpris que le chef d’état major particulier du chef de l’état se déplace pour aller rencontrer un gréviste de la fin. Peut être que je me trompe si non je sais que l’on est parti pour ces nouvelles forme de revendication ( gréve de la faim, immolation, tentative de destruction du bien de production publique). je vous promet.

  • Le 19 avril 2013 à 09:24, par Blaise En réponse à : Revendicateurs d’un autre genre Le « suicide » pour mieux vivre !

    Ibloudo, si tu penses que les fonctionnaires ne cherchent pas des voix et des moyens pour se faire entendre, c’est que tu n’es pas un bon analyste de la scène politique. Ecoutes, défends tes intérêts à ta manière et laisses les autres manifestés. Pourquoi vous avez peur ? Le conseil des ministres du 10-04-2013 a bien évoqué les émoluments au niveau de la fonction publique. Arrêtes de nous distraire ! Manges et tais-toi !

  • Le 19 avril 2013 à 10:27, par Nanga En réponse à : Revendicateurs d’un autre genre Le « suicide » pour mieux vivre !

    Ilboudo, tu penses pouvoir vivre a waga av 110000f ? traite bancaire 40000f, maison 25000f, carburant, popote, maladie, loisirs (reste du salaire soit 45000f). simple calcul qui montre kil ne peut pas joindre les 2 bouts. l etat doit voir la politique salariale. on ne peut plus vivre d notre travail. pauvre de nous, on est foutu d ce pays.

  • Le 19 avril 2013 à 10:52, par LE GUIDE En réponse à : Revendicateurs d’un autre genre Le « suicide » pour mieux vivre !

    M. ton analyse est simpliste. Personne au BURKINA ne souhaiterait que ces "grévistes" n’aillent au bout de leurs actions. L’ important est de savoir lire les signes des temps et tirer les leçons pour que dans un proche avenir, ce genre de menace ne fassent des adeptes dans tous les corps de métier. Sais-tu ce que c’est que de travailler 10ans dans une société parapublique et ne pas être déclaré à la sécurité sociale ? connais tu les réalités d’un saisonnier ? il serait plus utile pour toi d’user ta plume à peindre les causes de cette situation que de t’attaquer à leurs conséquences. je m’arrête là en attendant d’autres réactions...

  • Le 19 avril 2013 à 11:08, par elkaboret7 En réponse à : Revendicateurs d’un autre genre Le « suicide » pour mieux vivre !

    il ne voulait pas suicide ces un comédien quand Mohamed BOUAZIZI voulait le fair il na ps fait du boucan avant de paasser a l act que nos autorrite ne se laisse prendre par ces genre de chantage.

  • Le 19 avril 2013 à 12:19, par dame En réponse à : Revendicateurs d’un autre genre Le « suicide » pour mieux vivre !

    SVP lisez tout l’article avant de répondre car F D n’a rien dit de mal
    Nos représentants (syndicat ) sont plus politique, et ????? ( comment a votre age et encore fonctionnaire voulez vous vous faire représenter par vos parents ? Attentez le jour de votre mariage )

  • Le 19 avril 2013 à 18:58, par L opprime En réponse à : Revendicateurs d’un autre genre Le « suicide » pour mieux vivre !

    La comparaison est souvent utile mais il ne faut pas en abuser. Si avec un niveau BEPC 111000f ne suffit pas pour survivre, vous convenez avec moi que c est dur pour tous les Burkinabés. C’est ca l’injustice dans ce pays. Les magistrats qui sont leurs proches collaborateurs ne font rien en faveur des autres : greffiers et GSP. Ces mêmes magistrats s énervent quand on parlent du fait qu’ ils ont trois fois le salaire des médecins. Nous les autres corps on ne demandent pas a être comme les magistrats forcement , on veut juste le minimum pour vivre descemment.

  • Le 19 avril 2013 à 22:43, par ledevin En réponse à : Revendicateurs d’un autre genre Le « suicide » pour mieux vivre !

    Dites moi si réellement ce sois disant journaliste est au Faso ?je suis étonné et surpris par son idée selon laquelle ces agents grévistes aient des associations professionnelles syndicales !!!!Depuis quand le gouvernement burkinabé se préoccupe des revendications syndicales ?les autorités se moque éperdument de vos cris de cœur.sache qu’une nouvelle forme de revendication est entrain de naitre au Faso,c’est la conséquence d’une crise sociale profonde.si vous n’y prenez garde, le cahot s’installera ;la faim, la misère, la perte de la dignité humaine entrainent des effets pur que l’extrémiste religieux. Avec la misère certain n’hésiteront pas à jouer au kamikaze, à se faire exploser. A bon entendeur,salut.

  • Le 19 avril 2013 à 23:47, par Sagesse En réponse à : Revendicateurs d’un autre genre Le « suicide » pour mieux vivre !

    Il y a des gens qui ont perdu tout sens de lucidité.Pour tout propos de comparaison,cherché plutot a connaitre la réalité de travail de tout agent.D’ailleurs,le Bf n’avance t il pas parcequ’il se compare a l’Europe ?celui qui est satisfait de son présent n’a pas d’avenir.

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