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Abidjan et Ouagadougou à l’heure de la détente

Publié le jeudi 27 novembre 2003 à 18h15min

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BOBO-DIOULASSO, 27 nov (AFP) - 13h59 - Chaudes poignées de mains, accolades, déjeuner en tête-à-tête, le tout couronné de trois heures d’entretien : la visite effectuée mercredi par le président ivoirien Laurent Gbagbo à son homologue burkinabè Blaise Compaoré a visiblement sonné l’heure de la détente entre les deux pays, très interdépendants.

"C’est la décrispation : l’essentiel, c’est de ne jamais repousser le dialogue", a déclaré à l’AFP Youssouf Ouédraogo le très influent ministre burkinabè des Affaires étrangères, au lendemain de cette "visite d’amitié et de travail" à Bobo-Dioulasso (sud du Burkina).

A la question de savoir si son séjour a contribué à dissiper les suspicions contre le Burkina, accusé depuis le début de la crise de soutenir les rebelles qui contrôlent la moitié nord de son territoire, le président Gbagbo a répondu en donnant une tape dans la main de M. Compaoré : "je voudrais vous dire que je viens de déjeuner".

Pour beaucoup de Burkinabè, cette réponse sibylline suffit à sceller la "réconciliation" entre les deux présidents. Car en Afrique, "on ne mange jamais la nourriture chez son ennemi", comme le souligne également un journal ivoirien dans son édition de jeudi.

Jamais depuis le déclenchement de la rébellion armée en Côte d’Ivoire, le 19 septembre 2002, les présidents Compaoré et Gbagbo ne se sont aussi longuement entretenus, dans une ambiance apparemment fraternelle.

"Le temps des relations ivoiro-burkinabè est encore très gris", estime le quotidien ivoirien d’Etat Fraternité Matin, notant l’"accueil très sobre et austère" réservé à M. Gbagbo par la population de Bobo-Dioulasso, la capitale économique du Burkina fortement touchée par la crise ivoirienne et la fermeture de la frontière terrestre, qui n’a rouvert qu’en septembre dernier.

"Néanmoins, la convivialité et la cordialité affichées par les deux chefs d’Etat ne paraissaient pas feintes (...) sans compter que la petite promenade effectuée dans les jardins de la résidence privée est venue témoigner des retrouvailles entre deux vieilles connaissances", poursuit "Frat’ Mat".

Même sentiment chez les journaux burkinabè, pourtant d’habitude très pessimistes sur l’état des relations entre les deux hommes. "On a assisté à un semblant de décrispation (...) cette visite de M. Gbagbo est un signal fort dans le sens de la reprise effective des liens d’amitié et de coopération entre les deux pays", note le quotidien privé L’Observateur.

"C’est une journée pour dénouer la crise", se félicite Le Pays, autre quotidien indépendant, d’ordinaire très virulent contre le régime ivoirien.

Seul le quotidien officiel Sidwaya s’abstient de toute conclusion optimiste, attendant que M. Gbagbo "passe de la parole à l’acte, le prix à payer pour ramener la Côte d’Ivoire dans une démocratie apaisée".

Le Patriote, journal du RDR, le principal parti de l’opposition ivoirienne qui qualifiait encore il y a peu Laurent Gbagbo de "Hitler noir", estime lui aussi à la Une que "les sillons de la paix sont tracés". "Gbagbo et Compaoré semblent s’être résolus à engager le dialogue qui pourra ramener la paix entre eux", estime-t-il.

A l’issue de cette visite, chaque camp a en effet semblé lâcher un peu de lest. Préoccupé par la sécurité de plusieurs millions de ses concitoyens installés en Côte d’Ivoire, que quelque 350.000 ont déjà quitté pour fuir brimades et exactions, Blaise Compaoré a obtenu de M. Gbagbo l’engagement d’assurer "la sécurité des biens et des personnes et des communauté étrangères vivant en Côte d’Ivoire".

En échange, le président burkinabè, considéré par les partisans de Laurent Gbagbo comme le "parrain" des rebelles, a insisté pour que les ministres issus de la rébellion reviennent "dans les meilleurs délais" au gouvernement de réconciliation et que l’autorité de l’Etat soit rétablie sur tout le territoire.

"Les deux hommes ne se sont pas rencontrés en souvenir de leur vieille amitié. Ils ont aujourd’hui besoin l’un de l’autre", analyse à Abidjan le quotidien pro-Gbagbo Le Temps, qui conclut : "telle est la limite du processus de rapprochement Abidjan-Ouagadougou".

AFP

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