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Université de Ouagadougou : L’instruction et l’engagement au cœur du débat.

Publié le mardi 26 mars 2013 à 21h42min

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Université de Ouagadougou : L’instruction et l’engagement au cœur du débat.

A l’initiative d’Afrikamba se tenait, le samedi 23 mars à l’université de Ouagadougou, une conférence-débat portant sur le thème : « Instruction et engagement socio politique de la jeunesse burkinabè : état des lieux et perspectives ».

Avant d’encourager leur équipe nationale qui jouait samedi dernier contre le Niger, les étudiants burkinabè se sont retrouvés à l’université de Ouagadougou afin d’assister à la conférence organisée par l’association Afrikamba à propos des liens entre instruction et engagement politique au sein de la jeunesse du Burkina Faso. Invités pour l’occasion, les professeurs Basile Guissou et Adama Saba ont pu faire part de leurs points de vue respectifs quant à ce vaste sujet. Le Dr Salif Sangaré (qui a soutenu récemment une thèse en sciences politique sur l’engagement politique des intellectuels) est aussi intervenu pour tenter de définir un tant soit peu la notion d’engagement qui, bien entendu, revêt bien souvent différents aspects.

Face aux conférenciers, les étudiants ainsi que les rares responsables d’associations présents ont pu, dans le cadre d’un débat, intervenir et poser des questions dans une ambiance parfois délétère, à l’image de la situation générale qui règne en ce moment à l’Université de Ouagadougou.

« Vivre, c’est faire de la politique »

Pour le Professeur Adama Saba, il existe bien un lien ténu entre instruction et engagement politique. Après avoir fait l’énumération des différents régimes qui se sont succédé depuis l’indépendance du Burkina Faso, l’universitaire éminent a rappelé que ces derniers n’ont jamais compté dans leurs rangs d’analphabètes. Pour lui, l’engagement passe donc nécessairement par l’instruction. Néanmoins, il a aussi constaté que chacun « fait » de la politique, ne serait-ce qu’en ayant un but précis et en se donnant les moyens d’y arriver : « Vivre, c’est déjà faire de la politique » a-t-il tranché.

Autre son de cloche chez le Dr Sangaré qui a plutôt parlé de « relativité du politique ». Avec un flegme tout « universitaire », il a précisé que la notion d’engagement, polysémique et polymorphe, doit pouvoir être définie clairement avant d’être discutée. Rappelant l’évolution de cette notion depuis la « fin des idéologies » dans les années 90 avec la chute du bloc communiste, il s’est essayé à une définition de l’engagement « contemporain » comme étant « circonstanciel » et non plus « existentiel ». Le professeur Guissou, quant à lui, a préféré parler d’engagement « conjoncturel », c’est-à-dire lié aux conditions d’existence de chaque individu.

Un système éducatif trop « occidental » ?

Lors de son intervention, le professeur Saba a rappelé qu’avant 1970, tous les professeurs de lycée et de collège au Burkina Faso étaient français. En ce qui concerne les professeurs d’université, ils continuent d’aller se former dans l’hexagone, ce qui implique une véritable dépendance du système éducatif burkinabè au système français. Par ailleurs, l’émergence du privé ainsi que la baisse de la participation de l’Etat à l’éducation n’arrange, selon lui, pas les choses

Les deux professeurs ont souligné le paradoxe d’une société africaine qui connaît un sous-développement en même temps qu’un développement de son système éducatif. Pour le professeur Guissou, le principal obstacle à l’éducation burkinabè serait la langue française. En effet, il souligne que cette dernière occupe 54% de l’enseignement à l’école primaire, laissant donc peu de place pour les autres matières. Par ailleurs, les cours de mathématiques ou de sciences étant dispensés dans la langue de Molière, cela laisse peu de chance – même dans ces matières – à ceux qui ne la maîtrisent pas parfaitement.

La jeunesse est-elle toujours synonyme d’espoir ?

Comme l’a rappelé M. Guissou, le continent africain compte 70% de jeunes. Parmi eux, combien sont prêts à s’engager en politique ? Il est vrai, comme l’ont souligné les conférenciers, que l’université est une bonne école politique, ne serait-ce que par le fait de s’impliquer dans une association ou un parti quelconque.

Quoiqu’il en soit, le Dr Salif Sangaré a fait le constat d’une « déliquescence » du militantisme estudiantin dû à un manque d’organisation, de cohérence et aussi au trop large panel d’associations et syndicats en tous genres pouvant créer de la « dispersion ». Pourtant, peu de représentants d’associations étaient présents dans l’amphithéâtre ce jour-là. Malgré l’invitation d’Afrikamba, il semblerait donc que certains aient eu un peu de mal à s’ « engager »…

Pierre Mareczko (stagiaire)
Lefaso.net

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